Ngo Van, Au pays d’Héloïse, Paris, L’Insomniaque, 2005, 114 p.

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Trotskysme

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Ngo VAN, Au pays d’Héloïse, Paris, L’Insomniaque, 2005

Ngo VAN, Au pays d’Héloïse, Paris, L’Insomniaque, 2005

L’auteur est un des fondateurs et acteurs du mouvement trotskyste dans le Viet-nâm colonial, histoire qu’il a développée dans l’excellent Viêt-nam 1920-1945. Révolution et contre-révolution sous la domination coloniale et dans son autobiographie, Au pays de la Cloche fêlée, tribulations d’un Cochinchinois à l’époque coloniale (L’Insomniaque, 1995 et 2000). Au pays d’Héloïse devait constituer le second volet de cette autobiographie. Hélas, la mort de Ngo Van au début de l’année 2005 n’a pas permis de mener à bien ce projet. Néanmoins, les éditions L’Insomniaque ont décidé de publier les premiers chapitres de ce récit inachevé, marqués par une certaine poésie de l’écriture. Cela nous vaut quelques pages sur l’arrivée de Ngo Van en France en 1948, sa convalescence liée à la tuberculose dans un sanatorium de Cambo, ses conditions de vie souvent précaires, ses périples dans différentes usines (Simca à Nanterre, Mors à Clichy) avec la stigmatisation de l’exploitation ouvrière : discipline, hiérarchie, mais aussi solidarité ouvrière (dont son amitié avec Paco Gomez, ancien de la guerre d’Espagne), malgré une certaine déception à l’égard d’ouvriers plus ancrés dans le conformisme qu’intéressés par la politique. On a également droit à quelques notes, hélas très fragmentaires, sur le sort des Vietnamiens amenés en France comme tirailleurs et ouvriers en 1939 et sur l’activité des trotskystes vietnamiens en France dans les années d’après-guerre. Rapidement, Ngo Van va rompre avec les trotskystes pour militer dans la mouvance « ultra-gauche », en particulier à travers sa rencontre avec Sania Gontarbert et l’adhésion à l’Union ouvrière internationale (qui éclate en 1952). Il marque à ce propos son désaccord avec le soutien même critique des trotskystes à Ho Chi Minh et au Vietminh ainsi qu’à la Yougoslavie de Tito, qu’il alla voir avec les brigades initiées par ceux-ci. La seconde partie du volume est constituée du reprint de plusieurs articles qu’il a écrit entre autre dans ICO (Informations et correspondances ouvrières) ou dans les Cahiers de discussion pour le socialisme des conseils. Ngo y fait part de son hostilité à l’égard des partis léninistes, embryons d’Etat et fourrier d’une nouvelle classe exploiteuse, et évoque les événements de Mai 68 tels qu’il les vécut à l’usine Jeumont-Schneider, ainsi que l’histoire du Viêt-nam. Ce livre, chaleureusement préfacé par les éditeurs, dont il était proche, qui rappellent sa vie avant 1948, avec quelques piques anti-trotskystes de rigueur, est également un hommage à l’artiste Ngo, qui était peintre et photographe à ses heures. Une sélection de ses tableaux, en couleur, est proposée, ainsi que des photos de lui-même ou de ses proches. Le témoignage d’Hélène Fleury, qui se rendit avec lui au Viêt-nam en 1997, complète cet ensemble attachant.

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Référence électronique

Georges Ubbiali et Jean-Guillaume Lanuque, « Ngo Van, Au pays d’Héloïse, Paris, L’Insomniaque, 2005, 114 p. », Dissidences [En ligne], 2 | 2011, . URL : http://preo.u-bourgogne.fr/dissidences/index.php?id=189

Auteurs

Georges Ubbiali

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