Introduction
La viticulture en Italie a des origines très anciennes. Au fil du temps, la vigne s'est diffusée presque partout dans la péninsule, en s'adaptant à une incroyable variété de situations environnementales. Actuellement, le nombre des cépages utilisés est sans doute plus restreint que pendant la période pre-phylloxérique, tout en restant relativement consistant. Le « Registro Nazionale delle Varietà di Vite » (Registre National des Cépages) compte 472 variétés de raisins de cuve et 129 pour la production de raisins de table.
Cet article vise à analyser d’une façon synthétique les principaux changements dans la culture de la vigne pendant la période 1970-2010 en utilisant les données officielles des recensements de l'agriculture récoltées par l’ISTAT (Institut National de Statistique) tous les dix ans (rappelons toutefois que le recensement de 1980 a été effectué en 1982).
Dans la première partie du travail, nous présenterons les données sur les surfaces plantées en vigne au niveau national et régional, en soulignant la distinction entre les cultures des raisins de cuve et des raisins de table. Cependant, comme en Italie la première culture à plus d'importance que la seconde et toute en considérant qu'à cause des exigences commerciales les vignes de table sont en cours d'être rapidement remplacées par des variétés d’origine internationale, dans la seconde partie du travail, on focalisera l'attention sur les évolutions des superficies viticoles destinées à la production de raisins de cuve.
La surface viticole au niveau national et régional
Les surfaces plantées en vignes sont en décroissance depuis le début des années 1970. Pendant cette période, on observe une baisse considérable des espaces viticoles, qui passent de 1.215.372 hectares, recensés par l'ISTAT en 1970, à 663.005 en 2010, avec une diminution de 555.367 hectares au total, soit environ 50% du total initial. La réduction a été continuelle au cours des années : entre les recensements de 1970 et celui de 1982, la perte avoisine 6% (environ 71.836 hectares) ; mais, la contraction de la surface de production est plus rapide dans les deux décennies suivantes. 214.498 hectares sont perdus seulement entre 1990 et 2000. Le phénomène s’est poursuivi aussi pendant la dernière décennie (2000-2010), avec toutefois une évolution plus lente, car on observe une baisse de 50.000 hectares, soit une moyenne annuelle de 5.000 hectares, contre les 20.000 hectares de la décennie précédente, et presque 7.000 ha de la période 1970-1982 (Graph. A et tableau 1).
La baisse a intéressé l’ensemble du territoire nationale ; les considérations sur les causes qui ont conduit à cette évolution négative portent essentiellement sur 4 facteurs : a) la perte d’importance du secteur agricole dans l’économie italienne depuis les années 1960 ; b) la spécialisation des exploitations agricoles dont les productions ont été de plus en plus dirigées pour les marchés ; c) les politiques viticoles, communautaires et nationales, qui ont d'abord encouragé l’augmentation de la production de vin, puis l'abandon des superficies viticoles et, enfin, la conversion et la restructuration des vignobles ; d) les changements dans les goûts des consommateurs, de plus en plus attentifs à l'utilisation de boissons neutres et moins alcoolisées, ont porté un dur coup à la consommation de vin qui est passée de plus de 100 litres par habitant pendant les années 1960 à 40 litres de nos jours.
L'analyse régionale de l’évolution des superficies viticoles (Graph. B) montre que, dans certaines régions comme la Vénétie, le Frioul, la Toscane, la Lombardie et les Provinces de Trente et de Bolzano, il y a eu une inversion de tendance et les surfaces plantées en vignes ont recommencé à augmenter au cours de la dernière décennie. En revanche, dans les autres régions, la baisse des espaces viticole a continué, malgré les incitations économiques visant à éviter les abandons à travers des politiques de requalification et la valorisation des productions vitivinicoles.
Au contraire, les régions qui ont vu leur surface augmenter leurs surfaces de vignoble dans la dernière décennie ont su profiter des ces mesures (Graph. C), lorsque le secteur viticole montrait déjà une dynamique positive en vertu d’une hausse de la demande des produits vinicoles locaux. L’attention des consommateurs a permis d'accélérer, ou dans certains cas de consolider, la courbe de l’offre. A cet égard, l’exemple de la Vénétie et du Frioul est illustratif : on y observe une augmentation des surfaces plantées en cépages de Glera et Pinot Gris.
