« Gente di mare », l’identité maritime chez les tifosi de Gênes

  • Gente di mare”, the maritime identity of the Genoa tifosi

DOI : 10.58335/football-s.659

p. 131-144

Résumés

La ville de Gênes a un passé ancien et glorieux. Au Moyen-Âge, la République génoise était une thalassocratie puissante rivalisant avec Venise. Aujourd’hui son port reste important et la ville renaît autour de la culture et du tourisme. L’imaginaire sportif de la ville est marqué par deux clubs, le Genoa et la Sampdoria, dont les ultras utilisent les symboles maritimes pour exprimer leur foi footballistique autant dans les tifos, les chants que sur les autocollants qu’ils collent sur les murs. Ils célèbrent ainsi l’histoire de la « Superba » et de ses grands marins tels l’amiral Andrea Doria et Christophe Colomb. Les ultras du Genoa reprennent aussi les chansons de Fabrizio André, le grand chanteur-compositeur-interprète génois.

The city of Genoa has an ancient and glorious past. In the Middle Ages, the Genoese Republic was a powerful thalassocracy that rivalled Venice. Today, its port remains important and the city is reborn around culture and tourism. The city’s imagination is shaped by two clubs, Genoa and Sampdoria, whose ultras use maritime symbols to express their footballing faith in tifos, chants and stickers. the walls. They celebrate the history of the ‘Superba’ and its great sailors such as Admiral Andrea Doria and Christopher Columbus. The Genoa ultras also cover the songs of Fabrizio André, the great Genoese singer-songwriter.

Index

Mots-clés

chanson, Gênes, mer, tifo, ultras

Keywords

song, Genoa, sea, tifo, ultras

Plan

Texte

Marcello Lippi, le sélectionneur italien qui conduisit la Squadra Azzurra à la victoire lors de la Coupe du monde 2006 a eu ces mots : « J’ai eu la chance de vivre les plus grands derbys, mais aucun n’a le parfum de la Lanterna, il est moins venimeux que les autres, c’est peut-être ce qui le rend plus beau1. » Le derby de la Lanterna désigne l’opposition entre les deux clubs de la ville de Gênes, le Genoa Cricket and Football Club et l’Unione Calcio Sampdoria ou plus communément appelés le Genoa et la Sampdoria (surnommée également la Samp). Bien des choses opposent ces deux entités sportives. Le Genoa, doyen des clubs de football transalpins, a été fondé en 1893 par une poignée d’hommes d’affaires britanniques actifs dans le port méditerranéen tandis que la Sampdoria est le plus récent des clubs historiques du football italien, fondée en 1946 par une nouvelle fusion de deux entités existantes la Sampierdarenese et l’Andrea Doria formant ainsi le nom valise de Sampdoria2. Le Genoa domina le football italien d’avant-guerre en remportant sept championnats complétés par deux autres scudetti en 1923 et 1924 quand la « Samp » devint l’une des meilleures équipes d’Europe aux tournants des années 1980-1990 avec notamment une victoire en Coupe d’Europe des vainqueurs de Coupe en 19903 et une finale perdue en Coupe d’Europe des clubs champions assorties d’un titre de champion d’Italie deux ans plus tard4. Nonobstant cette différence de palmarès d’importance, l’identité maritime et portuaire réunit les deux entités sportives. Quoi de plus naturel pour la cité ayant donné naissance au plus célèbre navigateur de l’histoire, Christophe Colomb, et contrôlé une partie de la Méditerranée du milieu du xie siècle jusqu’à la fin du xviiie siècle à travers une thalassocratie puissante, la République de Gênes5. Cet article veut revisiter ce lien viscéral avec la mer au travers d’une histoire du soutien populaire à ces clubs, celles des tifoserie du Genoa et de la Sampdoria, et d’une histoire des représentations puisque notre propos s’appuie sur les sources iconographiques que sont les graffiti6, tifos, banderoles et stickers et musicales via les chants de supporters7.

Gênes, portrait d’une ville et de ses tifosi

L’écrivain napolitain Erri De Luca, lauréat du Prix Femina étranger, écrit à propos de l’Italie dans son ouvrage Napòlide que « nous sommes d’Europe uniquement par la crête-de-coq des Alpes, nous sommes de mer par tout le reste du corps8 ». Cette citation peut s’appliquer parfaitement à Gênes, la sixième ville d’Italie avec sa population d’environ 580 000 habitants, capitale de la région de la Ligurie, qui constitue un arc de cercle agrippé aux montagnes et ouvert sur la Mer Méditerranée9. Elle est intimement liée à son port, jadis le premier du pays en termes de conteneurs (2,5 millions d’EVP10) mais depuis devancé par celui de Gioia Tauro en Calabre. Il offre du travail à 30 000 Ligures, apport bien salutaire dans une ville en crise démographique ayant perdu un quart de sa population depuis les années 1970 et qui se ride fortement avec un indice de vieillesse supérieur de moitié au reste de l’Italie qui possède déjà le chiffre le plus élevé de l’Union Européenne11. Le taux de chômage y est le plus haut des grandes villes de la péninsule, juste derrière Rome et quasiment 10 % des Génois ont recours à l’aide sociale12.

La capitale ligure est en pleine reconversion depuis l’Exposition universelle 1992, délaissant les aciéries et chantiers navals au profit de la culture dont elle fut capitale européenne en 2004 et le tourisme avec son port de croisière.

Comme de nombreuses villes portuaires, Gênes est ancrée dans des convictions politiques de gauche, traditionnellement de centre-gauche, certes moins prononcées que sa voisine méridionale de la mer Tyrrhénienne, Livourne, longtemps bastion du communisme. Bien que Beppe Grillo, son fondateur, soit génois, la ville n’a pas basculé comme Rome ou Turin dans le mouvement populiste 5 étoiles, mais a opéré un virage vers le centre droit avec l’élection de Marco Bucci, premier édile de cette tendance depuis 1975.

