Introduction
Face aux vins andalous de la région de Jerez, Montilla-Moriles, Málaga ou Huelva, consacrés et mondialement connus, à l’est, de l’autre côté du spectre andalou, on élabore, on cultive et on paufine des vins. Des vins qui luttent jour après jour comme des titans contre plusieurs handicaps, puisqu’ils ils sont méconnus, leurs circuits commerciaux sont relativement limités et leurs luttes face à l’huile traditionnelle de la région sont inégales.
C’est peut-être cet affront qui les rend spécialement courageux et sans aucun doute très intéressants. Nous sommes donc certains qu'ils sont sur la bonne voie pour leur consolidation définitive à court terme. L’espace physique des provinces de Almería, Grenade et Jaén comprend plusieurs vignobles qui bénéficient en même temps des conséquences de l’orographie (côtes, vallées, sierras et cuvettes), du contraste des saisons (oscillations thermiques favorables), des indicateurs physiques et chimiques (compositions des sols, humidité et degré d’acidité du raisin) et d’une bonne harmonie entre les procédés de culture et les variétés de raisins, parfois autochtones. Les vins obtenus sont élaborés lentement, de façon artisanale et personnalisée et, les coopératives, petites entreprises et entreprises familiales sont la preuve d’un travail bien fait depuis les premiers sarments jusqu’aux dégustations finales. Dans ce travail sur les vins de l’Est andalou, il est important d’évoquer leur cohérence avec la tradition, l’histoire et la culture qui donnent une idée claire et palpable du vin fabriqué ici, qui provient d’un patrimoine ancestral, très souvent depuis la nuit des temps, et qui s’est adapté tout au long des épisodes les plus importants de l’histoire de cet espace sans pareil. Cette région détient la Denominación de Vino de Calidad (Vin de Qualité), et compte onze Denominaciones Vino de la Tierra (Vins de la Terre), et plusieurs Denominaciones Vinos de Mesa (Vins de Table). Ceci forme la trame et le fondement dont nous allons décrire les aspects de base.
Almeria
En dépit d’une certaine méconnaissance des traditions vitivinicoles, la province du Levant andalou affleure avec force aujourd’hui. Ses pratiques économiques remontent aux origines romaines et musulmanes, du Portus Magnus romain qui faisait du commerce avec la Méditerranée à la Almería de Abderraman II du IXe siècle: un port prospère qui vit sortir de ses entrailles des tonnes de minéraux…et de raisins. À ce sujet, au XIIe siècle, le géographe Mohamed Al Edrisi de Ceuta décrivait la prospérité commerciale et artisanale de la Almería de son temps et constatait le grand nombre d’auberges qui payaient l’impôt sur le vin. À cette époque, la richesse de la vallée d’Almería fut également exaltée par Ben Safar Al Marini qui disait de manière poétique:
“Il y a ici des délices qui n’existent pas au paradis éternel/
bois, pendant que la colombe roucoule.”
Suite à l’incorporation de Almería au monde chrétien après la conquête des Rois Catholiques en 1489, de profonds changements sociaux et culturels eurent lieu, mais pas dans la pratique économique, notamment avec le vin, puisque nous constatons qu’il fut encore produit dans divers lieux de Almería.
Le Dictionnaire Géographique Universel de 1831 qualifiait “d’excellents” les vins locaux et, des années plus tard, le Dictionnaire Géographique de Pascual Madoz affirmait l’excellence des raisins de table, spécialement la variété ohanes, ainsi que le commerce croissant des navires nationaux et étrangers.
Puis, au siècle dernier, l’essor hortofruticole et l’émigration de pics de population vers les zones de tradition vigneronne en Catalogne, marqua un important changement. En effet, au début des années 70, la production n’était que de 20 hl pour à peine dix hectares. Il s’agissait simplement d’une industrie de vin familiale avec des moyens artisanaux, d’auto-approvisionnement et de consommation locale, et les bodegas coopératives d’alcool ou de vinaigres étaient pratiquement absentes.
C’était la fin d’une époque, plus pausée et moins exigeante, où l’on pouvait boire des vins blancs et rouges de qualité moyenne, qui faisaient entre 12 et 14 degrés, parmi lesquels on pouvait distinguer les vins de Berja, Dalias, Canjáyar, Alhama, Laujar de Andarax, Ohanes, Padules, Alhabia, Fiñana, Tabernas, Purchena, Somontín, Dador, Níjar, Adra, Huercal-Overa, Sorbas, Escullar, Alcolea, Alboloduy, Cantoria ou Félix. Ces vins se mariaient bien avec les produits de la mer, (les chopitos, petits calmars, et les marinades de sardines) et avec les produits de la terre (comme le mythique jambon de Serón et une saumure d’agneau). Il ne faut cependant pas oublier l’habituel mostillo ou agustín: un moût « tout terrain » élaboré avec de la farine, au goût sucré, très savoureux, que l’on prenait pendant les repas, pour le dessert ou pour le goûter.
À partir de ces dates, l’industrie du vin de Almería, à cheval entre les initiatives privées et les subventions publiques, est jalonnée par un bon nombre de vignerons entreprenants et propriétaires de jeunes bodegas qui ne cessent de générer des iniciatives où fréquemment (et même si les idées sont contradictoires), on peut souligner une volonté commune de fournir des efforts de la part des hommes et femmes qui se consacrent à ce secteur.
Une des dernières initiatives commence en août 2006 avec la création de la Asociación Provincial de Bodegas, comme section de la Asociación de Empresarios de Almería, ASEMPAL. Des membres très réputés et prestigieux du monde des bodegas (Juan José Jiménez, Verica Weissel, Alejandra Martín et Isabel López) forment un Comité de Gestion et ont plusieurs objectifs prioritaires: impulser les vins de la province comme des produits faisant partie de la gastronomie de Almería, faire connaître leurs vertus et qualités, promouvoir les synergies qui peuvent surgir entre le secteur des bodegas et le reste des activités comme le tourisme, le commerce, afin de, peut-être à moyen terme, pouvoir offrir un vin reconnu avec la marque Almería, renforcer la présence du secteur dans tous les actes institutionnels (foires, congrès) pour promouvoir la bonne image du secteur d’un point de vue national et international. Finalement, cette association espère promouvoir des aides afin de créer, moderniser et améliorer la qualité de ses produits, et stimuler les investissements en R&D dans ce secteur.
En ce qui concerne la structuration territoriale de la vitiviniculture, quatre grandes aires délimitent parfaitement Almería, dont trois jouissent de la Acreditación de Calidad conférée par l’entreprise andalouse Agrocolor et qui correspondent à leur tour à autant d’autres zones géographiques et naturelles de la province, ce qui est, pour les aficionados du vin et pour les voyageurs, un double attrait de leur visite.
- Désert de Almería (Desierto de Almería)
- Rive de l’Andarax (Ribera de Andarax)
- Laujar-Alpujarra
- Sierras de las Estancias et los Filabres
- Nord de Almería (Norte de Almería)
Vins de la province de ALMERIA
V.T. Désert de Almeria | Blancs |
Rouges | |
Rosés | |
Vin doux naturel - Muscat | |
V.T. Rive de Andarax | Blancs |
Rouges | |
Rosés | |
V.T. Laujar-Alpujarra | Blancs |
Rouges | |
Rosés | |
V.T. Sierras de las Estancias et les Filabres | Blancs |
Rouges | |
V.T. Nord de Almeria | Blancs |
Rouges | |
Rosés | |
Vins de table rosés, (courants et de qualité) | Blancs |
Rouges |
Vins entre déserts et Sierras
La première grande région vitivinicole que nous proposons au voyageur comprend un des espaces les plus particuliers d’Andalousie et par conséquent, d’Espagne. Il s’agit d’une démarcation dont le centre est la zone du Désert de Tabernas, qui se trouve à son tour entre la Sierra de Filabres au nord et la Sierra de Alhamillas au sud, et les sommets omniprésents de la Sierra Nevada à l’ouest. Plus de 200 hectares de vignobles en plein désert, à 525 mètres au-dessus du niveau de la mer, qui subissent l’influence de l’effet barrière de cette authentique boîte tectonique, qui provoque une absence d’humidité et des oscillations thermométriques (avec des journées très chaudes et des nuits fraîches). Les raisins obtenus sont singuliers et d’une qualité exceptionnelle: chardonnay, muscat, macabeo et sauvignon pour les blancs; tempranillo, cabernet sauvignon, monastrell, merlot, syrah et grenache noir pour les rouges. Parfois, ces raisins sont également utilisés pour élaborer des vins rosés.
Quatorze territoires communaux englobent cette zone, qui jouit de la Mención de Calidad (Mention de Qualité)Vino de la Tierra dans le B.O.E. du 2 juin 2004: Alcudia de Monteagud, Benitagla, Benizalón, Castro de Filabres, Lubrín, Lucainena de las Torres, Ulula de Castro, Senés, Sorbas, Tabernas, Tahal, Turrillas, Uleila del Campo et Velefique.
Bodega Agrosol
Sur la route de Tabernas au pied de la Sierra Alhamillas, nous trouvons Lucainena de las Torres, un village clef si nous voulons comprendre les raisons de l’existence de cette zone vitivinicole du désert de Almería. C’est effectivement ici que se trouve depuis 1970 la Bodega Agrosol, authentique signal d’alarme et artère vitale du vin de la région. Au début des années 80, cette entreprise établie dans la propriété de los Rubiales, est parvenue à disposer d’une bodega, de patios de 4 000 mètres carrés et de 200 hectares de cultures. Dans ces installations on remarque surtout une technologie de pointe, des bodegas souterraines et des barriques en chêne américain et français. Ce sont les caractéristiques climatiques et le type de raisins de la région qui sont à l’origine de la marque Pers de Agrosol. Si l’on excepte un rosé très persistant et fruité, élaboré avec du raisin cabernet sauvignon, tempranillo et monastrell, le reste est axé sur des variétés de vins rouges de crianza: viña salvana, viña pers, torre salvana, etc. Le vin rouge La Dionisia 2002, élaboré avec la même proportion de tempranillo, monastrell et cabernet sauvignon jouit sans doute de la plus grande notoriété. Quatre mois de crianza en barrique donnent un vin de 14 degrés d’alcool, frais et limpide, nez de chêne, bien équilibré et saveurs de fruits exotiques en bouche. Il ne faut pas oublier de mentionner d’autres crianzas mono-cépages: le Pers Tempranillo, le Pers Cabernet et le Pers Monastrell, qui sont tous en général moins complexes et plus fruités que le premier. Depuis peu, ces bodegas sont entre les mains d’autres personnes et leur continuité dans le monde des affaires vigneronnes est une inconnue. Cela dit, nous sommes optimistes, tout semble indiquer que les nouveaux responsables de la propriété (outre d’autres affaires liées au tourisme et au golf) peuvent redonner une certaine valeur à ces vins parfaits, du coeur de la région de Almería.
Almazara-Bodega Los Albardinales
Le muscat de Almería connut dans le passé des années de splendeur à Tabernas qui est actuellement l’un des autres centres de production et d’élaboration du Vino de la Tierra avec la Bodega Los Albardinales, qui a emprunté son nom à la contrée où elle se trouve. Son propriétaire, Rafael Alonso, dirige une entreprise familiale, un vieux moulin restauré qui est à la fois un restaurant et un musée. Avec une décoration exquise, une énorme exposition de pièces de moulins à huile et des bodegas dont nous recommandons la visite, elle offre, de plus, un riche éventail de produits gastronomiques de la région et en général de la province. Cependant, la famille Alonso trouve le temps et l’énergie pour élaborer ses propres vins, dans une commune qui compte environ 8 hectares de vignes. Fidèles à la tradition du grand-père qui faisait un coupage de raisins syrah, cabernet et un peu de grenache et tempranillo, ils élaborent El Vicario, un vin biologique. Ils élaborent également un vin de muscat doux et équilibré de vendange tardive, un moût concentré avec une fermentation contrôlée, à base de jaén blanca et de muscat. Il faut finalement préciser que des essais de blanc sont réalisés.
Le fruit de la Ribeira
Entre la majestueuse Sierra Nevada et la Sierra de Gádor au sud, on trouve une plaine à presque mil mètres d’altitude, où la tradition et l’histoire se sont constamment donné la main depuis la nuit des temps. Il s’agit du Llano de Laujar, colonne vertébrale d’une des autres grandes zones vitivinicoles de Almería, les premières vignes remontent aux premiers habitants, les Phéniciens, et à leur continuité pendant les périodes romaine, arabe et chrétienne. Une région qui, au siècle dernier, donna une impulsion au raisin de table et fit ainsi reculer le volume et la qualité de ses vins. Étant donné la crise du raisin de table au milieu du XXe siècle, celui-ci, cultivé sur des pentes calcaires, à laissé place à des raisins de vinification de grande qualité, favorisés par un drainage excellent et par le climat de la Ribera del Andarax (automnes et hivers froids, printemps humides et étés secs et ensoleillés).
Vingt-et-une communes (Alboloduy, Alhabia, Alhama de Almería, Alicún, Almócita, Alsodux, Beures, Bentarique, Canjáyar, Enix, Félix, Gérgal, Huécija, Illar, Instinción, Nacimiento, Ohanes, Padules, Rágol, Santa Cruz de Marchena et Terque) à cheval entre les sierras et la plaine, où l’Andarax et ses affluents jouent un rôle important, font partie de cette influente aire vinicole qui détient la Mención de Calidad Vino de la Tierra, selon le B.O.E. du 21 mars 2003.
Il s’agit d’une zone de cépages blancs macabeo, chardonnay et sauvignon blanc et de merlot, syrah, grenache, tempranillo, monastrell et pinot noir pour les vins rouges.
Bodega Finca Ánfora
Sur les terres communales de Enix, nous trouvons la Bodega Finca Ánfora, probablement la plus grande et influente de la Ribera de l’Andarax, authentique prodige pour les sens et le bon goût. À 750 mètres d’altitude et avec 13 hectares de jeunes vignobles plantés sur des terrasses empierrées entre 1995 et 1996, sa propriétaire, Verica Weissel, une Allemande au coeur converti et l’infatigable Lola Montilla chargée des relations publiques, sont les authentiques chefs de cette belle entreprise. Avec une production de vins centrée sur les cépages cabernet sauvignon, syrah, merlot, grenache et monastrell, on réalise une vendange précoce de façon manuelle avec une sélection exigeante dans la coupe. Le processus de crianza dans des grottes naturelles n’est pas moins strict: de 20 à 24 mois en barrique de chêne français et de 1 à 3 ans en bouteille. Il s'agit d’un des signes d’identité de la Finca Ánfora: un vin de qualité et de production limitée qui est commercialisé au niveau national et que l’Allemagne importe. On constate le soin des installations qui sont impeccables, la cohérence et le concept de design qui donne un sens à une entreprise. Ánfora tente de promouvoir l’origine ancestrale des vins de la région, c’est pourquoi le symbole est omniprésent dans les installations.
Finca Ánfora est spécialisée dans les vins rouges, même si elle élabore le Juvenal, un rosé avec un coupage de grenache, monastrell et merlot, frais, fruité avec des arômes tropicaux.
En ce qui concerne les rouges, voici les quatre gammes élaborées: le Monteneo (1999 et 2000) grenache et monastrell, qui offre en général un vin de couleur intense, nez fruité, frais et vif; le Calidón 2004, un media crianza de cabernet sauvignon, syrah, merlot, grenache et monastrell; le Aristeo (1999 et 2000) cabernet sauvignon, syrah et merlot, vin de crianza, rouge avec des reflets violacés, nez très complexe avec des notes de fruits et de bois, charnu, persistant et structuré en bouche. Finalement, le Laurenti, le dernier des rouges, mono-cépage cabernet sauvignon de 14,5 degrés. Il est élaboré selon des méthodes artisanales, fermentation alcoolique contrôlée à 28 degrés, remontages quotidiens, macération prolongée, barriques en chêne français pendant 20 mois, et de 16 à 18 mois en bouteille. Le rouge Laurenti est couleur rouge cerise mûre, avec des touches de couleur tuile, nez de baies exquises avec réminiscences de bois fin, des notes de cèdre et de bois méditerranéen, bouche savoureuse, beaucoup de corps, équilibré; notes de cassis et de réglisse, finale expressive, harmonieuse et élégante. Il peut être dégusté seul, avec du gibier et des viandes rouges, grillées ou cuites à l’etouffée. Il s’agit d’un bon vin pour les néophytes et les experts. Tout comme le Aristeo, il doit être décanté. Ce vin fut médaille d’or au concours de Vins pendant le Salon International de Vin 2005 à Madrid. Récemment deux marques supplémentaires font partie de la carte des vins rouges: Le Xolair (2003 et 2004), mono-cépage merlot, fermentation à 26 degrés, remontages quotidiens et crianza dans des barriques en chêne français pendant un an; et le Santys, rouge syrah et grenache, fermenté à 28 degrés et 18 mois en barrique. Ils ont respectivement reçu la Médaille d’Argent au Concours Mondial de Bruxelles en 2007 et la Médaille d’Argent au Der Grosse Internationale Weinspres d’Allemagne en 2008.
Les petits villages des contreforts de l’extrême sud-est de la Sierra Nevada (Alhama de Almería, Alicún, Huécija et Illar) forment dans leur entrelacement, des rampes et des côtes de treilles pittoresques et continues qui des deux côtés de la route nous indiquent la nature vitivinicole de beaucoup de ces communes. Il s’agit de profondes enclaves rattachées aux coopératives de Uvas de Mesa, comme Llanos de Gádor. Il faut également mentionner Alsodux (productrice de mûres et de raisins) et Alboloduy où se trouve une des autres bodegas uniques de la région.
Au XXe siècle, deux millions de raisins annuels étaient produits dans la zone de Montenegro, sans compter ceux vendus à d’autres bodegas aux alentours de Almería. Dans les moulins du lieu, un vin « fait maison » était élaboré et vendu dans les bars à des villageois et à des gens qui n’étaient pas de la région. Dans les années 80, on commença à planter des vignes dans d’autres zones où la mécanisation était plus pratique, comme Campillo avec des cépages tempranillo, merlot, syrah, cabernet et particulièrement l’autochtone jaén blanca.
La Bodega de Alboloduy
C’est dans ce contexte que la Bodega de Alboloduy commence ses activités en 2004, comme entreprise familiale qui souhaite favoriser cette tradition des vins du terroir, et cultive même à nouveau à Montenegro. Située à l’entrée du village à Paraje de Alcozáyar, elle dispose d’installations très modernes. Avec des barriques en chêne français et américain et une production limitée à 6 000 kilos de raisins par hectare et 40 000 bouteilles annuelles, sa superficie de culture varie entre 800 (Campillo) et 1 200 mètres d’altitude (Montenegro), avec des sols calcaires et ardoisiers. Elle applique également une agriculture respectueuse de l’environnement. Les conditions climatiques, le sol et l’altitude expliquent ces rendements. Plusieurs vins sont déjà sur le marché: un rouge jeune avec un coupage de tempranillo, de merlot et de cabernet sauvignon; Taracín, un rouge de semicrianza avec des raisins tempranillo, grenache et cabernet sauvignon; Loma del Viento, typique clairet de Alboloduy, élaboré avec les variétés autochtones jaén blanca et tintilla du pays; Viña Lorite, un blanc mono-cépage macabeo, et le Vino Blanco de Montenegro, qui fait référence à la contrée d’où provient le raisin jaén blanca avec lequel il est produit.
Il faut également souligner le Colección Cristina Galvache Caberbet 2004 avec les cépages cabernet sauvignon et cabernet franc, et le Colección Cristina Galvache Blanc de Alboloduy, un vin blanc mono-cépage jaén blanca, qui provient des vignobles de Montenegro.
Les reconnaissances dans certains concours nationaux et internationaux ont été nombreuses. Nous pouvons notamment citer la médaille d’argent au Salon International du Vin Liberwine 2006 pour le Taracín, les reconnaissances à Paris (2006 et 2008) et en Allemagne pour le Colección Cristina Galvache Cabernet, et le mono-cépage syrah de cette même gamme, récompensé au Mundus Vini d’Allemagne (2009), Vinalis Internationalis de Paris (2008) et à Ljubljana (2008).
Après Alboloduy, nous trouvons Nacimiento et ses cortijos (fermes andalouses) construits au XIXe siècle pour l’activité du raisin ohanes, et Rágol, ville des Alpujarras par excellence, célèbre pour ses raisins frais et secs. Nous poursuivons entre virages et pierriers, lorsque la présence des premiers cortijos blancs nous indique que nous sommes à Ohanes, le village du raisin.
