La figure d’Arminius dans le roman de Lohenstein Großmüthiger Feldherr Arminius (1689-1690)

  • The Figure of Arminius in Lohenstein’s Großmüthiger Feldherr Arminius (1689-1690)

Résumés

Groβmüthiger Feldherr Arminius, roman posthume de Lohenstein (1635-1683) paru en 1689-1690, est la dernière œuvre à laquelle cet auteur silésien a travaillé jusqu’à sa mort. Après avoir publié de nombreuses tragédies traitant souvent de sujets tirés de l’histoire antique – Cleopatra (1660), Agrippina (1665), ou Sophonisbe (1680) –, Lohenstein, pour ce roman, s’est intéressé en particulier aux écrits de Tacite et de Velleius Paterculus, afin de donner sa vision personnelle du personnage d’Arminius (Hermann) et de la confrontation entre le monde latin et le monde germanique.

Lohenstein’s (1635-1683) posthumous novel Groβmüthiger Feldherr Arminius published in 1689-1690 is the last text this Silesian author worked on in his final years. Having published numerous tragedies based mainly on classical subject – Cleopatra (1660), Agrippina (1665), and Sophonisbe (1680) – Lohenstein concentrated this time on the writings of Tacitus and Velleius Paterculus, resulting in his own personal view of the character Armenius (Hermann) and the confrontation between the Latin and Germanic worlds.

Plan

Texte

1. Introduction : Arminius au fil des siècles

L’année 2009 a été en Allemagne l’occasion de raviver le souvenir du personnage d’Arminius/ Her(r)mann, devenu un ‘héros’ de l’histoire germanique à cause de sa victoire, en l’an 9, sur le Romain Varus et ses légions, dans la forêt de Teutobourg. Au cours d’un colloque organisé dès fin 2008 par l’université de Münster et le Land de Westphalie sous la direction de Martina Wagner-Egelhaaf (Wagner-Egelhaaf 2008), de nombreux participants se sont attachés à montrer comment, dans la littérature et l’histoire allemandes, ce personnage était peu à peu devenu une figure mythique. On peut voir aussi, dans les recherches archéologiques menées en 2008 au sujet de la présence romaine dans la région du Harz, un autre signe de cet intérêt pour l’histoire des Germains, et en particulier pour l’épisode central de la victoire d’Arminius.1 

Les faits historiques eux-mêmes – la victoire du Germain Arminius sur les légions de Varus, le Romain – ont été relatés, avec plus ou moins de précision, par les historiens antiques, en particulier par Velleius Paterculus, dans son Histoire romaine, et par Tacite, dans ses Annales. Les textes de ces deux auteurs, redécouverts au XVIe siècle, ont contribué alors à faire émerger une forme de conscience allemande au sein de l’humanisme européen, avant de devenir ultérieurement des références canoniques pour toute personne intéressée par l’histoire, bientôt devenue mythique, de ce guerrier chérusque, qui avait affronté le général Varus dans un combat quasi singulier.

Pour comprendre comment cet épisode s’est ancré, au fil du temps, dans l’historiographie allemande, il convient de rappeler ici quelques passages du Livre II (et particulièrement les chapitres CXVVII à CXIX), que Velleius Paterculus consacre au désastre de Varus. On peut lire par exemple les propos suivants (Velleius Paterculus 1982 : 124) :

CXVII. A peine César en avait-il terminé avec les guerres de Pannonie et de Dalmatie que […] de funestes nouvelles <parvinrent> de Germanie. Varus avait été tué, trois légions et un nombre égal de corps de cavalerie ainsi que six cohortes avaient été massacrées. […].

En outre, l’historien romain consacre à Arminius des remarques ambivalentes, soulignant, dans un double mouvement, les qualités du chef des Chérusques, mais aussi la trahison commise envers le Romain Varus. Voici quelques lignes qui illustrent la teneur de ce jugement (Velleius Paterculus 1982 : 125) :

CXVIII. […] C’est alors qu’un jeune guerrier, noble, courageux au combat, à l’esprit vif, d’une intelligence supérieure à celle des barbares, nommé Arminius, fils du prince de ce peuple, Sigimer, qui portait sur son visage et dans ses yeux l’ardeur de son âme et qui, pour nous avoir constamment servis lors de la campagne précédente, avait même reçu le droit de cité romaine, puis le rang de chevalier, profita de l’apathie de notre général pour se donner l’occasion de son crime.2

Bien avant le jubilé de l’année 2009, cet épisode, ainsi que le personnage d’Arminius, avaient déjà été célébrés à maintes reprises, dans des circonstances diverses. L’humaniste allemand Ulrich von Hutten avait publié, en 1529, un dialogue en latin intitulé précisément Arminius. Plus tard, l’époque des guerres napoléoniennes allait également fortement contribuer à forger l’image d’un Her(r)mann triomphant, devenu au moment des « Guerres de Libération » le héraut national, porteur de l’esprit guerrier et du courage des Allemands aux prises avec les troupes françaises. A la fin du XIXe siècle, le Reich allemand nouvellement constitué ne pouvait que souligner le caractère fondateur et symbolique de cette victoire des Germains sur l’Empire romain. Dans le contexte de cette époque, portée à l’emphase nationaliste, on avait ainsi érigé dans les environs de la ville de Detmold une statue monumentale à la gloire de « Hermann, le preux Chérusque ».

