Éditorial

  • Presenting issue number 2

Texte

Tous les membres du comité de rédaction d’Éclats sont heureux de vous présenter ce second numéro et remercient chaleureusement tous ses contributeurs et contributrices. Nous vous remercions pour votre patience et la confiance que vous nous témoignez en proposant un article universitaire à une revue qui n’a publié qu’un seul numéro. Nos remerciements vont également à PREO qui nous accompagne efficacement depuis deux ans et qui ne ménage pas ses peines pour vous offrir notre revue dans les délais impartis.

Éclats publie un numéro annuel bâti sur un dossier thématique dont l’axe est décidé par le comité de rédaction. Initialement, nous avions décidé de nous intéresser à « la notion de discours de vérité dans la recherche scientifique », en partie en raison de l’actualité liée à la situation sanitaire et à son analyse par les sciences exactes, et par les SHS en particulier. À l’intérieur de cette notion, nous avions distingué trois directions : déontologie du discours scientifique, savoirs et créativité, et gestion des données de la recherche. Un programme sans doute très ambitieux, car nous sommes entrés en concurrence avec nombre de projets de recherche et de publications destinés à répondre à l’urgence, bien que notre questionnement ne se centre pas sur la gestion et les effets de la pandémie. « Explorer la notion de discours de vérité dans la recherche scientifique » a impliqué de rester plus que jamais fidèles au vrai en ne présentant que, en ne gardant que, ceux des articles dont les autrices et auteurs nous ont paru bien suivre cet esprit de vérité attendu dans la recherche scientifique.

Les articles reçus après approbation du comité ont fait l’objet d’une évaluation en double aveugle, ce qui a contribué à limiter le nombre d’articles finalement retenus. Une autre rubrique, celles des témoignages de doctorants et doctorantes, a pour sa part, subi les effets des confinements et des conditions de travail de l’année 2021. Les deux autres axes sont à leur tour entrés en concurrence avec d’autres projets, JE, ou école d’été (« La donnée dans tous ses états : entre contraintes et autonomie », ED 58, juin 2022). Même si le nombre de propositions n’est pas celui prévu au départ, nous avons tenu à bien inscrire Éclats dans les questionnements de son époque. Il en va de même pour les recensions, et celle du recueil collectif sous la direction de Françoise Lavocat (Interprétation littéraire et sciences cognitives) est d’autant plus la bienvenue. En un temps où le télétravail a multiplié le temps de travail de tous les chercheurs, rendant plus difficile de trouver des recenseurs et recenseuses, mais aussi des évaluateurs et évaluatrices, nous sommes d’autant plus heureuses et heureux de la qualité de leurs contributions au projet scientifique de ce numéro.

Pour « dégradées » qu’aient été les conditions de recherche en 2021, les manifestations doctorales n’ont pas manqué, qu’il s’agisse de la JE doctorale de l’UMR LIR3S sur « Exclusion : quels processus ? » ou du séminaire devenu webinaire « Dialogues sur les enjeux de la recherche-création pour les sciences humaines #1 » (UR ELLIADD). La première est une JE transversale et la seconde a fait le pari (réussi) de s’intéresser à un doctorat trop peu connu en France : le doctorat en recherche-création, lequel est délivré par l’ED 592 LECLA à celles et ceux qui conçoivent la création comme une activité méritant réflexion et explicitation.

Ce numéro 2 propose deux entretiens, l’un avec Walid El Abed, docteur de l'UFC en traitement automatique des langues, fondateur et PDG de l’entreprise Global Data Excellence à Genève, « la première plateforme d’IA pour la gouvernance d’entreprise avec laquelle vous pouvez dialoguer en langage naturel ». Cette plateforme a reçu le soutien de l’UE via le programme Horizon 2020. Le second entretien a été réalisé en ligne avec Joice Aglaé, elle aussi docteure, comédienne et metteuse en scène brésilienne, qui utilise le masque dans son activité comme en témoigne la riche iconographie qui accompagne ses propos. L’un et l’autre rappellent que le doctorat s’inscrit dans un parcours de vie singulier pour lequel il n’existe pas de débouché unique.