Appelé également raisin de Almería, de Table ou d’Embarcation pour sa résistance, le Raisin de Ohanes, fut le fruit d’une hybridation réalisée par les agriculteurs de la région, entre le jaén blanca et le raisin rouge de Rágol, au début du XIXe siècle. La légende parle d’un certain Paco Valverde de Ugíjar qui, en 1834, décida d’emmener à Málaga des paniers de ces raisins et de les vendre dans de bonnes conditions. Il étendit plus tard leur vente vers les Alpujarras et vers l’intérieur de la province d’Alméria, vers le fleuve Andarax et vers le sud, aux alentours de Berja et Dalias mais ce ne fut pas tout. En effet, d’autres zones marchandes de raisins de Málaga, comme Coín, Cártama ou Lanjarón perdirent leur part de marché exportateur, au bénéfice du Raisin de Ohanes.
Beaucoup d’autres variétés (molinera, corinto, de cuerno, de lejía, imperial, alvillo, teta de vaca, rey-blanca ou valencia), s’ajoutèrent à celle-ci, qui se caractérise par des grappes en forme de cylindre, de couleur jaune, pulpe charnue et croustillante et une grande adaptation climatique, sans oublier des propiétés alimentaires et curatives. Sa commercialisation fut progressivement établie dans la région et atteignit même Grenade, Murcie, Albacete et Ciudad Real. Cette époque correspond à la création de la culture du raisin de table dans toute la région, c’est pourquoi ces ceps aux treilles élevées, ainsi que les cortijos s’étendirent sur les versants de la sierra. Au milieu du XIXe siècle, l’exportation du raisin de Ohanes, favorisée par sa résistance, commença vers les États-Unis, le Canada, le Mexique, Cuba, l’Angleterre, l’Allemagne, la Scandinavie, et même l’Inde et la Chine, et il connut son apogée au début du XXe siècle. À partir des années 70, la concurrence nationale (avec des raisins de Murcie et de La Manche) et internationale (avec les variétés d’Italie et d’Israël) plongèrent le secteur dans une crise qui obligea une grande partie de cette prospère économie viticole à se réorienter. Nous laissons Ohanes et nous allons vers le Levant. Les terrasses élevées au-dessus du fleuve Andarax nous indiquent que nous arrivons à Padules, un important village de tradition bodeguera. Nous trouvons deux entreprises : La Bodega Barea Granados en plein cœur du hameau et la Bodega Antonio Jiménez.
Bodega Antonio Jiménez.
En 1983, Paco Fere, biochimiste à Madrid renonce à ses responsabilités de directeur d’une multinationale américaine d’instruments scientifiques et reprend l’amour pour la viniculture hérité de sa famille. Il commence à planter à Padules des vignes de variétés rouges comme tempranillo, cabernet sauvignon, merlot et syrah, ainsi que des variétés de raisins blancs macabeo et viognier.
En 1997, il constitue une société à responsabilité limitée avec une poignée d’amoureux du vin. L’année suivante ils élaborent leur première récolte, qui est commercialisée en 1999. Ces dernières années, sans abandonner le modèle social où elle fut constituée, l’entreprise a été gérée par Antonio Jiménez qui donne alors son nom à la bodega.
La grande originalité de cette bodega qui se trouve au bord d’une grande terrasse à côté de Padules, consiste à utiliser la gravité naturelle dans chacun des quatre niveaux de sa structure: sélection au niveau de la rue, pressage plus bas pour l’égrappage, fermentation et clarification au troisième niveau et mise en bouteille et élevage dans la zone inférieure. Cette technique, qui est un procédé unique, fait l’objet d’études de spécialistes nationaux. Ce bâtiment dispose de techniques d’avant-garde très modernes et il peut être également visité pour découvrir la culture du vin. L’orographie des vignes de la Bodega Antonio Jiménez est très accidentée, ce qui rend difficile la mécanisation des tâches et favorise ainsi les pratiques traditionnelles. Ceci limite la vigueur des vignes pour parvenir à une plus grande intensité de qualité, avec 4 000 pieds par hectare. La taille en vert éclaircit la concentration de bourgeons. La surveillance de la plante est constante pour insister sur le résultat final. La vendange a lieu quand le raisin est mûr pour que les meilleurs niveaux de potentiel alcoolique, l’acidité, le pH et les polyphénols soient assurés.
Les Bodegas Antonio Jiménez présentent le Sublimis, un vin rouge de crianza de 13 degrés, avec 60% de tempranillo, 30% de cabernet sauvignon et 10% de merlot, élevage en barrique de chêne américain de 13 mois et un an en bouteille; deux medias crianza avec quatre mois en barrique et six mois en bouteille: le Antonio Jiménez Selección (mono-cépage syrah) et le Montejaro, avec les cépages du crianza. Comme vins jeunes, les bodegas offrent le Anton Joven, avec du tempranillo, du cabernet sauvignon et du merlot, ainsi que le mono-cépage anton syrah. Deux vins blancs très frais et fruités, de 12 degrés avec le mono-cépage macabeo, le Madora (Jeune) et le Anton Blanco, ainsi qu’un vin rosé, le Anton Rosado, vin jeune avec 60% de tempranillo, 30% de cabernet sauvignon et 10% de merlot.
Bodegas Hacienda Capellanía.
Juan José Cruz est le responsable de cette jeune bodega en pleine expansion. Elle fonctionne comme une société coopérative et nous offre déjà deux vins remarquables: un vin rouge Campillo Hondo et le Paccatos 2007, un vin jeune et fruité avec 70% de syrah et 30% de tempranillo.
La Mecque des vins de l’Alpujarra
Avec presque mille hectares de vignes, la zone comprise entre les territoires communaux de Alcolea, Fondón et Laujar de Andarax ferme la région vinicole du Haut Andarax de l’Alpurraja, et constitue en soi une autre aire vitivinicole de Almería, qui jouit de la Mención de Calidad Vino de la Tierra, selon le B.O.E. du 7 mai 2004. Bien que petite, il s’agit d’une zone géographique très intense où les variétés blanches jaén blanco, macabeo, vijiriego, pedro ximénez, chardonnay et muscat à petits grains, et les rouges cabernet sauvignon, merlot, monastrell, tempranillo, grenache rouge et syrah sont cultivées. Les vins blancs obtenus sont couleur jaune pâle, fruités et agréables; les rouges sont intenses, de couleurs vives, frais et charnus pour les crianza; finalement les rosés sont doux, équilibrés et fruités.
Les coopératives ont eu un rôle spécialement important puisqu’elles ont permis le passage de l’étape des vins de table et vins en vrac à l’étape, beaucoup plus systématique, qui correspond à de nouvelles variétés de raisin, à la modernisation technologique, à la consolidation d’une Foire Vitivinivole à Laujar (comme vitrine de leurs vins) et même à l’élaboration de mousseux de qualité.
En ce qui concerne le coopératisme, il ne faut pas oublier la Asociación de Bodegueros y Viticultores Laujar-Alpujarra comme entité vedette des tâches et des travaux du vin de la région. Il faut également mentionner une politique directe et déterminée, qui part de la Junta de Andalucía avec le Plan Provincial de Experimentación Agrícola, dont le but est d’introduire de nouvelles variétés de raisins, en fonction des données obtenues des champs d’expérimentation implantés. Il s’agit d’une initiative avec des résultats et une estimation différents, mais qui, quoi qu’il en soit, est rattachée à cet ensemble d’initiatives pour la revalorisation du secteur vitivinicole. La Diputación Provincial de Almería et la Mairie de Laujar de Andarax sont très liées aux initiatives de la Junta. Tous les printemps depuis 2002, cette commune organise la Foire Vitivinicole, qui est une référence en matière de produits gastronomiques et de vins de Almería et de Grenade et divers cours spécialisés sur l’élaboration, l’élevage et la dégustation de vins, destinés aux futurs viticulteurs de la région.
Il nous faut évoquer les initiatives de la Communauté Européenne, avec le programme Leader, qui apparaît après le Plano de Actuación de la Alpujarra del Instituto de Fomento de Andalucía, qui a pour principal objectif l’impulsion des activités complémentaires de l’agriculture traditionnelle, parmi lesquelles le tourisme rural et l’industrie agroalimentaire.
Il existe à Fondón deux des bodegas de la région. Elles sont, comme toutes les entreprises de la région, jeunes mais leur potentiel est prometteur: Selección de Vinos de Fondón, S. L. et Bodegas Fuente Victoria.
Bodega Selección de Vinos de Fondón.
Très fortement impliquée dans les différents actes culturels et gastronomiques, la Bodega Selección de Vinos de Fondón est une bodega qui dispose de tous les moyens modernes pour les différentes phases d’élaboration afin d’obtenir des vins de grande qualité. C’est dans ce sens que nous pouvons interpréter la récente rénovation de ses vignobles, qui intègrent de nouveaux ceps de tempranillo, cabernet sauvignon, merlot et syrah pour les blancs, et macabeo et jaén pour les rouges. Les récents et nombreux prix de certains vins appréciés (Salon International du Vin 2005, à Madrid, XIIe Edition du Concours National de Vins “Ciudad de Córdoba” 2006) confirment son bon travail. Le vin vedette est le Tetas de la Sacristana, un vin (30% de merlot et 70% de tempranillo) difficile à trouver étant donné sa production limitée. Cette marque a une variante mono-cépage cabernet sauvignon. Dans les deux cas, on procède à un élevage partagé entre des barriques de chêne américain et de chêne français. Ce sont des vins rouges entre rouge cerise et groseille, arômes fruités et floraux, savoureux et de persistance moyenne. Cette bodega prometteuse commença avec les vins Ben-Zuiaque qui constituent une grande gamme avec un rouge de quatre mois dans des barriques en chêne, 75% de tempranillo et 25% de cabernet sauvignon, de couleur rouge groseille, frais et équilibré, ainsi que deux blancs: le Ben-Zuiaque Blanco Marcelo (sauvignon blanc et jaén blanc) et le Ben-Zuiaque Blanco Selección, qui combine des raisins macabeo et jaén blanco.
Bodega Fuente Victoria.
Sa création est également récente (2004). Située à Llano de Laujar, la Bodega Fuente Victoria se joint à cette volonté de sauver, grâce aux moyens les plus modernes, les traditions vitivinicoles les plus enracinées de la région. En ce sens, elle nous présente une gamme très équilibrée de vins, parmi lesquels des blancs, des rosés et des rouges jeunes. En ce qui concerne les blancs, il faut citer un vin nommé Vijiriego avec une présence très faible de macabeo, fruité, avec des tons anisés et une acidité élevée, et un macabeo 85% et 15% de jaén blanco, qui fait 11 degrés d’alcool, élaboré par fermentation à une température très basse (16º), ce qui permet d’éviter des pertes d’arômes. La méthode de clarification est naturelle et la mise en bouteille est rapide pour conserver la fraîcheur. Le vin final présente une couleur pâle avec des tons verdâtres, arômes variétaux de macabeo et un agréable souvenir de la fermentation. Il est idéal et recommandé pour accompagner les poissons, fruits de mer, fromages tendres et tout aliment qui peut compléter son doux arôme et son goût délicat. Plus récemment, le Sulayr, un blanc mono-cépage macabeo, que l’on qualifie de “Nectar du Soleil”, est élaboré.
Le rosé présente un coupage de raisins tempranillo et grenache à 50%. Il s’agit d’un vin très doux et vif étant donné la courte macération, équilibré en bouche avec de très agréables touches de fraise, framboise et fruits rouges.
Bodegas Fuentes Victoria présente deux mono-cépages rouges; un vin Talento Tempranillo Barrica, puissant, complexe, velouté, couleur cerise et arômes intenses et le Talento Syrah Barrica, plus simple, quelque peu acide, arômes citriques, avec dans les deux cas, un mélange de raisins cabernet sauvignon. Finalement nous remarquons un vin jeune de la récolte, élaboré avec une sélection de raisins noirs du terroir, simple et agréable, pour une consommation quotidienne.
Si l’on avance vers le Llano de Laujar, à très peu de kilomètres, nous apercevons Laujar de Andarax, entourée d’un cortège vert d’amandiers, de peupliers et de vignes. C’est une ville de longue tradition viticole avec une concentration importante de bodegas. Francisco Villaespesa, un des plus grands personnages littéraires de Almería (poète moderniste de Laujar qui mena une vie intense en Amérique Latine et qui fut très lié aux hommes de la Génération de 1927), nous parlait dans un grand nombre de ses compositions poétiques des vertus du vin.
“Avec la joie d’une fontaine/ ma vie coule entre tes mains/ Qu’importe que mon front ait/ des mèches de cheveux blancs? / Il y a du vieux vin et du pain chaud/ des vignes et des pommiers mûrissent/ l’automne sera plus clément/ que les printemps et que les étés!/ L’amour pur ne doit pas être tronqué!/Que nous importent ces gelées/ des passés désabusés?/ Le coeur ne vieillit jamais/ et comme le vin dans les tonneaux/ il se purifie avec les ans!”.
Il existe également d’autres références littéraires sur les bons vins de ce coin. Historien du XXe siècle, Florentino Castañeda Muñoz, enfant chéri de Laujar et Correspondiente de las Reales Academias de la Historia de Madrid, y de las Ciencias y Bellas Artes, nous offrait sur ces vins, des visions familières et costumbristas.
“On ne boit qu’au ciel/ le cher vin de Laujar/ les autres vins du monde/ là-bas sont interdits/ pourquoi cela me direz-vous?/ et je l’affirme clairement:/ parce que là-bas on ne boit/ que du vin de qualité/ Saint Pierre avec beaucoup zèle/ ne cesse de surveiller/ et il devient même furieux/ si l’on essaie de lui donner/ du vin qui n’est pas ce cher vin / de la vigne Laujar/ Apprenez ceci Messieurs:/ si mille ans vous voulez vivre,/ sans peines ni déceptions,/ buvez sans cesse du vin;/ mais du vin de tradition,/ le meilleur parmi les meilleurs/ de la terre entière (le cher vin de Laujar)”.
Florentino Castañeda Muñoz
À Laujar, nous pouvons trouver principalement deux bodegas principalement qui, outre leurs vins, représentent d’une certaine façon deux manières différentes de concevoir une entreprise vitivinicole: La Bodega Cortijo el Cura, familiale et écologique, et la Bodega Valle de Laujar, en régime de coopérative et qui a un plus grand poids dans le monde des affaires. Nous ne pouvons cependant que constater la profonde tradition du petit propriétaire de bodega à Laujar; ce concept de bodega de garaje (bodega de garage), avec presque cent cinquante initiatives de ce type qui sont parvenues à élaborer des vins et à les vendre dans leurs propres maisons. Il s’agit d’une donnée qui, nous le souhaitons, poussera le voyageur à s’aventurer “porte à porte” et à chercher l’excellence de ces crus “Maison”.
Bodega Cortijo el Cura.
En 1995 Justo et Antonio Sánchez achètent une propriété dans le Cerro Jancor, dans le Llano de Laujar. Elle fut la propriété du Curé Lara (1896-1936) originaire de Grenade, qui établit là-bas une église-ermitage, où il cultiva aussi des vignes et des céréales. Les frères Sánchez laissaient derrière eux plus de vingt ans de durs labeurs dans l’agriculture intensive sous bâche plastique de Almería. Il en ont eux-mêmes subi les conséquences c’est pourquoi ils ont opté pour une agriculture plus naturelle et écologique. Ils ont également essayé de favoriser les éléments autochtones dans les variétés cultivées et dans leur identité, puisque, si leurs parents et grand-parents provenaient de El Ejido, eux sont les enfants de Laujar.
Après plusieurs années d’adaptation à la terre, la Bodega Cortijo el Cura commence à fonctionner en 1997, et donne ses premiers vins l’année suivante.
Le Cortijo el Cura se trouve près de la colline de Almirez, la plus grande de Almería, où il bénéficie du microclimat, de l’altitude et des oscillations thermiques (30º en été et 5º en hiver) avec des sols sableux et argileux. Une propriété de 25 hectares dont 18 de vignes, 5 d’amandiers et 2 d’oliviers. La majorité des vignes ont plus de vingt ans et quelques-unes ont plus de cinquante ans.
Il s’agit d’une agriculture raisonnée, qui intègre des éléments traditionnels de Laujar, face à l’arrivée des variétés étrangères. C’est pourquoi plus de 50% des vignes (10 hectares environ) sont des variétés autochtones: jaén blanca, jaén negra, bobal, monastrell et grenache rouge. Même si, pour le reste, on cultive aussi ces cépages « améliorants » (chardonnet, syrah, cabernet et merlot), dans la ligne des projets de recherche qui sont sous la tutelle de la Junta de Andalucía.
Dans le cortijo, on trouve une vraie exposition d’objets, d’outils agricoles et de pièces en tout genre, liés à l’histoire de Laujar, avec quelques bancs de la vieille église du Curé Lara. Il est même possible d’étiqueter sur le col des bouteilles des poèmes de Villaespersa déjà cités.
Poisons
“Les vignes ont déjà donné leur vin./ Le vin fermente dans les tonneaux./ Tout comme les arbres fruitiers du chemin./ La fleur a transformé son arôme en miels/ Poursuis ta route pèlerin,/ car s’il n’y a pas de roses ni de lauriers,/ les ronces de l’aubépine/ donnent des fruits rouges comme des oeillets... !/Ton amour ne ressemblera-t-il plus à une/ vierge au visage pâle,/ stérile à la pleine jouissance/ faite de neige, de rêve et de lune ;/mais une lubrique bacchante/ Aux hanches larges et au giron généreux ! ”.
Cependant le Cortijo el Cura, n’est pas seulement une bodega écologique. Il s’agit d’un mode de vie, où la famille Sánchez consomme ce qu’elle cultive, et où peu à peu la femme de Justo, œnologue, sa fille agent commercial et chargée des relations publiques, et même sa charmante mère font partie de l’entreprise. Dans l’élaboration du vin, des procédés naturels sont développés dans toutes les phases: aucun fumier, deux soufrages par an, une fermentation naturelle et lente, un élevage dans des barriques en chêne américain avec deux ou trois soutirages par an, l’usage de gaz sulfureux et une stérilisation avant la mise en bouteille. On obtient un produit de haute digestivité sans séquelles.
Nous remarquons le Infante, un vin rosé fruité dont le corps rappelle le traditionnel clairet espagnol, avec un rang de rouge (grenache) et un rang de blanc (jaén).
En ce qui concerne les blancs, Cortijo el Cura élabore la marque Oro del Llano, vin de coupage de jaén blanco et chardonnay, un vin fruité, aromatique, avec des arômes d’herbes coupées et de fruits secs.
Elle présente trois vins: le Sierra de Gador, rouge jeune élaboré avec des raisins grenache et jaén tinta; le Jancor, rouge jeune élevé en barrique avec un coupage de bobal et de grenache, et le Sánchez Vizcaíno, un reserva également à base de vins autochtones grenache, bobal et cabernet élaboré sans additifs, vieilli dans des barriques en chêne pendant 24 mois et élevé en bouteille de 5 à 10 mois. Ce vin est couleur cerise, nez de prunes, touches de chêne, tabac, légèrement torréfié, bouche fine et ouverte avec des caractéristiques organoleptiques. Il se marie avec pratiquement tout, mais il est spécialement recommandé avec un bon jambon avec graisse et veines.
Les provinces de Grenade et Almería, quelques enclaves de Madrid, de Catalogne et de Galice (Vigo), d’Allemagne (qui a commencé de façon fortuite pendant un échange scolaire) et de Hollande sont les principaux marchés. Sa reconnaissance dans le monde des affaires lui a valu des distinctions de la part de la Confederación de Empresarios de Andalucía et d’autres sociétés européennes comme le Culinary Heritage Europe, ainsi que divers Prix dans le milieu de l’agriculture écologique.
Bodega Valle de Laujar.
On trouve également dans le Llano de Laujar, la Sociedad Cooperativa Andaluza Valle de Laujar qui devient dès le début des années 90 un authentique fer de lance du développement et de la production vitivinicole de la région. Ainsi, cette coopérative permet une restructuration des canaux de vente, de la distribution et de la commercialisation, où la production de raisins rouges est séparée de celle des raisins blancs, et le clairet, vin typique de la zone est sauvé. Pour finir, avec l’aide de la Junta de Andalucía on axe la recherche sur de nouvelles variétés afin d’obtenir la meilleure qualité. Il faut souligner ici l’élaboration de cavas dont les résultats seront bientôt appréciés.
En 1992 la Coopérative est fondée avec les quatre membres fondateurs et 86 collaborateurs qui apportent leur produit. Dans cet organigramme, son responsable, Gabriel Bosquet, brille d’un éclat particulier. Ce vitiviniculteur inquiet et dynamique dirige également la Asociación de Bodegueros y Viticultores Laujar-Alpujarra. Bosquet, projette d’obtenir peut-être à moyen terme la denominación de origen Vino de la Alpujarra qui engloberait les régions de Almería et de Grenade. Le relais générationnel est déjà assuré grâce à ses filles qui suivent ses pas dans ce noble métier du vin.