Ces quelques exemples soulignent évidemment à quel point le personnage d’Arminius, associé le plus souvent à la seule gloire de sa victoire militaire sur les légions d’un général romain, a pu servir à cristalliser toute forme d’élan national allemand, que cet élan soit de nature guerrière, ou seulement intellectuelle. Pendant le XVIIe siècle allemand, que l’on désigne le plus souvent dans l’histoire de la culture ou des idées allemandes comme l’époque du Baroque, l’idée nationale n’a pas encore pris les formes politiques et territoriales qui marqueront de leur sceau les principaux événements des siècles suivants. Toutefois, il est remarquable que le personnage d’Arminius reste présent dans les esprits, et même hors de l’aire germanophone. Ainsi deux auteurs français, Georges de Scudéry et Jean Galbert de Campistron, ont illustré ce personnage à leur manière, par leurs tragédies respectives Arminius ou les frères ennemis (1644), et Arminius (1684).

A cette même époque, c’est toutefois un roman de l’auteur silésien Lohenstein, ouvrage posthume paru en 1689/1690, dont il faut souligner l’importance quant à la réception particulière de la figure d’Arminius dans un contexte politique complexe.

2. Lohenstein, auteur du roman Großmüthiger Feldherr Arminius

Le roman que Lohenstein a composé autour de la figure d’Arminius est une œuvre très tardive dans sa production littéraire, et il convient – plus encore que pour tout autre ouvrage – d’appréhender cet ultime opus à la lumière de la situation particulière dans laquelle se trouvait l’auteur à cette époque de sa vie et de sa carrière. Ces précisions biographiques, de caractère plus général, s’imposent a fortiori lorsqu’on se rappelle qu’à son époque, Lohenstein était un poète reconnu, mais aussi un homme politique important, directement confronté aux sursauts politiques et confessionnels qui ont affecté la Silésie à la suite de la Guerre de Trente Ans.

Pour la postérité, Daniel Caspar von Lohenstein (1635-1683) est devenu célèbre en tant que  poète silésien de Breslau (actuellement Wroclaw), mais il faut rappeler qu’il a également exercé de hautes fonctions officielles en tant que juriste et diplomate. Luthérien convaincu, il avait été formé au lycée Maria-Magdalena de Breslau, lycée où l’on cultivait tout particulièrement l’art de la philologie et de la rhétorique, et où d’ailleurs le jeune Lohenstein pourra plus tard faire représenter certaines de ses pièces de théâtre. Au nom de son attachement à la confession luthérienne, il a été rapidement amené à s’engager pour sauvegarder les intérêts de la communauté luthérienne de Silésie, territoire soumis à cette époque à l’autorité de la dynastie des Habsbourg, ardents défenseurs du catholicisme. La ville de Breslau ayant manifesté avec force son refus d’appliquer un édit impérial qui exigeait de révoquer les maîtres d’écoles luthériens, les édiles allaient tout entreprendre pour éviter de faire subir à leur ville les mêmes pressions que celles auxquelles avaient été soumis au même moment les luthériens de Hongrie. C’est dans ce contexte de tensions politico-religieuses exacerbées, issues de la Contre-Réforme – les troupes impériales étaient prêtes à occuper Breslau – que Lohenstein a été envoyé en 1675 en mission diplomatique à Vienne. Assurant la maison Habsbourg de la loyauté de la Silésie envers l’Autriche, il parvint à négocier une relative liberté de culte pour les protestants de la ville de Breslau et de la province. Il faut toutefois noter que cet apaisement n’allait être que de courte durée, puisqu’en 1702, la puissance impériale réussit à imposer la fondation d’une université jésuite à Breslau.

Lorsqu’en 1675 Lohenstein acquiert une véritable reconnaissance en tant que juriste, édile municipal (il est nommé « Obersyndikus »), et diplomate (il reçoit le titre de « conseiller impérial »), il continue à travailler parallèlement à une œuvre littéraire se composant de poèmes, mais surtout de tragédies, dont les plus célèbres sont par exemple Agrippina (1665), Cleopatra (1661/1680), et Sophonisbe (1680). Pour son roman Arminius, œuvre d’une très grande ampleur, il en appellera d’ailleurs, en guise de captatio benevolentiae, à l’indulgence son lecteur. Dans son « Avertissement au lecteur », il utilisera l’image d’un homme tenant « dans une main, la balance d’Astrée, mais aussi dans l’autre, la lyre d’Apollon »,3 soulignant ainsi qu’il n’était pas seulement un poète et un homme de lettres, mais aussi un homme pris par ses obligations administratives en tant que juriste et homme politique de la ville de Breslau.

Son livre Arminius, le dernier ouvrage de Lohenstein (publié après sa mort), est son seul roman. Cette forme est en partie héritée du genre français héroïco-galant, pratiqué par exemple par Madeleine de Scudéry (avec son œuvre Le grand Cyrus, parue en 1648-1653), ou encore par La Calprenède (qui introduit même le personnage d’Arminius dans son roman intitulé Cléopâtre, 1647-1658).

Sous sa forme allemande, ce type de roman a été désigné par l’expression « roman historique de cour » (« höfisch-historischer Roman »), ou, à l’imitation du genre français, par l’appellation « roman héroïco-galant » (« heroisch-galanter Roman »). Tous les romans écrits à l’époque selon ces deux grandes catégories présentent des caractéristiques récurrentes, propres à établir ce genre littéraire relativement nouveau aux côtés de la tragédie. Les actions concernent le plus souvent un jeune couple, deux personnages de rang élevé (à l’exclusion de tout personnage populaire), dont le sentiment amoureux est contrarié par des événements hostiles, souvent liés aux rebondissements inhérents à l’inconstance de la vie politique. Grandeur et décadence se succèdent, selon les aléas de la Fortune, avant qu’une conclusion heureuse, en forme de ‘happy end’, ne vienne clore une série d’épreuves destinées à mettre à l’épreuve la ‘constance’ (constantia) des personnages, révélant par là-même les desseins bienveillants de la Providence divine.

