1. La notion de « Generation »
[C]eux qui ont en quelque sorte grandi ensemble, c’est-à-dire qui ont eu une enfance commune, une jeunesse commune et dont les âges virils coïncidèrent en partie, appartiennent à ce que nous appelons la même génération. […] Ainsi conçue, une génération forme un cercle assez étroit d’individus qui, malgré la diversité des autres facteurs entrant en ligne de compte, sont reliés en un tout homogène par le fait qu’ils dépendent des mêmes grands événements et changements survenus durant leur période de réceptivité. (Dilthey 1875/1947 : 42-43)1
Cette définition du terme « Generation », donnée par Wilhelm Dilthey en 1875, peut être considérée comme une des premières qui reflètent une signification moderne de cette notion – notion qui servait jusqu’alors surtout à designer des rapports généalogiques entre pères et fils, mères et filles, maîtres et disciples, ancien et nouveau. Cette nouvelle définition s’intéresse beaucoup moins à une telle perspective diachronique qu’à la perspective synchronique, c’est-à-dire à la communauté des membres d’une même génération, ayant fait, à peu près au même âge et au même moment de leur éducation, les mêmes expériences qui les marqueront à jamais.
Le sociologue Karl Mannheim reprendra les idées de Dilthey dans son étude « Das Problem der Generationen » de 1928 et introduira la distinction entre « Generationslagerung », « Generationszusammenhang » et « Generationseinheit ». « Generationslagerung » (situation de génération) désigne la potentialité d’appartenir à telle ou telle génération, « Generationszusammenhang » (ensemble générationnel) correspond plus ou moins à la définition de « Generation » proposée par Dilthey. Enfin l’idée de « Generationseinheit » (unité de génération) permet de distinguer différentes branches d’une même génération selon leurs différentes approches face à leur expérience commune :
La même jeunesse, orientée par rapport à la même problématique historique actuelle, vit dans un même « ensemble générationnel » ; les groupes, qui, à l’intérieur d’un ensemble générationnel, s’approprient différemment ces expériences, constituent différentes « unités de génération » dans le cadre du même ensemble générationnel. (Mannheim 1928/1990 : 60)2
La modification du sens de « Generation » décrite plus haut n’apparaît pas uniquement en sciences humaines et sociales, mais aussi dans les discours médiatique et artistique. Dans l’entre-deux-guerres, avec la Grande Guerre comme point de repère historique omniprésent, la notion de « Generation » connaît un véritable boom, c’est-à-dire qu’elle est très fréquemment utilisée lorsqu’il s’agit de situer l’individu dans l’espace historique et social, et surtout les hommes par rapport à l’expérience de la guerre.
Par rapport à cette guerre, on distinguait et distingue surtout deux générations ou « Generationszusammenhänge » : La « Kriegsgeneration », constituée de ceux qui ont fait la guerre jeunes et que cette expérience a profondément marqués, et la « Nachkriegsgeneration », composée de ceux qui étaient adolescents pendant la guerre, trop jeunes encore pour lutter dans les tranchées, et qui étaient marqués par l’expérience vécue à l’arrière du front, par le manque des biens de première nécessité et par l’absence des pères. Je reviendrai sur ces deux générations qui étaient par ailleurs aussi désignées par les termes de « Kriegsjugend » et « Nachkriegsjugend ». À l’époque « Jugend » était donc, comme le montre également la définition de Mannheim, synonyme de « Generation ». Pratiquement tous les courants politiques, intellectuels et artistiques qui se sont formés au sein de ces deux générations utilisaient la notion de « génération ».