Cette évolution politique s’est retrouvée chez les tifosi et ultras génois. Les ultras, selon la définition de Nicolas Hourcade, sont des supporters qui, comme le nom l’indique, vivent une passion à l’extrême et sont structurés en groupes, affichant leurs propres couleurs à travers tifos, banderoles, chants initiés par un meneur (le capo13). Gênes fut à l’avant-garde de cette forme de supportérisme dans les années 1960 avec pour les Blucerchiati (surnom du club de la Sampdoria), les Fedelissimi et Ultras Tito Cucchiaroni, ces derniers ayant été un des premiers groupes ultras à se revendiquer comme tel et à utiliser le terme dans sa dénomination14. Côté Rossoblu (Genoa), les ultras se structurèrent autour de la Fossa dei Grifoni (le griffon, animal mythologique et symbole de la ville), dissoute en 1993, puis des Figgi dö Zena (Fils de Gênes en dialecte ligure), Nucleo et Via Armenia 5r. À l’inverse de Livourne où les ultras notamment des Brigades Autonomes ont fait de leurs convictions politiques communistes un étendard, la mesure est désormais de mise à Gênes, même si traditionnellement les tifosi sont de gauche voire anarcho-syndicalistes comme certains membres de la Fossa dei Grifoni dans les années 1970 partisans de l’Autonomia Operaia15. Un basculement vers la droite a été opéré même chez un groupe du Genoa, les Nucleo qui, en avril 2023, subit l’attaque de son siège par la Via Armenia 5r supportant pourtant les mêmes couleurs16. Nonobstant ce fait, les relations entre les différents groupes ultras des deux équipes sont empreintes de respect, marquées par un fait dramatique. Le 29 janvier 1995, avant le match Gênes-Milan, un jeune supporter des Rossoblu, Vincenzo « Claudio » Spagnolo, dit « Spagna », fut poignardé mortellement par un supporter lombard. Les ultras de deux clubs génois se soudèrent et organisèrent un rassemblement national d’ultras afin de réfléchir à l’évolution du mouvement qui conduisit à un tel drame17.

Il n’empêche que, comme Christian Bromberger l’a montré à Marseille, Naples et Turin, les deux factions génoises sont séparées par la territorialisation traditionnelle des supporters dans le stade18. Dans celui de Marassi, rebaptisé en 1933 en l’honneur de Luigi Ferraris19où évoluent le Genoa et la Sampdoria, qui comme à Rome ou Milan se partagent la même enceinte, chaque groupe de supporters possède son propre virage (curva en version originale), aux premiers la Gradinata nord, aux seconds la Gradinata sud. À une échelle plus élargie, celle de la cité, le Genoa est davantage soutenu puisqu’à la sortie du COVID-19, qui a entraîné la disparition de nombreux clubs de supporters, on en recense encore 38 pour les Rossoblu contre 25 pour les Blucerchiati20. Pour ces derniers, on observe une concentration dans le quartier de Sampiedarena d’où était originaire la Società Ginnastica Comunale Sampierdarenese, une des deux entités génitrices de la Sampdoria. Dans une dimension régionale, on constate une légère domination de la Sampdoria avec 15 associations de supporters contre 14 pour le Genoa. Dans le reste de l’Italie et à l’étranger, le prestige de la Samp dans les années 1980-1990 parle pour elle et la domination est encore plus nette.

La symphonie de bâches

Pier Paolo Pasolini, dans les articles qu’il rédigeait pour la revue Vie Nuove écrivait que « le football est la dernière représentation sacrée de notre temps. C’est un rite au fond, même s’il est évasion. Tandis que d’autres représentations sacrées, y compris la messe, sont en déclin, le football est la seule qui nous reste. Le football est le spectacle qui a remplacé le théâtre. » Le football serait alors un art dont les supporters ne constitueraient pas seulement des spectateurs, mais entendent également prendre leur part dans la dramaturgie. Leurs modes d’expression sont le chant et l’art visuel à travers les tifos et les fumigènes. Un tifo peut être défini comme l’animation visuelle et vocale d’une tribune, généralement réalisée à l’entrée des joueurs sur la pelouse. Il s’agit d’une véritable œuvre éphémère, d’une durée de cinq à dix minutes et unique, car elle se modifie à chaque apparition selon l’adversaire, les occasions (date anniversaire du club, du groupe de supporters, d’une victoire). Plus durables, les murs du stade Luigi Ferraris sont couverts de graffiti.

Toutefois, les pratiques des supporters italiens ont suscité la mise en place d’un véritable arsenal législatif. Ainsi, une loi de 2007 soumet le matériel brandi par les tifosi (drapeaux, banderoles) à une autorisation préalable. Les banderoles subissent les effets de cette « inflation législative » puisqu’elles doivent faire l’objet d’une déclaration et d’un contrôle préalables21. Elles s’aseptisent et perdent leur dimension subversive et outrancière. En effet, dans une Italie où le campanilisme, l’esprit de clocher et les divisions entre Nord et Mezzogiorno sont des phénomènes concrets, la férocité caractérisait certaines banderoles comme celles de l’Hellas Vérone accueillant les ultras du Napoli par un « non à la vivisection, utilisons les Napolitains22 ». Via l’humour noir et l’esprit de transgression, les supporters se veulent les garants de l’identité du club qu’ils expriment à travers un ancrage territorial, une connaissance de l’histoire du club et ceux-ci l’expriment sur les tifos. Ils expriment ainsi un véritable « patriotisme urbain23 ». Ils projettent alors un monument emblématique de la ville, une particularité locale, une figure illustre du club. Ainsi, au Panthéon de la Sampdoria, les deux héros mythifiés sont Paolo Mantovani, l’industriel du pétrole, architecte de la grande équipe blucerchiata qui atteint la finale de la Coupe d’Europe des clubs champions en 1992, deux ans après avoir remporté la Coupe des vainqueurs des Coupes. Sa disparition en 1993 signe le début de la fin pour cette « dream team » emmenée par le duo formé autant en club qu’en sélection par Gianlucca Vialli et Roberto Mancini et entraînée par le Serbe Vujadin Boskov. Vialli a été emporté par un cancer du pancréas en janvier 2023 et comme Mantovani, a eu droit à des tifos d’importance.

