Emmanuel Terray, Le troisième jour du communisme, Arles, Actes sud, 1992, 107 p.

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Cet ouvrage n’apparaît pas franchement comme une nouveauté, puisque paru il y a plus de dix ans. Il conserve néanmoins tout son intérêt et une fraîcheur intellectuelle que bien des essais actuels pourraient lui envier. Terray est reconnu pour ses travaux d’anthropologie, dont les derniers portent sur l’esclavage. S’il aborde incidemment l’anthropologie, ce livre constitue en fait une sorte d’autobiographie intellectuelle de l’auteur. En effet, Terray propose un retour critique sur ce qui fut son engagement dans le mouvement maoïste des années 60-70. Constitué de courts textes parus préalablement dans des revues obscures, ces chapitres mis bout à bout dessinent une pensée du plus grand intérêt. S’appuyant sur un extrait de Matthieu, « Ils le feront mourir, et le troisième jour il ressuscitera », qui donne le titre de l’ouvrage, Terray se propose de distinguer le bon grain de l’ivraie de ce qui fut (et semble demeurer) son horizon d’attente. A l’encontre d’une bonne partie des dirigeants du maoïsme, le bonhomme ne lâche pas la proie pour l’ombre. Certes le marxisme qu’il professât et auquel il adhérât dans ses années de jeunesse lui apparaît comme une (sanglante) impasse. Pour autant, ainsi qu’il s’y essaie dans ces lignes, l’espoir d’une société autre continue de le hanter. Bien qu’il ne se reconnaisse pas dans le trotskysme, sa réflexion centrée sur un marxisme débarrassé de son mécanisme  rejoint par de nombreux aspects celle déployée en parallèle par Daniel Bensaïd : « Renonçant à la prétention de coïncider avec une origine radicale, le matérialisme est inévitablement une philosophie du hasard, du risque et du pari » peut-il ainsi écrire (p. 66). S’appuyant sur la lecture libertaire de Rosa Luxemburg, il dessine une action politique autre, ayant rompu avec l’Etat et visant un dépassement du Parti. Il en appelle, en conclusion, au développement d’une pensée politique articulée autour du développement de l’autogestion généralisée. Réflexion qui suscite une large sympathie, même si le lecteur n’est pas obligé de suivre l’anthropologue dans chacune des pistes ouvertes ici.

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Georges Ubbiali, « Emmanuel Terray, Le troisième jour du communisme, Arles, Actes sud, 1992, 107 p. », Dissidences [En ligne], Communisme français, publié le 27 septembre 2012 et consulté le 24 novembre 2024. URL : http://preo.u-bourgogne.fr/dissidences/index.php?id=485

Auteur

Georges Ubbiali

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