L’analyse du graphique C, sur lequel on peut voir l’évolution des surfaces viticoles régionales entre les recensements de 2000 et de 2010, montre avec évidence ce phénomène. Il faut remarquer que l’augmentation des surfaces de culture se concentre dans les régions viticoles de l’Italie homogènes en matière de conditions pédoclimatiques et qui possède une vocation à la culture de certains cépages qui donnent une « empreinte » très importante à leur viticulture. En revanche, là où l(on observe une forte réduction des surfaces viticoles, même pendant la dernière décennie et malgré un chute bien que plus lente avant – les cépages autochtones ont représenté une opportunité pour la relance de la viticulture et, en même temps, ont contribué à limiter l'érosion des surfaces en production (Graph. D).
A partir de ces considérations, on peut facilement comprendre que la perte du potentiel viticole italien, comme on le verra en détail ci-après, n’a pas touché de façon proportionnelle tous les cépages. Pour certaines variétés, la baisse des surfaces en culture s’accorde avec la tendance nationale, comme c’est le cas pour le Trebbiano Romagnolo, le Trebbiano Toscano, ou la Malvasia Bianca di Candia, etc. ; Une forte hausse est repérable pour d’autres cépages, comme pour le Glera et le Pinot Gris ; pour d'autres encore, on observe une consolidation des surfaces viticoles ou une petite, mais constante augmentation de ces aires : c'est le cas de certains cépages autochtones comme l’Aglianico, le Cannonau, le Fiano, la Falanghina, etc.
Au cours des cinquante dernières années, en Italie, nous assistons d’abord à un effondrement des surfaces plantées en vignes, suivi plus tard par une érosion constante qui atteindra son sommet en 2010 avec 663.005 hectares. Cela pose d’ailleurs la question de considérer, ou pas, l’expansion actuelle au regard de l’évolution des marchés. Rappelons tout de même que la surface viticole a continué à diminuer en moyenne de 5.000 hectares par an durant la dernière décennie, une contraction d’environ 10% de la superficie totale.
Nous pouvons probablement répondre par l’affirmative à la question précédente si l’on tient compte de la nature des marchés et de la complexité des échanges qui ont lieu à l'échelle mondiale. On peut considérer que le vignoble est aujourd’hui en équilibre car la production viticole s’est spécialisée et possède toutes les caractéristiques pour faire face aux requêtes du marché dans un temps relativement court. Le plus grand obstacle à l'adaptation des structures productives aux besoins du marché est représenté, paradoxalement, par la politique vitivinicole de l'UE qui impose des restrictions très sévères à la plantation de nouveaux sites. Les conséquences de ces mesures se répercutent lourdement, non seulement sur la croissance et sur la diversification de l'offre mondiale, mais aussi sur sa flexibilité en réponse aux variations de la demande du vin. Le Graphique E montre l'évolution des superficies viticoles des cépages qui ont augmenté ou baissé de plus de 3.000 hectares entre 2000 et 2010. Il est intéressant de constater que, par rapport au recensement de 2000, l’augmentation globale a été de 63.807 hectares pour les dix premiers cépages dont les aires ont cru pendant la période ; A contrario, nous assistons à une diminution de 66.835 hectares des dix variétés qui sont diminuées a été de. En définitive, il s’agit de valeurs presque équivalentes.
La production des vins à appellations d’origine
L'Italie figure parmi les principaux pays viticoles au monde et, tous les ans, elle se dispute le titre de premier producteur mondial avec la France.
En Italie, la production des vins AOP est en constante augmentation. Actuellement, il y a 73 vins DOCG (Dénomination d’Origine Contrôlée et Garantie), 336 vins DOC (Dénomination d'Origine Contrôlée) et 118 vins IGT (Indication Géographique Typique). Les appellations DOCG et DOC correspondent à la dénomination communautaire AOP ; tandis que l’indication IGT est équivalente à l'IGP communautaire (Indication Géographique Protégée).
Les productions en DOCG ont quasiment été multipliées par trois depuis 2000 ; les DOC ont augmenté de 25%, les Indication Géographiques Typiques de 15%. Ces dernières représentent des produits d'excellence et, si on considère leur origine et le lien avec le territoire, elles se rapprochent des premières, en contribuant de manière significative à là réputation de la viniculture nationale. Toutefois, d’un point de vue statistique, elles s’inscrivent dans la catégorie des vins non-AOP comme indiqué dans les tableaux et dans les graphiques qui suivent.
