Nathalie Lambert et Jean-Marie Alix, Jules Carrez, 1903-1985. Convictions et engagements d'un instituteur dans le pays de Montbéliard (Doubs), Belfort, Réalgraphic, 2003.

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Syndicalisme révolutionnaire

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Sous une belle couleur rouge, le portrait d'un illustre inconnu, en tout les cas du grand public. Pourtant, Jules Carrez occupe sa place dans le lieu de mémoire qu'est le Maitron, dictionnaire biographique du mouvement ouvrier. Ce livre constitue donc un témoignage supplémentaire sur le rôle que cet instituteur, militant syndicaliste, communiste, oppositionnel, résistant, élu municipal et toujours pédagogue a joué dans l'histoire du mouvement ouvrier dans l'Est de la France. Ce livre ne se situe pas dans la catégorie des biographies académiques et savantes, empreintes de lourdes notes de bas de pages et de citations référencées. Il se présente beaucoup plus comme un témoignage (l'un des auteurs, J.-M Alix, ancien élève de PC, " Le Père Carrez ", publie lui-même sa contribution sur le personnage dans une dernière partie, " Paroles d'élèves "). L'ouvrage est d'ailleurs composé pour moitié de documents divers, dont de nombreuses photographies issues des archives familiales. On y trouve aussi des textes du plus grand intérêt, comme celui d'une conférence sur les luttes des instituteurs français sous la IIIe République, Vichy et l'occupation, tenue en 1945 est reproduite dans son intégralité (p.212-226), ou la reproduction d'un tract (p. 116) écrit en français et en allemand, destiné aux soldats allemands en août 1944 (il n'est pas dit avec précision si le tract est de la plume de Jules Carrez). La tonalité de ce tract, qui s'adressait au travailleur, socialiste, communiste ou chrétien sous l'uniforme vert de gris, tranche assez nettement avec celle de la propagande nationaliste (" A chacun son boche ! " ) du PCF à la même période. En effet, Jules Carrez est d'abord et avant tout un militant syndical, membre de l'Ecole Emancipée, la tendance syndicaliste-révolutionnaire des enseignants. S'il adhère au Parti communiste français à la fin des années 20, il rompra assez rapidement en participant à l'aventure de la FCIE, Fédération communiste indépendante de l'Est. La FCIE rassemblera des personnages importants, Lucien Hérard, Paul Rassinier, entre autres. En lien avec le Cercle démocratique de Souvarine, la FCIE souhaitait créer, en 1932, " un véritable parti communistes français, section de la 4eme internationale " (citation p. 132). Après la guerre, Jules Carrez s'inscrira à la SFIO, s'occupant d'un centre médico-psychologique et, pédagogue de toutes ses fibres, se dévouera à la bibliothèque de sa ville. Ses descendants poursuivront la tradition familiale d'engagement, du côté du PCF. Même si la partie consacrée aux engagements de cet homme n'est pas centrale dans ce livre, on ne peut que regretter de ne pas disposer plus souvent de biographies d'une telle qualité.

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Georges Ubbiali, « Nathalie Lambert et Jean-Marie Alix, Jules Carrez, 1903-1985. Convictions et engagements d'un instituteur dans le pays de Montbéliard (Doubs), Belfort, Réalgraphic, 2003. », Dissidences [En ligne], Février 2012, Nos archives : le mouvement syndical, publié le 04 novembre 2011 et consulté le 24 avril 2024. URL : http://preo.u-bourgogne.fr/dissidences/index.php?id=756

Auteur

Georges Ubbiali

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