2. Le groupe d’auteurs autour de Klaus Mann
2.1. Portrait biographique
L’exemple du groupe d’auteurs autour de Klaus Mann qui sera présenté par la suite montrera comment et avec quels objectifs cette notion est utilisée. Il s’agit d’un exemple parmi d’autres : C’est au sein de la « Jugendbewegung » que le terme joue, bien évidemment, un rôle très important, de même que chez des intellectuels et auteurs conservateurs comme Jünger, Moeller van den Bruck, Hans Zehrer et ceux réunis autour la revue « Die Tat » à la fin des années vingt, cette revue étant un des organes d’un courant désigné plus tard comme « Konservative Revolution ». Ce courant se distingue nettement, au moins à première vue, des auteurs plutôt libéraux et progressistes réunis autour de Mann, quoique l’analyse comparée de leurs écrits montre que les limites sont parfois floues. (cf. Winter 2012 : 167-182, 230 ss.)
Je ferai tout d’abord brièvement le portrait biographique de ce groupe d’écrivains autour de Klaus Mann, nés entre 1900 et 1908 et qui, au début de leur carrière au milieu des années 1920, se donnaient comme programme de représenter leur « génération », à savoir celle de l’immédiat après-guerre, la « Nachkriegsjugend ». Faisaient partie de ce groupe Erich Ebermayer, qui devint un célèbre auteur de scénarios sous le Troisième Reich comme en RFA, Wilhelm Emanuel Süskind, père de Patrick Süskind, Peter de Mendelssohn, futur éditeur des œuvres de Thomas Mann, Wolfgang Hellmert, Herbert Schlüter et Willi Richard Fehse, auteurs très peu connus aujourd’hui.
Provenant des grandes villes de Munich, Berlin, Leipzig et Dresde et issus en majorité de familles bourgeoises, ces auteurs n’ont pourtant pas tous obtenu le bac ni fait d’études. Trois d’entre eux ont même quitté l’école prématurément, comme Klaus Mann. Même si la situation financière de certains comme Mann ou Ebermayer leur aurait permis de se consacrer uniquement à l’écriture, la plupart travaillaient pour des journaux et des revues, soit de façon libre, soit de façon contractuelle.
Ayant déjà réalisé quelques premiers travaux littéraires, ils commencèrent à chercher un moyen de publier ces premiers textes, des poèmes et des courts récits. C’est ainsi que, entre 1927 et 1929, ont été publiées trois anthologies, dont deux consacrées à la poésie et une à la prose,3 et une revue, intitulée « Die jüngste Dichtung »,4 qui ne connut cependant que six numéros. Klaus Mann était le personnage central et regroupait autour de ces projets des amis un peu dispersés dans toute l’Allemagne. Il jouait également le rôle d’intermédiaire dans la recherche d’un éditeur. Ce fut le jeune Kurt Enoch, dont la maison d’édition était située à Hambourg. Il avait déjà publié le premier recueil de nouvelles de Klaus Mann, « Vor dem Leben », et son premier roman, « Der fromme Tanz », en 1925.
2.2. L’« Anthologie jüngster Lyrik »
Etudions plus en détails le contexte de la parution de la première anthologie de poésie, intitulée « Anthologie jüngster Lyrik », publiée en 1927.
On peut apercevoir dans celle-ci certaines des stratégies qu’utilisent les jeunes auteurs pour promouvoir leur travail, attirer l’attention du public littéraire et, ainsi, prendre position au sein du champ littéraire de l’époque. Une de ces stratégies est de présenter les auteurs ayant publié des poèmes dans ce recueil comme représentants d’une génération, de la plus jeune génération pour être précis, comme l’indique l’épithète « jüngste » utilisée dans le titre.
C’est Willi Richard Fehse qui lance le projet de cette anthologie en publiant un appel à souscription dans la revue « Die Literarische Welt » le 12 novembre 1926. Klaus Mann répond à cet appel, ce qui lui vaut – vu sa renommée – une invitation à participer à l’édition de l’anthologie avec Fehse. Dans une lettre du 16 décembre, 1926 Mann le remercie : « Je suis donc tout à fait ravi de pouvoir coéditer notre recueil ; qu’il contribue à rendre plus visible le visage de cette génération la plus déconcertée. »5 En même temps, il propose que Süskind et Hellmert contribuent à l’anthologie avec quelques poèmes.
