Tous deux chercheurs au centre d'études de la vie politique française, M.-C. Lavabre1 et F. Platone nous offrent un ouvrage s'articulant autour de deux grands axes.
Descriptifs dans un premier temps, nos deux auteurs établissent un état des lieux du PCF en soutenant la thèse que son organisation, désirant évoluer en signe d'adaptation à son environnement, s'est finalement compromis en annihilant ses propres capacités d'action. Analyse historique d'abord, le PCF, au fil de ses congrès nationaux, se lie progressivement d'amitié avec la démocratie abandonnant le modèle passé ayant prévalu pendant plus d'un demi siècle. Par le prisme sociologique ensuite, le PCF autrefois ouvrier, jeune et actif est aujourd'hui un parti vieillissant et perdant de sa prépondérance ouvrière. On assiste à la disparition progressive du phénomène de " contre société ", le PCF devenant le parti politique le plus représentatif de la société française par sa composition sociale. Au pied du mur, à vouloir s'adapter systématiquement à son environnement, l'organisation abandonne ses propres valeurs, qu'elles soient gênantes (le centralisme démocratique), singulières (l'ouvriérisation du parti), ou tribunitiennes (le parti de la classe ouvrière) ; un certain nombre de principes qui autrefois faisaient alors sa force. Cette argumentation construite, Lavabre et Platone s'emploient ensuite à définir les causes pour en donner les " remèdes " ! Entre explications exogènes (évolution de la société, effondrement des régimes socialistes, évolution des modes de scrutin) et endogènes (loyauté à l'égard de l'Union Soviétique, stratégie d'alliance floue avec les socialistes, luttes internes et épurations périodiques), nos deux auteurs exposent les " recettes " pour une éventuelle reconstruction du PCF ou au moins de sa spécificité. Que reste-t-il du PCF ? à quoi sert le PCF ? telles seraient les variables redéfinies dans ce livre. Contre l'idée communément admise du déclin, et comparé aux autres forces politiques (excepté l'extrême gauche !), le PCF garde des atouts pour rebondir. Il ne va pas si mal en terme d'adhésion, son implantation locale est enviable, il reste une clé indispensable à une majorité de gauche… il ne lui manque alors plus qu'à trouver des espaces politiques, idéologiques et sociaux à investir. Sorte d'état des lieux, où le politique déborde parfois sur l'étude scientifique, ce petit livre reste à lire pour qui cherche à mieux comprendre le PCF de ces trente dernières années. On peut regretter l'absence d'une analyse comparative des groupes politiques d'extrême gauche, alternatif à un PCF en perte de réaction.