Le Groupe d’Études Historiques de Verdun-sur-le-Doubs (71) est une société d’éducation populaire créée en 1957 qui a pour objectif l’étude et la sauvegarde du patrimoine archéologique et historique de la région verdunoise. Le 92e numéro de sa revue est consacré à l’histoire des vignes et vignerons locaux sur le temps long, du premier âge du fer aux toutes récentes replantations. Il s’agit d’un travail de recherche collectif et transversal, Jean-Pierre Garcia traitant de l’introduction du vin et de la vigne dans la Gaule romaine, Louis Bonnamour de la commercialisation des vins antiques autour de Verdun, François Blanquinque des aspects culturaux et commerciaux, Lionel Canac des attaques phylloxériques, cryptogamiques et climatiques subies par la vigne, Mickael Chevrey et Laurent Gourillon des sociabilités et de la vie quotidienne de ce petit monde vigneron à l’écart de la « Grande Côte ».
Comme le prouve la recension précédente sur les vignes de l’Auxois, l’histoire des vignobles disparus et/ou en reconstruction est à la mode, en témoigne aussi en Côte-d’Or le vignoble de l’Auxois (recension dans ce volume de Crescentis). Il faut dire que ces vins méconnus et souvent originaux suscitent la curiosité et un certain intérêt. La ligne de force de cette publication sur les vignes et vignerons du Verdunois rappelle que l’histoire de la vigne et du vin en Bourgogne ne se cantonne pas aux coteaux viticoles actuels. Attestée dès l’Antiquité, la vigne est présente partout dès le Moyen Âge, y compris dans ce territoire caractéristique de la Bresse bourguignonne où le Doubs se jette dans la Saône. D’ailleurs, comme le rappellent les auteurs, le développement de ce vignoble de plaine est intimement lié à ces rivières qui constituent les premières voies d’acheminement des vins de la Méditerranée vers le Nord jusqu’au développement du chemin de fer au xixe siècle.
Bâtie sur de belles archives anciennes et modernes et justement illustrée, cette publication plonge le lecteur dans la vie quotidienne de ces cultivateurs-vignerons. Si l’histoire contemporaine est privilégiée (sans doute un effet de source), aucune période historique n’est délaissée, et l’universitaire comme l’humble citoyen trouvera à coup sûr de quoi ravir sa curiosité. Les chapitres étant parfois organisés de manière plus thématique que chronologique, il faudra tout lire pour être certain d’avoir tous les éléments pour une période précise. Et comme c’est souvent le cas dans les publications traitant de l’histoire des petits vignobles, le tour d’horizon se termine sur les récentes replantations. Même si c’est plus à titre expérimental que commercial, la vigne est bien de retour dans les plaines verdunoises. Et ça, qui l’eût cru ?