Dans le « Hall of fame » des Rossoblu figure aussi James Spensley, le fondateur anglais du club, médecin de profession, établi dans le port ligure pour soigner les marins qui travaillaient dans le transport de charbon. On y remarque également Franco Scoglio, l’entraineur qui permit au Genoa d’accéder à l’élite et de le maintenir avant de s’effondrer d’un infarctus en plein talk-show footballistique, réalisant la prophétie qu’il avait un jour énoncée, « mourir en parlant du Genoa ». Gianlucca Signorini, le défenseur aux plus de deux cents matchs avec « Il Grifone » décédé d’une sclérose en plaques en 2002, laissant « une veuve du calcio », est aussi adulé par les tifosi du Genoa. Ces trois figures sont représentées dans de nombreux tifos dont celui créé pour les 125 ans du club à l’occasion du match Genoa-Sampdoria en 2018.

Célébrer l’histoire de la « Superbe »

La passion sportive n’est pas circonscrite à l’intérieur du stade mais s’exprime aussi sur ses murs extérieurs et dans tout l’espace urbain comme l’a étudié Bérangère Ginhoux à Saint-Étienne. Le même constat peut être établi en Ligurie à partir des graffitis sur l’enceinte extérieure du Stade Luigi Ferraris24. Côté Gradinata nord, ils sont l’œuvre des supporters du Genoa et, à l’opposé, la Gradinata sud chante la gloire de la Sampdoria. L’emblème de la ville, la Lanterna, est bien sûr représenté très souvent dans la scénographie des supporters génois, notamment sur les murales du Genoa. Il s’agit du phare qui barre l’entrée du port, construit en 1543, et détient le record de hauteur dans toute la Méditerranée. La Lanterna est le symbole de la résilience de la ville et de ses habitants, bombardés par la flotte de Louis XIV en 1784 puis durant la Seconde Guerre mondiale par la marine française et la Royal Air Force, elle resta toujours debout. Elle fut construite sous la République de Gênes, une thalassocratie devenue plaque tournante commerciale de la Méditerranée aux confins de la mer Noire durant tout le Moyen Âge et jusqu’au xviiie siècle. La cité s’enrichit considérablement par le transport des troupes croisées en Terre sainte lors de la première croisade, sa participation dans la prise de Saint-Jean-d’Acre en 1191 et l’obtention de privilèges commerciaux. Elle connut son apogée de 1284 à 1381 après avoir vaincu sa rivale pisane lors de la bataille navale de la Meloria en mer Tyrrhénienne, considérée comme la plus grande bataille navale médiévale.

C’est durant cette période de prospérité que le poète florentin Pétrarque, en visite dans la ville, écrivit sa fameuse description de la ville « Vedrai una città regale, addossata ad una collina alpestre, “superba” per uomini e per mura, il cui solo aspetto la indica signora del mare » que l’on peut traduire par « Vous verrez une ville royale, adossée à une colline alpine, fière de ses hommes et de ses murailles, dont seule l’apparence l’indique comme la dame de la mer ». Ainsi naît le surnom de la cité, la Superba. Cette citation restée célèbre fut reprise par les supporters sur les graffiti entourant le stade Luigi Ferraris et dans des banderoles. Lors du match Genoa-Empoli en 2014, les ultras du club projetèrent un message dont les premiers mots étaient « Superba per uomini e per mura », la suite précisait que Gênes se relevait seule en référence aux inondations ayant frappé la Ligurie entraînant la mort de sept personnes. Le 1er novembre 2023, le Genoa recevait en Coupe d’Italie l’Associazione Calcio Reggiana de la ville de Reggio Emilia. Après un défilé en commun dans les rues de la cité ligure, les supporters des deux clubs se vouant une grande amitié, les tifosi du Genoa projetèrent une banderole sur laquelle on pouvait lire « la perla de la Via Emilia e la signora del mare » en référence aux qualificatifs de Pétrarque.

Figure n° 1 : Graphe en l’honneur du Genoa et de la ville « superbe pour ses hommes et ses murs » selon le poète François Petrarque (1304-1374).

Figure n° 1 : Graphe en l’honneur du Genoa et de la ville « superbe pour ses hommes et ses murs » selon le poète François Petrarque (1304-1374).

Crédit : Coll. part.

Les ultras du Genoa ont également mis en scène une référence à cet âge d’or de la République de Gênes, en 2014, lors du derby de la Lanterna et la réception de la Sampdoria. La Curva nord projeta un immense tifo sur lequel était représentée la Porta Soprana, érigée au xiie siècle et qui marquait l’entrée de la ville fortifiée. Sur le monument encore debout, des inscriptions mettent en valeur les victoires obtenues sur les mers et les territoires conquis25. De part et d’autre du monument figuré sur la bâche se dressaient deux croisés avec en dessous l’inscription « A tua difesa », « Pour ta défense », faisant des ultras des acteurs à part entière du match.

À côté de la Porta Soprana, une maison suscite la curiosité, celle qui vit les premiers souffles du plus illustre des Génois, Christophe Colomb. Bien sûr, il occupe une place de choix dans le cœur des ultras qui représentèrent les caravelles sur les fresques murales du stade et dans des tifos notamment celui réalisé lors du derby Sampdoria-Genoa en avril 2018. Exécutée par le virage du Genoa, l’œuvre synthétisa les différents événements historiques de la ville en faisant apparaître la devise de la République thalassocratique « Respublica superiorem non recognoscens », à savoir « La République qui ne reconnaît aucune supériorité » avec en dessous les armoiries de la ville et de chaque côté une caravelle.

