Isabelle Spaak, Militants, Paris, Stock, 2011, 209 p.

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Le logo, le poing et la rose, exposé sur la couverture ne laisse pas d’ambiguïté sur les militants qui sont présentés dans ce livre. Il ne s’agit pas d’un travail historique ou sociologique, mais du voyage, à travers la France et ses fédérations, d’une journaliste, curieuse de mieux connaître ces inconnus qui font vivre le Parti socialiste. Signe des temps, quand on s’intéresse à la militance, c’est du côté socialiste que se tourne le regard. Longtemps ignorés, au profit de leur adversaire communiste, les socialistes sont donc l’objet d’intérêt. Le dernier ouvrage académique sur la question, celui de R. Lefebvre et F. Sawicki, La société des socialistes : le PS aujourd’hui, ed. du Croquant, 2006, dressait le constat d’une direction coupée de ses militants, de sa base, pour ne rien dire du peuple. Sans prétendre à aucune dimension théorique, Isabelle Spaak prend sa besace pour aller rendre visite à ces militants. A travers une écriture très agréable, elle promène son regard sur les réalités multiples de l’engagement dans ce parti. Elle participe aux assemblées générales de sections, elle rencontre le ou la députée, visite la ville avec le maire, lève le coude lors des réunions électorales, se rend au domicile de tel ou telle responsable pour partager un moment avec eux/elles. De l’Ile de Ré (Jospin y a son domicile) à la Corse, elle prend le temps d’écouter, de rencontrer, de discuter et d’observer ce monde foisonnant. Son récit montre un espace très vivant, fait de réunions, d’activités multiples (en particulier à l’occasion des échéances électorales), de débats parfois passionnés. Mais aussi de réalités plus triviales, sur le socialisme municipal, où le contrôle des ressources débouche parfois sur les dérapages les plus insupportables (le droit de cuissage à l’égard de femmes seules et démunies venues solliciter une aide). De manière parfois un peu pointilliste (mais le pointillisme n’a-t-il pas été aussi un immense moment artistique), elle dresse le portrait d’un tel, engagé dans toutes les luttes des années 70, syndicaliste, qui finit par se rallier au PS, faute de mieux. De tel autre, aux dents longues, qui a vite compris que ses vagues sentiments humanistes ne pourraient déboucher sur une réelle carrière politique qu’en s’enrôlant dans le seul parti qui offre de réels débouchés à ses ambitions. Ainsi qu’on peut le voir, bien que ce soit avec une sympathie évidente pour ce « peuple de gauche » qu’Isabelle développe ses descriptions, il ne s’agit pas pour autant d’une hagiographie de l’univers socialiste. Si l’entraide, la solidarité, la compassion et la volonté de transformer la société sont bien présentes, en même temps la force de rappel des institutions à l’égard de la volonté transformatrice (quand elle est présente) est également bien croquée dans ce livre. Bref, le plus grand dévouement côtoie le baronisme le plus étriqué, sous l’appellation unificatrice de militants. De manière allégorique, sans véritablement conclure cette excursion, l’auteure promène son récit, par petites touches, dans cet étrange pays qu’est celui du Parti socialiste.

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Georges Ubbiali, « Isabelle Spaak, Militants, Paris, Stock, 2011, 209 p. », Dissidences [En ligne], Mai 2012, publié le 12 mai 2012 et consulté le 21 novembre 2024. URL : http://preo.u-bourgogne.fr/dissidences/index.php?id=688

Auteur

Georges Ubbiali

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