L’analyse de l'évolution des surfaces plantées en vignes montre qu'il y a eu une augmentation significative de la qualité des productions vinicoles pendant la dernière décennie (Tab. 2). Les surfaces consacrées à la production des vins AOP passent d’environ 35% en 2000 à 51% en 2010. Cette démarche est le résultat des efforts des entreprises viticoles qui ont su réagir rapidement aux incitations du marché et aux nécessités de l'innovation technologique. Au cours des deux dernières décennies, la vitiviniculture italienne s’est donc transformée et requalifiée en profondeur.
En valeurs absolues, les vignobles en AOP passent de 233.605 hectares en 2000 à 320.859 hectares en 2010 : une augmentation de 87.254 hectares qui correspond à 37% du total. Il s’agit d’une donnée très importante, en particulier si on considère qu’en même temps, les surfaces des productions non-AOP ont diminuées de 42% avec une baisse de 137.099 hectares. La surface viticole nationale montre dans l’ensemble une contraction de 50.000 hectares ; néanmoins, la tendance générale évolue vers des productions de haute qualité.
Les productions en AOP se concentrent en particulier dans le Nord et dans le Centre de l’Italie, où elles atteignent 73% de la superficie totale cultivée ; mais c’est cependant dans le Sud qu’apparaissent les taux d’accroissement les plus élevés : parfois, les surfaces consacrées aux productions en AOP on doublé pendant les dix dernières années (Tab. 3). Cette répartition géographique discordante peut s'expliquer par l’écart existant depuis la moitié du XXe siècle, entre les viticultures de ces deux zones qui présentent, encore aujourd'hui, des caractéristiques socio-économiques et structurelles très différentes.
La moitié des régions italiennes (12 Régions et 2 Provinces autonomes) dédient entre 52% et 97% de l’espace viticole global à la production de vins AOP. Dans 7 autres régions, ce pourcentage oscille entre 30% et 50%. En Sicile, les vignobles en AOP sont encore faibles et ils n’embrassent que 12% du total de la surface globale du vignoble. Néanmoins, en valeurs absolues, les 12.835 hectares de productions en AOP de la région montrent qu’elle a amorcée une significative évolution vers la certification de qualité des vignobles, évolution qui risque de continuer dans les prochaines années, compte tenu de la dimension très remarquable des surfaces plantées en vignes.
Beaucoup de cépages, tant autochtones qu’internationaux, contribuent à la production AOP viticoles italiennes. La forme péninsulaire favorise la présence d’un grand nombre de terroirs pédoclimatiques différentes qui offrent aux diverses variétés de vignes la possibilité d’épanouir au maximum leurs caractéristiques.
Evolution des surfaces plantées en vigne à raisins de cuve
Dans le graphique G nous présentons les vignes à raisins de cuve les plus cultivées en Italie. Le tableau 4 montre leur évolution depuis 1970.
Ces vingt cépages représentent plus de la moitié du patrimoine viticole national cultivé. Entre 1970 et 2010, les surfaces consacrées à ces vignes augmentent de 56% à 64% par rapport à l’ensemble des cépages de cuve. La liste comprend 29 cépages, certains non notés, ayant disparus depuis les années 1970, et d’autres étant apparus entre temps.
Il existe cependant un noyau de 13 cépages qui restent dans ce groupe pendant toute la période : Sangiovese, Trebbiano Toscano, Catarratto (blanc et brillant), Barbera, Merlot, Montepulciano, Negroamaro, Trebbiano Romagnolo, Primitivo (ou Zinfandel), Aglianico, Garganega, Moscato (ou Muscat) et Calabrese. Parmi eux, seul le Merlot est une variété internationale ; les autres sont des cépages autochtones de l’Italie. Certains sont répandus dans plusieurs régions (Sangiovese, Trebbiano, Muscat, Montepulciano), alors que d’autres sont localisés principalement dans certains zone viticole de qualité : Catarratto et Calabrese en Sicile, Barbera en Piémont, Primitivo et Negroamaro dans les Pouilles, Aglianico en Basilicate, Garganega en Vénétie et Trebbiano Romagnolo en Émilie-Romagne.
Depuis 1970, la surface des vingt premiers cépages subit une diminution conforme à la tendance nationale. Néanmoins, certaines variétés (Sangiovese, Merlot, Montepulciano, Primitivo et Aglianico) s’inscrivent de nouveau dan un cycle de croissance de leurs aires pendant la dernière décennie ; les vignobles de Garganega sont, quand à eux, essentiellement stables depuis 1982.
