Denis Collin est un des commentateurs importants de l’œuvre de Marx, dont il donne d’ailleurs une lecture singulière (Comprendre Marx et Le cauchemar de Marx, 2009, chroniqués sur notre site). Yves Rouvière est illustrateur, ayant collaboré précédemment à un volume sur Freud. A eux deux, en une courte centaine de pages, ils fournissent un digest divertissant sur Le Capital. Si les illustrations abondent, c’est d’abord bien entendu vers le texte qu’il faut se pencher. Dix chapitres sont consacrés au Capital, plus un qui présente quelques repères biographiques sur Marx. Autour des notions essentielles développées par Marx, exploitation, aliénation, crise, valeur, accumulation, l’auteur offre quelques suggestives remarques sur l’apport marxiste. Bien entendu, il ne faut pas demander trop à ce genre d’exercice quand on connaît l’ampleur théorique de cet ouvrage, ayant demandé presque vingt années à son auteur pour être finalisé.
Mais au-delà de l’aspect nécessairement synthétique, plusieurs formulations introduisent à des affirmations contestables. Ainsi, avancer que « Le renversement du capitalisme devra être aussi l’expropriation des expropriateurs et la restauration de la propriété individuelle, mais sur la base de la production socialisée » (p. 39, souligné par nous) renvoie à une approche assez peu redevable à Marx. De même, p. 47, écrire que « la baisse spectaculaire de la part des salaires dans le revenu par habitant ne s’est pas traduite par un accroissement spectaculaire de la pauvreté », constitue une formulation pour le moins discutable. Une autre phrase affirmant que « Après l’Asie, il restera à intégrer complètement l’Afrique, mais l’Antarctique risque fort de ne pas être un champ d’accumulation du capital fort prolifique », p. 83-84, au moment même où les grandes compagnies, en particulier pétrolières, envisagent l’exploitation des ressources sous-marines de cette partie du monde apparaît pour le moins osée. Difficile de trancher sur le sens de telles affirmations : thèse sous jacente, écriture trop rapide, relecture mal maîtrisée ? En tous les cas, il est dommage que dans un tel ouvrage à vocation pédagogique se glissent des phrases ambigües, voire carrément fausses.