La bodega de la Coopérative dispose de 2 800 mètres carrés, où l’on trouve les différentes pièces pour l’élaboration, ainsi qu’un patio très suggestif et aménagé pour que les visiteurs dégustent des vins dans une ambiance tranquille et évocatrice, entourés de divers articles gastronomiques de la région.
Gabriel Bosquet assure que la Coopérative vend 80% de la production de vin dans la province de Almería, (entre 600 000 et un million de litres par an). Il faut également souligner la croissance de nouvelles zones de commercialisation comme Madrid, Barcelone ou Bilbao, ainsi qu’une exportation européenne imminente.
La carte des vins est très ample. Deux marques de vins rosés: Le Viña Laujar aromatique et fruité, et le Señorío de Laujar, élaboré avec du grenache et un peu de syrah avec macération indépendante. Les résultats sont spectaculaires.
La bodega nous propose trois vins blancs: le Viña Laujar Blanco, un mono-cépage macabeo qui se marie bien avec les fruits de mer; le Médaille d’Or 2003, mono-cépage sauvignon blanc de grande complexité et équilibre, et un autre vin jeune, très aromatique, élaboré avec des raisins de jaén blanco.
Pour les vins rouges, il faut citer le Vega Camarín, un tempranillo de trois mois en barrique, à consommer dans les bars, qui est même parvenu à dépasser le Rioja dans la région; le Viña Laujar Syrah, qui obtient de bons résultats en ce qui concerne la couleur, l’arôme et le passage en bouche, idéal pour les non-initiés; le Viña Laujar Tinto, un vin fruité avec une sélection variée de raisins, et le Viña Laujar merlot et Cabernet Franc, un rouge complexe de 13,5 degrés, élaboré avec 80% de merlot, et 20% de cabernet franc, macération lente contrôlée pendant un mois, fermentation séparée puis coupage. Il est élevé 6 mois dans des barriques neuves en chêne; rouge cerise, aux arômes fruités caractéristiques des deux cépages et arômes secondaires très épicés, de vanille et de bois nobles; très persistant en bouche, beaucoup de corps, équilibré et vigoureux; il se marie bien avec des plats traditionnels de chasse, viandes rouges, ragoûts, pots-au-feu et plats fumés.
Bodegas Condado de Ojancos.
Cette société, qui dispose d’un vignoble en propriété et limité, souhaite maintenir un équilibre entre le fruit et le bois d’élevage (douze mois en barrique de chêne américain). Une culture des cépages tempranillo, syrah et cabernet merlot qui donnent lieu à quatre marques: un Blanco Chamorro (12,5%) avec un mélange de chardonnay et de viognier, fruité, complexe et équilibré; et trois rouges (13,5% d’alcool) avec les trois variétés correspondantes: un Tempranillo dense, facile à boire, de couleur intense, équilibré et avec une touche de saveur de bois; un Cabernet Merlot de couleur profonde, épicé, avec des touches de prunes et fruits secs, goût puissant et ample; et un Syrah complexe, avec des touches de fruits rouges, balsamique, mûr, dense et structuré.
Bodega el Cortijo de la Vieja.
À Alcolea, ville incomparable de l’ouest de la province d’Alméria avec une économie agricole basée sur les vignes, les oliviers et les céréales, nous trouvons à 800 mètres d’altitude probablement la bodega la plus ancienne de la région: Bodega el Cortijo de la Vieja. Son propriétaire, Julio López Godoy, exerce cette activité depuis trente ans et il a, à présent le soutien de sa fille Isabel et de son beau-fils Agustín Peinado. Avec 25 hectares de vignes en propriété, il cultive les cépages suivants: syrah, tempranillo, cabernet sauvignon, cabernet franc, merlot, petit verdot, grenache, jaén, vijiriega, chardonnay, viognier et macabeo.
En ce qui concerne la variété des vins, ceux-ci adoptent la marque générique de Iniza avec un blanc avec coupage de macabeo et viognier, et un autre mono-cépage macabeo. Ils ont un vin rouge avec un coupage de tempranillo, cabernet sauvignon, cabernet franc et grenache, et un autre mono-cépage syrah en barrique. Il faut également mentionner l’élaboration d’un Iniza rosé et le traditionnel clairet, qui est élaboré de façon artisanale depuis les débuts de la bodega, avec un pressoir de moulin à huile et des cuves en terre cuite.
Si l’on prend la route vers la côte, en passant par Berja on trouve le centre d’une des coopératives productrices de raisins de table les plus célèbres de Almería qui a connu plus de mille producteurs de raisins dans les années 1860. Il en est de même pour le village voisin de Dalías avec presque mille producteurs de raisins consacrés à l’exportation. À moins de vingt kilomètres on atteint Adra, ville où, dans la dernière partie du XIXe siècle, le poête Pedro Antonio de Alarcón but un “vin très chaud avec du sucre, moyen efficace pour garder des forces.”
Bodega Bolabana.
Là-bas, à côté du district de El Puente del Río, nous trouvons la célèbre Bodega Bolabana. Cette entreprise qui est dirigée par Juan José Jiménez Santiesteban est très liée et impliquée dans les événements et les fêtes qui ont lieu dans le Valle de Laujar. Elle mérite donc d’apparaître dans l’annexe de cette région. Bolabana cultive les variétés syrah, cabernet sauvignon, tempranillo, avec un système d’espaliers et un stockage moyen de quatre mois en barrique. Ils élaborent notamment le rouge El Rincón de la Cautiva, nom inspiré du lieu où se trouvent leurs vignes; un mono-cépage cabernet sauvignon qui a remporté le Prix du meilleur vin de Almería, lors de la IIIe Feria del Caballo de 2006.
Il existe également deux rouges: le mono-cépage merlot, et le rouge élaboré avec du syrah, 13 degrés, de couleur griotte bigarreau pratiquement opaque. Arôme de bonne intensité, avec prédominance de notes cétoniques et un fond de bois remarquable. Acidité correcte en bouche et nez de sensations volatiles.
Élevage, Ribera et marbre
Il existe une zone au nord de la province de Almería autour du fleuve Almanzora de grand intérêt géographique et historique, connue pour le marbre qui est un produit apprécié. Cette région se trouve entre la Sierra de las Estancias au nord (entre 1 800 à 2 000 mètres d’altitude) et la Sierra de los Filabres au sud (entre 1 000 et 1 500 mètres d’altitude).
Une authentique mer de vignes proliféra ici pendant la deuxième moitié du XXe siècle (destinées comme dans d’autres régions au raisin de table), où des ceps étaient plantés sur n’importe quel versant pour obtenir ce que nous avons appelé jusqu’à maintenant vino del país. Au début du nouveau siècle, la région de Alto Almanzora cultiva l’amandier, l’olivier, et remplaça les vieux ceps d’alors, par des variétés nobles comme le merlot, le cabernet sauvignon, le tempranillo ou la syrah. Il nous faut signaler également d’autres communes comme Zurgena, Arboleas ou Albox, la ville commerciale par excellence du Valle de Almazora, célèbre pour son raisin muscat et plus haut, l’authentique ville d’Oria, vieille ville viticole de Oria. Dans la région de Filabres, on trouve Purchena, vieux centre viticole, situé sur des reliefs inclinés où les ruines de la vieille forteresse dominent le hameau blanc ainsi que Tíjola, “la Perle de Almanzora”, connue pour son idole préhistorique, et centre de l’ancienne Coopérative de Uva de Mesa “Uvasol”.
Dans la Sierra de las Estancias, nous traversons quatre communes suggestives et significatives: Urracal, blanche et à moitié cachée sous le versant d’amandiers et d’oliviers; Somontín, située dans la sierra entre des terrasses au profil particulier donné par la remarquable coupole de l’église; Lúcar, commune qui s’ouvre au nord de la Région du Alto Almanzora, dont le paysage offre des tonalités grises indescriptibles; ainsi que Cela, autre village légendaire des raisins de bateau pendant le XXe siècle.
Lúcar se trouve dans la Sierra de las Estancias Lúcar. Elle est l’authentique pierre angulaire de cette région vinicole avec la Mención de Calidad Vinos de la Tierra de Almería, approuvée dans le B.O.J.A. du 29 octobre 2008. On trouve les communes suivantes: Albox, Alcóntar, Arboleas, Bacares, Bayarque, Cantoria, Cela, Fines, Garrucha, Laroya, Lúcar, Mojácar, Olula del Río, Oria, Partaloa, Purchena, Serón, Sierro, Somontín, Suflí, Tíjola, Urracal et Zurgena.
Il s’agit d’une région qui autorise la culture des variétés blanches macabeo, chardonnay, muscat morisco (blanc à petits grains), airén et sauvignon blanc, et pour les rouges tempranillo, cabernet sauvignon, monastrell, merlot, syrah, grenache rouge, pinot noir et petit verdot. Les types de vins acceptés sont les vins blancs, jeunes et fermentés en barrique, les rosés et les rouges jeunes et vieillis.
Bodegas Alto Almanzora.
Pedro Franco qui commence ses activités pendant les vendanges 2004 se trouve à la tête de ce grand projet de bodegas. Cet entrepreneur alterne depuis le début des années 80 ses affaires à Andorre et ses affaires dans le secteur du v de cette région. Il a pu compter initialement sur le soutien et sur la direction technique de Rafael et Álvaro Palacios, négociants prestigieux et internationaux du Priorat. Le résultat: des installations d’avant-garde d’environ 3 500 mètres carrés, où la fonctionnalité, l’organisation et le design se retrouvent dans toutes les dépendances. La sensibilité et le savoir-faire du jeune Modesto Pou apportent la touche œnologique.
Ces installations se trouvent à un kilomètre du village, sur le vignoble “Marchalillo”, dont la structure externe avec ses lignes géométriques et sa grande tour cylindrique sont caractéristiques.
Grâce à ses symboles et à ses marques la bodega expose sa vocation autochtone de prendre le relais des vieux négociants en vins du Alto Almanzora: la jument enceinte de Excúllar, symbole de fertilité, qui inonde toutes les pièces, ainsi que la marque générique Este, reflètent clairement l’idée d’unir la bodega à l’image de la région.
Sur des sols sableux et calcaires avec un pH élevé, 20 degrés d’oscillation thermique, et dans une zone vinicole où 300 000 ceps sont cultivés, les Bodegas Alto Almanzora en possèdent environ 16 000 et ont des capacités de production et de stockage de raisin qui pourraient atteindre un million de litres et 400 000 kilos de raisin. Les variétés cultivées sont le tempranillo, le monastrell, le grenache, le cabernet sauvignon, le merlot et la syrah.
Les barriques en chêne français représentent 80%, alors que celles en chêne américain représentent 20%, avec une moyenne de six mois d’élevage et de deux à quatre en bouteille.
On y trouve un terrain pratique et découvert pour stationner les véhicules, ce qui favorise les visites. Il existe à ce sujet toute une série d’éléments: stand de bouteilles, articles et objets liés au vin pour offrir, des visites virtuelles, des expositions permanentes d’artistes de la région avec des thèmes vitivinoles, et même des visites guidées pour les enfants des communes de la périphérie.
Il faut également noter que ces vins blancs et rouges ont été cités dans des magazines spécialisés et importants comme Sibaritas ou Planeta Vino, avec des notes excellentes dans les dégustations.
Outre le marché provincial et la périphérie andalouse, il connaît des ouvertures importantes vers l’extérieur (seize états d’Amérique du Nord, la Suisse, la Belgique, Andorre et le Portugal). Par ailleurs des démarches sont actuellement faites pour accéder, par exemple, aux marchés japonais, mexicain et chilien.
En ce qui concerne les vins, il faut noter le Este rosé, mono-cépage macabeo, avec des tons framboise, très fruité et expressif; le Este Blanco (2004, 2005, 2007 et 2008) également avec du macabeo, de couleur paille et verdâtre, équilibré et arrière-goût d’arômes fruités et citriques; et les rouges (2004 et 2005), avec un coupage de monastrell, tempranillo, merlot, syrah, grenache rouge et cabernet sauvignon. Ces vins sont puissants et expressifs et la dernière récolte reçut le prestigieux Prix Baco de Oro 2006 pour le meilleur vin rouge jeune d’Espagne élevé dans des fûts; Prix conféré par le Ministère de l’Agriculture et organisé par la Unión Española de Catadores, après d’exigeantes dégustations d’une cinquantaine de spécialistes. En effet, il s’agit d’un vin de 13,5 degrés avec une proportion équilibrée de raisins monastrell et tempranillo, complété avec quelques touches des raisins indiqués auparavant. Le rouge Este 2005 est élaboré avec une fermentation alcoolique malolactique dans des cuves en acier, avec un contrôle automatique. Six mois d’élevage dans des barriques en chêne français et américain et quatre mois en bouteille. On obtient un vin de couleur rouge bigarreau, belle robe, arôme intense de fruit noir confit, fond minéral et vanille, saveur en bouche enveloppante de bois et arômes floraux de rose. Il faut également citer deux autres vins de la carte qui ont l’accréditation de très bonne récolte: Aqel rouge 2005 avec du tempranillo, monastrell, grenache et merlot, douze mois en barrique de chêne français et américain, couleur cerise, arômes complexes et charnu, et Aqel blanc 2008, mono-cépage macabeo, de couleur paille verdâtre et de consistance fruitée.
Vins de Vélez
La dernière région de Almería a posséder la Mención Vinos de la Tierra est Norte de Almería, comme l’indique le B.O. J. A. du 20 mai 2008 grâce aux efforts des viticulteurs et élaborateurs. Elle a une superficie d’environ 115 000 hectares répartis entre les communes de Chirivel, María, Vélez Blanco et Vélez Rubio. Cette mention exige l’élaboration de vins blancs avec les cépages airen, chardonnay, macabeo et sauvignon blanc, et celle des vins rouges avec des raisins cabernet sauvignon, merlot, monastrell, tempranillo et syrah. On y élabore des blancs et des rouges, et les rosés sont issus des cépages tempranillo et monastrell. Il s’agit d’une région où les vins sont généralement frais et acides. Les blancs ont des arômes de citron, de groseille et d’asperges. Les rosés ont un goût plus harmonieux et ont un caractère fruité. Les rouges ont beaucoup de corps et une saveur de framboise, de mûre et de réglisse. Pour finir, les rouges vieillis sont riches en alcool et l’acidité modérée n’est pas perdue dans les barriques.
Bodegas Palanque.
Même si le bagage de cette zone est pratiquement inexistant, nous pouvons mentionner certaines bodegas qui sont dignes de cette distinction, comme la Bodega Palanque. Elle se situe sur le territoire communal de Vélez Rubio, et a une capacité limitée de cinq mille bouteilles. La culture est écologique depuis 1995 avec des variétés de raisins monastrell et tempranillo, dans cet incomparable cadre des environs du Parc National de la Sierra María, un espace de grande altitude, au climat sain, qui favorise la récolte manuelle et une sélection du raisin in situ, vers la fin du mois d’août. Le point culminant est le Bio-Vélez, un vin rouge écologique.
Grenade
Les précédents historiques des vins de Grenade remontent à l’âge du bronze puisque des graines de vitis vinifera et de la vaisselle avec des restes de moût ont été retrouvées dans des fouilles archéologiques. C’est cependant pendant l’époque romaine que le vin s’est répandu et généralisé.
Ainsi une tradition se consolidait, imprégnée de la Méditerranée, qui continua dans les différentes étapes de la présence arabe de Al-Andalus. L’industrie du vin dut lutter contre la constante interdiction des autorités de l’Islam de l’élaborer et de le boire. Loin de cela cependant, cette culture s’enracina dans la société islamique comme les racines des vieux ceps eux-mêmes. Prenez pour preuve les toponymes grenadins liés à l’argot vitivinicole: Albuñol, Albuñuelas, Pampaneira…ou le mot Carmen lui-même, qui provient de Karm, vigne, en arabe.
Jesús Barquín et Francisco Rivas affirment que les zones vinicoles remarquables du royaume de Grenade étaient Loja et Baza, situées dans des terres et des vallées fertiles qui assuraient des productions élevées avec les moyens de l’époque. C’est également le cas de Grenade au milieu du XIVe siècle, où les vignobles, comme pouvait le constater le voyageur de Tanger Ibn Batutah, entouraient la ville de tous les côtés. Son contemporain, Ben Luyún, auteur de traités agricoles le confirmait, lorsqu’il définissait les cultures les plus idéales: “Que les vignes entourent la propriété et qu’en son milieu des treilles couvrent les promenades et entourent le jardin…”. Comme le disait Ibn Zamrak, le poète de la Alhambra, qui imprime ses vers en les égrenant sur les stucs des murs:
“En me parlant d’elle tu m’as enivré/
Comme si tu m’avais donné des verres de vin”
À la fin du XVe siècle, la période de domination arabe à peine terminée, le voyageur nordique Jeronimo Munzer constatait dans la province de Grenade la présence de raisins de juin à novembre. En effet, les rois veillaient à encourager la vigne au fur et à mesure qu’ils gagnaient du terrain sur les Maures. C’est ainsi que la Real Cédula de 1505, signée par Ferdinand le Catholique, interdisait l’introduction de vins à Grenade, afin de protéger les vignes poussées ainsi que les vignes nouvelles de la province. Ceci ne concerna pas la Alhambra et ses forteresses, où les muletiers introduisirent pendant les siècles qui suivirent, leurs outres de vin dans le splendide palais par la Porte du Vin.
Le temps passa et les rois débarassèrent Grenade des mouvements culturels. Cependant, le vin persista, peut-être en clefs littéraires ou réelles. Il fut un maillon de cette société et il existait des références dans les commerces les plus fréquentés ou populaires:
“D’ici je vais au “Cerrillo”/ du “Cerrillo” à “La Campana”/ de “La Campana” à “La Mona”/ de “La Mona” à “La Galana”.
Grenade était le sujet d’évocations. On aurait probablement rencontré le poète de Almería, Villaespesa quand il était étudiant, ou Emilio García Gómez, complétant la liste de commerces dans la Grenade d’après-guerre; on aurait trouvé le kiosque de “Maolico” ou la taverne-musée de Casa Polinaro, où des verres de vin blanc couleur jaune guimauve et de clairet couleur rubis provocateur étaient servis.
Cependant García Gómez rendait compte également d’un autre environnement où la peinture des mœurs et des vins était omniprésente: les aubes de l’Albaicín. Là-bas, tout comme d’autres plumes autorisées comme celle de José María Pemán de Cadix, il décrivait, comment la dame chargée du tableau flamand, avec une bouteille et un bol, donnait aux danseuses en cercle de petites gorgées pour les encourager.
Pendant la deuxième moitié du XXe siècle, la proportion de vignes dans la province de Grenade a maintenu des niveaux acceptables. Pendant les années 50, 60 et 70, elle oscillait entre 7 000 et 8 000 hectares dont 1 000 étaient réservés au raisin de table. La production passa de 60 000 hectolitres dans les années 50 à environ 90 000 en 1967 et 43 000 en 1963. Les foyers se trouvaient dans différentes zones de la province: Illora, Dúrcal ou Puebla de Don Fabrique, les plus importants étant situés dans les communes de Atarfe, Baza, Guadix, Loja, la côte de Motril et la Contraviesa de las Alpujarras. À l’époque, de nombreuses variétés de raisins prédominaient déjà: montúo, jaén blanco, jerezana, perruna, pedro ximénez, albillo, muscat, valencia, muscat à gros raisins, torrontés, leire, humeire, et pour les rouges jaén negro, tintilla, zucarí, mollar negro et roma.
Malgré les références indéniables du passé vitivinicole grenadin, nous avons actuellement l’impression qu’il existe un certain retard dans sa connaissance, qui ne correspond pas vraiment à la réalité actuelle de l’industrie de ses vins.
Effectivement, de nos jours, le profil de l’entrepreneur self-made man dans le contexte du monde rural est habituel. Celui-ci est impliqué directement dans les travaux de la vigne et de bodega, en marge des dynasties et des traditions familiales comme dans d’autres endroits. La raison est évidente: il n’existe pas de bodegas centenaires ou, dit autrement, la révolution industrielle atteint le vin dans le dernier quart du XXe siècle et actuellement la vitiviniculture traditionnelle est donc très courante, face à ce que l’on pourrait comprendre comme industrie vinicole.
