Niché sur les contreforts côte-d’oriens du Morvan, l’Auxois est davantage célèbre pour son patrimoine (Alésia, Flavigny-sur-Ozerain, Semur-en-Auxois, Fontenay…) que pour ses vins. Bien qu’en dehors de l’AOC Bourgogne, le vignoble de l’Auxois, dont les fondements remontent à plus de 2000 ans, est aujourd’hui en plein renouveau.
Rassemblant les communications d’une journée d’étude organisée en 2017, cet ouvrage emmène le lecteur à la découverte d’une région et de vins trop méconnus. Universitaires, enseignants, historiens locaux, vignerons ou photographes, les auteurs sont tous animés par la passion de l’Auxois et de son histoire. En ce qui concerne les vins, l’étude se construit sur le temps long. Dans leurs communications, Dominique Delevoye et Claude Grapin apportent les preuves archéologiques et historiques de l’existence d’une importante activité viticole dans l’Auxois dès l’époque romaine, avec même des traces d’un commerce et d’une consommation de vin dès l’âge du fer. Mais avec l’oppidum d’Alésia et celui tout proche de Bibracte, est-ce une surprise ?
Situé sur la route des vins de la Haute Bourgogne vers Paris, le vignoble de l’Auxois connaît un vrai essor dès le Moyen Âge. Les contributions de Dominique Delevoye, Jérôme Benet ou Jean Rauzier révèlent que les acteurs sont nombreux. Bénédictins, Cisterciens, ducs de Bourgogne et nobles de moindre rang ont grand besoin de vignes pour leur consommation personnelle comme pour le commerce. Comme une large part de la Bourgogne à cette époque, l’Auxois est une terre de vins, le développement d’Antoine Lacaille sur les caves voûtées médiévales et modernes de Flavigny-sur-Ozerain montre à quel point !
C’est au xixe siècle que l’Auxois connaît son âge d’or. Utilisant les premiers ouvrages statistiques et ampélographiques, Dominique Delevoye, Michèle Frommherz et Jean-François Bligny révèlent l’importance de ce vignoble qui dépasse les 4 500 ha en 1878 et dans lequel le vil gamay a la cote, mais aussi l’impact du phylloxéra sur ces modestes vignes à l’écart des « bonnes côtes ». Si le début du xxe siècle se caractérise par une mutation de l’Auxois au profit notamment de l’élevage, les dernières décennies montrent une renaissance de ce vignoble oublié. C’est sur une note pleine d’ambition et d’espérance que se conclut l’ouvrage à travers les communications de Cyril Raveau, Guy Quesseveur, Bernard Bonoron et Alain Maître. Qui mieux que les vignerons du cru pour promouvoir les vins produits sur la quarantaine d’hectares de l’IGP Coteaux de l’Auxois ?
Au final, cet ouvrage couvre assez bien l’histoire de ce vignoble sur le temps long. On peut cependant regretter l’absence d’une étude de fond sur l’Auxois et ses vins à l’époque Moderne et la faible utilisation des archives de l’ethnologue André Lagrange pour la période pré-phylloxérique pourtant évoquées dans la préface de Jean-Pierre Garcia. Doté d’articles solides et richement illustrés, notamment grâce aux photographies de Christian Lory, cet ouvrage consacré aux vins de l’Auxois ravira aussi bien l’universitaire à la recherche de données précises sur ce vignoble méconnu, mais indissociable de l’histoire de la Bourgogne viticole, que l’amateur éclairé à la recherche de données historiques sur les vins de terroir.