Tifo et mer

La figure de Christophe Colomb fut célébrée à l’approche des cinq cents ans de la découverte de l’Amérique. Le virage sud d’une Sampdoria, alors en plein apogée, réalisa, à l’occasion du derby de la saison 1989-1990, une banderole sur laquelle on pouvait lire « 1492 C. Colombo a spasso per il mondo, 1990 Sampdoria a spasso per l’Europa » mettant en parallèle les exploits continentaux de la Sampdoria avec celui de Colomb sur le monde. Dans la même idée, les ultras rossoblu à l’occasion du derby de la saison 1990-1991 matérialisèrent une grande caravelle mobile avec le message suivant « Come i nostri avi dominavono i mari noi dominiamo gli stadi26 ». Si les scénographies liées à la mer sont plus rares, la référence est inscrite dans les origines du club dont l’ancêtre, la Société de gymnastique Andrea Doria fut créée par des membres de la Société Ligure de Gymnastique Cristoforo Colombo. En outre, le nom d’Andrea Doria est un hommage au célèbre amiral de la République de Gênes. La référence maritime est également appliquée sur le cœur de chaque joueur. En effet, le logo du club met en lumière le Baciccia, une silhouette noire qui représente le visage typique d’un pécheur génois avec la barbe, le béret, la pipe et les cheveux au vent. L’origine du personnage fait partie du folklore ligure dont les origines se partagent entre le diminutif accentué de Battista, ou Baptiste en référence à Jean-Baptiste, le saint patron des marins et de Gênes ou au patriote génois Giovan Battista Perasso dit Balilla qui mena l’insurrection contre les troupes d’occupation austro-sardes. Lors du derby 2002-2003, les ultras de la Samp figurèrent un immense Baciccia donnant une accolade à la Lanterna en signe de domination sur la ville. Et, de son côté, le groupe Ultras Tito Cucchiaroni a été fondé par des amis du quartier de Sestri Ponente où se trouvent les chantiers navals27. Lors de la saison 2022-2023, pendant la partie Genoa-Bari, le marin génois fut représenté sur le ton de la moquerie par les tifosi rossoblu. Il était illustré sur une barque dont le rivage était matérialisé d’un grand B pour signifier la relégation des rivaux dans l’antichambre de l’élite, la Serie B, d’où s’extrayait le Genoa dans un malicieux chassé-croisé.

La figure du marin a été aussi associée à l’un des cadres de la grande Sampdoria, Attilio Lombardo. Milieu droit et joueur de couloir sous le maillot 1989 à 1995, reçut le surnom d’un autre célèbre marin mais de fiction, Popeye, en raison de sa ressemblance physique et de sa puissance. L’empreinte laissée au club s’observe également sur les murs du virage nord par un graffiti hommage. La référence à la mer est utilisée par ailleurs comme arme de contestation. Lors de la saison 2012-2013, la Sampdoria connait un démarrage poussif avec seulement deux points en six journées et une défaite 3 à 0 à domicile lors du derby de la Lanterna. Les ultras menés par les Fedelissimi 1961 ciblent les maux de l’équipe en la personne du président Edoardo Garrone visé par une banderole sur laquelle était écrit « il pesce puzza sempre dalla testa » soit « le poisson pourrit toujours par la tête » c’est-à-dire la sphère dirigeante28.

Figure n° 2 : Graphe représentant le joueur de la Sampdoria Attilio Lombardo (1989-1995) en Popeye sur le mur extérieur du virage nord du stade de Marassi-Luigi Ferraris.

Figure n° 2 : Graphe représentant le joueur de la Sampdoria Attilio Lombardo (1989-1995) en Popeye sur le mur extérieur du virage nord du stade de Marassi-Luigi Ferraris.

Crédit : Coll. part.

Les stickers, adesivi en italien, permettent également d’inscrire l’imaginaire des clubs dans le territoire. Ils sont dessinés et imprimés par les groupes ultras et constituent, avec les fanzines, une source d’argent à travers leur vente. Grâce à leur facilité d’apposition, contrairement au graffiti, ils sont utilisés pour pratiquer un « marquage symbolique » surtout en déplacement29. Ainsi, on remarque bien souvent des autocollants de groupes de supporters collés sur les bornes de paiement d’autoroute correspondant à la sortie de la ville hôte, mais aussi tout autour du stade visiteur (panneaux de signalisation, réverbères) et dans le stade à l’intérieur du parcage. Les stickers apparaissent alors comme les traces du passage des visiteurs. Ils reprennent l’iconographie chère aux supporters et l’univers marin n’est pas absent avec, côté Sampdoria, un marin au biceps surdimensionné projetant une ancre ou le capitaine Haddock30.

Figure n° 3 : Adesivo (autocollant) associant le personnage du capitaine Haddock à la Sampdoria.

Figure n° 3 : Adesivo (autocollant) associant le personnage du capitaine Haddock à la Sampdoria.

Crédit : Coll. part.

Les référents historiques sont mis en exergue par les supporters des deux clubs de la ville qui se livrent à une surenchère et n’hésitent pas à instruire un procès de non-identité génoise à l’adversaire. Christian Bromberger a relevé des points communs entre les villes industrielles du nord du pays que sont Milan, Turin et donc Gênes qui concentrent toutes deux clubs de football. Le Genoa, l’AC Milan et le Torino (GEMITO) sont les clubs enracinés dans une ville, là où la Sampdoria, l’Inter et la Juventus sont soutenus à l’extérieur de la ville et par les nouveaux arrivants ou par la bourgeoisie locale. Ces derniers opposent « au repliement sur soi l’ouverture qui s’affranchit de l’ancrage local31 ». Pour autant, lors du derby en 2018, les ultras de la Samp accusèrent leurs rivaux de bafouer l’identité génoise dans une banderole sur laquelle on pouvait lire « tu chantes en anglais32 mais tu ne connais pas le génois, essaye-le en latin, genoano sans identité33 ».

