Jacques Girault, Les enseignants dans la société française au XXe siècle. Itinéraires, enjeux, engagements, Paris, Publication de la Sorbonne, 2004, 230 p.

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Mots-clés

Syndicat, Sociologie, Historiographie, Mouvement social

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Les enseignants, en tant que groupe social mobilisé, font l’objet d’une certaine actualité éditoriale. Plusieurs ouvrages sur le syndicalisme de ces salariés ont ainsi été publiés dans la dernière période. L’ouvrage dirigé par Jacques Girault s’inscrit dans cette veine. Il regroupe une série d’interventions qui se sont déroulées dans le cadre du séminaire de DEA qu’il anime à l’Université Paris XIII. Onze contributions (plus une introduction et une conclusion) sont ainsi offertes à la lecture. Les aspects sociologiques et morphologiques du groupe enseignant sont abordés dans des contributions écrites parmi les meilleurs spécialistes. On songe notamment au texte de Jean-Michel Chapoulie, dont les travaux font référence. Yolande Le Gallo aborde la question sous un angle plus monographique à partir du cas des enseignants dans le Var entre 1850 et 1940. Antoine Prost rappelle la césure que constitue le moment 68 pour la politisation du débat pédagogique, tandis qu’André Robert rappelle le positionnement des syndicats de la catégorie face aux réformes depuis la Libération. On retiendra plus particulièrement les contributions s’intéressant aux organisations syndicales. Laurent Frajerman développe une analyse (qu’il a systématisé dans sa thèse) sur la place du courant unitaire (Unité et Action, dominé par les communistes), essentiellement parmi les instituteurs. Sa conclusion, malgré la volonté révolutionnaire affirmée, est que UA a épousé rapidement les contours d’un syndicalisme catégoriel. Cette adaptation au modèle réformiste de la direction socialisante de la FEN explique sans doute, selon lui, la pérennité de l’unité de cette centrale. Bruno Poucet, dans un autre registre, développe un aperçu sur le syndicalisme au sein de l’enseignement privé. Méconnue, la FEP (Fédération de l’Enseignement Privée CFDT) représente pourtant une plate forme d’observation des modifications du syndicalisme et de la sociologie du monde enseignant, dans le privé en premier lieu, mais aussi dans le système public. Robert Hirsch propose une riche analyse sur les spécificités du syndicalisme des instituteurs dans la banlieue parisienne, opposé à celui de Paris intra-muros. René Mouriaux analyse les évolutions du syndicalisme enseignant, la rupture de la FEN et la naissance de la FSU, de ses difficultés et contradictions. Le lecteur finira par la très bonne synthèse de la place de la catégorie d’intellectuels au sein du monde communiste, au regard du monde enseignant. Si certaines de ces contributions ont donné lieu à des publications par ailleurs et ne présentent pas une originalité très marquée, d’autres travaux sont plus novateurs. Une lecture utile qui présente les multiples facettes de cette composante du mouvement social.

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Georges Ubbiali, « Jacques Girault, Les enseignants dans la société française au XXe siècle. Itinéraires, enjeux, engagements, Paris, Publication de la Sorbonne, 2004, 230 p. », Dissidences [En ligne], Histoires, Historiographies, publié le 06 décembre 2012 et consulté le 21 novembre 2024. URL : http://preo.u-bourgogne.fr/dissidences/index.php?id=584

Auteur

Georges Ubbiali

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