Les romans de ce type sont des ouvrages complexes, voire touffus, et fondés sur un schéma très élaboré, qui contraste avec les principes de linéarité et de juxtaposition propres au genre du roman picaresque, pratiqué à la même époque en Allemagne, par exemple par Grimmelshausen, avec son ouvrage Der abenteuerliche Simplicissimus Teutsch (paru en 1669). Il s’agit également d’une forme romanesque liée à l’émergence de l’absolutisme politique, et à l’intérêt de plus en plus grand porté à une nouvelle forme d’historiographie, propre à éclairer ou à soutenir certains projets politiques, et visant le plus souvent au renforcement d’une autorité politique centrale. En outre, ces romans sont volontiers fondés sur la métaphore du ‘théâtre du monde’ (theatrum mundi), en correspondance avec le goût de la représentation et de la théâtralité lié au faste monarchique. Enfin, par le mélange de réalité politique et/ou historique et de liberté poétique, les auteurs de romans héroïco-galants leur ont aussi attribué une fonction didactique, les concevant comme des traités politiques d’une lecture plaisante, destinés à de futurs souverains (au sens du terme allemand de « Fürstenspiegel »).4

3. Arminius, roman pluriel

3. 1. Arminius, roman baroque

Dans son roman Arminius, Lohenstein s’est fondé sur les caractéristiques principales du genre héroïco-galant, et à partir de la figure d’Arminius/Hermann, il a composé une œuvre monumentale de plus de 6000 pages, roman historico-politique complexe, mais aussi roman galant, car l’action repose en fait sur le couple que forment les deux personnages d’Arminius et de Thusnelda, sa femme. Il s’agit d’une histoire « politique », d’une « histoire d’amour » et d’une « histoire héroïque », comme le montre le titre du roman, ainsi formulé pour rendre compte de ces trois dimensions principales :

Le magnanime chevalier Arminius ou Hermann, ou le courageux défenseur de la liberté allemande, et, à ses côtés, sa sérénissime Thusnelda, dans une histoire politique, une histoire d’amour et une histoire héroïque, écrite avec intelligence, pour l’amour de la patrie et à la gloire de la noblesse allemande et de sa descendance, présentée en deux parties et ornée de belles gravures.5

Ce roman suit les principes d’une construction « baroque », et il offre au lecteur une architectonique complexe entre chronologie et diégèse, par exemple grâce au jeu des correspondances entre les deux parties, et entre les neuf livres respectifs de chacune de ces deux parties.6 La narration s’organise à partir d’anticipations et de rappels, et d’allers et retours entre le présent du récit (l’histoire d’Arminius), l’histoire en général, et le présent de l’auteur, c’est-à-dire l’époque de l’empereur Léopold Ier.

Toujours en accord avec l’esthétique de ce genre de roman, Lohenstein fait aussi alterner des passages relatifs à l’action et des passages dédiés à la réflexion théorique, parfois menée en forme de dialogue, sortes de traités sur tel ou tel sujet politique, moral, religieux, voire sentimental ou même érotique. A ce sujet, l’étude de Dieter Kafitz a fortement souligné les liens entre la tradition de l’exercice rhétorique de la disputatio et les visées didactiques de ce roman qu’il situe à la charnière « entre baroque et époque des Lumières ».7 

Une présentation succincte de l’action d’un tel roman ne saurait évidemment rendre justice au foisonnement et à la richesse de l’ouvrage de Lohenstein, même s’il convient de souligner ici le mérite des interprètes de ce roman qui ont relevé le défi, et offrent à leurs lecteurs, par un résumé plus ou moins détaillé, une vue synthétique du déroulement de l’action (Lohenstein 1972 : 10-20).8 Dans le cadre de notre propre analyse, nous ne pouvons qu’évoquer les trois moments particuliers qui ponctuent grossièrement le déroulement de l’action et qui entrent en correspondance avec les trois dimensions principales annoncées dans le titre du roman.

Ainsi, dans le premier chapitre du livre I, l’auteur nous livre son récit de la bataille qui a eu lieu dans la forêt de Teutobourg : au contraire de Varus qui se serait détourné à tort de ses responsabilités de combattant, oubliant ainsi « toute science de la guerre », Arminius est présenté comme l’incarnation de toutes les vertus nécessaires à un grand militaire. A son sujet, Lohenstein souligne encore son « goût inné de la guerre », ajoutant qu’« on voyait dans ses yeux le feu de sa magnanimité », ainsi que son « expérience des armes », en partie héritée de son « vaillant père », le duc Sigmar.9 Le deuxième moment – le mariage d’Arminius et de Thusnelda – occupe une place centrale dans le roman, puisque l’auteur consacre à cet événement les chapitres 8 et 9 de la première partie. Enfin, dans le chapitre 9 du deuxième livre, le roman se clôt par un acte politique majeur du personnage d’Arminius : en vertu de la sagesse qui l’habite, celui-ci renonce – au profit de son frère Flavius – à la couronne que lui offrent les chefs chérusques, afin de sauvegarder l’unité naissante entre les différents princes allemands.