« Lasciatemi cantare con il tamburo in mano »34

Zitti e buoni que l’on pourrait traduire par « Taisez-vous et tenez-vous correctement » n’est bien évidemment pas un conseil à donner à des ultras mais le titre d’une chanson du groupe romain Måneskin. Avant de permettre aux rockers de remporter, en 2021, le concours de l’Eurovision, la chanson avait été présentée en Ligurie au très célèbre festival de Sanremo. Il fallait remonter plusieurs décennies pour trouver trace d’une victoire transalpine dans le concours européen avec le regretté Toto Cutugno en 1990 alors qu’en 1987, un duo composé d’Umberto Tozzi et de Raf s’était illustré par une troisième place, avec leur chanson Gente di mare que l’on pourrait traduire par « le peuple de la mer ». Il s’agit d’un énorme succès qui était resté plus de six mois dans le hit-parade de la Péninsule. Les paroles mettent en exergue la liberté des habitants des rivages. Le club du Delfino Pescara sur les bords de la mer Adriatique en fit son hymne emblématique mais les supporters du Genoa se l’approprièrent également en modifiant quelques paroles pour rappeler leur attachement aux couleurs génoises. Elle s’inscrit même comme un rituel quand, après une bonne performance, les joueurs viennent saluer leur public car sa musicalité très brute est propice à un tour de chant a cappella. À la même époque, Fabrizio De André, un cantautore35 beaucoup plus engagé, fit la fierté de Gênes, sa ville natale. Défendant la cause des exclus, des sans-grades, ses textes authentiques, dans la même veine que Georges Brassens dont il s’inspirait, il mettait en valeur le patrimoine culturel ligure. Fan inconditionnel du Genoa depuis son enfance, il s’est toujours refusé à écrire une chanson pour le club affirmant « j’aurais écrit une chanson d’amour, mais je ne le fais pas, parce que pour faire des chansons il faut garder un certain détachement par rapport à ce qu’on écrit, mais le Genoa m’implique trop36 ». Pour autant, il n’est pas absent des tribunes de Luigi Ferraris, son visage apparaît souvent dans des tifos et est peint sur un mur de la Curva nord. En 1984, sortit l’album de De André, Creuza de mä, littéralement « sentier de mer ». Cet album révolutionne la chanson italienne car composé exclusivement de textes en ligure, à tel point que la prestigieuse revue transalpine Musica e Dischi l’a élu meilleur album des années quatre-vingt.

Les paroles évoquent les marins de retour sur terre après avoir mis leur vie en danger loin du rivage et qui vont en empruntant les « chemins de mer » se restaurer dans les tavernes typiques du port, attirant la marginalité. Cette chanson en dialecte local est devenue un marqueur identitaire de la région et fut choisie comme hymne lors de la cérémonie d’inauguration du viaduc autoroutier de San Giorgio, construit pour remplacer l’ancien viaduc de Polcevera, le ponte Morandi qui s’est effondré en 2018 provoquant la mort de 43 personnes.

Figure n° 4 : Graphe en l’honneur du cantautore Fabrizio De André (1940-1999) et de sa chanson Creuza de mä. Son premier vers « Umbre de muri, muri de mainé », « Ombres de visages, visages de marins ». 

Figure n° 4 : Graphe en l’honneur du cantautore Fabrizio De André (1940-1999) et de sa chanson Creuza de mä. Son premier vers « Umbre de muri, muri de mainé », « Ombres de visages, visages de marins ». 

Crédit : Coll. part.

Bien évidemment, la chanson la plus célèbre du plus célèbre des supporters du Genoa ne pouvait rester en dehors du « tour de chants » des fans du club qui l’entonnent généralement avant le coup d’envoi. Plus récemment, Bresh, un autre artiste amoureux du club rossoblu, réussit la quête inachevée de De André, à savoir écrire une chanson en forme de déclaration d’amour pour le Genoa, intitulée Guasto d’amore (soit « panne ou problème d’amour »). Cette chanson évoque la relation tortueuse, avec les résultats en dents de scie du club, mais passionnée qu’entretient le chanteur avec le Genoa. La thématique de la mer est assurément présente jusqu’à l’évocation des couleurs du club qui y tombent, soit en version originale « Gli stessi colori che cadono in mare ». Rappeur déjà aimé dans la Péninsule, Bresh écrit cette chanson durant la pandémie du COVID-19 et l’arrêt des parties de football car, c’est bien connu, les sentiments sont ravivés en l’absence de l’être aimé. Les mots jetés sur une feuille de papier, il enregistre une version depuis le rivage accompagné d’un guitariste et la poste sur Instagram. Mattia Perin, le gardien de but et capitaine de l’équipe professionnelle, pur produit du club, apprécie la chanson et invite l’artiste chez lui, dans le quartier génois d’Albaro pour un bœuf. L’international italien au piano et le rappeur au chant, la vidéo de ce moment intimiste devient virale. La machine est lancée, les tifosi rossoblu commencent à l’entonner à Luigi Ferraris alors que la chanson n’est pas encore sortie officiellement. Elle constitua un rayon de soleil dans une saison bien morne où le Genoa fut relégué en Serie B et au cours de laquelle un spectacle fut mis en scène lors de la rencontre contre Bologne avec des supporters projetant les paroles « Gli stessi colori che cadono in mare » surmontant une mer rouge et bleue animée par le mouvement de la toile. Bresh était présent sur la pelouse pour entonner son hymne repris par tout le stade. Un clip officiel fut depuis tourné, se partageant entre plans dans le stade lors de matchs, processions des tifosi dans les rues et vue sur le port. En 10 mois, il atteint plus de 10,5 millions de vues sur la plateforme Youtube37 et devient un classique de Luigi Ferraris, entonné notamment a capella par les Rossoblu lors de la venue du champion en titre napolitain en septembre 2023.