Récemment de nouvelles bodegas se sont installées dans la vallée fertile grenadine. Cependant, la tendance veut que l’emplacement des vignes se trouve à des cotes élevées et exposées à l’influence de la Mer Méditerrannée, ce qui adoucit les rigueurs climatiques de leur latitude et donne une bonne maturation et équilibre au vin. Les données sont significatives: presque 90% du terrain consacré à la culture de la vigne dans la province de Grenade oscille entre 400 et 1 600 mètres d’altitude et 50% entre 800 et 1 200.
De nos jours, la province grenadine compte environ 5 000 hectares de vignoble et une production de 6 000 kilos par hectare, qui équivaudraient à 30 millions de kilos de raisins, 18 millions de litres de vin et environ 28 millions de bouteilles de 75 centilitres. Face à ces chiffres et à la perspective du secteur dans un futur immédiat, nous pouvons entrevoir deux grandes tendances, qui ne sont pas forcément incompatibles:
La première est soutenue par des bodegueros (petits propriétaires de bodegas) très liés au modèle de bodegas de garaje et de bodegas écologiques (soutenues principalement par le programme Leader). Ils défendent un associationnisme de bodegas du terroir (Vinos Singulares de Pagos Andaluces), sans grands mouvements d’entreprises. Ils sont cohérents avec la qualité du produit obtenu et avec leur environnement naturel.
La deuxième est défendue par des bodegas de plus de poids et des organismes économiques comme la Chambre de Commerce de Grenade. Ces sociétés sont médiatisées par la Acreditación Nacional de Calidad à travers l’entreprise andalouse Agrocolor, chargée de certifier les Mentions de “Vino de la Tierra”, où l’on convient de la nécessité de parvenir à une meilleure union du secteur. En effet, le grand objectif de cette ligne de travail est d’obtenir une Denominación de Origen Vinos de Granada, unique pour toute la province. On prétend à la fois structurer les petites bodegas en coopératives de nouvelle structure pour permettre une distribution simultanée du vin avec l’hôtellerie et le commerce et promouvoir le tourisme œnologique, des visites de bodegas ainsi que des expositions thématiques. Comme le fait déjà la Sociedad Cooperativa Oleotropic qui, même si elle spécialisée dans les huiles, mène un projet d’exposition-musée à Vélez de Benaudalla, où l’on trouve également une salle d’expositions de vins et d’ustensiles utilisés dans le processus d’élaboration. Il faut également citer la volonté de créer et de consolider une semaine du vin grenadin.
Ainsi, les coordonnées vitivinicoles dans la province grenadine sont réparties en trois grandes aires avec leur idiosyncrasie particulière et leurs propres caractéristiques œnologiques, avec l’objectif d’obtenir la mention Vino de Calidad Granada:
-.Grenade
-.Sommets du Guadalfeo
-.Versants du Genil
-.Haut plateau de Sierra Nevada
Selon le B.O. J. A. du 3 février 2009, cette zone générique de production reçoit le nom de la province de Grenade, bien qu’elle soit compatible avec les différentes sous-zones vitivinicoles, qui maintiennent leur identité culturelle, productive, de cépage et d’élaboration. Ainsi la promotion des vins sous le nom de Grenade est encouragée, ce qui est interprété comme un saut qualitatif dans la production et la commercialisation de ses vins. De plus, l’unification de cette nouvelle zone de qualité a permis d’intégrer de nouvelles communes qui ne se situaient pas dans les trois zones spécifiques de Calidad de la région grenadine: Agrón, Alamedilla, Aldeire, Algarinejo, Alpujarra de la Sierra, Armilla, Bérchules, Bubión, Busquístar, Cacín, La Calahorra, Calicasas, Campotéjar, Cáñar, Capileira, Caratunas, Chauchina, Chimeneas, Churriana de la Vega, Cijuela, Colomera, Escúzar, Fuente Vaqueros, Gobernador, Guardahortuna, Gualchos, Huétor-Tájar, Íllora, Iznalloz, Jun, Juviles, Láchar, Lanjarón, Loja, Lújar, La Malahá, Maracena, Moclín, Montejícar, Montillana, Moraleda de Zafayona, Morelábor, Órgiva, Otívar, Pampaneira, Pedro Martínez, Piñar, Pinos Puente, Pórtugos, Salar, Soportújar, La Tahá, Torre-Cardela, Trévelez, Válor, Villanueva Mesía et Zagra.
Ainsi, l’indication géographique Vino de Calidad de Granada, protège les vins blancs, rosés, rouges et mousseux élaborés avec des raisins viriego, sauvignon blanc, chardonnay, muscat d’Alexandrie, muscat à petits grains, pedro ximénez, palomino, baladí verdejo et torrontés (blancs); tempranillo, grenache rouge, cabernet sauvignon, cabernet franc, merlot, syrah, pinot noir, monastrell, rome et petit verdot (rouges); vijiriego, sauvignon blanc, chardonnay, muscat d’Alexandrie, muscat à petits grains et torrontés (mousseux).
Vins de la province de Grenade
V.C. Grenade | Blancs |
Rosés | |
Rouges | |
Mousseux | |
V.T. Sommets du Guadalfeo | Blancs |
Rouges | |
Mousseux | |
Vins de Qualité - Mousseux | |
V.T. Versants du Genil | Blancs |
Rouges | |
V.T. Haut plateau de Sierra Nevada | Blancs |
Rouges | |
Rosés | |
Vins de Table courant et de qualité | Blancs |
Rouges | |
Rosés | |
Clairets |
Sang et lumière de la Sierra.
La Sierra de la Contraviesa de l’Alpujarra est limitée à l’ouest par la Sierra de Lújar, par celle de Gádor à l’est et par la Sierra Nevada au nord. Elle longe la côte des provinces de Grenade et de Almería entre la Vallée du fleuve Guadalfeo et le bas de l’Andarax. Il s’agit d’une des grandes zones vitivinicoles de Grenade, grâce à son emplacement particulier, à son histoire vérifée, et probablement grâce à la tradition de ses vins. Déjà en 1814 l’ampélographe Simon de Rosas Clemente, qui parvint à étudier plus de cent espèces de vignes entre Málaga et Grenade, recommandait d’utiliser au mieux cette Sierra en y plantant des vignes. José de Hidalgo Tablada développerait plus tard le régime de soins et de traitement des ceps.
Tout au long du XIXe siècle, beaucoup de voyageurs passèrent par ces montagnes et eurent l’occasion, d’une façon ou d’une autre, de déguster ces raisins. Ce fut le cas du Polonais Carlos Demboski dans les années 30 ou également du poète Pedro Antonio de Alarcón en 1872 qui évoqua les amandes, les figues et les raisins exquis de l’Alpujarra, auxquels il dédie son génie et sa créativité dans des paragraphes ingénieux et créatifs:
“Ce raisin n’a été et ne sera jamais méprisé par le pied brutal de l’homme, il ne sera pas non plus obligé d’éclater ipso facto pour donner la grande merveille qu’est le moût.Les ceps ne finiront pas non plus sur les pauvres marchés de la province. Il ne deviendra pas du raisin sec, et ne pendra pas à un fil du plafond pendant des mois, emballé ou non. Ceci est à l’origine d’une expression dans mon village: “Allons, tu es plus bête qu’un fil de raisins!”. Le raisin des Alpujarras a une mission plus noble: ce raisin devient nonne, vit comme un cénobite et meurt vierge”.
José Lupiánez racontait également comment les vins de la Contraviesa allaient vers Grenade, Almería et vers la Nouvelle-Castille au XIXe siècle sur des ânes ou des mules, dans des tonneaux de chêne ou en châtaigner. Cette région, comme beaucoup d’autres en Andalousie, eut recours à des porte-greffes américains, à cause du phylloxéra à la fin du siècle. Ceci eut également d’autres conséquences, comme le démembrement de la structure de la propriété en petites propriétés, l’émigration et la ruine du vignoble. Sa reconstruction accompagnée d’un léger repeuplement d’après-guerre, fut lente et ne parvint pas à recouvrer l’importance des époques précédentes. Jean Sernet définissait le concept de “la conquête des montagnes” lorsqu’il parlait des Alpujarras au milieu du XXesiècle: des figuiers, des amandiers, des vignes, des céréales… et des nuages furent cultivés à des hauteurs différentes, des figuiers, des vignes, des céréales … et des nuages. Il faudrait ajouter spécialement cette image de vignobles sur fond d’ardoise sur des cônes de déjection que Sernet put partager avec Gerald Brenan.
Il s’agit d’une zone sur des sols d’ardoise et un sous-sol rocailleux et peu calcaire, avec treize villages d’origine arabe, dont les territoires communaux oscillent entre 1 200 et 1 500 mètres d’altitude. La protection contre les vents du nord grâce à la Sierra Nevada et l’influence directe de la Méditerrannée (à quelques 10-15 kilomètres en ligne droite) sous la forme de brise entre ses ravins, créent un microclimat où les étés sont longs et frais avec peu de changements brusques de températures, la luminosité est totale et la pluviométrie est rare. Le raisin obtenu est léger, sucré, aromatique et a du corps. Les variétés blanches sont: montúa, chardonnay, sauvignon blanc, muscat d’Alexandrie, jaén blanca, pedro ximénez, vijiriego, et perruno et les variétés rouges: grenache rouge, tempranillo, cabernet sauvignon, cabernet franc, merlot, pinot noir et syrah.
Elle a obtenu la Mención de Calidad Vino de la Tierra dans le B.O.E du 2 décembre 2004, même si elle la possédait déjà depuis le 6 octobre 1992 par Ordre Ministériel. Selon le B.O.J.A du 16 février 2009, la mention précédente de «Contraviesa-Alpujarra» est remplacée par la Mención encore en vigueur aujourd’hui, Vino de la Tierra Cumbres de Guadalfeo, qui couvre les communes suivantes : Albondón, Albuñol, Almejigar, Cádiar, Castaras, Lobras, Murtas, Polopos, Rubite, Sorlivan, Torvizcon, Turon et Ugijar.
Celle-ci est représentée par la Asociación Comarcal de Cosecheros-Productores de Vinos de la Tierra de la Comarca Contraviesa-Alpujarra, qui a mené pendant toutes ces années un important travail de restructuration de plus de 150 hectares de vignobles, la promotion de ses vins à travers le Plan Leader (1993) et, depuis 1995, le projet d’amélioration de qualité de la Junta de Andalucía.
Il faut souligner que l’extension des vignobles de la région a souffert diverses régressions en passant de plus de 7 000 hectares à la fin des années 70 à un peu plus de 5 000 dans les années 80 et à plus de 2 000 hectares dans les années 90.
Les vins blancs de Cumbres de Guadalfeo sont de couleur jaune paille, fruités et veloutés. Les rouges sont de couleur rouge cerise, peu acides avec beaucoup de corps et les rosés sont de couleur variable, d’intensité moyenne et fruités.
Parmi les vins les plus traditionnels (le blanc de raisins vijiriega est connu au moins depuis le début du XIXe siècle), le vin traditionnel par excellence est le vin rosé Vino Costa, élaboré de façon artisanale à base d’un mélange de raisins blancs et rouges, avec une couleur plus semblable au rosé qu’au typique clairet et un degré alcoolique entre 14 et 16 degrés. C’est un vin robuste, sans perdre sa douceur ni son agrément de bouche.
Bodega Dominio Buenavista.
Nous pourrions réellement commencer cet itinéraire à Ugijar, un village sur le versant sud de la Sierra Nevada, frontalier entre Grenade et Almería, où l’on trouve une des bodegas les plus originales et à l’avenir des plus prometteurs de la Contraviesa: Dominio Buenavista.
L’entreprise est dirigée par José Manuel Palomar, médecin et bodeguero par vocation. Il a le soutien fondamental de Lola Montilla chargée des relations publiques (elle l’est également de la Bodega Finca Ánfora de Enix). En 1992, les premiers ceps sont plantés (le Riparia). Deux ans plus tard, des greffes d’origine américaine et chilienne sont plantées, ce qui permet à la bodega de se développer et d’améliorer la qualité de ses cépages: cabernet sauvignon, cabernet franc, merlot, viognier, tempranillo, chardonnay et spécialement l’autochtone vijiriega. C’est également le cas de la bodega voisine Barranco Oscuro.
Récemment Dominio Buenavista a augmenté ses extensions de vignes de 10 hectares (Erilla del Cura) avec un nouvel étang d’irrigation.
Les installations, modernes et bien structurées, sont divisées en trois grandes zones: la zone d’élaboration où l’on s’occupe du raisin et où le moût est préparé; la zone d’élevage où le vin mûrit et vieillit et la zone de dégustation à l’entrée de la bodega, aménagée pour la dégustation des vins.
Dans les vignes, on retire le surplus de grappes en juin. Par la suite, une vendange manuelle exigeante est réalisée en évitant les heures de soleil excessif. Les raisins de chardonnay et viognier sont vendangés en juillet-août, alors que les raisins de cabernet sauvignon et tempranillo le sont à la fin du mois d’août.
La commercialisation a lieu au niveau régional et provincial, mais il faut parler de sa projection nationale et de sa consolidation dans diverses zones des États-Unis, encouragée par les activités constantes de son propriétaire entre l’Espagne et la patrie de Lincoln. La citation et les commentaires de ces vins dans d’innombrables articles de presse provinciale et nord-américaine, et dans des magazines spécialisés comme Guía Peñín de los Vinos de España, Vinos de España ou Unión de Asociaciones españolas de Sumilleres est aussi notoire que sa présence dans les événements tels que la Feria del Gourmet NASFT de San Francisco en 2004, ou la Feria “Viva España” à Londres la même année.
Dominio Buenavista se concentre sur un éventail de vins précis mais suggestif sous le nom générique de Veleta, qui fait clairement référence à la proximité du grand pic de la Sierra Nevada. Cependant, dernièrement, ce nom a été attribué au vin commercialisé aux États-Unis, alors que le nom de la bodega a été attribué au vin destiné au circuit national.
Trois vins sont offerts avec un degré alcoolique de 13,5%: un mono-cépage tempranillo complexe, un an en barrique de chêne, un vin cabernet sauvignon, également vieilli dans des fûts et avec des arômes de cerise et de cannelle et le Nolados, qui est le plus original de la gamme. Il s’agit d’un coupage de cabernet sauvignon, tempranillo et cabernet franc qui présente une couleur rouge intense avec des reflets violets, arôme intense de fraise, framboise et vanille, et en bouche, il est enveloppant, complexe avec des notes de végétaux frais et d’agrumes.
Les blancs sont également importants. Ils sont suggestifs et originaux. Vieilli en barrique pendant six mois, le mono-cépage chardonnay est un vin de 13 degrés qui dégage des arômes de pommes et de fruits tropicaux, inondant le palais avec des saveurs de vanille.
Le Vijiriega, fidèle à la tradition de la zone, est un de ses grands bastions. Il offre une couleur dorée intense, avec des arômes de pêches, pommes, poires et herbes. Son coupage avec une pointe de chardonnay, en fûts pendant trois mois et 12% d’alcool, lui donne en bouche un caractère gras, fruité et bien structuré, ainsi que des notes de végétaux et d’agrumes.
Cependant, la liste est incomplète. Le brut Al-Caval est également un vin remarquable. Ce vin mousseux a la même proportion de raisins que le Vijiriega (90% et 10% de chardonnay). Il est élaboré selon la méthode “champenoise” avec addition de sucres et saccharomyces de champagne et une fermentation lente. On obtient un vin aux bulles très fines, aromatique et fruité.
Depuis Ugijar et en direction ouest, nous voyons des cortèges de figuiers, d’amandiers et d’oliviers qui laissent place à des vignes qui poussent, partout où cela est possible, même si le paysage est abrupt et en pente. Il s’agit de la zone du nord de Contraviesa où vivent, entre des versants et des ravins, de petites communes qui font renaître chaque année pendant leurs fêtes l’esprit joyeux et magique de la Alpujarra. Il s’agit de fêtes patronales et païennes organisées par les marguilliers de chaque village où les gens chantent, mangent, vivent, profitent et boivent. Il y a des fêtes à Murtas, Torvizcón, Almegíjar, Lobras et Cástaras; des fêtes à San Miguel à Murtas avec des Migas et Engañifas et arrosées du bon vin du terroir; et celles de Cádiar, centre vitivinicole, à cheval entre sa Feria de Muestras en août et sa Feria de Otoño del Cristo de la Salud en octobre, connue également comme la Feria del Vino.
À Cádiar, au bord du fleuve Guadalfeo, on trouve la Alquería de Morayma, un centre touristique rural très complet situé dans une propriété agroforestière de 35 hectares. L’agriculture est écologique et les cultures de la vigne, des oliviers, des figuiers, des amandiers, des fruitiers et des vergers permettent à ceux qui logent ici de participer, à travers des cours, aux activités de récolte et d’élaboration des produits. En ce qui concerne le vin, la propriété dispose de deux mille plants de rouge (cabernet sauvignon, merlot et tempranillo) qui produisent 4 000 kilos de raisins et 1 300 plants de blanc vijiriega avec un résultat de 3 000 kilos. Les rendements sont moyens, voire bas mais suffisants pour produire leurs vins et intégrer la vitiviniculture comme activité supplémentaire.
Bodegas Barranco Oscuro.
Dans cette même zone, inondant par ailleurs les territoires municipaux de Lobras, Albondón et Murtas, à côté de Cerrajón qui donne son nom à cette dernière commune, nous trouvons une des autres bodegas mythiques de la région: Barranco Oscuro. Ses origines nous mènent en 1873, année où un grand cortijo de plus de 100 hectares et une bodega de 400 mètres carrés qui est parvenue à produire 100 000 litres de vin furent construits. L’arrivée du plylloxéra, le remplacement du vignoble par des amandiers et le partage entre plusieurs héritiers impliqua l’abandon définitif des pratiques vitivinoles dans cette zone. Il fallut attendre 1980 pour que Manuel Valenzuela, un entrepreneur bohème originaire de El Marchal, achète 15 hectares de ce cortijo (qui incluait la maison) et quelques terres dont la majorité était improductive ou plantée avec des amandiers. Le périple risquait d’être long mais sa modeste famille lui permit de faire des études d’expert en chimie à Madrid. Il alla ensuite à Barcelone, où il connut sa compagne Rosa, puis dans le sud de la France et à Paris. Dans cette dernière étape il eut deux enfants, ainsi que ses premiers contacts avec le monde du vin. À son retour, désireux de vivre à la campagne, il s’établit dans les Alpujarras. La propriété de Barranco Oscuro conservait encore des éléments de la vieille bodega comme un vaste hangar et le pressoir mécanique.
Ayant adopté des usages traditionnels, les débuts furent malheureux. Il se rendit cependant rapidement compte de la nécessité de comparer des expériences d’autres zones vitivinicoles françaises et d’œnologues prestigieux pour obtenir des vins de qualité. Dans un premier temps, il rénova la presque totalité des ceps chaotiques destinés au clairet typique Vino Costa (raisins mantúa, jaén negro, listán, pedro ximénez et d’autres non identifiés) par des variétés plus nobles d’origine française cultivées en espaliers (tempranillo, grenache, cabernet sauvignon, merlot, syrah, pinot noir, vermentino, sauvignon blanc), ainsi que par des porte-greffes et par la revalorisation du raisin autochtone vijiriega.
Une période lente d’une vingtaine d’années commençait alors. Valenzuela, qui disposait de peu de ressources mais qui était fortement engagé et fidèle à ses idéaux, nagea à contre-courant. Comme nous le disait son fils Lorenzo, sur les hauteurs du Cerro de las Monjas, (le point le plus élevé du Barranco Oscuro, que la hauteur et la perspective rendent presque magique et d’où les eaux de pluie alimentent le Guadalfeo, Ramblas de Adra et Guadalbuñol, et ancien refuge de maquisards, d’où l’on pouvait observer la Guardia Civil monter), Manuel Valenzuela dut se sentir libre, sûr de lui et plein de projets de jeunesse.
Les premières années furent destinées à la production d’un vin clairet qui suivait le style de la zone jusqu’à ce que, grâce au fameux restaurateur grenadin Manuel Carrillo, son premier vin mis en bouteille et la première étiquette, le Cortijo avec la Sierra Nevada au fond (original du dessinateur Manolo Gil) voient le jour. Dans les années 90, les premières plantations commencèrent dans Los Llanos avec de nouvelles variétés, plusieurs sortes de vins furent créées et l’entreprise fut consolidée comme une société à responsabilité limitée.
La bodega se trouve à plus de 1 200 mètres d’altitude, et certaines vignes sont à plus de 1 300 mètres. Presque équidistante entre la mer et la Sierra Nevada (environ 10 kilomètres), les sols pauvres en matière organique et peu profonds, abondants en schistes avec une présence d’ardoises et d’argiles, prédominent. L’altitude de la zone fait que les rayons ultra-violets parviennent clairement jusqu’à la feuille, ce qui permet la fixation des polyphénols dans la plante. La brise méditerranéenne apporte de l’humidité le soir, adoucissant ainsi la sécheresse de l’été et la dureté de l’hiver, ce qui permet d’atteindre une oscillation thermique de 7-7,5 degrés qui influence l’acidité du raisin.