Il s’agit ici d’une des rares lettres de Klaus Mann dans lesquelles il emploie le terme de « génération », celui-ci étant normalement réservé à un discours public et non pas au discours privé : la plupart de ses lettres et notes de journal intime ne recourrent pas à ce terme. Que Mann l’utilise ici s’explique par le fait que l’échange épistolaire avec Fehse revèle plutôt du discours professionnel et anticipe la rhétorique à utiliser dans la publication. (cf. Winter 2012 : 69)
On peut dire que le succès immédiat de cette anthologie – 12000 exemplaires vendus en deux ans (cf. Leuschner 2003 : 278) – réside entre autres dans le fait que Mann et Fehse aient su convaincre Stefan Zweig d’écrire une préface. Ils ont pu ainsi profiter du prestige, du capital symbolique de cet auteur déjà célèbre et reconnu. Il n’est donc pas étonnant que le nom de Zweig soit imprimé sur la première page en lettres plus grandes que les noms de Fehse et Mann.
Zweig avait déjà servi de témoin pour la publicité de deux livres de Klaus Mann, « Der fromme Tanz » et « Kindernovelle » (1926) ; dans ce témoignage, Zweig estimait que Mann était « un des plus grands espoirs de la nouvelle jeunesse ».6 Dans la préface pour l’ « Anthologie jüngster Lyrik » il déplore que la poésie ait perdu le statut prestigieux qu’elle avait depuis le milieu du 19e siècle jusqu’à la Première guerre mondiale et il constate la difficulté pour les jeunes poètes de trouver du soutien et un public :
La génération actuelle des jeunes poètes se retrouve devant des portes fermées. Plus aucune revue qui ne reconnaisse de valeur et d’importance à la poésie. Plus d’éditeur qui ne soit effrayé par un livre écrit en vers. Plus d’annales, plus de point de rassemblement, plus de soutien et surtout : plus de public.7
Ce diagnostic donne de la valeur à l’anthologie, qui a malgré tout pu être publiée, ainsi qu’à ses auteurs, dont la poésie, selon Zweig, reprend les traditions établies par Rilke, Hofmannsthal et George. Indirectement, il oppose ainsi les jeunes auteurs à un autre nouveau courant de poésie représenté par Bertolt Brecht, la « Gebrauchslyrik » (« poésie à usage »).
2.3. Polémiques
C’est ce courant-ci, et surtout son porte-parole Brecht, que Klaus Mann attaque dans sa postface :
Celui qui, dans cette situation, trouve aujourd’hui le loisir d’écrire des poèmes, […] doit s’attendre à ce que même des poètes qui estiment appartenir à notre génération lui disent des grossièretés du plus mauvais goût et le traitent de sentimental et de bourgeois, à moins que ses vers ne parlent de course de Six jours et amusent par un refrain américain extrêmement banal.8
Il fait référence à un concours de poésie de la revue « Literarische Welt » dont Brecht était président du jury. Parmi les 400 poèmes présentés, il n’en avait choisi aucun et avait désigné vainqueur les paroles d’une chanson de Hannes Küpper sur la course des six Jours (« Sechs-Tage-Rennen ») (cf. Küpper 1927 : 7). Rien que par son sujet, ce poème représentait bien la conception de la « Neue Sachlichkeit ». Pour mettre en valeur ce courant, Brecht dévalorise la poésie des plus jeunes autour de Mann en parlant de « ces gens calmes, raffinés, rêveurs, branche sensible d’une bourgeoisie usée »9 qu’il s’agissait de ne pas prendre en considération : il traîte la « jüngere Generation » (jeune génération) de « harmlos » (anodine) et parle du « Unwert » (peu de valeur) des gens de son âge. Il s’emporte contre leur rêverie et leur sensibilité pour mettre en avant la qualité documentaire que le poème, à son avis, devrait désormais avoir : « Tous les grands poèmes ont la valeur de documents. »10 Selon lui, un poème devrait avoir un objectif rationnel et émotionnel et par conséquent faire preuve d’utilité pour les questions de son temps au lieu de se caractériser par une certaine « Weltfremdheit » (indifférence au monde), comme il désigne l’attitude des jeunes auteurs autour de Mann. (Brecht 1927 : 1)
Cette lutte rhétorique est d’abord un bel exemple de ce que Bourdieu appelle les luttes au sein d’un champ littéraire. (cf. Bourdieu 1992 : 392 ss., 416 ss.) Elle permet également d’observer comment le concept de génération y est utilisé afin de valoriser son propre travail – en l’inscrivant dans un soi-disant ‘nouveau’ courant littéraire et en l’associant à d’autres auteurs dits de la même génération – et surtout afin de dévaloriser en même temps le travail de l’autre.
