Publié dans la collection « Art & Société » des Presses Universitaires de Rennes, l’ouvrage est présenté dès la « Préface » (p. 7) comme l’expression d’un hommage collectif rendu au musicologue Guy Gosselin, professeur émérite à l’Université de Tours.
Une introduction des deux directeurs de l’ouvrage permet au lecteur de découvrir la carrière riche et variée de Guy Gosselin, à la fois violoniste confirmé et enseignant au parcours prestigieux (agrégé en Éducation musicale puis professeur en École normale avant une carrière à l’Université de Tours). Il émane également de cette introduction la volonté de remercier avec une particulière chaleur un maître dont on salue « un engagement sans faille auprès de ses collègues et de ses étudiants » ainsi que « dans la vie sociale de la recherche et de l’enseignement » (p.11).
L’ouvrage s’articule en cinq parties qui sont autant de rubriques thématiques correspondant aussi à la variété du public auquel s’adresse l’ouvrage ; les musiciens et les musicologues, les sociologues et les historiens de l’art, mais aussi les lecteurs simplement mélomanes trouveront au fil des articles de quoi satisfaire leur curiosité d’expert ou d’amateur.
Les trois premières parties – « Violons et violonistes », « L’espace social de la musique : les salles, les programmes et la presse » et « Sociologie de la musique en France » - s’adressent à un public large, curieux de découvrir dans quelle mesure la musique est véritablement un « enjeu de société » (titre de l’encart iconographique riche de vingt planches, entre les pages 80 et 81). Les auteurs des contributions analysent par exemple le rôle des concerts dans la vie musicale sous l’Occupation, l’importance sociale de la loge d’opéra dans la vie mondaine au XIXe siècle, la dimension bourgeoise du piano chez Zola, ou encore la fonction essentielle des formes de diffusion et de réception de la musique (par la critique et l’édition musicales ou la publication de « journaux de musique à Paris à la fin du XVIIIe siècle). D’autres articles s’attachent à préciser le portrait de tel ou tel musicien, grâce à la lecture de correspondances entre artistes ou à l’esquisse de la « condition politique du musicien » (il s’agit ici de Camille Saint-Saëns).
Dans les deux dernières parties intitulées respectivement « La musique française » et « Transferts et esthétique », le propos s’adresse plus spécifiquement à des lecteurs spécialistes de l’esthétique de la musique : parmi les contributions de ces deux parties, il est par exemple question de la notion de « musique absolue », mais aussi de l’analyse de certaines œuvres, parfois à l’aide d’extraits de partitions, comme c’est le cas par exemple dans un article consacré à la « Marche des pèlerins » de Berlioz.
Cet ouvrage – malgré sa nature circonstancielle – est solidement construit et déroule un panorama qui, quoique fragmentaire, est révélateur des nombreuses facettes de la vie de la musique et des musiciens depuis le XVIIIe siècle, en pleine harmonie avec la volonté d’interdisciplinarité qui a animé la carrière du musicologue Guy Gosselin. Ainsi, les liens qui s’entrecroisent entre les différentes parties sont de nature à éveiller la curiosité du simple mélomane pour un article d’esthétique musicale, ou encore celle du musicien pour une contribution d’histoire ou de sociologie de la musique. Ces remarques éparses ne sauraient donc établir un bilan exhaustif des vingt-deux contributions contenues dans cet ouvrage : il s’agit ici seulement d’un aperçu en forme d’invitation à une lecture musicale et vagabonde des divers mouvements de cet ensemble symphonique.