Les 12 hectares de vignobles sont répartis de la façon suivante: 6 hectares dans le Cerro de las Monjas, 1 dans la Balsa del Palo et 5 dans les Llanos qui entourent le cortijo. Cette dernière zone offre le plus grand rendement (2 kg par cep). Toutes sont en espaliers, avec une majorité de vijiriega, pinot noir, syrah, tempranillo et autres variétés. Certaines ont un régime expérimental.
L’élaboration des vins répond aux critères de l’agriculture écologique: absence de produits chimiques, processus naturels, stricte sélection des raisins, et un seul soufrage avec un peu de cuivre par an. De plus, nous notons une volonté très claire de lier les vins au terroir.
Le vin blanc de la Bodega est le Blanc de Blancs Nobles 2004, avec le coupage suivant: 44% de vijiriega, 16% de sauvignon blanc 12 % de riesling et le reste de chardonnay, viognier, muscat morisco, vermentino et un albariño expérimental. La vendange et l’élaboration des variétés se font séparément, la fermentation a lieu à température ambiante avec un assemblage ultérieur dans des cuves en acier pendant 12 mois ainsi qu’un bref passage par des barriques en chêne français. Ce vin est de couleur jaune dorée, nez de fruits secs et légèrement torréfiés, savoureux, légère acidité, notes florales, de fruits et de bois en bouche.
Le Brut Barranco Oscuro, est un vin mousseux naturel et artisanal élaboré avec 20% de chardonnay et de pinot noir et le reste de vijiriega qui lui donne tout son potentiel. Elaboré selon la méthode “champenoise” il est le seul mousseux sans sucre ajouté, mais un moût de vijiriega. Très singulier, de couleur jaune paille, fine bulle, doux carbonique, nez de touches citriques; en bouche présence de levures et réminiscences d’amandes et de fenouil.
Barranco Oscuro offre trois marques pour les vins rouges; le Tempranillo et d’autres, élevage de onze mois, 14º avec 70% de tempranillo, 15% de grenache et 15% de syrah, aux arômes épicés et minéraux de la terre; le Borgoñón Granate, mono-cépage pinot noir de 13,5º, élevé douze mois dans des barriques bourguignonnes, dont le résultat est un vin singulier, avec une acidité significative, saveurs fines, légèrement torréfié et notes de fraises et de framboises; finalement le Barranco Oscuro 1368, nommé ainsi car ses raisins viennent du Cerro de las Monjas, correspond aux vignes les plus élevées d’Europe. Les différents millésimes de cette gamme qui est la plus élevée sont réalisés en grande partie avec des raisins grenache et cabernet sauvignon, ainsi que merlot, tempranillo, syrah, pinot noir et cabernet franc pour le reste. Après une vinification séparée et une courte macération, on procède à l’assemblage, suivi d’un an d’élevage en barriques américaines et françaises. Parmi ces trois vins, le rouge est le plus complexe, le plus épicé et le plus minéral.
Le marché de ses vins sont la Costa del Sol de Málaga, la Catalogne, Valence, Murcia, Almería et Grenade. À l’extérieur il faut souligner la Belgique et actuellement une ouverture vers les États-Unis. Ces vins sont fréquemment mentionnés dans des journaux et dans des publications de prestige, comme Guía Peñín, Vinbladet ou Sibaritas. Barranco Oscuro participe à diverses initiatives et dégustations liées aux Vinos Singulares de Pagos Andaluces.
Bodega Los Barrancos.
À proximité de la route qui mène à Barranco Oscuro, et dans le territoire régional de Lobras, nous trouvons la Bodega Los Barrancos. Il s'agit d’une ancienne coopérative devenue la propriété d’Allemands à la fin des années 90, qu’il l’ont transformée en société à responsabilité limitée. Le propriétaire principal est Peter Hilgard qui a pu compter sur l’aide et l’expérience de Toni Alcover du Priorat, et de l’œnologue madrilène César Ortega. Il s’agit d’une entreprise quelque peu irrégulière dans le rythme de sa production qui est presque exclusivement dédiée à un marché allemand restreint. Elle tourne le dos à l’environnement où elle se trouve et, par extension, au circuit régional et national. Parmi ses vins inaccessibles nous pouvons mentionner le Corral de Castro 2002, un rouge de 13,5º, avec un coupage de 40% de grenache et de 60% de tempranillo, et 12 mois en barrique. Il s’agit d’un rouge bigarreau pourpré, avec des arômes de fruits noirs, grillés et fond minéral, charnu en bouche, asséchant et avec un certain excès d’alcool, ce qui lui donne une grande expressivité.
Bodega Finca Cuatro Vientos.
La propriété Cuatro Vientos, autre endroit légendaire, se trouve dans les recoins du chemin qui mène à Murtas, dans un virage fermé et inattendu, qui fait partie de son territoire. Presque vieille de trois quarts de siècle, la Bodega Cuatro Vientos fait partie des restes de cette nostalgique splendeur vitivinivole du début du siècle dans la Contraviesa. Située à 1 300 mètres d’altitude, avec comme sentinelle la Sierra Nevada et le Cerrajón de Murtas, elle fut la propriété de Antonio Herrera dont les jambons de Trevélez laissent un souvenir néfaste. Par la suite elle devint la propriété de José García de la Diputación de Granada et elle est finalement, depuis un peu plus d’un an, sous la tutelle des frères Castillo, et spécialement Juan José, entrepreneur et maire actuel de Albondón, ainsi que de Francisco Javier Molina son œnologue et directeur technique.
Cuatro Vientos est la bodega la plus grande de la Contraviesa, avec 32 hectares, répartis aux alentours de Cerro Indalecio et Horcajo de Turón, où sont cultivées les variétés tempranillo, merlot, cabernet franc, syrah, merlot et grenache. On restructure progressivement les vieilles vignes qui sont souvent en espaliers et en gobelet.
De plus, les installations de la bodega possèdent les moyens les plus modernes pour mener à bien les différentes phases d’élaboration du vin avec les meilleurs critères de garantie et de qualité. Ceci constitue un beau contraste avec l’ancien pressoir et la grande bodega, aux dimensions atypiques pour la région, avec des tonneaux en chêne américain où les soleras de ses débuts sont encore conservées.
Il faut également ajouter un musée très intéressant sur la tradition vitivinicole de la région, ainsi qu’un bar-restaurant qui offre des produits du terroir aux visiteurs individuels et aux grands groupes.
Cuatro Vientos produit généralement trois grandes lignes de vins: des rouges jeunes, des rouges de crianza et des vins blancs élaborés avec des raisins vijiriega, sans oublier les rosés typiques et traditionnels, “Vino Costa”, qui sont très frais et aromatiques grâce à la macération du grenache et à son élaboration avec des variétés autochtones comme jaén negro, jaén blanco, muscat à gros grains et montúo.
La bodega commercialise deux gammes de vins: Marqués de la Abuxarra et Marqués de la Contraviesa (rouges, blancs et rosés). Il faut également souligner le rouge jeune Marqués de la Contraviesa, avec un coupage de tempranillo, grenache et cabernet sauvignon, qui accumule plusieurs distinctions comme le 1er Prix de Cata de Vino Nacional, Costa Tropical de Almuñécar en 2005.
Son circuit de distribution couvre les provinces de Grenade, Málaga, Almería, quelques endroits spécialisés de la province de Barcelone et en Belgique. Il ne faut pas oublier la participation de Cuatros Vientos à différents salons thématiques et foires, comme au Salon International du Vin de Madrid, Salón Internacional del vino de Madrid
En retournant vers l’ouest, le voyageur pourra trouver d’autres bodegas comme celle de Sara García à Torvizcón. Après Almegíjar où, comme dit Francisco Aguado, l’on trouve de vieilles et de nombreuses treilles, nous arrivons à Castaras, au Cortijo los García de Verdevique, fondé en 1990.
Bodega Los García de Verdevique.
Antonio García Santiago et son fils dirigent la Bodega Los García de Verdevique. Ils disposent de moyens modestes: les dimensions de l’espace d’élaboration (garage du cortijo) et les terres en production qui se trouvent à divers endroits sont petites avec 1 ha de vijiriega et 1,5 ha de tempranillo. La forte pente rend le travail mécanique impossible. La mule, l’utilisation d’un générateur de gazole et de panneaux solaires face à l’absence d’électricité, sont des solutions alternatives. Nous pouvons donc imaginer les efforts réalisés par la famille García Santiago pour obtenir ces vins.
Tous portent la marque de Los García de Verdevique. Il s’agit de mono-cépages tempranillo pour les rouges et vijiriega pour les blancs. Pour les rouges, nez frais et floral, passage en bouche doux et rond; les blancs ont une bonne acidité, présence de bois et notes de fruits et de miel. Il existe également un vin mousseux Vijiriega, avec un goût d’orange, miel et des notes de levure, pour une consommation exclusivement personnelle.
La commercialisation est également modeste puisqu’elle dépasse à peine la région de l’Alpujarra et les déplacements pour les livraisons sont effectués par la famille elle-même en fourgonnette.
Si nous laissons dernière nous la zone nord de la Contraviesa, en prenant la route sud entre Rubite et Turón, nous trouvons des communes de grande tradition vitivinicole comme Sorvilán. Polopos est un village qui tous les ans, célèbre la Fiesta del Vino et la montée à vélo au Haza del Lino le dimanche qui précède le 28 février. C’est ici que nous trouvons la Bodega Museo El Lagar Cejelí qui, comme son nom l’indique, est un établissememt hôtelier qui dispose d’une bodega qui peut être visitée.
À Albuñol nous trouvons l’un des autres fortins des vins de l’Alpujarra; une commune qui déjà au XVIIe donnait son nom à un type de vin clairet au ton rosé, d’une certaine fraîcheur qui caressait le palais et réjouissait l’odorat. Albuñol accueille actuellement, dans le Cortijo Los Amates, les Bodegas Lorente.
Bodegas Lorente.
Situées dans l’emblématique Cerro del Gato, quatre marques sont basiquement élaborées: Cerro del Gato, vin blanc, mono-cépage macabeo, jeune et fruité; Gran Zehel, un vin blanc avec du pedro ximénez et d’autres cépages autochtones qui donnent un goût intéressant; Cerro del Gato, un rouge avec un assemblage de cabernet sauvignon, tempranillo et grenache; et Aldahayar, rouge de crianza au corps extraordinaire et à l’arôme intense, élaboré avec des raisins tempranillo et grenache, sept mois dans des tonneaux en chêne et 14 mois en bouteille.
Bodegas El Sotillo.
C’est du port du petit village côtier de La Rábita (district de Albuño et à proximité de ce dernier) que partaient tout au long du XIXe siècle, des tonneaux artisanaux exportés vers l’Angleterre et d’autres pays, en voiliers, en chasse-marée et en goélettes.
À La Rábita nous trouvons les Bodegas El Sotillo, dirigées par Antonio Luis García Martínez et ses fils. Ses origines remontent à 1868 avec depuis, une transmission de génération en génération de toute l’expérience de la culture, de la sélection, de l’élaboration et de l’élevage des vins. Les terres se trouvent entre El Sotillo de La Rábita et La Alcazaba de Adra, (entre 40 et 1 500 mètres de la mer). La climatologie confère aux vins des arômes et des caractéristiques spécifiques et donne en même temps une production précoce. Sous le nom générique de Vino Pañol, ils produisent des vins blancs, rouges et rosés avec les caractéristiques propres des Vinos de la Tierra.
Nous achevons cet itinéraire sans oublier Albondón, autre village légendaire des vins de la Contraviesa, qui des dizaines d’années avant, cultiva près de 2 000 hectares de raisins jaén blanco, jaén negro, montúo et pedro ximénez, et qui marqua un style en vins généreux comme Lo Inesperado, originaire de l’ancienne bodega des frères Granados.
Vins du Genil
Depuis la vallée fertile grenadine, touchant les alentours de la Sierra de la Yedra, s’étend la deuxième zone (celle du sud-ouest) vitivinicole de Grenade. Elle part de la région de Alhama, Valle de Lecrín, jusqu’à la zone sud et parvient aux côtes de Almuñécar, Salobreña et Motril. C’est précisément à nouveau ce contraste entre la côte et l’altitude (peu de pluies, brise de la Méditerranée qui adoucit le climat, même s’il peut y avoir des oscillations de plus de 20° avec une prédominance de sols ardoisiers qui confère aux vins des caractéristiques spéciales.
Les évocations historiques de ces vins ne sont pas moindres; les vignes et les moûts du Valle de Lecrín étaient une des principales richesses de la région, selon des personnes de notoriété comme le Marquis de la Ensenada, Floridablanca ou Madoz. L’écrivain Pedro Antonio de Alarcón évoque au printemps 1872 son passage par les vignes de la Vallée de Lecrín (joie en arabe) et par celles de Lanjarón qui sont décrites avec un enthousiasme passionné. Un peu avant, en 1792, le chanoine de Málaga Cecilio García de Leña se glorifiait des raisins de ces lieux et de Loja.
À côté de Algarinejos, Loja (qui est actuellement en dehors de la zone), était une zone montagneuse qui, parvint à atteindre une grande renommée au XVIIe siècle.
À Motril il existait en plein après-guerre un vin rouge élaboré avec le raisin roma, ainsi qu’un rouge Tinto de Calonca qui était bu pour accompagner les exquises moragas de sardines. On se souvient également de Motril pour sa canne à sucre et, bien entendu, pour le clairet typique servi alors, par les réputées Bodegas Los Marcos.
Il faut à nouveau citer Grenade comme capitale de province, comme le faisait le voyageur Juan F. Peyron en 1972 quand il parlait de la Cartuja de Granada, la chartreuse de Grenade et de ses bodegas avec des vins vieux et excellents.
Une région formée de 1 300 hectares de culture, qui a obtenu la Mención de Calidad Vino de la Tierra, d’après le B.O. E. du 11 juillet 2003, et qui dans l’ordre du B.O. J. A du 16 février 2009 obtenait la denominación Vino de la Tierra Laderas del Genil, qui comprend les communes de Albolote, Albuñuelas, Alfacar, Alhama de Granada, Alhendín, Almuñécar, Arenas del Rey, Atarfe, Beas de Granada, Cájar, Cenes de la Vega, Cogollos Vega, Cúllar Vega, Deifontes, Dílar, Dudar, Dúrcal, Las Gabias, Gójar, Granada, Los Guájares, Güejar, Sierra, Güevéjar, Huetor Santillán, Huétor Vega, Itrabo, Jayena, Jete, Lecrín, Lentejí, Molvízar, Monachil, Motril, Nigüelas, Nívar, Ogíjares, Otura, Padul, Peligros, El Pinar, Pinos Genil, Pulianas, Quéntar, Salobreña, Santa Fe, Santa Cruz del Comercio, Vegas del Genil, El Valle, Vélez de Benaudalla, Ventas de Huelma, Villamena, Víznar et La Zubia .
Les variétés de raisin blanc acceptées sont: vijiriego, macabeo, pedro ximénez, palomino, muscat d’Alexandrie, chardonnay, sauvignon blanc, verdejo, gewürztraminer et riesling; pour les rouges ce sont les variétés grenache rouge, perruna, tempranillo, cabernet sauvignon, merlot, syrah, pinot noir, petit verdot, monastrell, cabernet franc et roma.
C’est dans cette dynamique que la Asociación de Bodegueros y Viticultores de Granada Sur-Oeste fut fondée, et son président, José Pérez Arco, stimule et favorise sur la base de cette Mention, les vins de la région dont la production annuelle atteint 120 000 hectolitres de vin. On constate également une consommation en grande partie privée et l’intérêt croissant de la part de bodegueros internationaux. Les bodegas de garaje prédominent, elles se développent dans un milieu clairement familial, et les entreprises plus importantes ne sont que quelques exceptions.
Bodegas Horacio Calvente.
Elle est une référence vitivinicole actuelle de cette zone. Entourées de sierras et à moins de dix kilomètres de la côte de Almuñecar, nous trouvons les Bodegas Horacio Calvente.
Cette bodega est traditionnellement familiale, et elle profite des affaires dérivées de cultures subtropicales. Fondée en 1996, elle se situe dans le village mais il faut chercher les vignes à une plus grande altitude, dans la Sierra de Cázulas, sur deux domaines séparés ; le Pago de Guindalera, à plus de 900 mètres d’altitude, avec des sols escarpés et ardoisiers, où l’on cultive 4 hectares de muscat et 1,5 de tempranillo et le Pago de Castillejos (moins élevé) -700 mètres-, où l’on trouve 1,5 ha de cabernet sauvignon, 1 de syrah et 0,5 de merlot. Les ceps de muscat sont les plus anciens (40 ans) et le cabernet sauvignon et le merlot ont une quinzaine d’années.
Horacio, homme inquiet et dynamique, a une petite bodega qui est cependant bien équipée en moyens techniques et il a le soutien de l’œnologue Antonio López de la Casa. Récemment des innovations techniques importantes, des changements dans les types de bouteilles, dans l’étiquetage et dans le nom des vins se sont produits. Certains servent essentiellement pour la consommation familiale comme un mono-cépage chardonnay 2001. Il existe globalement trois vins: le Calvente 2002, vin blanc sec mono-cépage muscat d’Alexandrie, de couleur jaune pâle, parfumé, avec des notes de rose et citriques, vif en bouche, bien structuré et finale amère; le Marqués de Cázulas, mono-cépage tempranillo avec six mois en barriques, couleur cerise, nez de fruits rouges, notes de bois neuf, et passage en bouche avec une pointe d’acidité; et le Calvente 2000, crianza de 12 mois dans des barriques en chêne français et américain, avec un assemblage de cabernet sauvignon, syrah, merlot et tempranillo, qui donne un vin couleur cerise, nez d’amandes et de figues, notes végétales et bois neuf, ainsi qu’un passage en bouche acide et persistant.
Bodegas Señorío de Nevada.
Si nous nous dirigeons à présent vers le nord, nous arrivons au Valle de Lecrín, une zone stratégique presque équidistante entre la côte et la capitale grenadine, où l’on trouve des ceps centenaires et des toponymes liés au vin comme Las Albueñuelas (village de vignes en arabe). Là-bas, au milieu des années 90, José Pérez Arco et sa famille laissent derrière eux leurs prospères affaires dans les îles pendant leur émigration, achètent le Cortijo del Camino Real, qu’ils appellent ainsi à cause de son enclave historique. Cette supposée semi-retraite paisible est devenue une obsession vitivinicole, car la propriété avait des vignes et une vieille bodega. Ainsi, la vinification remplaça l’idée initiale d’arracher les ceps et de planter des oliviers et des amandiers. Au début, seuls un clairet du terroir et un vin blanc étaient produits, révélant ainsi des moyens limités, mais ceci fit place à une autre étape: le défi d’élaborer des vins de qualité. Dan ce but, deux experts comme Jesús Naváscues ou Christophe Cupez furent consultés.
Les vignobles, à 650 mètres d’altitude, entourent un caserío de style colonial, intégré dans un ensemble unique et parfaitement en accord avec le paysage et le “Pico de Caballo” de la Sierra Nevada. Huit hectares de vignes sur un sol ardoisier et argileux, en espaliers, dont quatre sont des vignes de cabernet sauvignon, deux et demi de merlot, un de syrah et 50 ares de l’autochtone tintilla de Grenade. En général, dans la zone beaucoup de vignobles familiaux prospèrent, spécialement depuis les années 70.
Avec une oscillation thermique entre 18 et 35 degrés, d’autres aspects techniques sont à souligner: longue vendange, surmaturation et récolte à la fin du mois de septembre, contrôle de la taille, fermentation contrôlee et barriques en chêne américain et français.
Sa situation privilégiée, à mi-chemin entre la capitale grenadine et la côte, a donné à la propriété, un aspect touristique; la formation de Arco comme négociant explique également cela. De sorte qu’il est possible de visiter les diverses prestations et de louer la bodega pour des événements sociaux et des célébrations en tout genre, dans des installations adéquates. La commercialisation des vins a suivi ce modèle, puiqu’ils sont vendus dans quelques magasins spécialisés et commerces au niveau national et à l’étranger, comme en Allemagne.