Considérant cela, il est tout de même étonnant que Mann parle de Brecht comme représentant de sa propre génération et que Brecht parle de « Leute meines Alters » (gens de mon âge) pour désigner les auteurs autour de Mann. En effet, Brecht est né en 1898 et n’est donc guère plus âgé que ceux-là. Pourtant, des personnes tierces les opposent, les considérant comme représentants de deux générations différentes. Par exemple le critique littéraire Axel Eggebrecht, né en 1899. Il se sent proche de Brecht et ne cesse d’insulter les auteurs légèrement plus jeunes, insistant notamment sur une différence d’expérience déterminante : les uns, un peu plus âgés, ont fait la guerre, au moins en tant que soldats secouristes comme Brecht, les autres ne l’ont pas faite. C’est cet évènement qui différencie les auteurs de la « Kriegsjugend » de ceux de la « Nachkriegsjugend », ces termes mettant en avant l’idée que c’est d’avoir connu jeune les tranchées, ou non, qui fait la différence, comme on l’a vu précédemment.
Dans un compte rendu de la revue « Die jüngste Dichtung », Eggebrecht écrit: « La jeune génération littéraire […] sait très bien mettre en valeur ses paroles médiocres et organiser ses petits talents. »11 Et :
Comme il est écrasant pour ces petits fistons que nous puissions et devions même nous vanter, face à leur nullité, de cette expérience qu’eux-mêmes ne virent que de l’extérieur et qu’ils rendent responsable de toutes leurs faiblesses, tandis que nous en fumes terriblement transformés, […] : La guerre comme bain d’acier, comme cure de fer nécessaire connaît presque une triste réhabilitation face aux discours lénifiants de ces garçons.12
Les luttes des champs de bataille de la Grande guerre se poursuivent en quelque sorte dans cette rhétorique cinglante autour la question de la légitimité de tel ou tel courant littéraire.
3. Expérience générationelle et stratégie littéraire
L’expérience de la « Nachkriegsjugend » face à la Grande guerre, sur laquelle s’appuient les auteurs autour de Klaus Mann pour légitimer leur façon d’aborder l’écriture, c’est Erich Ebermayer qui la décrit de façon précise dans un discours de 1930 sur la jeune génération d’écrivains :
Comment allions-nous, jeunes hommes de dix-sept ou dix-huit ans, dans la période de la défaite et après ? […] Cinq années décisives dans notre évolution de treize à dix-huit ans s’étaient écoulées, au milieu des nouvelles du front, de légumes racines et de dix-huit petites cartes de ravitaillement bariolées, qui nous avaient rendus maigres et anémiques, nerveux et en permanence affamés. Nous aussi, nous étions loin de l’insouciance d’une évolution constante et tranquille, le désordre et le déplacement de toutes les choses n’avaient pas épargné ces jeunes gens, que la mort nous ait frappé directement dans notre propre famille ou que tous ces décès autour de nous nous aient ébranlés, que nos parents aient eu un peu plus ou un peu moins d’argent – dans tous les cas nous avions été élevés de façon « spartiate », […]. Cette misère, cette faim, cette souffrance partagées avaient fait de nous, tout naturellement et sans révolution, si je puis dire, une génération sans classe.13
Ebermayer décrit la situation des jeunes de l’« arrière » du front : la faim, le bouleversement des mœurs, l’inquiétude, la mort de proches ; et il suggère surtout, en utilisant le pronom « wir » (nous), qu’il s’agit d’une expérience commune, tandis que les sources autobiographiques publiées et surtout non publiées ne parlent souvent que peu de cette expérience. Au moment de faire le bilan en public de sa « Schriftstellergeneration » (génération d’écrivains) Ebermayer construit un récit générationnel et crée un espace de mémoire collective servant à intégrer diverses expériences très individuelles afin de réaffirmer l’existence de cette génération à un moment où son rôle s’amoindrit.