Les trois articles que nous vous proposons s’inscrivent dans l’intitulé « La recherche, le discours scientifique et la chose publique », lequel montre qu’il faut aussi savoir s’adapter à ce qui est publié, à ce que nous publions après évaluation. Pour sa part, Jean-Christophe Coquilhat propose une réflexion nourrie par sa pratique de didacticien sur l’application du Cadre Européen de Référence pour les Langues, et montre que le CECRL a eu pour effet inattendu et paradoxal de limiter les « degrés de liberté de la pratique enseignante selon une orientation dogmatique et une volonté politique d’uniformisation ». En cause, la vulgarisation plutôt que la transposition réfléchie de la complexité du CERCL. En examinant les responsabilités des scientifiques dans les relations entre humains et animaux, dont les conséquences nous atteignent moralement et sanitairement, Émilie Dardenne aborde la déontologie et la place du discours scientifique dans les débats de société. Elle pose la question des représentations scientifiques, et des positionnements influencés et influents des scientifiques, dans un contexte où les activités humaines entraînent des zoonoses. Elle s’appuie sur des problématiques qui se posent à toutes et tous les scientifiques, telles que la neutralité et la contextualité, lesquelles sont éclairées notamment par les sciences humaines. Enfin, Marie-Hélène Fries se penche sur l’interprétation des données dans la médiation du changement climatique, à travers les rapports de l’Intergovernmental Panel on Climate Change (2013-2014) et du Nongovernmental International Panel on Climate Change (2013-2018). Son analyse porte sur l’utilisation du discours de vérité pour légitimer ou décrédibiliser les résultats de la recherche, entre autres par un usage spécifique des termes métaphoriques. Ou quand la science se colore des nuances du langage. Dans ces trois cas, il s’agit bien de la chose publique telle qu’elle est touchée, informée par le discours scientifique, lequel obéit à des critères spécifiques.

Les revues ne se font que rarement l’écho des questions surgissant durant la préparation de chaque numéro ; et pourtant, c’est entre autres le travail intransigeant des membres des rédactions qui permet la qualité scientifique des revues. Dans le contexte du « discours de vérité dans la recherche scientifique », il peut être utile de remarquer une petite partie de ces tâches d’un comité de rédaction visant la qualité et probité : parmi les textes soumis les membres de la rédaction pour ce deuxième numéro, nous avons rencontré plusieurs cas de figure qui nous ont conduits à en refuser la publication. Soumis, comme tous nos articles à l’analyse anti-plagiat, un article s’est révélé avoir été publié très peu de temps auparavant dans un ouvrage collectif sur l’éthique et l’intégrité scientifique. La revue ne publie que des articles originaux et inédits, et leurs auteurs et autrices prennent l’engagement de ne pas les soumettre ailleurs. L’auteur d’un autre article a refusé de modifier sa production après un premier cycle de changements suivant les avis d’évaluation en double aveugle, et nous l’avons encouragé à retravailler ce qui relève à notre sens d’une réflexion passionnante, authentiquement interdisciplinaire, pour en faire un essai ou peut-être, après murissement, un article plus clair soumis à une autre revue. Nous considérons que l’écriture scientifique est le fruit d’un apprentissage que nous essayons d’accompagner le plus éthiquement possible et aussi de la façon la plus constructive. Parfois, c’est le temps de la réflexion qui manque, ou celui des lectures, et ce temps-là échappe à la périodisation. Nous avons suivi l’esprit et la logique que l’on ne peut en même temps intituler un dossier thématique portant sur le discours scientifique, c’est-à-dire sur sa déontologie propre, et publier des articles qui ne la respecteraient pas, quelles qu’en soient les raisons.

Au cours la préparation de ce numéro, Éclats a procédé à l’élection de sa nouvelle rédactrice en chef, Manon Raffard (UR CPTC) en remplacement de François-Claude Rey, rédacteur en chef historique de la revue, mais aussi depuis 2022, docteur de l’ED LECLA et de l’UR CRIT ; auquel nous devons, par exemple, le règlement intérieur de la revue. Ce règlement limite dans le temps les mandats de chacune et chacun des doctorantes et doctorants du comité de rédaction, qui votent les décisions et assument les tâches vitales à la préparation de notre revue. Manon Raffard a en outre stylé les différentes contributions de ce numéro avec l’aide précieuse de Lucie Rousseaux (UMR LIR3S). Nos remerciements à ces deux collègues pleinement investies dans l’édition ouverte et dans le comité de rédaction. De vifs remerciements vont ensuite à Léa Cassagnau (UR CRIT), qui a assuré la prise en charge des évaluations et les rapports avec les évaluateurs et évaluatrices de tous les articles de ce numéro 2.

Le numéro 3 est en cours, il porte sur les humanités médicales comme en a décidé le comité de rédaction. La suite, donc, au prochain numéro.

Citer cet article

Référence électronique

Bénédicte Coste et François-Claude Rey, « Éditorial », Éclats [En ligne], 2 | 2022, . Droits d'auteur : Licence CC BY 4.0. URL : https://preo.u-bourgogne.fr/eclats/index.php?id=334

Auteurs

Bénédicte Coste

Université de Bourgogne, TIL

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François-Claude Rey

Université de Franche-Comté, CRIT

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