Durant les dernières quarante années, le Sangiovese a représenté environ 10% de la superficie nationale plantée en vigne et de façon constante ; sa prééminence s’explique aussi en raison de sa vaste diffusion territoriale. A contrario, Trebbiano, Barbera et Catarratto, tout en conservant des dimensions considérables, continuent à perdre du terrain, en particulier face à des variétés qualitativement supérieures.
Parmi les autres cépages il y en a certains qui subissent une réduction constante de leur aire de production : Malvasia Bianca di Candia, Malvasia Bianca Lunga, Dolcetto et Nerello. D'autres ne furent inclus qu’à partir de 1970 dans la liste des vingt premiers: Uva di Troia, Raboso (Piave et Vérone). Le Nuragus, une variété répandue en Sardaigne, n'est présente que dans les recensements de 1970 et 1982 ; tandis que le Cannonau (synonyme d’Alicante et de Tocai Rosso), principalement cultivé en Sardaigne mais aussi dans d'autres régions italiennes, réintègre seulement ses positions en 2010, après avoir subit une baisse entre 1970 et 1982. Enfin, les cépages Ansonica, Dolcetto et Trebbiano Abruzzese sont répertoriés parmi les 20 premiers entre 1982 et 2000, mais, en même temps, voient diminuer leur aire production durant cette période.
Il est intéressant de noter que les cépages qui figurent sur la liste depuis les deux dernières décennies se signalent par une forte expansion de leurs surfaces de culture. Le Calabrese, qui connait une croissance à partir de 1990, augmente ses espaces de culture de 45% entre 2000 et 2010 ; au cours de la même période, le Chardonnay croît de 67%, le Cabernet Sauvignon de 70%. Enfin, il faut mentionner les cépages qui entrent dans la liste après 2000 : Pinot Gris, Corvina, Corvinone, Glera et Syrah.
Ces données montrent une tendance qui vise à l’amélioration qualitative de la viticulture à travers la diffusion de cépages internationaux dans les zones viticoles déjà structurées pour la production et l’exportation de vins de haute gamme, ou à travers le renforcement et l'expansion des cépages autochtones dans les régions d'origine de ces variétés.
Enfin, dans le tableau 5, nous souhaitons présenter les cents cépages les plus cultivées en Italie, pays où, actuellement sont cultivées plus de 300 variétés. Ces cépages représentaient 75% de la production global de raisin en 1990, pourcentage atteignant 90% en 2010, une tendance qui semble annoncer pour l’avenir une diminution encore plus grande du nombre des variétés utilisées.
Le recensement de 1970 distingue trois modes de conduite de la vigne : « coltura principale pura » (culture spécialisée) lorsque la vigne est la seule culture ; « coltura principale mista prevalente » (culture principale ou prédominante) lorsque la viticulture est associée à d’autres cultures herbacées et/ou ligneuses agricoles, (elle représente la culture la plus importante pour ce qui concerne la valeur de la production annuelle) ; « coltura secondaria » (culture secondaire) lorsque la vigne est associée à d’autres cultures herbacées et/ou ligneuses agricoles, mais qu’elle est seule présente en seconde position.
Dans ce travail, nous avons exclus de l’analyse les données concernant les surfaces désignées dans le cadastre comme « culture secondaire », car elles représentent des parcelles trop limitées (par exemple les jardins familiaux) dont la production est destinée à l’autoconsommation. Dans les recensements suivants, les données sur les surfaces viticoles sont présentées en fonction de la destination productive : pour la production des vins AOP ou pour la production d'autres vins.
Nous considérons ici l'évolution des cépages exclus du groupe des vingt premiers, dont la culture est plus ou moins répandue en raison, surtout, des performances économiques de la viticulture régionale.
On peut distinguer un groupe de variétés internationales dont les surfaces plantées augmentent. Le Pinot Noir est en hausse depuis 1970, principalement dans les zones AOP. Le Sauvignon maintient ses positions en enregistrant une légère augmentation entre 2000 et 2010, car il est cultivé pour 68% dans les zones à appellations d'origine. Le Gewürztraminer montre une tendance similaire : il est en constante expansion depuis 1970, en particulier dans les zones AOP de l'Italie du Nord-Est. Entre 2000 et 2010, il a presque triplé ses surfaces. Le Viognier, un cépage d’origine français qui a été récemment introduit en Italie, figure parmi les cent premiers en Latium, Piémont, Sicile, Toscane, Ombrie et il est en cours d’expérimentation dans la Province de Bolzano ; il est toutefois utilisé principalement pour la production des vins sans appellation d'origine protégée.