Admise comme membre du Centro de Estudios e Información Enológicos de Bordeaux, ses vins ont retenu l’attention de guides et de magazines spécialisés comme Guía Peñín, Guía Proensa, ou Vinos de España et ils ont reçu plusieurs distinctions comme la Médaille d’Argent en 1999 et 2001 pendant la Dégustation des meilleurs cabernet d’Espagne, Médaille de Bronze dans le Challenge International du Vin en France, Premio Empresarial de la Cámara de Comercio de Grenade en 2003, et Deux étoiles lors de la Dégustation de syrah de la Foire Internationale de Vins et Liqueurs “Pro Wein 2003” à Düsseldorf. Il faut également citer le magazine Weinwirtschaft.
Cette bodega est spécialisée dans les vins rouges de 13 et 13,5%, entre 10 et 14 mois en barriques, élégants, d’acidité parfaite, couleur rouge cerise, nez intense d’herbes et bois, bouche élégante, persistante et fruitée. Le nom générique est Señorío de Nevada, et l’on peut citer trois marques: un Cabernet Sauvignon-Merlot avec 10% de tintilla de Grenade, le Syrah-Merlot avec 15% de tintilla et le Vendimia Seleccionada avec un coupage de raisins du terroir.
La dernière zone à analyser dans la Région est la Vega grenadine, un territoire où il existe de nombreuses communes autour de la capitale, qui offrent une multitude de traditions historiques et culturelles, agricoles et gastronomiques. Cette zone est quelque peu ancrée dans la tradition de son célèbre Vino Mosto: un Clairet au degré alcoolique et à l’acidité élevée, élaboré en vrac par une multitude de familles et de petits bodegueros. Les bodegas les plus importantes sont spécialisées dans les vins de table ou dans l’élaboration de vins d’autres zones.
Bodegas Los Moreno; Bodega Los Jumillanos; Bodegas Espinosa.
On trouve un exemple de ces dernières à Atarfe, avec Los Moreno; bodega qui produit des vins et liqueurs, et qui se consacre à l’élaboration et à l’élevage de vins avec la denominación de origen Ribera del Genil. Plus au sud de la ville de Grenade, à Alhendín, on trouve la Bodega Los Jumillanos, spécialisée en vins et liqueurs, et les Bodegas Espinosa, une entreprise bio créée dans les années 40 par Luis Espinosa comme usine d’eau-de-vie, lieu de stockage et de mise en bouteille de vins, qui est parvenue à avoir l’une des installations de mise en bouteille les plus modernes dans les années 60. Constituée en société anonyme avec des employés très présents, elle est actuellement spécialisée dans les vins de table commerciaux et autres dérivés, même si elle a des bodegas de crianza à Valdepeñas.
Bodegas Los Neveros.
Une des autres situations classiques des vins de La Vega se trouve à Huétor-Vega, également dans la zone du sud. Depuis plus de dix ans les Jornada del vino, jamón y chacina, sont célébrées, un événement de dégustation pour tous, avec un concours de moûts de différents vins qui viennent de la province; Huétor-Vega rendit populaire le vin clairet local, qui accompagnait les typiques fèves vertes avec du jambon et le boudin irremplaçable; depuis 1942, la Bodega de Los Neveros l’élabore. Son surnom est Vino del País.
La production familiale est la plus habituelle dans la zone; les individus travaillent à leurs risques et périls, jamais à l’abri du vent, des sécheresses, des mauvaises récoltes et de la tentation, parfois, d’arracher les vignes et de les remplacer par d’autres cultures plus reconnaissantes et également plus subventionnées comme l’olivier. À Güevéjar, au nord de La Vega, Celestino Álvarez, « El Tino », est l’un de ces exposants qui depuis sa bodega de garaje fonctionnelle, se fait l’écho du problème des brusques changements climatiques dans la zone de Grenade, qui malmènent beaucoup les ceps; son vin clairet, obtenu à partir d’un mélange de raisins alicante, palomino fino et mencía, mélangés dans un pressoir traditionnel en peuplier noir, est élevé dans des barriques en chêne américain.
Ce vin correspond parfaitement à l’ambiance détendue et chaleureuse que l’on respire dans toute La Vega grâce à ses villageois. À Huetor-Santillan, dans l’Hostal-Restaurante El Convite, Juan Mesa García son sympathique propriétaire, offre à ses clients lors des conversations animées entre amis, un clairet obtenu du mélange de raisins cabernet, grenache, jerezana, tempranillo et pedro ximénez. Le processus d’élaboration, totalement naturel, a parfois besoin de plusieurs assemblages (au fur et à mesure qu’ils sont goûtés).
Les vins de l’Altiplano
La troisième région vitivinicole de Grenade se trouve dans l’Altiplano au nord de la province; une série de dépressions entre les sierras bétiques et pénibétiques et qui comprend Hoya de Guadix, Hoya de Baza et la zone de Huéscar; une plaine proche de presque mille mètres entourée de sierras comme celles de Cazorla, Castril, Baza, Sagra ou Orce, d’où descendent les fleuves du bassin du Guadiana Menor, qui arrosent généreusement les différentes vallées; le paysage est sévère et entre fours à plâtre et aires semi-désertiques, des oasis jaillissent autour des villages comme de vertes vallées fertiles arrosées par les eaux fluviales.
De tradition vitivinicole vaste et riche, ses références remontent à l’époque romaine quand les vins étaient exportés à Rome, ou pendant la domination arabe, où la culture de la vigne fut favorisée. Cette zone de vin du nord de Grenade, subit les conséquences du phylloxéra au XIXe siècle.
Dans un passé récent, ce secteur du vin se trouvait dans une situation qui n’était pas très favorable peu vertébré, culture de beaucoup de cépages, et prédominance de parcelles aux dimensions réduites qui rendaient l’économie. De plus, les méthodes traditionnelles étaient très fréquentes, c’est-à-dire sans contrôle œnologique, avec des mélanges de cépages peu homogènes, et des résultats de faible qualité.
À la fin des années 90 et afin d’obtenir la Mención de Vinos de la Tierra, on présentait un Mémoire technique et historique qui recevait le soutien des Mairies de la zone, des Oficinas Comarcales Agrarias, de l’Université de Grenade à travers sa Faculté de Sciences Géologiques, et de ce que l’on appelle A.D.R., Asociación de Grupos de Desarrollo Rural. Ces groupes de l’Altiplano de Grenade et de Guadix sont des organismes autonomes qui ont des fonds en grande partie de l’Union Européenne et d’une partie de l’administration centrale et régionale. Très proches des initiatives des programmes Leader, leur but principal est que les entreprises mettent en valeur la capacité agricole des régions qu’elles représentent, puisque leur rôle est primordial dans la modernisation et la création de bodegas.
À la fin du printemps 1999, la Consejería de Agricultura y Pesca autorisait la Mención de Calidad Vinos de la Tierra, confirmée par la suite par le B.O.E. du 14 avril 2005, et modifiée par le B.O.J.A. du 23 avril 2009, avec le nom définitif de Vino de la Tierra Altiplano de Sierra Nevada. Cela concernait les communes suivantes : Aldeire, Alicún de Ortega, Alquife, Albuñán, Baza, Beas de Guadix, Benalúa, Benamaurel, Caniles, Castril, Castilléjar, Cogollos del Guadix, Cortes de Baza, Cortes y Graena, Cuevas del Campo, Cúllar, Darro, Dehesas de Guadix, Diezma, Dólar, Ferreira, Fonelas, Freila, Galera, Gor, Gorafe, Guadix, Huélago, Huéneja, Huéscar, Jerez del Marquesado, La Calahorra, La Peza, Lanteira, Lugros, Marchal, Orce, Policar, Puebla de Don Fadrique, Purullena, Valle del Zalabí, Villanueva de las Torres et Zújar.
En 1999 la Asociación de Productores de Vino de las Comarcas Vitivinícolas de Baza, Guadix et Huéscar fut constituée, tout comme la Asociación de Vinicultores del Norte de Granada avec Antonio Ratia comme responsable. Grâce à l’effort personnel de bodegueros comme Joaquín Villagrán et Pérez Soto, les principaux objectifs du secteur se dessinaient avec clarté: la promotion, la commercialisation, le cachet de qualité des vins et la modernisation (améliorations dans la culture et dans les systèmes avec des critères de qualité, nouvelles variétés, espaliers, arrosage). Il était également nécessaire de réaliser l’unification des chemins afin de promouvoir la production locale; optimiser les ventes et parvenir, finalement, à avoir une image de marque unique, puissante et compétitive. Dans ce cas, les Grupos de Desarrollo Rural et le programme Leader, apportèrent des fonds pour l’organisation de cours de formation et pour adapter le projet à la nouvelle Ley del Vino.
Ayant partiellement récupéré la splendeur d’antan, les différents noyaux d’exploitation comptent un total de 900 hectares de superficie cultivée – deux tiers pour Guadix et presque un pour l’Altiplano de Baza, dans une zone qui englobe plus de quarante communes et dont les variétés de raisins cultivés sont, pour les blancs, chardonnay, baladí verdejo, airén, torrontés, palomino, pedro ximénez, macabeo et sauvignon blanc; pour les rouges, tempranillo, monastrell, grenache rouge, cabernet franc, cabernet sauvignon, pinot noir, merlot et syrah. Les vins obtenus sont des vins blancs, de couleur jaune paille, fruités et doux ; des vins rouges cerise brillants, aromatiques et peu acides, et des rosés fins et fruités.
La région de Guadix (entourée par son impressionnante Hoya avec la Sierra Nevada au sud, et dont les fleuves ont alimenté sa vallée historique et formé les spectaculaires badlands, comme des paravents qui unissent et séparent ses communes) est une terre de vins par excellence. Les conditions de sol et de climat -insolation, altitude, rares précipitations et chute des températures entre le jour et la nuit-, et la culture des cépages de qualité comme tempranillo, cabernet sauvignon, cabernet franc, syrah, merlot ou sauvignon blanc, ont poussé certains experts à les comparer aux terres de la Ribera del Duero, comme l’affirme Bárbara Alcalde.
Bodega Pago de Sierra.
Dans des communes comme Alcudia de Guadix, les vignobles sont importants et ils nous mènent, vers Dólar, un village à plus de 1 300 mètres d’altitude où s’élève la Bodega Pago de Sierra. Il s’agit d’un projet de l’entrepreneur José Méndez Moya qui essaie de lier son expérience d’hôtelier de la Sierra Nevada et ses années de jeune vendangeur en France. Ceci le pousse à créer une petite bodega dans une des grottes typiques de la région. Environ 8 hectares de cabernet sauvignon, syrah et merlot structurent une très récente bodega avec une capacité de 80 000 litres où les vins jeunes qui reposent là-bas donneront bientôt leurs fruits, avec à proximité six logements ruraux.
Dans le Valle de Alhama on peut trouver d’autres grands centres vitivinicoles comme Baños de Graena, Marchal, Beas de Guadix, Cortes y Graena, Purullena, Lugros et Policar; enclave connue grâce à sa grande variété de vins de qualité dont le symbole est une Foire Vitivinicole qui célèbrera sa dixième Édition (Feria de Alhama Fardes), et un non moins célèbre concours de dégustation de vins. Il s’agit de petites bodegas de garaje, avec des critères actuellement écologiques et de terroir.
Bodega Torcuato Huertas; Bodega Ecológica Naranjuez.
À Marchal, nous remarquons les renommées Viñas de Purulio de la Bodega dirigée par Torcuato Huertas Tomás et Antonio Vílchez Valenzuela, avec une proportion de culture de 2 à 3 kg/cep.
Vílchez cultive les variétés tempranillo, grenache et pinot noir pour les rouges et vijiriega et sauvignon pour les blancs. Ces vins, très reconnus dans la zone, portent le nom de Naranjuez en honneur aux terres où se trouvent les vignes. Les vins rouges reposent entre 6 et 12 mois dans des barriques de chêne hongrois et de 7 mois à un an en bouteille.
Bodegas Muñana; Bodega Cauzón.
À Cortes y Graena, commune voisine nous remarquons d’autres bodegas: la Bodega Muñana, située dans la Finca Peñas Prietas et qui fait partie d’une exploitation agrovinicole et la Bodega écologique dirigée par Ramón Saavedra, un entrepreneur vitivinocle bohème. Cette Bodega de garaje à deux étages est classique et recherche l’intégration à l’association de Vinos Singulares de Pagos Andaluces, c’est pourquoi dans le travail ils développent une philosophie qui équilibre la production écologique et la défense des variétés autochtones. Saavedra élève des blancs mais la personnalité des rouges brille par elle-même. Les amateurs et experts devront se souvenir prochainement de la marque Cauzón. Par ailleurs, certains projets impliquent Manuel Valenzuela de Barranco Oscuro et l’œnologue de Bodegas Calvente Antonio López de la Casa.
Bodega ecológica García Martos.
Nous suivons à présent la route vers Polícar, au pied de la Sierra Nevada. Cette commune de grande tradition vinicole, compte 100 hectares de vignes. Ici, Amparo Martos, connaît depuis l’enfance le monde du vin à travers la vigne familiale pour une consommation personnelle, comme d’autres familles du village. À partir de 2001, elle réalise un projet vitivinicole, la Bodega Ecológica García Martos, afin de parvenir à une prodution de 50 000 litres par an, avec les variétés tempranillo, cabernet et merlot. Il faut souligner les qualités de son vin rouge Vertijana 2002. Il s’agit d’une manière de poursuivre la tradition des vieux négociants qui mettaient les vins dans des tonneaux en bois provenant des forêts de chênaies ancestrales de Lugros.
Bodegas Peñas Prietas.
En passant rapidement par Cogollos de Guadix, productrice de vieux vins vieux et acides dans le passé, nous prenons la direction ouest, vers le Parc National de Huétor jusqu’à La Peza. L’importante présence de vignes est le signe de nouvelles bodegas. Dirigées par l’entrepreneur grenadin Miguel Hita depuis 2001, les Bodegas Peñas Grietas souhaitent redonner la gloire bodeguera à la région.
Miguel, devenu amateur de vins grâce aux dégustations faites avec ses frères dans le Colegio de Farmacéuticos de Grenade, possède une grande propriété de 200 hectares dont 30 sont des vignes avec les cépages tempranillo, cabernet sauvignon et syrah. Avec des installations modernes, la participation de l’œnologue Antonio López de la Casa et des barriques en chêne du Limousin mises en tas dans des grottes, nous pourrions dire que le succès de son cabernet est assuré.
Bodega Romero García; Bodega Pago de Almaraes.
Nous continuons finalement jusqu’à Darro, où se trouve le Cortijo el Anchurón et la Bodega Romero García. Nous allons ensuite à Benalúa, depuis le Cerro Sillado et nous arrivons au Marquesado del Zenete. Ici, il y a 8 hectares de cabernet, syrah et tempranillo, qui font partie de la Bodega Pago de Almaraes. Avec quatre hectares supplémentaires de vignes autour de la maison, Francisco Javier Rodríguez Romero et ses partenaires, qui apportent encore cinquante et quelques hectares de vignobles, et l’œnologue Mercedes Falcó, ils dirigent depuis la fin de l’année 2005, la bodega qui a les dimensions les plus importantes de la région (technologies modernes, chêne américain et capacité de 500 000 litres) qui a comme objectif ambitieux de devenir la bodega de rouges de qualité la plus grande d’Andalousie.
Productrice de vins blancs et rouges, Pago de Almaraes a déjà obtenu la reconnaissance de son travail: médaille d’argent dans la catégorie de blanc sec pour son vin Mencal 2005, et médaille de bronze dans la catégorie de rouge en barrique de chêne pour Almaraes 2004; les deux furent reçus au concours international Challenge International du Vin, à Bourg sur Gironde, en France.
La région de Baza est l’une des autres grandes zones de cette Mención de Calidad Vinos de la Tierra. Déjà au XVIIe siècle les chroniques évoquaient ses terres fertiles pour les vins et mettaitent en avant son vin rouge.
Fidèle à sa tradition vinicole, la noble villa de Baza, célèbre tous les ans en décembre le Día de la Cata de Vinos y Comidas qui est une fête sympathique et familiale organisée sur la Plaza Mayor où des ragoûts de pain frit avec des lardons et des bouillies sont distribués gratuitement accompagnés du Vino del País. Elles permettent des retrouvailles entre les gens du pays ou le jumelage avec des citoyens d’autres communes.
Bodegas Jabalcón.
Elle connaît actuellement une claire expansion des terres consacrées au vin. Il existe des similitudes avec les vins et les caractéristiques de la région du Priorat. Dans cette dynamique d’expansion et de concentration d’efforts des petits viticulteurs et des bodegueros, il faut évoquer les jeunes Bodegas Jabalcón qui empruntent leur nom au Cerro qui veille sur les terres. Elle est constituée comme Sociedad Agraria de Transformación et est composée de quinze viticulteurs, parmi lesquels Manuel Urquiza. Ils apportent une action par hectare (37 au total) et il ne faut pas oublier le rôle fondamental de son œnologue et ingénieur agronome Mariola. Ces bodegueros élaborent leurs propres vins de garaje et les vignobles se trouvent autour de Baza entre 800 et 1 400 mètres d’altitude, avec une prédominance de sols argileux et une oscillation thermique de 20º.
Située dans le centre de Hoya de Baza, leurs magnifiques installations sont devenues une référence pour tous les bodegueros du nord de Grenade. Ils disposent des éléments les plus avancés ainsi que de critères techniques: table de sélection, décharge par gravité et des barriques en bois différents. L’inertie thermique entre le jour et la nuit favorise la maturation lente et constante du raisin. Il faut à nouveau évoquer le travail de Mariola qui adapte à les traitements phytosanitaires et le choix des engrais à chaque viticulteur. Tout ceci détermine le meilleur moment pour la vendange, avec une première sélection in situ exclusivement pour les raisins de meilleure qualité. On procède par la suite à une fermentation de tous les raisins avec un asemblage de tempranillo, cabernet sauvignon et grenache pour les rouges et un cépage autochtone décatalogué pour les blancs.
Les différents moments de fermentation doivent être surveillés. On obtient grâce à cette méthode sophistiquée de travail, trois vins aux caractéristiques exceptionnelles: Le vin jeune Jabalcón, 14,5% d’alcool, dont les vignes en hauteur et leur situation entre parcs naturels et sierras donnent des nuances uniques, comme des arômes de fenouil, eucaliptus et cistes. Il s’agit d’un vin intense de couleur rouge bigarreau, arômes fruités, velouté et persistant en bouche; le Vino Blanco Benzalema, 12,5% d’alcool, originaire de vignobles qui sont à plus de 1 000 mètres d’altitude –torrents de Valcabra– de plus de deux cents ans, résistants au terrible phylloxéra d’entre les deux siècles. Il s’agit d’un raisin autochtone décatalogué, peu abondant qui donne un vin de production rare (6 000 litres par an). Il est de couleur jaune brillant, intense arôme fruité, frais et doux en bouche. Le Vino Tinto Crianza Cerrojo, 14%, où la qualité du raisin, la barrique et l’altitude des vignes ressortent. Un vin avec six mois d’élevage en barriques qui présente une couleur rouge carmin, fruits confits, nez d’épices, soyeux et velouté en bouche.
La dernière zone de cette Mención de Calidad se trouve dans la région de Huéscar qui est une zone de vignobles où d’intéressantes variétés autochtones sont cultivées comme les raisins blanquilla, gordal, generval, tinta doble et blasca. Il s’agit également d’une zone de petits récoltants et d’agriculteurs qui veillent à la tradition des Vinos del País, comme le typique vin de Galera, familial et artisanal, même si quelques marques sont commercialisées par de petits récoltants comme le vin Cortijo de Montoso. Le plus connu est le Vino Picoso de Huéscar, appelé ainsi pour son acidité singulière. Il se déguste en bonne compagnie, avec des amis et de la famille dans les nombreux bistrots et bodegas que le voyageur peut trouver dans cette région si accueillante.
Bodegas Villagrán.
Dans cette région de vins, à Campo Cámara, (qui appartient à la commune de Corte de Baza), on trouve la Bodega Villagrán. Cette entreprise est dirigée depuis les années 80 par Juan José Villagrán. Nous pouvons mentionner les vins Cortijo de Balsillas, un rouge élaboré avec des raisins tempranillo, cabernet sauvignon et merlot, et le Cortijo de Anagil du même assemblage qui sont deux vins acceptables.
Il faut également citer de futurs projets à Huéscar dans lesquels Toni Carrión œnologue de Valence des Bodegas Mustiguillo est impliqué.