Fidèle à la perspective fortement auctoriale propre au roman de cette époque, Lohenstein a d’ailleurs précisé de nouveau ses intentions dans les « Notes » qu’il a ajoutées à la fin de son ouvrage. Il évoque un « objectif triple », lui permettant de réunir une « histoire d’amour », « le reflet de sciences nécessaires et sérieuses », et sa volonté de « donner des anciens Allemands une image autre et meilleure, ainsi qu’une renommée, grâce à des faits racontés avec intelligence ».10 

3. 2. Les avertissements de Lohenstein à son lecteur

Avec son ouvrage Großmüthiger Feldherr Arminius, Lohenstein a ainsi satisfait aux exigences principales du roman héroïco-galant, mêlant intrigue amoureuse, savoirs encyclopédiques, et considérations historico-politiques. « L’avertissement » qu’il adresse en outre à son lecteur (« Vorbericht an den Leser ») permet de tracer plus précisément les multiples intentions poétiques et politiques qui lui ont servi de cadre au cours de la rédaction de ce volumineux ouvrage. C’est pourquoi il convient de rappeler ici la trame de ce texte, placé au début du volume, et inséré, dans l’édition originale, entre la dédicace à la maison du prince-électeur de Brandebourg et un poème dédié au thème, omniprésent à cette époque, de la vanité des choses terrestres.

Pour la connaissance du personnage d’Arminius, nom latin, qui s’énonce en langue allemande Herrmann, Lohenstein rappelle d’abord l’importance des écrits de Tacite, « historien étranger et ennemi des Allemands », lequel a donné toutefois de « notre Arminius le témoignage le plus magnifique du monde ».11 Au-delà de ce rappel, l’auteur proclame ensuite sa foi dans le pouvoir de la raison et du savoir pour l’accession de l’homme à une certaine hauteur humaine, car, selon lui, « la vertu et la science anoblissent l’homme dans son entier ».12 De plus, en accord avec l’exigence formulée également à l’époque par l’auteur français Pierre Daniel Huet dans son Traité de l’origine des romans (1670), Lohenstein établit un lien entre la liberté dont il jouit en tant que poète, et sa volonté de faire œuvre utile, et d’être « utile au monde », en agissant consciemment « en tant qu’honnête chrétien ».13

« L’avertissement » se termine par un dernier souhait, dont la solennité et l’importance sont soulignées par plusieurs effets typographiques, comme l’utilisation de lettres capitales de taille supérieure pour les noms de « Dieu » et de « Léopold » d’Autriche. Lohenstein écrit, en guise d’invocation ultime :

Que DIEU […] préserve pour toujours le bien-être de notre […] Herrmann autrichien, le grand LÉOPOLD, général magnanime, autant que protecteur le plus méritant de la liberté allemande […] ; qu’il bénisse […] la très vénérable maison d’Autriche, afin que sa lignée se répande dans le monde entier, mais que ses rameaux atteignent le ciel […].14

3. 3. Arminius, roman historique et roman à clé

Par la teneur des deux passages qui ouvrent et concluent son « Avertissement au lecteur », Lohenstein indique clairement deux grands axes pour l’interprétation de son roman. La référence à Tacite d’une part, et l’hommage rendu à l’empereur Léopold d’autre part, confèrent au roman Arminius une double dimension dans laquelle s’entrecroisent les champs historique et politique, les faits historiques devenant éventuellement une clé de lecture pour les événements contemporains de l’auteur.

Dans les études consacrées à l’histoire de la culture et de la littérature au XVIIe siècle, les auteurs ont souvent noté l’importance de la réception de Tacite, dont les écrits – après une première édition en 1515 – avaient été réédités en 1575 par Juste Lipse. On a même créé ensuite le terme de ‘tacitisme’, pour évoquer l’influence grandissante de l’historien, en Italie d’abord, puis dans toute l’Europe, Tacite devenant alors à la fois un modèle pour les historiens, et un magister politicae rei, susceptible d’enseigner une forme de nouvelle sagesse politique. En France par exemple, Tacite avait suscité l’admiration de Corneille, puis de Racine, comme en témoigne la « Seconde préface » que ce dernier a rédigée en ouverture de sa tragédie Britannicus (1676).15 A cette époque, l’historien romain est devenu un auteur à la mode, pour deux raisons principales : d’une part, il avait montré, dans ses écrits, un grand intérêt pour l’étude de la nature humaine, et d’autre part, il avait ébauché les premiers fondements d’une réflexion sur l’histoire, et tout particulièrement sur le rôle des hommes dans l’histoire.

Lohenstein nourrit la même admiration pour Tacite que ses pairs français, en particulier en raison de son goût de l’histoire, de sa propre inclination pour la ‘psychologie’ des personnages, et de sa volonté de représenter en détail les passions et les vertus humaines, ce qui constitue aussi un volet important de sa conception de la tragédie. Pendant la rédaction de son roman Arminius, Lohenstein a été influencé – lors de sa collecte des sources – par sa lecture des Annales. On doit cependant préciser que sa lecture de Tacite débouche également sur une appropriation de ces sources, en accord avec ses propres intentions poétiques et politiques. Ainsi, par exemple en ce qui concerne les discours d’Arminius – au discours indirect chez Tacite –, on peut constater que Lohenstein les a transposés au discours direct, en en augmentant aussi la durée, donc la longueur. Ce seul détail est évidemment destiné à héroïser le personnage, trait indissociable des exigences liées au genre du roman « héroïco-historique ».