Notons ensuite l’existence d’un groupe de cépages autochtones qui conserve ses surfaces cultivées : c’est le cas du Nebbiolo qui, pendant les quarante dernières années, s’est maintenu sur environ 5.000 hectares, dont 91% en appellation d’origine protégée. Il en va de même du Lambrusco Salamino qui est cultivé pour 75% dans des zones AOP. L'Ancellotta, destiné à part égale à des vins à appellation d'origine et à des vins sans ce label, maintient ses positions depuis 1980. Le Cortese aussi est stable depuis 1990.
Une tendance à l’augmentation des surfaces cultivées touche un autre groupe de cépages autochtones. Le Lambrusco Maestri, un cépage cultivé dans plusieurs régions, après le déclin des années 1970, est en train de récupérer ses positions dans divers lieux, notamment pour ce qui concerne la production des vins sans appellation d’origine. Le Grillo, cépage sicilien, voit augmenter ses surfaces plantées après 2000. Lui aussi est utilisé essentiellement pour la production des vins non-AOP. Au contraire, Croatina, Vermentino, Fiano et Falanghina (en Campanie), Gaglioppo (en Calabre); Lambrusco Grasparossa (en culture dans plusieurs régions) ont principalement des aires de production en croissance dans les zones à appellation d'origine. Il faut aussi mentionner le Pecorino, dont la surface en culture a décuplée entre 2000 et 2010. Il est utilisé principalement dans les Abruzzes (surtout pour les vins sans appellation d’origine) et dans les Marches (cette fois pour la production de vins à appellation d’origine protégée). Enfin, il ne faut pas négliger le Muscat Jaune, répandu dans diverses régions italiennes et qui a beaucoup augmenté ses surfaces de culture pendant la dernière décennie. Il faudra attendre les prochaines années pour mesurer s’il s’agit d’une tendance durable ou s’il s’agit juste d’un processus transitoire.
Le Sagrantino subit aussi une constante augmentation de ses surfaces depuis 1970 et, pendant la dernière décennie, il a triplé ses espaces. Il est utilisé principalement pour la vinification de vins à appellation d’origine protégée en Ombrie, la région d’origine du cépage. L’Arneis, un cépage autochtone du Piémont, à une évolution tout à fait similaire à la précédente : il est en expansion depuis 1970 pour presque uniquement des zones en AOP.
Enfin, il y a aussi un grand nombre de cépages dont on voit les surfaces s’amenuiser : Carignano, Rondinella, qui sont en baisse constante depuis 1970 ; Grecanico dorato, un cépage sicilien, qui a régressé de 2000 à 2010 après trois décennies de croissance. Nombreux sont ceux qui, parmi les cépages autochtones subissent une baisse constante de leurs surfaces de plantation.
Si l’on déplace notre attention vers les cépages internationaux, Cabernet Franc, Carménère et Pinot Blanc accusent les contractions les plus significatives.
Conclusion
Dans ce travail nous avons présenté l’évolution, au fil du temps, des surfaces viticoles en Italie en utilisant les données fournis par les recensements décennaux de l’agriculture. La possibilité d’accéder à des informations statistiques sur les quarante dernières années a permis d’évaluer les variations de la viticulture, mutations qui ont été de toute évidence étroitement liées à celles du marché du vin. En général, la diminution des espaces viticoles s’est poursuivi jusqu’à nos jours, mais à un rythme plus lent que dans les décennies précédentes. La réduction générale des surfaces dépend aussi des structures productives du système viticole et des effets des règles de l'UE. Logiquement, les cépages qui apportent aux producteurs un revenu satisfaisant ont tendance à remplacer ceux qui garantissent un rendement économique inférieur. Les cépages autochtones sont les plus présents et certains d’eux l’ont été pendant toute la période. D'autres ont pris de l'importance seulement après 2000 et ils sont aujourd'hui en plein essor. C’est notamment le cas du cépage Glera, dont les raisins sont utilisées pour la production du Prosecco. Enfin, notons aussi la présence et la diffusion de certaines variétés non autochtones, en particulier d’origine française, répandues surtout dans les régions où la production des vins à appellation d’origine protégée est bien établie depuis longtemps.