Jaén
Bien que célèbre et connue dans le monde entier pour ses huiles, Jaén a connu une importante tradition dans l’industrie du vin. Des documents officiels du XVe siècle font allusion aux vins artisanaux: les frères de las Cuevas soulignent une ordonnance de 1643 de Torreperogil sur les héritages de vignes, et le testament de Catalina González de Ortega de 1492, dans lequel elle laissait des vignes de vin rouge, “vignoble Jahén”, des jarres et 70 arrobes de vin clair à son fils Martín Alonso. Les chercheurs considèrent unanimement le XVIe siècle comme celui de la consolidation et du prestige des vins de Jaén: les vins blancs de Martos, de Torredonjimeno et de Andújar, plâtrés et qui fermentent lentement, ou les raisins torrontés, les vins rosés et les blancs de Baeza et Alcalá la Real. Un siècle plus tard, le français A. Jouvin soutenait que le vin de Alcalá la Real, produit de façon naturelle était très bon marché. En 1794, Martínez Rozas évoquait également la nécessité d’améliorer les rendements des vignes de la région de Jaén.
Pendant l’époque libérale, Pascual Madoz dans son célèbre Dictionnaire, peignait un paysage de Jaén où toute la province était peuplée d’oliviers et de vignes même si, comme il l’observe très logiquement, c’était dans des proportions très différentes. Il décrivait l’élaboration du vin dans la zone comme étant “ni soignée ni approfondie, où les raisins allaient au jaraíz (pressoir) sans être nettoyés, et où le raisin appelé Cirial était juteux et très périssable.
En 1891 le terrible fléau du phylloxéra pénètre dans la province de Jaén. L’olivier gagne donc du terrain et réduit à 700 les dix mille hectares de vignobles.
Tout au long du XXe siècle, tout en acceptant la suprématie logique de l’olivier sur la vigne, il faut observer comment le raisin cirial a laissé progressivement sa place à d’autres variétés plus aptes comme les cépages palomino, torrontés, jaén blanco, jaén negro, muscat, almuñécar, lairén, albillo, perruna et corazón de cabrito. Dans les années 50 on comptait environ trois mille hectares de vignes, avec une production de 24 000 hectolitres dans le secteur de Villacarrillo, Cazorla, Úbeda, Lopera, Andujar, Quesada, Sabiote, Torredonjimeno, Alcalá la Real et Torreperogil; et de façon plus sporadique entre les oliviers de Bailén, Arjona, Arjonilla et Baeza.
D’un point de vue plus littéraire, l’écrivain Rafael Ortega y Sagrista, donne des informations et ses sentiments sur le vignoble de Jaén:
“Sur l’esplanade il y avait une treille de très belles feuilles de vigne brillantes, les grappes de raisins noirs étaient serrées, ternies de fine poussière. La treille était faite de fourches et de fer blanc, de peuplier noir et de pousses d’agave. Sur le pavé de l’esplanade, la lune dessinait la fronde de la vigne…”
À partir de la deuxième moitié du XXe siècle, les vins de Jaén, rares mais dignes, se développent avec une oscillation thermique de 23 degrés, des pluies modérées, en-dessous de 600 mètres, dans la Campiña du Guadalquivir et sur des sols argileux, mais aussi dans des zones plus hautes et humides comme Alcalá la Real. À partir des années 70, les chiffres de production baissent. Sur des propiétés généralement petites (sauf Lopera), certaines variétés comme imperial negra, jaén, manchega, lairén, pedro ximénez ou albillo, sont consolidées.
D’une certaine façon, les tendances sur les types de vin se définissent selon les zones. Certains vins peuvent parfaitement accompagner la gastronomie typique de Jaén comme la gachamiga, les telerines, les truites à la sauce d’amande, un rinrán picant, la pipirrana, le andrejo ou les épinards à la mode de Jaén. On trouve également des vins rouges et blancs secs de la zone de Despeñaperros, des vins qui ont les mêmes caractéristiques que ceux de la Manche, que l’on trouve vers les collines de Úbeda, des vins courants vers Bailén, des vins blancs et amontillados à Lopera et, en général, des vins courants, des clairets et des vins rouges ailleurs.
En général, la superficie vitivinicole de la province de Jaén poursuivit un déclin progressif, parallèle à celui de l’Andalousie, en passant de trois mille hectares dans les années 80 à moins de la moitié en 1990. Déjà pendant la démocratie, l’entrée dans l’Union Européenne favorisa les subventions pour la culture de l’olivier et l’arrachage des vignes. Cette situation était dangereuse car l’absence de bodegas importantes provoqua pratiquement la disparition du secteur.
Actuellement, malgré les antécédents décrits, avec presque mille hectares et une production d’entre 1,5 et 3 millions de kilos de raisins, l’industrie du vin à Jaén se fraye, non sans difficultés mais avec beaucoup d’enthousiasme, un chemin sur une carte qui couvre un total de cinq grandes aires vitivinicoles:
-.Sierra Sur de Jaén.
-.Bailén.
-.Torreperogil.
-.Lopera.
-.Sierra de Pozo Alcón.
Vins de la province de Jaén
V.T. Sierra Sur de Jaén | Blancs |
Rouges | |
Rosés | |
V.T. Bailén | Blancs |
Rouges | |
Rosés | |
V.T. Torreperogil | Blancs |
Rouges | |
Rosés | |
V.M. Lopera (courants et de qualité) | Blancs |
Rouges | |
Très secs | |
Doux | |
V.M. Sierra de Pozo Alcón (de qualité) | Blancs |
Rouges | |
Rosés | |
Vinos de Mesa (courant et de qualité | Blancs |
Rouges | |
Rosés | |
Clairets |
Vins du terroir et de la Sierra
La Sierra Sur se situe dans la partie centrale de la chaîne subbétique formant une barrière naturelle de la dépression du Guadalquivir. Elle est plus proche de la ville voisine de Grenade que de sa propre capitale provinciale et son paysage se compose d’oliviers, de forêt méditérranéenne…et de vignobles. Même si nous avons des références historiques sur la production de raisins depuis la domination arabe, l’époque de splendeur de la viticulture de la Sierra Sur de Jaén eut lieu au XVIe siècle grâce à l’empereur Charles Quint qui, en 1526, accorda aux vins de Alcalá la Real un privilège pour qu’ils soient commercialisés dans les villes du royaume de Grenade (Grenade, Jaén, Guadix, Málaga), et même au-delà des mers, à travers le port de Motril. On arriva à déplacer un demi-million de litres, même si à l’époque du Royaume de Grenade, Alcalá la Real était déjà une des zones vinicoles nasrides les plus importantes. En effet, sans oublier les vins de Martos dans la partie nord de la sierra, ses vins étaient la principale source de vie des habitants de Alcalá la Real jusqu’au XVIIIe siècle. La compétition entre la culture céréalière et les vins d’autres zones historiques, comme ceux de Montilla Moriles, provoqua alors le déclin de ces derniers. Au XIXe siècle le phylloxéra et l’essor de l’olivier firent de la vitiviniculture une activité minoritaire. Environ la moitié de la production des vignobles était destinée à la consommation et les zones de production s’éloignèrent progressivement vers les centres ruraux.
Cette tendance, qui s’est maintenue ainsi jusqu’au milieu du XXe siècle, connaît une renaissance des vignes, notamment dans les parties les plus élevées étant donné la répartition des terres communales pendant l’autarcie franquiste. Par la suite, avec les subventions européennes en faveur de l’olivier et la presque disparition des vignes, la Coopérative La Martina est constituée en 2000, ce qui suppose un avant et un après dans le secteur.
Effectivement, avant la création de la Coopérative dans la Sierra Sud de Jaén, un secteur désarticulé proliférait, des vins de moût étaient élaborés sans homogéneité, sans garantie sanitaire. Leur commercialisation était très difficile, et la plupart étaient destinés à l’autoconsommation.
Peu à peu, grâce aux efforts de la Asociación de Viticultores y Bodegas de la Sierra Sur de Jaén, un projet est consolidé qui peu à peu réussit à organiser le secteur vitivinicole dans la région, à commercialiser les excédents de vin, à former, assister et orienter les agriculteurs, afin de promouvoir leurs plantations avec des variétés autorisées et élaborer ainsi des vins de qualité. La monoculture de l’olivier de Jaén était déjà bien connue, c’est pourquoi on prétendait encourager la vigne à titre complémentaire et comme faisant partie de l’essor touristique de l’intérieur.
Dans ce sens, on sollicita la Consejería de Agricultura y Pesca de la Junta de Andalucía, qui répondit favorablement, l’entrée de la région dans le projet des champs d’expérimentation pour promouvoir les variétés autochtones, ainsi que la demande de Mención de Calidad Vinos de la Tierra, obtenue dans le B.O.E du 10 octobre 2003. Il s’agit d’une zone qui concerne les communes de Frailes, Alcalá la Real, Castillo de Locubin, Fuensanta de Martos, Los Villares, Valdepeñas de Jaén, et les zones montagneuses de Alcaudete et Martos; avec environ 400 hectares où on cultive les variétés jaén blanca et chardonnay pour les blancs et cabernet sauvignon, merlot, syrah, grenache rouge, tempranillo et pinot noir pour les rouges. Les vins blancs présentent une couleur jaune paille et ont des saveurs citriques et de fruits et un minimum de 10% d’alcool, alors que les rouges sont de couleur cerise grenat, de saveur douce et avec des nuances de fruits et végétaux de 11 à 12°.
Frailes est l’une des villes importantes de la renaissance vitivinicole récente. Elle se situe dans le quadrant sud-ouest de Jaén, protégée entre El Romeral, Vallesequilla et la Sierra del Cepero. Il est possible de réaliser un itinéraire touristique impressionnant aux alentours, en passant par Valdepeñas de Jaén et Los Villares jusqu’à la capitale. Frailes, district de Alcalá la Real jusqu’au XIXe siècle, est une commune montagneuse avec des oliviers et des élevages d’animaux, qui ne cache pas sa vocation vinicole, comme le prouve la célèbre Fête du Vin. Cette fête, déclarée d’intérêt touristique, est célébrée entre février et mars. Elle compte un grand nombre d’évènements culturels et gastronomiques, pour promouvoir les produits du terroir, les Vinos del Terreno “Vins du Terroir” (vins jeunes élaborés en famille, dans des cortijadas, fermes entourées de champs de culture) et en général tout l’éventail des vins. Comme dirait José María Suárez, “ce ne sont pas des vins avec une denominación de origen, mais ils ont une émotion dans leur origine”. Nous ne pouvons pas oublier la célébration des Jornadas sobre el Vino del Terreno de Frailes, qui a déjà célébré dix éditions.
Bodegas La Martina
Frailes est le lieu de naissance et de développement de la Société Coopérative Andalouse La Martina déjà citée comme centre vinicole de la région, dont le nom vient de la Sierra où elle se situe.
La Martina compte environ 100 hectares de vignes, 50 sociétaires de droit et 12 collaborateurs. La plus grande partie des cultures se trouve sur leurs terres communales, alors qu’une autre partie se situe dans les villes de Mures et Charrillos. Actuellement, les premières installations se situent à l’intérieur de la ville. Grâce aux efforts des sociétaires et des responsables, comme le président de la Asociación Vitivinícola de la Sierra Sur de Jaén, Luis Aceituno, ou l’actuel responsable de la Coopérative et Secrétaire Municipal Antonio Romero, l’inauguration de nouvelles et splendides installations de presque deux mille mètres carrés aux environs de Frailes est imminente. Comme on peut l’imaginer, le nouveau siège de la Coopérative dispose des systèmes les plus modernes, de barriques en chêne américain, pour profiter au máximum des bonnes conditions de situation, de la qualité du sol et du climat de la región.
Dans sa gamme de vins rouges, la Coopérative présente le Crianza Marqués de Campoameno. Ce marquis né à Frailes réussit à établir des liens avec la famille Velázquez Gaztelu, impliquée dans des affaires vinicoles de Sanlúcar de Barrameda. Ce vin est un mono-cépage tempranillo de vieux ceps, qui reste de six à douze mois en barrique, de couleur rouge cerise, nez de fruits, une finale longue, élégant et un bon équilibre fruits-bois. Le Matahermosa, media crianza, passe trois mois en barrique, et est élaboré à partir d’un coupage de 60% de merlot, 20% de tempranillo et 20% de cabernet sauvignon, de couleur rouge cerise, nez de fruits rouges et noirs, savoureux et persistant en bouche. Le Señorío Puente Alta, un vin rouge élaboré avec des raisins jaén negro et grenache noir, jeune et fruité.
Il existe d’autres types de vins comme le Señorío Puente Alta rosé, Vino del Terreno, macéré avec du raisin jaén negro et légèrement coloré avec le rouge de base; le Sierra Alta, un clairet du terroir, élaboré avec des variétés autochtones, et plus récemment, le Señorío Puente Alta blanc, mono-cépage chardonnet. En général ces marques dénotent de la jeunesse, de la limpidité, de la brillance. Ces vins fins et élégants ont le cachet des vins fruités, qui ont du bouquet.
Comme toujours dans la lignée de la Coopérative, on peut visiter les nouvelles installations et acheter des produits locaux, avec des dégustations de ses vins. En essayant toujours de tirer le plus grand parti du programme du champ d’expérimentation, le circuit commercial des vins comprend les environs et les provinces de Jaén et Grenade dans des vignes situées à 1 400 mètres d’altitude où jusqu’à 14 cépages sont cultivés, sans pour autant renoncer à d’autres objectifs régionaux et nationaux à court terme.
Ville frontalière, entourée de châteaux et autrefois centre administratif et politique de la région, les premières plantations de vignes à Alcalá la Real se firent à côté des montagnes proches de la forteresse de la Mota. Par la suite, elles furent concentrées dans les zones de Rosalejo, Monterrey, Acamuña, Pasada Baena, Fuente la Lancha, Padro Gordo, La Mata, Boca Charilla, Molino La Piedra, Fuente Granada et Loberones, La Ladera, Valcargado et Castillo de Locubín.
Bodega Marcelino Serrano.
Dépositaire de toute cette tradition vitivinicole de Alcalá la Real qu’il a d’une certaine façon souhaité poursuivre, un installateur électricien de la ville appelé Marcelino Serrano, amateur depuis très jeune de l’élaboration de vin pour sa consommation personnelle, va à Cabra en 1999 pour réaliser dans le C.I.F.A. un cours d’œnologie organisé par des experts de la Junta de Andalucía. C’est à partir de ce moment qu’il entend devenir propriétaire d’une bodega, et de passer ainsi du vin de garaje pour les amis et les proches à des vins d’auteur, destinés aux amateurs de vins. Il souhaite profiter ainsi des bonnes conditions vitivinicoles de la zone pour la production, comme du microclimat avec des nuits fraîches, des hivers froids et des journées d’été chaudes. La balance penche alors du côté de la vocation, ce qui suppose le sacrifice d’une bonne partie de sa profession d’origine, pour consacrer ses efforts et alimenter ce qui en définitive a toujours été sa vraie passion.
Située à côté de la spectaculaire Torre del Cascante, dans un endroit qui porte le même nom ou Entretorres, avec une vision panoramique impressionnante du Château de la Mota, cette bodega fait partie d’un itinéraire culturel de châteaux et de bodegas qu’il ne faut en aucun cas manquer.
Elle dispose d’installations petites mais complètes (barriques en chêne français et américain, cuves en acier), qui actuellement sont en phase d’agrandissement dans un nouvel hangar à l’intérieur de la propriété. Elle compte un hectare et un total de cinq mille pieds de vigne dont une partie se trouve là et l’autre à Mures. La production est de 2,5 à 3 kg de raisins/pied de vigne et les variétés cultivées sont tempranillo, merlot, cabernet sauvignon, cabernet franc, grenache noir, syrah et graciano pour vins rouges, et grenache blanc, macabeo et chardonnay pour les blancs. Le raisin muscat d’Alexandrie est également cultivé et des recherches sont realisées avec le pinot noir. Il faut également mentionner la variété autochtone jaén negra qui, assemblée avec un peu de raisin blanc, produit son Vino del Terreno rosé.
Toute l’épopée de Marcelino Serrano serait inconcevable sans un écuyer d’exception: sa fille Blanca, authentique appui et bras droit de ce dynamique propriétaire de bodega. Elle est œnologue, gérante d’une vinothèque avec des accessoires pour le vin à Alcalá et conseillère technique de la bodega. Elle démontre un enthousiasme, une capacité de travail et des efforts tout à fait perceptibles. La relève générationnelle est une réalité avec Blanca.
Les Bodegas Marcelino Serrano ne négligent aucun détail puisqu’elles ont prévu prochainement d’organiser des visites et des dégustations. Ayant déjà gagné un prix international de Vino de la Sierra, elles essaient de donner la plus grande partie de leurs éléments et leurs signes d’identité; c’est pourquoi les étiquettes des bouteilles présentent des aquarelles suggestives avec des thèmes viticoles du peintre local Sebastián Rosales et du poète murcien Ángel Martínez Hernández. Au niveau commercial les bodegas font partie d’un club de 50 sociétaires, qui opère à Barcelone, Madrid et dans La Rioja, même si son espace naturel comprend les provinces de Jaén, Málaga et prochainement Cordoue.
La bodega produit environ 100 000 litres de vin, 10% sont destinés au vin blanc, 40% au vin rouge jeune, 40% au vin rouge de crianza, et les 10% restants à un vin de Gran Reserva qui est actuellement en fût et qui portera le nom de Marta. Blanca María est le vin blanc de la bodega, avec 13% d’alcool, élaboré avec un coupage de grenache blanc, chardonnay, muscat et macabeo. Il est de couleur jaune citron avec des tons dorés, intense, aromatique et fruité au nez, savoureux, vif, floral et frais en bouche. Le jeune vin rouge est Glosa: 13% d’alcool, élaboré avec les variétés cabernet sauvignon, tempranillo et grenache noir, il reste pendant six mois de crianza dans des barriques neuves. Il est rouge cerise avec des reflets grenat, nez intense avec des réminiscences de fruits, d’épices et de torréfaction. En bouche il est structuré, frais et savoureux avec une finale variétale. En ce qui concerne le rouge de crianza de neuf mois, il est rouge cerise foncée, au nez il présente une gamme d’arômes grillés, doux et fruités. En bouche il est charnu, structuré avec finale aromatique et puissante amertume.
Un toast à une bataille
Située au nord de la province de Jaén et proche de l’influence de La Manche, la région vitivinicole de Bailén est l’une des autres aires significatives du secteur avec 350 hectares de vignobles sur les terres des communes de Baños de la Encina, Guarromán, Mengíbar, Torredelcampo et Villanueva de la Reina, se trouvent dans la Campiña norte, zone de grande histoire puisqu’elle était un lieu de passage et d’échanges de mondes et de cultures et qui a été considérée comme la porte de l’Andalousie vers le reste de l’Espagne. C’est précisément cette composante culturelle et historique qui d’une certaine façon imprègne son centre régional, Bailén.
Effectivement, dire Bailén c’est dire le mot bataille et parler de l’affrontement victorieux de l’armée espagnole sur l’armée française pendant la Guerre d’Indépendance en juillet 1808, où pour la première fois l’armée napoléonienne fut vaincue. C’est également parler de l’existence d’une tradition vinicole peu ancienne mais persistante pendant l’après-guerre espagnole. Ainsi, en 1964, la Cooperativa de la Vid Santa Gertrudis, dont le nom rappelait la sainte patronne de la ville fut créée à Bailén, au moment où le Raisin de Table (Uva de Mesa) imperial negra était cultivé avec le raisin de Tolosa, utilisé pour l’élaboration de vin courant.
La ville de Bailén qui se situe au centre d’un amphithéâtre de peu de hauteur, est bordée par les rivières Rumblar et Guadiel, affluents du Guadalquivir. Elle dispose également d’un terrain de bonne qualité où les oliviers prédominent. On trouve, dans une moindre mesure, des vignes. L’activité agricole se mêle ici à l’histoire puisque les vignes se situent toujours au même endroit, dans les montagnes où les Espagnols et les Français s’affrontèrent. Nous pouvons donc considérer que les ceps qui continuent de donner des raisins sont des “ceps de bataille”, des pieds qui donnent un raisin autochtone, un raisin rare, impossible à classer, unique au monde, découvert par des œnologues de la Estación Agronómica de Jerez.
Au début des années 90 avec l’objectif d’unir leurs efforts, deux cents petits récoltants s’associent afin de développer et encourager la bodega de la Coopérative. Cette union a supposé l’apport de plus d’un million de kilos de raisin par an, et le don du nom de molinera à son raisin.
En peu de temps et grâce aux efforts des associés et des directeurs, comme le président José Chico, la Coopérative a grandi, s’est améliorée et a même ouvert en juillet 2001 un nouveau siège. Les progrès et les améliorations techniques, comme la fermentation contrôlée, ont concerné la zone de stockage, la mise en bouteille et d’autres éléments. Cette stabilité et une qualité constrastée leur ont permis d’arriver à la Certificación de Calidad de Agrocolor, et dans le B.O.E du 7 juillet 2004 elle a été reconnue avec la Mención de Calidad Vinos de la Tierra. De toute évidence elle obtiendra dans peu de temps la reconnaissance denominación de Origen.
