Danielle Tartakowsky, La part du rêve. Histoire du 1er mai en France, Paris, Hachette-Littérature, 2005, 334 p.

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On disposait déjà d’excellentes études sur l’histoire de cette journée dédiée aux travailleurs (Dommanget, 1972 et Rodriguez, 1990). Avec ce nouvel opus d’une œuvre considérable, l’historienne de l’Université Paris VIII nous offre un monument. Pour mesurer l’ampleur du travail fourni, il suffit d’avancer que ce livre ne compte pas moins de 70 pages de notes, basées sur un dépouillement extensif de sources archivistiques (imprimés, journaux éphémères, presse diverse et variées, archives publiques et privées). Difficile d’imaginer un travail aussi complet et érudit que celui qui nous est permis de lire. Un seul regret, l’absence de reproductions iconographiques, d’autant plus frustrante que l’auteure passe beaucoup de temps à décrire avec un luxe de détails les affiches ou certaines illustrations (voir notamment p. 103). Son propos s’articule autour de la thèse de la plasticité du sens de l’évènement. Les trois parties, correspondants à différentes périodes de l’histoire ouvrière et nationale, structurent le propos. De sa naissance jusqu’au Front Populaire, la journée s’appuie sur la permanence des mythes fondateurs, celui du folklore, celui de l’insurrection et des grèves. C’est la période d’appropriation sociale d’une journée qui la fait pénétrer dans l’imaginaire aussi bien national qu’international. Dans un second temps, beaucoup plus bref (si l’on excepte la période de Vichy), le 1er mai est l’incarnation de la souveraineté ouvrière, l’affirmation de la primauté du syndicat. Reconnu jour férié et chômé à la Libération, le premier Mai devient un miroir de l’activité syndicale, des sens différents qu’un syndicalisme pluraliste lui confère. Le muguet remplace définitivement l’églantine comme symbole de cette journée. La fin de période est marquée par une tendance au déclin de l’hégémonie syndicale sur ce jour et la montée en puissance, dans le cadre du mouvement altermondialiste, notamment, des associations aussi diverses que multiples qui tendent à dominer l’espace de la contestation. Moment universel et symbolique, le 1er mai n’en survit pas moins à tous les obstacles. Condamné dès sa naissance (le chapitre 2 s’intitule « Un immédiat déclin ? ») à l’obsolescence, le premier jour de Mai n’en prolonge pas moins son existence, preuve peut-être de l’irréductibilité de l’utopie qui l’a vu naître et se développer.

Dommanget Maurice, Histoire du premier mai, Paris,Tête de feuilles, 1972.

Rodriguez Miguel, Le 1er mai, Paris, Gallimard, coll. « Archives », 1990.

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Georges Ubbiali, « Danielle Tartakowsky, La part du rêve. Histoire du 1er mai en France, Paris, Hachette-Littérature, 2005, 334 p. », Dissidences [En ligne], Juillet 2012, Nos archives du mois : grèves et manifestations, publié le 08 juin 2012 et consulté le 17 avril 2024. URL : http://preo.u-bourgogne.fr/dissidences/index.php?id=624

Auteur

Georges Ubbiali

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