Ce processus d’appropriation des sources historiques débouche également sur une forme d’actualisation globale des faits relatés, le roman Arminius devenant pour Lohenstein le moyen de s’exprimer personnellement au sujet de son époque et des questions politiques allemandes. En transformant son roman sur le personnage d’Arminius en roman à clé à la gloire de Léopold Ier, Lohenstein utilise en fait un paradigme esthétique courant à l’époque, qui consiste à crypter les œuvres d’art, comme en témoigne le goût de la métaphore, l’art de la poésie chiffrée, ou encore la mode de l’emblématique. Pour le décryptage de son roman Arminius, Lohenstein, qui s’adresse évidemment à un public choisi, attend de ses lecteurs qu’ils pratiquent l’ars combinatoria, art que toute personne cultivée était alors censée pratiquer et maîtriser.

Les spécialistes de l’œuvre de Lohenstein ont pu établir de nombreuses correspondances, par exemple entre le personnage de Drusus et le roi Louis XIV, ou encore entre Germanicus et Turenne (Emrich 1981 : 282).  L’utilisation d’anagrammes fait aussi partie des codes pratiqués à l’époque pour évoquer de façon dissimulée des personnages contemporains, comme par exemple le roi de Pologne Jean Casimir, la reine Christine de Suède, ou l’empereur Maximilien (Lohenstein 1972 : 22). Au nombre des jeux de chiffrage/déchiffrage que Lohenstein a utilisés dans Arminius, il convient enfin d’ajouter l’arbre généalogique qu’il dresse dans ses « Notes générales », à la fin de son roman. L’auteur retrace l’histoire de toute la dynastie des Habsbourg depuis Rodolphe Ier (au XIIIe siècle), en indiquant pour chaque membre des Habsbourg le nom romain correspondant : Maximilien Ier est devenu Aleman, et Philippe II, Hippon. Ce tableau se clôt de façon glorieuse avec le personnage de Léopold, « empereur romain », dont Lohenstein affirme qu’il « mérite d’être nommé l’autre ARMINIUS, à cause de ses victoires incomparables contre les Turcs ».16 

4. Lohenstein et le Saint Empire Romain Germanique : littérature, histoire et politique

En composant, par son roman Arminius, un hymne fervent à la gloire de Léopold de Habsbourg, Lohenstein inscrit volontairement son activité de poète  dans le cadre plus général des réflexions historiques, et surtout politiques, qui le préoccupaient à cette époque. Après sa mission à Vienne en 1675, il était revenu convaincu que seule la dynastie des Habsbourg pouvait réaliser une forme d’unité du Saint Empire, unité nécessaire pour résister aux dangers venus de l’extérieur, par exemple de la France, qui menait une politique expansionniste, mais surtout de l’empire ottoman, qui menait des campagnes répétées pour gagner des territoires à l’ouest. Ainsi, à partir du roman Arminius, on peut établir une correspondance entre les Romains et leurs alliés d’une part, et, d’autre part, les Français, secondés par tous les princes allemands qui leur étaient favorables. En outre, en présentant Arminius comme la préfiguration de Léopold I (1640-1705), Lohenstein a voulu rendre un hommage insistant à son empereur. Il tenait à célébrer le valeureux militaire, vainqueur des Turcs en 1664 (puis en 1683), mais aussi le bon administrateur de ses possessions d’Autriche, ou encore l’homme sincèrement pieux, ainsi que le souverain cultivé qui avait été le protecteur de Leibniz.

Au-delà de cette adresse personnelle, le roman de Lohenstein reflète aussi certaines des thèses développées par la philosophie de l’histoire de l’époque, paradigmes fondateurs de l’histoire universelle issue de la tradition des XVIe et XVIIe siècles, tels que par exemple Georg Horn les avait exposés dans son ouvrage Brevis introductio ad historiam universalem (paru aux Pays-Bas en 1655). Ces paradigmes s’articulent autour de deux points cardinaux : la théorie de la translatio imperii, et donc d’une continuité entre l’empire romain et le Saint Empire Romain Germanique, et la théorie des quatre empires – tirée en partie de la prophétie du livre de Daniel, chapitre 7 –, laquelle établit une filiation antérieure entre les empires assyrien, perse, grec et romain.17 Aux yeux de Lohenstein, la filiation entre Arminius et Léopold n’est donc pas seulement le résultat d’une parenté de caractère entre deux personnages valeureux. Elle doit être lue à l’aune de cette continuité historique entre romanité et germanité, ce que Lohenstein souligne parfois à l’excès, par exemple en énumérant dans ses « Notes » tous les hauts faits guerriers de l’Antiquité, ainsi que les ‘héros’ César, Pompée, Alexandre le Grand, Hannibal, avant d’ajouter que tous ces exploits n’auraient pas été possibles « sans les conseils et le secours des Germains ».18

Arminius apparaît donc comme un roman historique ‘allemand’, qui confine parfois à l’excès quant à l’importance donnée à la matière nationale ; mais c’est surtout un roman politique sur la situation du Saint Empire Romain Germanique, sans qu’il s’agisse seulement d’un plaidoyer pro domo. Dans son roman, Lohenstein aborde aussi des sujets plus larges, emporté par sa volonté quasi encyclopédique de passer en revue tous les problèmes de son époque. Les thèmes politiques qu’il aborde – absolutisme et bonne gouvernance – rappellent l’influence qu’ont exercée sur lui les théoriciens espagnols Baltasar Gracián et Diego Saavedra Fajardo, ainsi que le goût de l’époque pour le roman d’éducation politique à l’usage des futurs souverains.19 Toutefois, ces réflexions politiques débouchent aussi sur des interrogations plus générales, portant par exemple sur des thèmes moraux et/ou religieux. L’importance que Lohenstein accorde au personnage de Thusnelda peut ainsi être perçue comme une première forme de reconnaissance du rôle des femmes, eu égard à leurs capacités et à leurs talents spécifiques.20

