Christine Machiels, Les Féminismes et la prostitution (1860-1960)

Référence(s) :

Christine Machiels, Les Féminismes et la prostitution (1860-1960), Presses Universitaires de Rennes, 2016, 329 pages, 22 €, ISBN : 978-2-7535-4916-6

Texte

Cet ouvrage, dont le parcours est chronologique, retrace l’historique des positions et des combats féministes contre la prostitution. Cette histoire est celle de l’évolution et de l’élargissement progressif de l’audience féminine puis féministe, ainsi que de la construction d’un discours à l’origine moral se constituant peu à peu comme discours politique. Elle étudie également, à l’intérieur du combat féministe, les solidarités à l’œuvre entre les combats abolitionniste et suffragiste et la façon dont le combat abolitionniste, comme tout combat idéologique, se frotte aux contextes dans lesquels il évolue et qu’il essaie d’influencer. L’ouvrage parcourt ainsi la rencontre entre ce combat et les circonstances historiques (deux guerres mondiales notamment), sa confrontation avec les juridictions nationales et internationales (SDN puis ONU) et avec certaines batailles idéologiques (la bataille laïque en France au tournant du XXe siècle, l’émergence des idées socialistes…) dont les spécificités nationales dessinent, au gré des cultures politiques diverses, différents mouvements abolitionnistes dans différents pays européens.

Le domaine à l’étude témoigne d’une volonté de cohérence géographique et linguistique : il concerne les trois pays francophones européens : la Belgique, la France et la Suisse. Ce domaine, loin d’être un vase clos, est étudié dans ses interactions avec le débat international et ce, dès le début de la période envisagée, tant par la naissance du féminisme aux USA (Convention de Seneca Falls, 1848), que par la figure de Josephine Butler et par la création en 1868 par une féministe suisse de l’Association internationale des femmes.

La première borne chronologique de l’étude, 1860, correspond à l’émergence des premières voix féministes — avant même la naissance du terme —, au premier plan Josephine Butler, en faveur de l’abolition de la prostitution, à partir desquelles s’installe désormais — jusqu’à aujourd’hui — l’opposition entre les règlementaristes et les abolitionnistes. La seconde est en revanche moins problématisée : si le placement du curseur chronologique sur la date de 1960 permet effectivement à l’étude, ainsi que l’annonce l’introduction de l’ouvrage, de « couvr[ir] un siècle de débat public sur la prostitution », on peut trouver frustrant que la recherche ne dresse pas d’état des lieux de la question dans les années suivantes, celles où émerge la nouvelle vague féministe portée par le Women’s Lib et ses épigones européens. L’étude séculaire n’en donne pas moins à lire une histoire claire et détaillée des enjeux qui travaillent encore les positions féministes abolitionnistes les plus récentes (celles des Femen, par exemple).

L’ouvrage est conçu en deux parties équilibrées de trois chapitres chacune, situées de part et d’autre de la double césure que sont la fin de la Première Guerre mondiale et la création de la SDN. Il est accompagné d’une quinzaine de pages de notions biographiques, d’un index des noms propres, d’une liste des abréviations et d’une double bibliographie : celle des sources et des archives consultées — dont certaines sont inédites — et celle des références de travail, dont la plus récente date de 2015.

Citer cet article

Référence électronique

Hervé Bismuth, « Christine Machiels, Les Féminismes et la prostitution (1860-1960) », Textes et contextes [En ligne], 11 | 2016, . Droits d'auteur : Licence CC BY 4.0. URL : http://preo.u-bourgogne.fr/textesetcontextes/index.php?id=888

Auteur

Hervé Bismuth

MCF, Centre Interlangues Texte, Image, Langage (EA 4182), Université de Bourgogne Franche-Comté, UFR de Langues et Communication, 4 Boulevard Gabriel, 21000 Dijon – herve.bismuth [at] u-bourgogne.fr

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