Les supporters adoptent aussi des chants qu’ils ont eux-mêmes composés et qui ont une triple fonction : glorifier l’équipe, faire peur à l’adversaire ou le discréditer38. Bien évidemment, en Ligurie, les supporters ne dérogent pas à leur mission dans leurs vociférations musicales, mais les références à la mer et ses acteurs ne sont pas absentes. Côté Sampdoria, le chant Abito in Via del Piano n’hésite pas à réécrire l’histoire dans un savant syncrétisme puisqu’il prétend notamment que Christophe Colomb fit chanter à ses marins « Forza Sampdoria ». Les supporters du Genoa eux s’identifient à une vague pour matérialiser la force de leur soutien dans le chant Forza Vecchio Grifone (« Allez le vieux Griffon »)39. Cependant, les chants sont parfois utilisés comme des armes de déstabilisation à l’encontre des supporters génois. Ainsi, en janvier 2020, lors d’un match opposant au Stade Giuseppe Meazza de la capitale lombarde, l’AC Milan à la Sampdoria, les tifosi lombards entonnèrent « si sente puzza di pesce, avete il mare inquinato, bas**do blucerchiato » accusant les blucerchiato de sentir le poisson et d’avoir une mer polluée, le tout accompagné d’insultes. Ce grief basé sur des stéréotypes frappe souvent les équipes littorales, à tel point que les tifosi de Salerne, autre célèbre ville portuaire, en ont fait un motif de fierté, détournant le célèbre tube de la chanteuse italienne Gala, Freed from Desire pour remplacer le refrain par « Puzzo di pesce » et transformer l’odeur de poisson en un tube devenant la chanson la plus écoutée de la ville40.

Mare Nostrum

Le nom des clubs peut également circuler « physiquement » comme celui de la Sampdoria puisqu’un vraquier porte le nom de « Forza Doria ». Cet acte de foi footballistique a été réalisé par le coursier en affaires maritimes Andrea Berutti, amoureux inconditionnel de la Sampdoria qui persuada Roy Khoury, armateur chrétien libanais basé en Grèce et à la tête de Blue Fleet Management, de consacrer un immense cargo sec de 32 834 tonnes de port en lourd41 à son équipe de football préférée42. Les supporters circulent aussi tout autour de la planète. La Fédération Clubs Blucerchiati compte des antennes dans de nombreuses villes portuaires, de Barcelone à Malte en passant par Nice, Londres, New-York, Las Palmas de Gran Canaria, Jakarta, Hong-Kong ou Tokyo. À l’échelle nationale, en dehors de la Ligurie, on retrouve une tendance similaire avec des Clubs Blucerchiati sur les rives de la mer Adriatique, Tyrrhénienne, Ionienne. Ludovic Lestrelin a montré comment les « supporters à distance » sont en quête d’authenticité43. Ainsi certains groupes éloignés de la capitale ligure adoptent les marqueurs identitaires de la ville, les Blucerchiati de Barcelone projettent sur leur logo des sardines, ceux de Buenos-Aires, la Lanterna, ceux de Trieste, une caravelle, ceux de Varèse, le Baciccia sur une barque en train de pêcher. On observe également une fraternité des peuples de la mer, ainsi il est de coutume pour les groupes ultras de se lier en amitié avec d’autres groupes. Ce que l’on appelle les gemellaggi, (« jumelages »). Les Ultras Tito Cucchiaroni de la Sampdoria ont noué une amitié solide avec le Commando Ultra Marseillais depuis 1987. Elle tire son origine de la fascination des supporters français pour la mouvance ultra bien implantée en Italie dans les années 1980. La proximité géographique, la montée en puissance des deux clubs et le lien à la mer unissant les deux cités portuaires structurèrent cette relation, à tel point que des supporters marseillais étaient abonnés pour les matchs de la Sampdoria44. Ce jumelage subit cependant l’érosion du temps avec le renouvellement des générations et prit fin l’an dernier.

Tel le billard à trois bandes, cette fraternité des tribunes peut s’avérer être à géométrie variable. Le 23 octobre 2013, l’Olympique de Marseille reçoit, dans le cadre de la phase de poule de la Ligue des Champions, la Società Sportiva Calcio Napoli. Les joueurs italiens sont accueillis avec des chants hostiles et des banderoles sur lesquelles est marqué « I nemici dei nostri fratelli sono nostri nemici » soit « les ennemis de nos amis sont nos ennemis ». Derrière ces mots peu accueillants se cache une déclaration d’amour pour les ultras de la Sampdoria et de défiance envers le club de la Campanie dont les tifosi ont le tort d’être jumelés avec ceux du Genoa. Il s’agit d’un des plus vieux jumelages du football transalpin, remontant à la saison 1981-1982. Lors de la dernière journée, le Genoa et le Napoli s’affrontent. La rencontre s’était soldée par un match nul 2-2, à l’issue duquel les Ligures se maintenaient en Serie A alors que l’AC Milan, rival du Napoli filait à l’échelon inférieur. En 2007 se déroula également un évènement fédérateur entre les deux entités sportives. Lors de la dernière journée de Serie B, les deux clubs qui s’affrontaient à Gênes connurent la joie de retrouver l’élite ensemble, suite à un match nul.

Si ce lien s’est fondé sur une histoire sportive commune, l’identité maritime des deux villes le solidifia avant de se terminer en 2019, les ultras du Napoli n’appréciant pas entre autres une banderole de solidarité affichée par la curva du Genoa envers ceux de l’Inter45.

Conclusion

La ville de Gênes s’est construite à travers son identité maritime depuis l’Antiquité quand elle était connue sous le nom de Stalia et plus tard à travers la thalassocratie qui fit sa gloire ou les expéditions de Christophe Colomb. Élément fondateur de son histoire, ce marqueur s’observe dans les tribunes du Stade Luigi Ferraris, les ultras en tant que protecteur mettant en lumière cette histoire portuaire et maritime à travers les tifos, chants et stickers projetant la Lanterne, des caravelles, des marins ou les devises de la République de Gênes. L’équipe autant que la ville avec laquelle les ultras entretiennent un rapport qui n’est pas seulement imaginaire sont deux métaphores qui leur permettent de se penser eux-mêmes46.