En parallèle avec le développement de l’absolutisme politique au cours du XVIIe siècle en Allemagne comme en France, Lohenstein représente le prince idéal, incarné par Arminius/Léopold, comme le garant de la monarchie absolue, meilleur système politique à ses yeux. Toutefois, chez Lohenstein, les qualités morales et humaines du souverain, lequel doit être sage et raisonnable, sont des exigences qui se substituent en grande partie au principe métaphysique de la royauté de droit divin, telle qu’elle était en vigueur en France. Au fil des événements vécus par Arminius, il dresse dans son roman le tableau de ces qualités humaines indispensables pour gouverner avec sagesse. A la place de la constantia stoïcienne, prônée par son contemporain Gryphius dans ses « tragédies de martyrs » (« Märtyrerdramen »), il célèbre plutôt l’importance de la mesure, à l’image de la métriopathie aristotélicienne, en condamnant toute forme de démesure, née d’un déséquilibre entre les passions et la raison. Arminius, qui ne faillit qu’une fois à l’impératif de maîtrise de soi (Szarota 1970 : 46), se distingue par la connaissance qu’il a de lui-même, de ses qualités comme de ses faiblesses. Par sa « magnanimité », que souligne l’intitulé du titre, il incarne une vision humaniste et positive de l’être humain, l’homo politicus actif du roman s’opposant ainsi à l’homme martyr et victime du destin, tel que le présentait la tragédie.

Dans l’art de gouverner, Arminius doit aussi exercer la prudentia, mais en un sens différent des préceptes exposés antérieurement par Machiavel : il s’agit pour lui de faire un bon usage de la raison, plutôt que de recourir à la dissimulation ou à la ruse. Lohenstein, en soulignant encore l’aversion de son héros à l’égard de la guerre, ajoute un trait d’humanisme supplémentaire à son personnage, engagé sur la voie d’un progrès humain.21 Ainsi, l’auteur établit une cohérence entre l’éthique personnelle du souverain et les desseins de la Providence, réconciliant en quelque sorte un providentialisme de nature uniquement religieuse et les exigences de la raison, telles que celles-ci s’imposent à l’homme.

Avec son Arminius, roman historique et politique, Lohenstein glorifie le personnage central afin de mieux affirmer la nécessaire autonomie du Saint Empire, et de magnifier la souveraineté « allemande ». Toutefois, on peut souligner qu’il élargit cette perspective historico-politique en étirant jusqu’à la Chine, et même l’Amérique, le champ géographique considéré, apportant en quelque sorte à son roman les dimensions d’une histoire universelle.

Par la richesse de son roman, Lohenstein propose en outre à ses lecteurs une réflexion d’ordre culturel. En effet, il dépasse la question de la confrontation binaire de deux mondes, le monde romain et le monde germain, et s’interroge de façon nuancée sur le rapport entre culture et barbarie. Tacite avait déjà, dans certains de ses écrits, corrigé l’image du Germain, souvent présenté par les historiens romains, comme un guerrier « barbare », et il avait vanté les vertus morales et le courage des ennemis des légions romaines. En précisant que son personnage d’Arminius, dans sa jeunesse, avait été éduqué en partie à Rome, Lohenstein reconnaît indirectement l’apport culturel que les Germains doivent aux Romains, et atténue de cette façon l’opposition souvent cultivée entre romanité et germanité.

Enfin, cette forme d’ouverture intellectuelle et culturelle se retrouve dans le roman de Lohenstein à propos des sujets religieux. L’univers dans lequel vit Arminius se caractérise par la multiplicité des formes de culte, dont les deux principales sont pratiquées par les druides (représentant les catholiques), et les bardes (figurant les luthériens). Toutefois, au lieu de développer le contraste entre les deux religions, Lohenstein met l’accent sur l’idée d’un Dieu unique, garant de l’ordre du monde, et dont il admet volontiers qu’il puisse être célébré de façon différente, selon les traditions culturelles et les aires géographiques. On perçoit là l’intérêt de l’auteur pour une position supra-confessionnelle, ce qui peut s’expliquer par l’influence naissante d’une forme de pensée rationaliste, déjà annonciatrice de l’exigence de tolérance formulée plus tard par les représentants des Lumières.

5. Conclusion : Arminius, un roman baroque patriotique ?

La glorification croisée des personnages d’Arminius et de Léopold de Habsbourg a pu entraîner certains critiques à considérer que le roman de Lohenstein reposait sur une « falsification de l’histoire », née d’une forme de « mégalomanie nationaliste » condamnable.22 Convient-il alors d’envisager que Lohenstein a voulu instrumentaliser, voire récupérer, l’Arminius historique au profit de thèses historiques, politiques et philosophiques tendancieuses ?

