Miguel Benasayag, Parcours. Engagement et résistance, une vie, Paris, Calmann-Lévy, 2001.

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Altermondialisme, Intellectuels

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Cet ouvrage constitue une sorte d’autobiographie, sous la forme d’une interview approfondie, d’une des « stars » du mouvement altermondialiste. Chroniqueur radio, psychanalyste renommé, Benasayag fut aussi, c’est moins connu, un militant guévariste argentin dans le courant des années 70. Il raconte son expérience de la lutte armée poursuivie par son organisation (l’ERP, Armée révolutionnaire du peuple) au fil des pages. C’est sans doute l’aspect le plus intéressant de l’ouvrage. Arrêté avec sa compagne Patricia, enceinte, ils seront torturés. Patricia sera exécutée, sa progéniture enlevée et élevée par ses tortionnaires. Même s’il ne décrit que par petites touches cette expérience, à laquelle il survit par des circonstances assez inattendues (en tant que commandante, Bensayag était destiné à l’exécution. C’est Maurice Papon, le préfet de Vichy, qui est venu le cueillir en prison), l’auteur nous livre un témoignage fort sur une expérience militante révolutionnaire. On retiendra en particulier la manière dont l’ERP traitait, en prison, ses militants qui avaient craqués sous la torture. Alors que les Monteneros, l’autre groupe guérillériste, les condamnaient à l’isolement, voire à la mort, l’ERP au contraire tentait par tous les moyens de maintenir la solidarité avec ceux qui avaient lâché. Cette expérience, qu’il raconte, est des plus passionnante. Au-delà du témoignage à caractère autobiographique, le livre est aussi pour Benasayag l’occasion d’en tirer des leçons pour la pratique politique qu’il appelle de ses vœux. S’il ne renonce à rien de son engagement (y compris la possibilité d’exécutions), il n’en développe pas moins une conception rompant avec l’idée de toute avant-garde politique. Influencé par les conceptions basées sur la notion de multitude (issue de Toni Negri, avec lequel il partage une admiration pour la philosophie spinoziste), l’auteur en appelle à une insurrection de chaque instant contre le capitalisme. Mais, paradoxe, il n’en pense pas moins que la prise du pouvoir ne saurait résumer le processus révolutionnaire. Mieux même, la perspective d’une prise du pouvoir tourne le dos à la révolution : « Le noyau de la contre-offensive réside dans cette idée que la révolte, la lutte pour la liberté n’ont pas simplement l’horizon futur d’une société plus juste, mais qu’elles répondent à une exigence dans le présent ; elles se réalisent dans chaque instant » (p. 117). Nourri d’une série de réflexions également inspirées de sa pratique psychanalytique, ce livre dense et échevelé, se lit en allant de surprise en surprise. En appelant à une politique de la joie (contre les « militants tristes »), Benasayag conclut son livre par un happy end puisqu’il retrouve l’enfant de Patricia, effectivement éduqué par un des tortionnaires de celle-ci.

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References

Electronic reference

Georges Ubbiali, « Miguel Benasayag, Parcours. Engagement et résistance, une vie, Paris, Calmann-Lévy, 2001. », Dissidences [Online], Juin 2012, Nos archives du mois : l'altermondialisme, 27 May 2012 and connection on 02 November 2024. URL : http://preo.u-bourgogne.fr/dissidences/index.php?id=651

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Georges Ubbiali

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