La messe est dite. Il faut sortir de l'entreprise capitaliste, mais faire cela ce n'est pas encore sortir du capitalisme. Les quatre auteurs (Deux sociologues, un conseiller d'entreprise et un doctorant en sciences juridiques) font donc dans le réformisme (radical la question se pose). L'ensemble est assez didactique pour qui ne maîtrise pas l'environnement des entreprises. Le chapitre I s'intéresse à la globalisation économique et revient une nouvelle fois sur les principes économiques de notre temps. Le chapitre II détaille les acteurs qui entourent l'entreprise qui sont surtout administratifs et institutionnels. Enfin le troisième et dernier chapitre nous propose de « sortir » des schèmes existants. Le lecteur de ce livre ne sortira pas plus idiot de cette réflexion surtout s'il ne maîtrise pas les habituels titres comme L'Usine nouvelle ou la Tribune et qu'il ne lit guère les pages économiques du Figaro.
Néanmoins, le chapitre I enfonce des portes déjà largement ouvertes et ne nous apprend rien de bien neuf sur la globalisation et ses processus. Le deuxième chapitre tout aussi pédagogique sera un allié précieux pour qui veut comprendre le réseau d'institutions dans lequel apparaît l'entreprise et cela à destination des étudiants ou des curieux. Le troisième chapitre développe (enfin) le fond du sujet. Peut-on dépasser l'entreprise capitaliste ? Les auteurs reviennent sur l'autogestion, les conseils ouvriers et une forme particulière du droit économique français la S.C.O.P. (Société Coopérative Ouvrière de Production) où le capital doit être détenu à hauteur d'au moins 51 % par les salariés eux-mêmes… et on reste sur sa faim.
Les auteurs proposent que les citoyens investissent les conseils d'administration (mais ce qui semble échapper aux auteurs c'est que lorsque le citoyen intègre un C.A. c'est en général pour y faire de l'argent avec ses petites actions !), que les salariés réinvestissent les Comités d'Entreprise. On a envie de dire : quels conseils avisés ! Fallait-il 200 pages d'une écriture certes légère pour en arriver là ? Nos sociologues affirment « il devient donc indispensable de réviser en profondeur la conception dominante portée par le « bloc hégémonique » au sens gramscien du terme, des propriétaires, des actionnaires et de leurs représentants qui consiste à faire croire que la société est assimilable à l'entreprise alors qu'elle n'est que le moyen de la financer » (p. 204).
Les auteurs croient-ils ce qu'ils proposent ? Et donc ? Les cinq autres paragraphes de la conclusion du chapitre III parlent vaguement d'alliances syndicales, d'un partage de la « gouvernance » des entreprises (que ce terme est à la mode cet hiver !). Il faut créer des « référentiels »… Nos quatre compères utilisent finalement le même verbalisme creux, cette novlangue très tendance des actionnaires auxquels ils pensent s'opposer.
Ce livre n'a rien ni de convaincant, ni d'innovant. On se contentera d'en faire un ouvrage éducatif sans aspect critique, tout à fait diffusable dans nos chères écoles de commerce. Quant à savoir comment sortir de l'entreprise capitaliste…