Cette question ne saurait être tranchée en vertu de principes théoriques supra- ou anachroniques, car le roman Arminius et son auteur doivent être considérés dans le contexte culturel particulier de la fin de l’époque baroque, tel qu’il s’était développé en Silésie, et en général dans les territoires de culture allemande. L’influence baroque se traduit d’abord sur le plan de la forme de ce roman, dans lequel Lohenstein pratique un usage conscient de l’art de la rhétorique. Par des formes savantes relevant de la dispositio ou de la laudatio, et par des effets d’insistance ou de redondance, il cherche avant tout à convaincre son lecteur. Les effets d’emphase ou d’héroïsation développés au sujet du personnage d’Arminius/Léopold ne sont à cet égard que l’émanation directe de cette rhétorique particulière. De façon analogue, la lecture providentialiste du règne de Léopold, de « l’autre Arminius », telle que Lohenstein la propose dans son roman, s’explique par le lien, conçu comme indissociable à l’époque baroque, entre la religion, l’éthique et la politique. L’auteur, dans son roman, a ainsi procédé à une poétisation, voire à une idéalisation du personnage d’Arminius, en accord avec un mode de pensée et d’écriture typiquement baroque, et donc étranger à toute volonté arbitraire d’instrumentalisation idéologique.

En outre, par son refus d’un confessionnalisme strict au bénéfice d’une confiance plus grande dans la raison et dans la nature humaine, Lohenstein propose, avec son Arminius, un modèle anthropologique en mutation, selon lequel l’homme n’est plus considéré seulement comme un pécheur devant Dieu, mais aussi comme un acteur raisonnable de la marche du monde. En transcendant lui-même le cadre strict de la pensée et de l’éthique baroques, l’auteur invite donc son lecteur à considérer son œuvre dans un contexte temporel particulier, et donc à l’appréhender selon des critères diachroniques.

Ainsi, toute construction politique idéologique a posteriori, présentant le roman de Lohenstein comme un ouvrage nationaliste ou chauvin, n’est qu’une interprétation anachronique par rapport à la situation de l’époque. L’aspiration à l’unité des pays allemands, telle que Lohenstein la cristallise autour de la figure de Léopold/Arminius, est essentiellement liée à l’idée dynastique et au prestige de la maison Habsbourg, et étrangère à la revendication d’une supériorité nationale exclusive et xénophobe. A ce propos, le terme de « patrie » (« Vaterland »), tel que Lohenstein l’utilise dans le titre de son roman écrit par « amour de la patrie » (« dem Vaterlande zu Liebe ») n’est certainement pas l’exact synonyme de celui qu’emploieront plus tard tous les adeptes d’un nationalisme allemand politique, voire belliqueux. Sans doute les excès partisans de certains critiques à propos du roman de Lohenstein doivent-ils être interprétés plutôt comme le signe d’une longue contamination nationaliste, suscitée par les constructions mythiques postérieures. Car, en l’occurrence, il convient de reconnaître, à la lumière de l’histoire, la force d’impact des dérives nationalistes et chauvines sur la réception de la figure d’Arminius. Ainsi, la pièce de Kleist La bataille d’Hermann (Die Hermannsschlacht, 1808), écrite dans le contexte des guerres napoléoniennes, s’inscrit par exemple dans le contexte de ce sursaut de « l’esprit national ». A contrario, l’ironie avec laquelle Heine s’est moqué du culte national que l’on a commencé à vouer, dans les années 1840 et suivantes, au héros Hermann, est un contrepoint bienvenu aux multiples célébrations officielles organisées par l’Empire allemand de Guillaume Ier et Guillaume II. Dans le poème XI de son cycle Germania, conte d’hiver, Heine dépouille « Hermann, la noble épée » de tout atour glorieux, jouant avec l’hypothèse d’Allemands « devenus Romains », « si Hermann n’eût pas gagné la bataille avec ses hordes blondes ». Dans la strophe finale, le poète ajoute une dernière touche critique à l’égard de la souscription lancée pour la construction d’un monument, et, dans une ultime pirouette, il s’écrie (Heine 1978 : 166-167) : « O Hermann ! Voilà ce que nous te devons ; c’est pourquoi, comme bien tu le mérites, on t’élève un monument à Dettmoldt ; j’ai souscrit moi-même pour cinq centimes. »23

Bibliographie

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Kafitz, Dieter (1970). Lohensteins Arminius – Disputatorisches Verfahren und Lehrgehalt in einem Roman zwischen Barock und Aufklärung. Stuttgart : Metzler.

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Notes

1 Voir l’article de Christian Thomas dans la Frankfurter Rundschau : „Terra incognita – Die Römer im Harz? Die Verwunderung ist aufschlussreich für das deutsche Germanenbild.“ (20/21 décembre 2008 : 33) Retour au texte

2 Voir aussi Tacite (1978: 51) : « Mais Varus tomba, victime du destin, sous les coups d’Arminius. » Retour au texte

3 Lohenstein, I (1972 : non paginé) : „Vorbericht an den Leser : Dass man gar wol in der einen Hand der Astrea Wagschale / in der andern aber auch des Apollo Leyer führen könne.“ Retour au texte

4 Emrich (1981 : 261) : „Der Roman als Hof- und Adelsschule“. Retour au texte

5 „Großmüthiger Feldherr Arminius oder Herrmann, Als ein tapfferer Beschirmer der deutschen Freyheit / Nebenst seiner Durchlauchtigen Thußnelda In seiner sinnreichen Staats- Liebes- und Helden-Geschichte Dem Vaterland zu Liebe Dem deutschen Adel aber zu Ehren und rühmliche Nachfolge In zwei Theilen vorgestellet / Und mit annehmlichen Kupffern gezieret.“ (Traductions en français de l’auteur.) Retour au texte