Car au niveau artistique, c’est finalement de la poésie de la Neue Sachlichkeit de Brecht, Kästner ou Tucholsky, qu’on se souvient longtemps après, et non pas des poèmes de l’ « Anthologie jüngster Lyrik ». Pourquoi ? Probablement parce que ceux-là se sont donné un véritable programme artistique, programme qui marquait une différence par rapport à ce qui existait déjà, ce que les auteurs autour de Klaus Mann n’ont pas réussi à faire.
En effet, c’étaient des poèmes assez divers et pas très novateurs que Fehse et Mann devaient intégrer dans leur anthologie. Ni au niveau thématique – y dominent l’introspection liée à la description de la nature, de l’amour et de la mort ainsi que des allusions religieuses et mythologiques – ni au niveau formel – structures très régulières comme dans des sonnets, des ballades et des lieder – elle n’apporte quelque chose de vraiment nouveau et/ou d’homogène. (cf. Leuschner 2003 : 274 ss.) La rhétorique de génération, si présente dans les publications qui accompagnent ce recueil de poèmes, ne se trouve quasiment pas dans ces poèmes eux-mêmes. Si Zweig, dans sa préface, essaie encore de faire ressortir des points communs, notamment en ayant recours à la tradition classique et symbolique de Rilke, Hofmannsthal et George, Mann, dans sa postface, nomme clairement les tendances encore très dispersées que l’anthologie offre, et il se projette donc dans un avenir où se dévoileraient les tendances communes des jeunes poètes, leur objectif commun :
Même si nous pensons être incertains de la direction à suivre – l’absence de direction nous unit elle aussi ; nous sommes une génération, même si seule notre désorientation nous unit. Et même si nous n’avons pas encore d’objectif commun qui fasse de nous une communauté, c’est bien la recherche d’un objectif qui nous unira. Et une fois que nous aurons trouvé, une fois que nous serons prêts à le proclamer – je crois que nous nous rendrons compte que nous avons tous aspiré à la même chose.14
Par conséquent, il ne peut apparemment pas y avoir, comme souligne Fehse en faisant allusion aux Expressionnistes, de « programme pathétique ». Ce qu’il souhaite avec cette anthologie, c’est « faire reconnaître et connaître la génération ».15
C’était donc l’idée d’une « jüngste Generation » qui devait servir de transition en attendant le grand objectif commun. Mais la notion de génération fut employée trop fréquemment par des groupes très divers, comme on l’a vu, et elle ne pouvait donc pas, tout comme le fait d’être des plus jeunes, être un critère suffisamment distinctif. C’était Erich Kästner qui le constata déjà en 1925 lorsqu’il critiqua les revendications que Mann et Ebermayer avaient exprimées lors d’une lecture à Leipzig : « La sexualité, la sentimentalité, l’opposition à l’intellect, l’étrangeté envers les parents – voilà des traits qui ne témoignent que de la jeunesse en général, pas de celle d’aujourd’hui. »16 Ainsi, Kästner déconstruit l’idée que la « jüngste Generation » apporterait forcément quelque chose de nouveau à son temps car il s’agissait avant tout de caractéristiques de la jeunesse qu’on trouve à toutes les époques, et non pas de caractéristiques d’une jeunesse spécifique.
La stratégie des jeunes auteurs autour de Klaus Mann ne pouvait donc mener vers un succès à long terme. C’est pourquoi, après la période de 1927-1929, les activités communes des jeunes auteurs devinrent de moins en moins fréquentes, chacun poursuivant désormais sa propre voie.