Dominique Bloyet et Jean-Pierre Sauvage, La répression anticommuniste. Loire–Inférieure, 1939-1944, La Crèche, Geste éditions, 2004, 380 p.

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Résistance

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Sur la base des archives départementales, d'un dépouillement de la presse locale, ainsi que des témoignages disponibles, ces deux historiens proposent un état de la répression contre l'activité de résistance conduite par le Parti communiste à Nantes et dans sa région. Un second volume est également prévu consacré aux mouvements et réseaux de résistants gaullistes. Fort heureusement, le récit commence avant l'invasion du territoire par les allemands. En effet, suite à la signature du Pacte germano-soviétique en août 39, le PCF est interdit, ses militants réprimés et emprisonnés. C'est dans ce cadre que se mettent en place les conditions de la clandestinité. Pourtant, sur injonction de Moscou, les auteurs ne cachent rien des tentatives de légalisation du Parti et de l' Humanité , dont le récit a été réalisé par le livre de Besse-Pennetier (voir le compte rendu sur ce site). Avec l'invasion de l'URSS, le PCF s'engage dans la lutte armée. Trois commandos sont envoyés depuis Paris pour conduire des attentats individuels à Rouen (échec), Bordeaux et Nantes. Le 20 octobre, un gradé allemand est abattu dans cette ville. Cette exécution conduira à la fusillade des otages de Châteaubriant, détenus otages, majoritairement communistes, depuis plusieurs mois. Cet attentat est désavoué par de Gaulle depuis Londres et le PCF n'ose le revendiquer ouvertement, du fait de la répression qu'il entraîne. Néanmoins, l'activité militaire communiste se poursuit durant l'hiver 41-42. Mais la traque des militants par la police française est d'une efficacité redoutable. Les uns après les autres, les groupes tombent. Les militants, arrêtés, sont torturés et parlent. C'est l'hécatombe dans les rangs communistes. En janvier 43 se déroule le procès des 42, procès sous juridiction allemande. La plupart des condamnés sont immédiatement exécutés. Si une lutte sourde continue d'opposer les résistants communistes aux forces d'occupation, la police française poursuit elle son travail de repérage, d'infiltration et finalement d'arrestation des militants. Alors que l'heure du débarquement allié s'approche, la totalité de la direction militaire et politique de la résistance dans le département est arrêtée en avril 1944. Malgré la lutte engagée pour la Libération, les arrestations et exécutions se poursuivent. Ecrit en hommage des militants (et rares militantes), ce livre en dresse une liste exhaustive. Rompant avec une vision héroïque de la lutte, les auteurs montrent bien le poids des trahisons, l'efficacité de la torture (pratiquée par la police de Vichy) pour faire parler les suppliciés, l'insouciance parfois avec laquelle est mené le travail clandestin. Un fait est clairement établi : sans la collaboration active de la police nationale, jamais l'occupant n'aurait réussi avec une telle efficacité à démanteler les groupes résistants, jusqu'aux derniers moments de l'affrontement. Des très nombreuses annexes, ainsi que des photographies de plusieurs dizaines de militants complètent cet ouvrage de référence. On regrettera simplement ici ou là les accents nationalistes des auteurs et des formulations pour le moins discutables, du style, « la souillure du drapeau » ou « leur terre violée ». Mais ce ne sont que péchés véniels dans un très bon livre.

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Georges Ubbiali, « Dominique Bloyet et Jean-Pierre Sauvage, La répression anticommuniste. Loire–Inférieure, 1939-1944, La Crèche, Geste éditions, 2004, 380 p. », Dissidences [En ligne], Communisme français, publié le 02 septembre 2012 et consulté le 21 novembre 2024. URL : http://preo.u-bourgogne.fr/dissidences/index.php?id=445

Auteur

Georges Ubbiali

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