6 Voir le schéma de Szarota, in Lohenstein, I, (1972 : 8-9). Retour au texte

7 Voir le titre de l’ouvrage de Kafitz (1970). Retour au texte

8 Voir aussi Asmuth (1971 : 164-166). Retour au texte

9 Lohenstein, I (1972 : 45 a) : „Also verlernte Quintilius Varus vollends alle Kriegs-Wissenschaft; […] Dem deutschen Feldherrn hingegen war die Kriegs-Lust angestammet / das Feuer der Großmüthigkeit sahe ihm aus den Augen / und die Erfahrenheit der Waffen hatte er theils von seinem tapffern Vater Herzog Sigmarn / theils in denen Römischen Lägern selbst gelernet.“ Retour au texte

10 Lohenstein, I (1972 : 4-6). „Anmerkungen: Von dem dreifachen Zweck: Liebesgeschichte / Blendwerck nothwendiger und ernsthaffter Wissenschaften / der alten Deutschen durch sinnreich erdichtete Umstände eine andere und bessere Gestalt und Ansehn zu geben.“ Retour au texte

11 Lohenstein, I (1972, Vorbericht an den Leser) : „Wir wollen aber den hochgünstigen Leser an den grossen Lehrmeister und Fürsten der Staats-Klugheit / den Cornelius Tacitus gewiesen haben […] / daß derselbe als ein ausländischer Geschichts-Schreiber und Feind der Deutschen […] von unserm Arminius das herrlichste Zeugnüs von der Welt abgeleget […].“ Retour au texte

12 Lohenstein, I (1972) : „Tugend und Wissenschaft [macht] aber den ganzen Menschen edel (Vorbericht an den Leser).“ Retour au texte

13 Lohenstein, I (1972, Vorbericht an den Leser) : „Daß er der Welt dadurch einen guten Nutzen zu schaffen getrachtet / als ein rechtschaffener Christ.“ Retour au texte

14 Lohenstein, I (1972, Vorbericht an den Leser) : „Daß der grosse GOTT / […] unsern […] Oesterreichischen Herrmann / den Grossen LEOPOLD / einen nichts minder großmüthigen Feldherrn / als preißwürdigsten Beschirmer deutscher Freyheit in unverrucktem Wohlstande erhalten […] / auch das […] Erzhaus Oesterreich dergestalt segnen wolle : daß dessen Stamm sich durch die ganze Welt ausbreiten / seine Zweige aber biß in den Himmel reichen mögen.“ Retour au texte

15 Racine (1933 : 14). « J’avais copié mes personnages d’après le plus grand peintre de l’antiquité, je veux dire d’après Tacite. » Retour au texte

16 Lohenstein, II (1972 : 15) : „Leopold/Römischer Kayser; der wegen seiner unvergleichlichen Siege wider die Türcken der andere ARMINIUS genennet zu werden verdienent.“  (Allgemeine Anmerckungen) Retour au texte

17 Lohenstein évoque cette même théorie à la fin de la tragédie Sophonisbe. Voir „Reyen Des Verhängnüsses / der vier Monarchien“, Lohenstein (2007 : 120-123). Retour au texte

18 Lohenstein, II (1972 : 5) : „Daß die Römer / insonderheit aber Cäsar / Pompejus / Antonius / Augustus / nicht weniger die Griechen / vornehmlich Alexander der Grosse / ingleichen der sieghafte Hannibal mit seinen Mohren […] und fast die ganze Welt nichts wichtiges ohne der Teutschen Rath und Hülfe ausgeführet hätten […].“ (Allgemeine Anmerckungen) Retour au texte

19 Voir Les Aventures de Télémaque de Fénelon (1699). Retour au texte

20 Voir en France le texte de Poullain de la Barre, paru en 1673 sous le titre De l’Egalité des deux Sexes, discours physique et moral où l’on voit l’importance de se défaire des préjugés. Retour au texte

21 Lohenstein, I (1972 : 57b-58a) : „Dahero hielt er den Eyfer der hitzigen und zum Sturme begierigen Deutschen mit allem Fleiß zurück […].“ Retour au texte

22 Laporte (1967 : 5, 15) : „Erstes Kapitel / Lohensteins barocke Geschichtsklitterung / Mit all dem ist dem nationalistischen Größenwahn noch nicht genug geschehen.“ Retour au texte

23 Heine (2001: 32-34) : „Hier schlug ihn der Cheruskerfürst, / Der Hermann, der edle Recke; […] Wenn Hermann nicht die Schlacht gewann, / Mit seinen blonden Horden, / So gäb es deutsche Freiheit nicht mehr, / Wir wären römisch geworden. […] O Hermann, dir verdanken wir das! / Drum wird dir, wie sich gebühret, / Zu Detmold ein Monument gesetzt; / Hab selber subskribieret.“ Retour au texte

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Référence électronique

Marie-Claire Méry, « La figure d’Arminius dans le roman de Lohenstein Großmüthiger Feldherr Arminius (1689-1690) », Textes et contextes [En ligne], 10 | 2015, publié le 01 décembre 2015 et consulté le 14 octobre 2024. Droits d'auteur : Licence CC BY 4.0. URL : http://preo.u-bourgogne.fr/textesetcontextes/index.php?id=1081

Auteur

Marie-Claire Méry

Maître de Conférences / HDR, Université de Bourgogne/UFR Langues et Communication, Centre Interlangues Texte Image Langage EA 4182, 4 boulevard Gabriel, 21000 Dijon, France

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