Edité avec le soutien de l'Institut d'histoire sociale (IHS) de la CGT du Nord, ce livre, largement illustré, présente quelques une des dimensions de la première partie de la vie d'une militante exemplaire du mouvement communiste et syndicaliste. On peut regretter qu'alors que Martha Desrumaux ne disparaît qu'en 1982, le récit s'arrête en 1948. On ne sait rien, ou si peu (essentiellement par quelques photographies) de la trentaine d'années qui sépare la fin du récit de sa disparition. Ce choix aurait pu être au minimum justifié pour le lecteur. Mais qu'à ce la ne tienne. Soutenu par des mémoires universitaires, ainsi qu'un travail de recueil de témoignages oraux, l'historien Pierre Outteryck rend compte avec grand intérêt de ce parcours singulier. Jeune ouvrière du textile, Martha fait partie des jeunes qui rejoigne le tout jeune parti communiste dès sa naissance en 1921. Ses qualités d'organisatrice l'amène à occuper rapidement des responsabilités dans le syndicalisme de la CGTU et à animer des mouvements sociaux et grévistes au sein d'un prolétariat féminin surexploité. Parallèlement, elle milite au sein du PC et des ses organisations de masse. C'est d'ailleurs cette dimension politique qui prend le dessus dans son engagement puisqu'elle est envoyée à l'Ecole léniniste internationale à Moscou en tant que Kominternienne. C'est là qu'elle épousera celui qui sera le compagnon de sa vie. Lors du déclenchement de la guerre, elle s'engage rapidement dans la réorganisation des forces communistes dans la clandestinité. Arrêtée, elle est déportée à Ravensbrück. Selon son biographe, elle est la première Française à y être déportée. Elle survit à l'univers concentrationnaire en s'appuyant sur la solidarité clandestine dans le camp. Le récit s'arrête au début 1948, alors que Martha Desrumaux a repris son activité militante aussi bien à la CGT (en tant que permanente syndicale) qu'au sein du PCF. Pourquoi et comment cet engagement dans le mouvement ouvrier s'estompe t il ? Le moins que l'on puisse dire est que l'historien ne vous apprend pas grand-chose, si ce n'est que l'on peut lire entre les lignes que le début de la guerre froide et la ligne d'isolement sectaire du PCF semble affecter fortement Marha Desrumaux. Très richement illustré, ce livre rend hommage à une militante exemplaire de cette génération thorézienne qui ont marqué l'histoire du mouvement ouvrier hexagonal.
Pierre Outteryck, Martha Desrumaux. Une femme du Nord. Ouvrière, syndicaliste, déportée, féministe, Lille, Le geai bleu, 2009, 250 p.
Article publié le 20 septembre 2012.
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Georges Ubbiali, « Pierre Outteryck, Martha Desrumaux. Une femme du Nord. Ouvrière, syndicaliste, déportée, féministe, Lille, Le geai bleu, 2009, 250 p. », Dissidences [En ligne], Communisme français, publié le 20 septembre 2012 et consulté le 21 novembre 2024. URL : http://preo.u-bourgogne.fr/dissidences/index.php?id=475