Cette mention attribuait la culture du raisin pedro ximénez comme variété blanche, le grenache rouge, tempranillo, cabernet sauvignon et molinera de Jaén pour les vins rouges. Les caractéristiques des vins blancs sont: couleur pâle, aromatiques et fragrances au nez, savoureux et ample en bouche. Les rouges sont: couleur rubis, nez riche et floral, longs et équilibrés en bouche; pour les rosés, couleur violacée, arôme complet et intense, saveur fruitée et limpide.
Bodega Santa Gertrudis.
Actuellement, la Cooperativa de la Vid Santa Gertrudis a un vignoble de 107,6 hectares et 150 sociétaires qui ont de petites parcelles. Malgré l’expansion de l’entreprise, la diversification des produits et la revalorisation de son image, cette coopérative n’a rien oublié de ses références historiques et culturelles, et n’exclut pas de faire appel à des entreprises locales. Les héros et les protagonistes de la Bataille de Bailén sont très présents dans les noms de ses marques: Marqués de Portugalete et Duque de Bailén, qui sont les titres donnés par la suite au Général Castaños; ou celui de María Bellido, femme de la commune, qui se lança sur le champ de bataille pour donner à boire aux soldats espagnols. Une balle traversa son récipient au moment où elle le levait pour donner à boire au général Reding. La légende raconte qu’elle ne fut pas troublée et qu’elle le ramassa pour lui donner à nouveau à boire.
Les industries secondaires sollicitées par la Coopérative ont une empreinte locale: les barriques de chêne américain de leurs bodegas ont été élaborées par l’artisan de Bailén, Rafael Casado et les bouchons en liège sont élaborés par J. Vigas de l’entreprise nationale Casa de la Cierva.
Les vins sont composés des variétés tempranillo, cencibel et cabernet sauvignon, mais le raisin par excellence est la molinera de Jaén, qui couvre plus de 90% de la superficie cultivée en vignes et qui est présente dans tous leurs vins.
La Bodega Coopérative Santa Gertrudis offre une vaste gamme de crianzas. Les deux marques les plus connues sont le Duque de Bailén et le Batalla 1808. Le premier est un coupage de molinera, cencibel et grenache, avec une élaboration entre 12 et 24 mois et de un à trois ans en bouteille. Ce vin est de couleur rubis, nez de vanille, léger et persistant en bouche. Le Batalla 1808 est un mono-cépage, quatre mois de cuvaison en barrique de chêne puis mis en bouteille. On obtient ainsi un vin rouge intense et brillant, nez de raisins et bois, beaucoup de corps et de saveur en bouche, avec une bouteille au design avant-gardiste.
Il faut aussi citer d’autres crianzas comme Ribera del Guadiel, mono-cépage cencibel, un an en barrique et deux en bouteille, qui donne un vin rouge intense et brillant, des notes de chêne, savoureux et complet en bouche. El Mío, aux caractéristiques similaires mais le format de bouteille est de 500 cc; le Marqués de Portugalete, coupage de cencibel (40%), cabernet sauvignon (40%) et molinera (20%), deux années de vieillisement dans des tinajas (jarres) et un an en bouteille, donnent un vin rouge rubis ocre, nez riche et fragant, bouche fraîche et douce.
Deux blancs ressortent: María Bellido et Duque de Bailén. María Bellido est un vin semi-doux, élaboré avec un moût du meilleur mono-cépage pedro ximénez avec une fermentation contrôlée qui donne un vin très pâle, aromatique, nez fruité et fragant en bouche. Le Duque de Bailén, très récent est un vin mono-cépage molinera, fermentation en barrique et maturation en bouteille, qui donne un vin jaune pâle, nez d’arômes et de fruits, enveloppant et persistant en bouche.
Le reste de la gamme est composé de divers vins de table et de trois vins jeunes qui portent la denominación Atardecer Andaluz (crépuscule andalou), dans ses variétés de blanc, rouge et rosé, avec des raisins molinera et cencibel. Le blanc est un mono-cépage cencibel et les trois sont frais, légers et fruités.
Quant à sa commercialisation, la Coopérative gagne en prestige et en qualité ce qui lui permet d’ouvrir des portes dans la dure compétitivité du secteur. Comme dirait le spécialiste Matteo Gaffoglio, “ces vins portent le soleil de l’Andalousie”. Ils ont été reconnus, ils ont gagné des prix dans les dégustations nationales auxquelles ils ont participé et les visites des installations ont été soignées d’afin d’encourager leur publicité. La distribution est faite directement aux entreprises qui souhaitent acheter leurs vins et le circuit commercial comprend la province de Jaén et divers lieux d’Espagne et du Portugal.
Le poids et l’importance de Bailén et de sa coopérative sont indéniables bien que d’autres vins de la région méritent d’être citer pour leur côté traditionnel et leur popularité, même s’ils sont plus artisanaux et moins industriels. Il s’agit de Torre del Campo où de tout temps, un vin blanc ou rosé appelé Trepabuela a été élaboré dans les jaraez (pressoirs), ou casas de labor comme on les appelle là-bas. Appelé ainsi pour sa force et sa vivacité, ce vin est obtenu à partir du mélange de variétés comme almuñécar, pedro ximénez ou armilla, qui sont gardées dans des bidons en polyester. L’élaboration correspond à un procédé naturel, nous pourrions dire écologique et la consommation est destinée en grande partie aux nombreuses familles de la région comme nous l’a si gentiment expliqué Rafaela Parra Vera, qui a hérité de ses parents et grands-parents de la tradition du vin Trepabuela. Chez elle, pendant une dégustation de ce vin parfumé et fragrant, elle nous disait qu’il est possible de le consommer dans certaines tavernes et quelques bars dans la zone de Fuente Nueva, dans la Partie Haute (la Parte Alta) des limites du village d’où l’on peut apercevoir les 30 hectares de plantations de vignes, destinées à ce vin si profond.
Les vins des collines
Enclavée dans la région de La Loma et de Las Villas, l’aire vinicole de Torreperogil est une pièce fondamentale de l’histoire et de la géographie andalouse. Territoire de l’ancien royaume de Jaén, avancée de la reconquête castillane et établissement des anciens peuplements qui s’imbriquèrent dans cette nature si particulière, élevée le long du Guadalimar au nord et le Guadalquivir au sud, elle occupe le centre géographique de la province de Jaén avec la Sierra Morena au nord, la Sierra Mágina au sud et les Sierras de Cazorla, Segura et las Villas à l’est. Ces dernières sont des réserves de la biosphère et un grand espace naturel d’Europe.
Actuellement cette zone est en pleine expansion économique, du point de vue agricole, forestier, patrimonial et touristique. L’olivier prédomine mais on trouve une aire de culture de la vigne sur les terres communales de Torreperogil, Baeza, Úbeda, Ibros, Canena, Sabiote, Rus y Cabra de Santo Cristo, qui est plus au sud.
Bodegas Nuestra Señora de la Misericordia
Depuis l’après-guerre espagnole on constate l’existence et la production de vignes, mais le véritable pari vient malgré tout de la création à Torreperogil de la Cooperativa Nuestra Señora de la Misericordia, avec l’appui de la Caja Rural, et le soutien de la la Obra Sindical de Cooperación et conçue pour l’huile et pour le vin.
Ces derniers temps, la Coopérative s’est érigée comme le moteur du développement du secteur dans la Région avec Manuel Moreno comme président, 372 sociétaires et 150 ha de vignes. Celle-ci est favorisée par les terres argileuses et par un climat continental avec des oscillations thermiques supérieures à trente degrés. Les deux priorités consistent à établir une ligne de production et l’obtention de vins de qualité.
Les fruits de ce travail ne se sont pas faits attendre. Premièrement, au kilomètre 157 de la voie express Cordoue-Valence les dernières installations se finissent, ce qui donne une idée de l’expansion et du développement de la Coopérative. Deuxièmement, la très récente Mención de Calidad Vinos de la Tierra (B.O.J.A. du 30 juin 2006) permet au traditionnel olivier de cohabiter avec un produit comme le vin traditionnel de la région, qui représente un complément économique.
Les cépages produits sont, pour les rouges, le grenache noir, tempranillo, cabernet sauvignon et syrah, tandis que les blancs sont le jaén blanc et le pedro ximénez.
Ces vins blancs doivent être très pâles, saveur ample et enrobante, aux arômes fruités et fragrants. Les rosés couleur violacée, saveur fruitée et arôme intense et complet. Les rouges, couleur rubis, saveur légère, équilibrés et longs, arômes puissants, riches et floraux.
En ce qui concerne les vins, la Cooperativa Nuestra Señora de la Misericordia élabore des blancs et des rouges. Parmi les premiers on peut trouver Don Pedro Gil Blanco, avec un assemblage des variétés cirial, airén, jaén et pedro ximénez, mis en bouteille au bout de cinq mois, très pâle, aromatique, complexe et fruité. La Misericordia et Torre Gil sont deux autres blancs qui utilisent le même type de vin, élaboré avec toutes les variétés de blancs de la région même si les cépages cirial et airén prédominent à 80%. Les deux vins sont pâles, fins et harmonieux.
Pour les vins rouges, la Coopérative produit deux marques de la gamme La Misericordia et Torre Gil qui utilisent le même type de vin; des moûts qui viennent de la région et environ 50% de grenache, dont on obtient un vin rubis, frais, fruité et très doux. Torre de Hamdón est le vin rouge de reserva, avec un mélange de raisins cencibel et grenache, vieilli dans des jarres en terre, puis ensuite en barriques de chêne américain et en bouteille. De couleur rouge obscure qui tend vers l’ocre, saveur abondante et variée, structuré et persistant en bouche. Finalement trois mono-cépages sont produits: Don Pedro Gil Cencibel, Don Pedro Gil Garnacha, des vins rubis, aromatiques, qui ont du corps et El Torreñon un mono-cépage grenache des vieux vignobles, connu depuis toujours dans la région comme Tinto del País, très savoureux et ample en bouche, peut-être le plus connu de tous.
Crianza dans la Campiña
En voulant résumer les choses importantes qui avaient fait de Lopera (ville de Calatrava) une ville connue à l’extérieur, le chercheur local José Luis Pantoja s’est approprié un vieux proverbe et nous disait ceci: les melons sont faits pour manger, les lévriers pour courir et le vin pour boire. Trois produits qui ont du cachet et qui à divers moments lui ont donné du prestige et l’ont faite connaître mais qui à présent suivent d’autres voies. Dans ses travaux sur la vitiviniculture Pantoja démontre que depuis le XVIIIe siècle ces activités étaient connues. Ceci donne une idée de sa longue tradition c’est pourquoi elle mérite d’être considérée comme le berceau du vin de Jaén. Il est également évident que ces vins correspondent davantage au passé qu’au présent car comme le disait ce refrain de l’époque:
“vin de lopera, donne la main à celui de la Rioja”
Intégrée à la région de la Campiña del Guadaquivir, elle est limitée au nord par le Parc Naturel de la Sierra de Andújar et à l’ouest par la province de Cordoue. Les municipalités qui font partie de cette aire vinicole se situent sur la frange plane et méridionale: Lopera, Arjona et Arjonilla. C’est une zone agricole riche grâce à l’irrigation des plaines cultivées et à la rivière Salado de Arjona où l’on produit du coton, du maïs, des légumes dans des serres et d’autres cultures extérieures, sans oublier l’omniprésent olivier des terres non irriguées.
La splendeur des vins nous vient de Bartolomé Valenzuela, qui en 1923, installe une bodega pionnière à Lopera. Il apporte ses connaissances sur la tradition de vins de Jerez, engage le meilleur transvaseur de vin de Jerez, Leonardo de la Barrera et il introduit à Lopera la variété de raisin pedro ximénez.
Dans les années 20 la Bodega las Miguelicas était fondée même s’il fallut attendre la fin de la guerre civile pour assister à l’âge d’or des vins de cette zone. À la fin des années 40 six nouvelles bodegas voient le jour: celles qui connurent une durée de vie brève comme les Bodegas La Purísima Concepción et les Bodegas La Juanita- la décennie suivante- et d’autres plus solides comme les Bodegas de Antonio Bujalance, les Bodegas Sotomayor El Castillo les Bodegas de la Viuda de Valenzuela, dans la lignée du grand pionnier des années 20 et les Bodegas Herruzo. Il faut ajouter au début des années 50 la fondation des Bodegas Mary Loren.
Les années 60 et 70 correspondent au zénit des bodegas de Lopera. Dans une ville de quatre mille habitants, on atteint 200 ha de terres cultivées et une demi-douzaine de bodegas auxquelles il faut ajouter Bodegas Flores de Quiñones en 1977. Cette situation extraordinaire a fait de Lopera la ville connue comme “le petit Jerez”. À cette époque les vins très secs deviennent populaires et Alfonso Sotomayor dans sa bodega située dans l’ancien cachot du Château des Calatravos, produit du Pedro Ximénez et des vins généreux vieillis et il consacre un quart de ses vins à faire des vins fins. La plus grande partie était pour les vins ordinaires et le reste pour des clairets et des rouges courants.
L’excellente situation des années 60 et 70 commence à changer et ce, défavorablement, principalement à partir de la fin des années 70 et les années 80, époque pendant laquelle, exception faite de Bodegas Herruzo, toutes les vieilles bodegas disparaissent même celle de Sotomayor, authentique navire amiral, de Lopera, ce qui est un vrai traumatisme. Plusieurs raisons ont été analysées: l’essor de l’olivier subventionné par l’UE, qui encourage l’arrachage des vignes face à la passivité des grands propriétaires terriens, propriétaires des vignes et face au manque d’une denominación de origen qui aurait stabilisé le secteur. On peut dire que la région de Lopera a été curieusement une des premières de la province à obtenir la Mención de Calidad Vino de la Tierra, qu’elle n’a pas pu garder pendant les années 80. De plus, pendant le démantèlement des bodegas, les entrepreneurs et les politiques locaux n’ont pris aucune mesure malgré plusieurs générations qui ont consacré leur vie au travail des vignes et à ses dérivés.
Bodegas Herruzo.
Les deux hectares restants à Lopera, ainsi que les quelques quarante de raisin pedro ximénez à Arjona et Arjonilla, destinés à un vin blanc semblable au Montilla, pour une consommation locale, ont été le début d’une nouvelle étape où les Bodegas Herruzo ont joué un rôle important. Avec de nouvelles installations situées dans le centre du village et Rafael Posadillo comme nouveau gérant, Herruzo a mis en marche un plan de transformation, grâce à des subventions venant de la Junta. Il s’agit de remplacer le vignoble de pedro ximénez par un cépage rouge comme le tempranillo, en utilisant le système d’espalier à Pago de las Niñas Muertas afin d’élaborer un vin imminent, rouge de media crianza qui s’ajoutera à une offre de vins blancs et doux.
Dans tous les cas, les forums et les collectifs qui souhaitent une redynamisation de la tradition vitivinicole à Lopera, sont plus ambitieux et ils exigent un rythme plus important de mesures. Ils proposent un projet d’achat des Bodegas Herruzo par des gens du village et d’établir un régime de coopérative. Ils demandent également l’amélioration et la modernisation de leurs installations, l’obtention d’une qualité grâce à des études techniques de la vendange, le degré, la mise en bouteille, les marques, baisser les degrés d’alcool pour obtenir un vin de type manzanilla, plus commercial, de diffuser et commercialiser le vin en bouteille ou la création de Jornadas Andaluzas sobre el Vino de Lopera. Ils espèrent au plus vite récupérer pour la zone la reconnaisance de Vinos de la Tierra.
Les vins les plus caractéristiques sont les blancs comme le Corriente de 12 degrés, Entrefino 13 degrés, Fino 14 degrés et Criadera 16 degrés. Ils étaient généralement vendus en gros ce qui faisait baisser le prix et le rendait moins prestigieux. Le vin Criadera des Bodegas Sotomayor connu comme vin Raya a donné son surnom aux vins de Lopera, déjà connus pour leur fort palais et leur degré après leur séjour dans les tonneaux en chêne du Castillo. Fidèles à la tradition des années de splendeur et malgré les nouveaux chemins pris, Bodegas Herruzo continue sa vente en vrac de trois marques de blanc; Puerto Alto de 12 degrés, le Entrefino de 13,5 et le Fino Herruzo de 15, en plus du célèbre vin doux.
Depuis les rangées de tonneaux en chêne américain qui ont plus de deux cents ans, où les meilleurs moûts de la province reposent entre « criaderas » et « solares » de vin contrôlés par le vieux et sage transvaseur de vins Francisco Santiago, Bodegas Herruzo, veille sur un passé orgueilleux, le regard vers un présent aussi incertain et que plein d’espoir pour le vin de Lopera.
Les vignes de la zone de Pozo
La dernière zone vitivinicole de la province comprend un espace qui se trouve dans la partie la plus orientale du Parc Naturel de la Sierra de Cazorla, Segura et las Villas, près de la grenadine Sierra de Baza et à environ 1000 mètres d’altitude: la Sierra de Pozo Alcón. Pozo Alcón est une ville de plus de cinq mille habitants qui malgré la méconnaissance de certains de ses habitants, a toujours eu des vignes dont les fruits étaient utilisés par de nombreux habitants de Pozo pour les transformer en moût dans les pressoirs de leurs maisons.
Bodegas Pozo Alcón.
Le changement de tendance se produit grâce à l’intervention de Manuel Moreno, maire de Pozo Alcón pendant les années 90 qui depuis son siège de maire a encouragé la création d’une Coopérative au nom du village, formée par trente sociétaires. Le projet n’a pas réussi à cause de la méfiance et du manque d’esprit d’entreprise. Moreno a alors mis de côté ses responsabilités politiques et journalistiques, et s’est investi corps et âme dans l’entreprise du vin, en investissant 180 000 euros pour l’achat d’anciennes actions de la Coopérative. Ainsi sont nées les Bodegas Viña Alcón.
Grâce à l’aide de l’œnologue sévillan Santiago Alonso et à sa fille Rocío, gérante, les Bodegas Viñas Alcón ont arraché en espérant laisser dernière eux la phase artisanale et aller vers l’industrialisation des vins du pays. Des 230 000 pieds de vigne de Pozo Alcón, 45 000 (environ 30 ha) étaient la propriété de Moreno qui obtient ainsi en peu de temps, d’excellents résultats chiffrés: une production de 250 000 kilos de raisins dont il obtient 100 000 litres de vin et des bénéfices de 600 000 euros.
Moreno, commercial dans d’autres affaires, arrive à ouvrir un vaste marché pour ses vins: Jaén, Grenade, Almería, Murcie, Ibiza où il dispose d’un centre de distribution personnel et dans quelques lieux en Allemagne, en Autriche, en Suisse et en France. N’oublions pas que Moreno commercialise également de l’huile, avec la Sociedad Agrícola la Peña S.L., société formée à partir de l’ancienne Coopérative Viña Alcón qu’il a lui-même dirigée.
En général, chez Bodegas Viña Alcón on utilise des systèmes modernes en prenant comme base la culture de la variété tempranillo, même si dernièrement la variété macabeo a été introduite. Plusieurs vins sont déjà sur le marché: le Rosé Viña Alcón, mono-cépage tempranillo, vin jeune fruité, élégant, tons rosés, arôme ample et saveur veloutée; le Rouge Reserva Viña Alcón, coupage de cabernet sauvignon et tempranillo, vieilli dans des cuves en acier, puis en bouteille, rubis foncé, arômes complexes et saveur épicée; un blanc mono-cépage macabeo et un tempranillo élaboré en barriques de chêne américain, très singulier.
En général, l’entreprise prétend lier ses vins à la culture gastronomique de la région c’est pourquoi il est recommandé avec des viandes typiques, (gibier), de la charcuterie de montagne et du fromage de chèvre.
Bodega Viña Cazorla.
Le cas atypique de Manuel Moreno a eu un écho dans la région. Comme d’autres entrepreneurs, Manuel Almagro a suivi le même chemin et dans la Sierra de Cazorla, il a établi sa propre bodega Viña Cazorla avec une production importante de vins et un marché dans des provinces andalouses, dans le Levant et dans certaines enclaves allemandes. Son étendard est le vin Gran Nava, mono-cépage tempranillo élaboré en barrique de chêne. Almagro est exigeant avec lui-même puisque son objectif a été d’obtenir pour la Sierra de Cazorla une Mención de Calidad Vinos de la Tierra et il est même allé jusqu’à arrêter la production de cette année en la jugeant de qualité insuffisante. Ce n’est donc pas un hasard si les clients confondent ses vins avec ceux de la Manche.