Cette réflexion s’est placée sous un angle populaire à travers des sources banales, modestes, dans le sens conceptualisé par Hervé Di Rosa avec son Musée international des Arts modestes mettant en valeur jouets, figurines et gadgets. Elles permettent une histoire d’en bas s’écartant des élites. Cependant, on trouve également un attachement à la mer dans la sphère dirigeante des deux clubs.

Aussi quand Massimo Ferrero, le président de la Sampdoria, arrive à la tête du club en 2014, il énonce un projet mirifique de nouveau stade situé dans la Marina directement sur l’eau et relié à un port de plaisance à proximité des tribunes. Coût estimé à 200 millions d’euros et pour ce projet le choix s’est porté sur l’architecte de renommée mondiale et génois de naissance Renzo Piano. Le nom de l’enceinte est déjà trouvé « La Baleine blanche ». Bien évidemment, un tel projet dont seules les pétromonarchies moyen-orientales sont capables resta lettre morte.

Côté Rossoblu, l’attachement est similaire et la saison 2023-2024, marqua le retour du Genoa dans l’élite du football italien mais également les 130 ans du club qui pour l’occasion organisa de grandioses festivités dont l’axe névralgique était le port antique restructuré à l’occasion des célébrations du cinq centièmes anniversaires de la découverte de l’Amérique. Une scène y fut installée accueillant un grand concert avec notamment Bresh, mais aussi la présentation des équipes professionnelles masculines et féminines et un feu d’artifice tiré depuis la… mer.

Notes

1 Marcello Lippi évolua dix ans au sein de la Sampdoria de Gênes. Retour au texte

2 Les deux clubs avaient été toutefois obligés de fusionner par les autorités fascistes locales sous le nom de Dominante entre 1927 et 1931 puis de AC Liguria en 1936. Retour au texte

3 Victoire contre Anderlecht 2-0. Retour au texte

4 Défaite contre Barcelone 0-1. Retour au texte

5 L’histoire de la thalassocratie génoise a notamment inspiré le livre de Jacques Heers, Gênes au xve siècle. Aspcets économiques et problème sociaux, Paris, SEVPEN, 1961. Retour au texte

6 Choix fut fait d’écrire graffiti et tifosi dans leurs pluriels italiens. Retour au texte

7 L’histoire populaire est un champ historiographique et un genre éditorial inventé par les travaux d’Howard Zinn avec son Histoire populaire des États-Unis, Paris, La Découverte, 2003 (première édition en anglais 1980). Gérard Noiriel marcha dans ses pas avec une « version » française, Une histoire populaire de la France. De la guerre de Cent ans à nos jours, Paris, Éditions Agones, 2019. Dans le domaine du sport, nous pouvons citer Mickaël Correia avec Une histoire populaire du football, Paris, La Découverte, 2018. Retour au texte

8 Erri De Luca, Napòlide, Naples, Libreria Dante & Descartes, 2006, p. 25. Retour au texte

9 Plus précisément, Gênes est baignée par la Mer de Ligurie partie de la Mer Méditerranée. Retour au texte

10 Unité de mesure définissant une longueur normalisée de 20 pieds pour les conteneurs. Retour au texte

11 L’indice de vieillesse est le rapport entre les plus de 65 ans et les moins de 15 ans. Jérôme Gautheret, « Gênes, la ville italienne où les seniors prospèrent », Le Monde, 20 novembre 2019. Retour au texte

12 Erica Manna, « La Liguria disuguale: al top disoccupazione e costo della vita », La Repubblica, 13 juillet 2022. Retour au texte

13 Nicolas Hourcade Nicolas, « La France des “Ultras” », Sociétés & Représentations, 1998/2 (n° 7), p. 241-261. Retour au texte

14 Mickaël Correia, Une histoire populaire, op. cit., p. 297. Retour au texte

15  Ibid., p. 301. Retour au texte

16 Filippo Grimaldi Filippo, « Paradosso Genoa: Gila e i suoi volano, ma i tifosi litigano, risse fra gruppi ultrà », La Gazzetta dello sport, 17 avril 2023. Retour au texte

17 Carlo Balestri et Gabriele Viganò, « Gli ultrà: origini, storia e sviluppi recenti di un mondo ribelle », Quaderni di Sociologia, 34, 2004, p. 37-49. Retour au texte

18 Cf. Christian Bromberger, Le match de football : Ethnologie d’une passion partisane à Marseille, Naples et Turin, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 1995. Retour au texte

19 Luigi Ferraris était le capitaine du Genoa tombé pendant la Première Guerre mondiale. Retour au texte

20 Carlo Gravina, Valerio Arrichiello et Armando Napoletano, « Genoa, Sampdoria e Spezia, la mappa dei tifosi in Liguria », Il Secolo XIX, 6 juin 2022. Retour au texte

21 Sébastien Louis, Ultras, les autres protagonistes du football, Paris, Mare & Martin, 2017, p. 210. Retour au texte

22 Mickaël Correia, Une histoire populaire du football, op. cit., p. 309. Retour au texte

23 Bérangère Ginhoux, « Le “patriotisme urbain” des supporters de football ultras : l’exemple des ultras stéphanois », in Michel Rautenberg, Corine Védrine et Licia Valladarès (dir.), L’imaginaire urbain dans les régions ouvrières en reconversion : le bassin stéphanois et le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, Rapport ANR, université de Saint-Etienne, 2011, p. 46-61. Retour au texte

24 Bérangère Ginhoux, « En dehors du stade : l’inscription des supporters “ultras” dans l’espace urbain », Métropolitiques, 13 mai 2015. Retour au texte

25 Est notamment inscrit : « Si bellum queres, Tristis victusque recule. Auster et Occasus, Septemtrio novit et Ortus Quantos bellorum superavi Ianua motus » soit « Si vous recherchez la guerre, vous partirez malheureux et vaincu. Le Sud et l’Ouest, le Nord et l’Est savent combien de tumultes de guerre moi, Gênes, j’ai surmonté ». Retour au texte

