Sous titrée 30e anniversaire de la grève des PTT en 1974…ou du regret de ne pas avoir connu la CNT !, cette brochure permet de revenir sur la longue grève des PTT il y a trois décennies. Pendant un mois et demi, les postiers, que le ministre de tutelle de l’époque avait traité d’idiots (d’où le titre de l’ouvrage édité par la CFDT-PTT l’an suivant chez Maspéro, Des « idiots » par milliers), luttèrent contre le démantèlement programmé de l’entreprise. Alors que la CFDT avait été l’organisation moteur de la grève, son recentrage l’amena quelques années plus tard à soutenir le plan de découpage de la branche poste et celle des télécommunications entreprise par la gauche au pouvoir.
L’auteur de cette brochure travaillait à l’époque au centre de tri postal de Nancy-Gare. Il a tenu, dans des conditions qu’il n’explique pas, un journal de grève durant la durée du mouvement, soit du 20 octobre au 2 décembre 1974. C’est ce document, agrémenté de quelques photos et d’extraits de presse, qui est proposé ici. Il s’agit d’un document brut, autant qu’on puisse en juger. C’est là que réside d’ailleurs son intérêt. Qu’apprend-on en lisant la quarantaine de pages de cette brochure ? A la fois peu et beaucoup. Peu car ce journal n’est pas un monument de rédaction. Il s’agit plutôt de petites notations, assez répétitives, comme le nombre de piquet de grève auquel son rédacteur participe. Disons que ce journal permet de suivre de manière presque immédiate les principales actions entreprises durant la grève.
En même temps, même si aucune analyse sérieuse n’est proposée, on peut y lire des pistes précieuses sur la dynamique du mouvement. De brèves notations renvoient au rôle des organisations syndicales, en particulier FO (Lardin est alors militant CGT), dont la stratégie se révèle rapidement en rupture avec les grévistes. Des incursions, hélas très brèves, sont offertes sur le mode d’organisation (le rôle du comité de grève, les manifestations, etc.). Le plus étonnant, pour le lecteur contemporain, est le rôle démesuré que certaines anecdotes jouent dans les notations. Ainsi le vol, puis la récupération des banderoles ou l’attitude à l’égard des non grévistes (femmes en l’occurrence) sont rapportés avec minutie. Un document dont on peut regretter qu’il ne donne pas lieu à une analyse un peu moins sommaire que la conclusion basée sur le regret de l’absence de la CNT à cette période là.