26 « Comme nos ancêtres dominaient les mers, nous dominons les stades ». Retour au texte

27 Mickaël Correia, Une histoire populaire du football, op. cit., p. 297. Retour au texte

28 Paolo Giampieri, « Sampdoria, la vendetta amara di Edoardo », Il secolo XIX, 13 juin 2014, [en ligne]. Retour au texte

29 Michel Kokoreff, « Des graffitis dans la ville », Quaderni, n° 6, hiver 1988-1989. Télé-ville. p. 85-90. Retour au texte

30 Le capitaine Haddock est une figure appréciée des groupes ultras notamment de villes littorales, la Butte Paillade 91 soutenant le Montpellier Hérault Sporting Club confectionna un tifo sous forme de déclaration d’amour au club dans lequel était projeté le marin des aventures de Tintin énonçant « je t’aime plus que l’apéro ». Retour au texte

31 Christian Bromberger et Jean-Marc Mariottini, « Le rouge et le noir », Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 103, juin 1994, p. 79-89. Retour au texte

32 Genoa est le nom de Gênes en anglais. Retour au texte

33 « Canti in inglese, non sai il genovese, ci provi in latino… genoano senza identita ». Retour au texte

34 « Laissez-moi chanter avec un tambour à la main », référence de l'auteur à la célèbre chanson de Toto Cutugno, L'Italiano qui chante lui avec une guitare. Retour au texte

35 Auteur-compositeur-interprète. Retour au texte

36 Giuseppe Gerardi, « Creuza de mä » Contrasti [en ligne], 18 février 2022. Retour au texte

37 https://www.youtube.com/watch?v=1U3A1tD3GeA. Retour au texte

38 Ludovic Lestrelin, Sociologie des supporters, Paris, La Découverte, 2022, p. 49. Retour au texte

39 « Da sempre noi siamo così come un’onda che viene dal mare cantiamo forza Grifone e non ci potete fermare e quando cantiamo per te ci vien dal profondo del cuore combatti e vinci per noi Forza vecchio Grifone ». Retour au texte

40 « “Freed From Desire” canzone dei salernitani: “Puzzo di pesce” brano più sintonizzato in città », SalernitanaNews [en ligne], 1er janvier 2023. La chanson de Gala fait partie du registre des ultras génois qui entonnent un « Forza Grifone » lors du refrain. Retour au texte

41 Le port en lourd désigne la capacité de chargement d’un navire, la charge à bord qu’il peut transporter, incluant équipage, soute, vivres, etc. (http://geoconfluences.ens-lyon.fr/) Retour au texte

42 Angelo Scorza, « A bulk carrier now sailing on the seas being named Forza Doria », Ship2Shore, 14 juillet 2023, [en ligne]. Retour au texte

43 Ludovic Lestrelin, L’autre public des matchs de football. Sociologie des supporters à distance de l’Olympique de Marseille, Paris, Éditions de l’EHESS, 2010. Retour au texte

44 Adrien Roche, « L’amitié OM-Sampdoria : une histoire d’ultras », Le Corner, 28 décembre 2018, [en ligne]. Retour au texte

45 Yann Dey-Helle, « Ultras : Napoli-Genoa, rupture d’un jumelage historique », Dialectik Football, 9 avril 2019, [en ligne]. Retour au texte

46 Amalia Signorelli, « Territoires : les tifosi, l’équipe et la Cité », Ethnologie Française, 1994, vol. 24, n° 3, p. 615-628. Retour au texte

Illustrations

  • Figure n° 1 : Graphe en l’honneur du Genoa et de la ville « superbe pour ses hommes et ses murs » selon le poète François Petrarque (1304-1374).

    Figure n° 1 : Graphe en l’honneur du Genoa et de la ville « superbe pour ses hommes et ses murs » selon le poète François Petrarque (1304-1374).

    Crédit : Coll. part.

  • Figure n° 2 : Graphe représentant le joueur de la Sampdoria Attilio Lombardo (1989-1995) en Popeye sur le mur extérieur du virage nord du stade de Marassi-Luigi Ferraris.

    Figure n° 2 : Graphe représentant le joueur de la Sampdoria Attilio Lombardo (1989-1995) en Popeye sur le mur extérieur du virage nord du stade de Marassi-Luigi Ferraris.

    Crédit : Coll. part.

  • Figure n° 3 : Adesivo (autocollant) associant le personnage du capitaine Haddock à la Sampdoria.

    Figure n° 3 : Adesivo (autocollant) associant le personnage du capitaine Haddock à la Sampdoria.

    Crédit : Coll. part.

  • Figure n° 4 : Graphe en l’honneur du cantautore Fabrizio De André (1940-1999) et de sa chanson Creuza de mä. Son premier vers « Umbre de muri, muri de mainé », « Ombres de visages, visages de marins ». 

    Figure n° 4 : Graphe en l’honneur du cantautore Fabrizio De André (1940-1999) et de sa chanson Creuza de mä. Son premier vers « Umbre de muri, muri de mainé », « Ombres de visages, visages de marins ». 

    Crédit : Coll. part.

Citer cet article

Référence papier

Camille Morata, « « Gente di mare », l’identité maritime chez les tifosi de Gênes », Football(s). Histoire, culture, économie, société, 4 | 2024, 131-144.

Référence électronique

Camille Morata, « « Gente di mare », l’identité maritime chez les tifosi de Gênes », Football(s). Histoire, culture, économie, société [En ligne], 4 | 2024, publié le 24 mai 2024 et consulté le 21 novembre 2024. Droits d'auteur : Licence CC BY 4.0. DOI : 10.58335/football-s.659. URL : https://preo.u-bourgogne.fr/football-s/index.php?id=659

Auteur

Camille Morata

Docteur en histoire à l’université de Montpellier I

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