Interactions, échanges culturels et identité chez Wilhelm Brepohl - 1919-1931

  • Interactions, Cultural Exchanges and Identity with Wilhelm Brepohl - 1919-1931

Résumés

Wilhelm Brepohl (1893-1975) est un sociologue connu pour ses activités de folkloriste (Volkskundler) en Westphalie. Après son adhésion au NSDAP en 1933, il fut promu directeur du Centre de recherches sur le folklore dans le Bassin de la Ruhr en 1935. Considéré comme un sympathisant du nazisme en 1945, il occupa néanmoins un poste de chef de division au Centre de recherches en sciences sociales de Dortmund de 1947 à 1960. Par les différentes fonctions qu'il a exercées, Wilhelm Brepohl a porté un intérêt particulier à la relation entre interactions culturelles et identités dans une région fortement marquée par les phénomènes migratoires en Allemagne. D'autre part, son ancrage historique – de la République de Weimar à la République fédérale –, permet de situer la problématique du rapport entre interactions culturelles et identités dans l'histoire allemande du XXème siècle. Afin de traiter les deux volets de cette problématique (contenus théoriques et signification historique des publications de Brepohl), il est pertinent d'étudier la genèse de sa pensée avant 1933. L'article prend appui sur les publications parues entre 1919 et 1931 dans les Heimatblätter de Dortmund (périodique rebaptisé Die Heimat en 1922 puis Die Westfälische Heimat en 1931). Empruntée notamment à Leo Frobenius, la théorie du fondement anthropologique des cultures accorde un rôle central aux migrations. Considérant néanmoins que celles-ci ont eu un impact négatif dans la Ruhr, dans la mesure où l'identité authentiquement westphalienne aurait disparu, Brepohl propose de refonder les études folkloriques (Volkskunde), en d'autres termes de créer une nouvelle science afin de réorienter les interactions culturelles dans un sens jugé plus positif pour la Westphalie.

The sociologist Wilhelm Brepohl (1893-1975) is known as a Westphalian folklorist (Volkskundler). After joining the National Socialist German Worker’s Party in 1933, he was promoted to chief of the Centre for Ethnic Studies in the Ruhr Basin in 1935. Although he was seen as a sympathizer of National Socialism after World War II, he was head of department at the Social Science Research Centre in Dortmund from 1947 until 1960. His work led him to take an active interest in the relationship between cultural interactions and identities in a region marked by migration flows in Germany. On the other hand, with his historical background – from the Weimar Republic until the Federal Republic – the issue of the relationship between cultural interactions and identities can be located in the context of German history in the 20th century. This article, which outlines the theoretical contents and the historical significance of Brepohl's publications, focusses on the genesis of his thoughts before 1933 and is based on the articles he published in the Heimatblätter of Dortmund – called Die Heimat in 1922 and Die Westfälische Heimat in 1931. Wilhelm Brepohl expounds the concept of the anthropological basis of cultures borrowed from Leo Frobenius and other authors. He sees migrations as the basis of all cultures, but believes that the cultural interactions have had a negative impact on the original Westphalian identity, which has disappeared. He logically suggests reorganizing the study of folklore (Volkskunde) as a new science so as to reorient cultural interactions in a direction that he considers more positive for Westphalia.

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Texte

Wilhelm Brepohl (1893-1975) est un sociologue connu pour ses activités de folkloriste1en Westphalie. Après son adhésion au NSDAP en 1933, il fut promu directeur du « Centre de recherches ethniques dans le Bassin de la Ruhr »2 en 1935. Incorporé et affecté au service de la propagande en 1939, c'est en qualité d'expert en études folkloriques qu'il participa à l'évaluation des populations du nord de la France pour l'élaboration de « l’Inventaire allemand de la population »3.Considéré comme sympathisant du régime, il fit l'objet de mesures de dénazification en 1945, sans que cela ne l'empêche d'occuper un poste de chef de division au « Centre de recherche en sciences sociales de Dortmund »4 de 1947 à 1960. Wilhelm Brepohl fut même chargé de cours à l'Université de Münster en 1948, où il reçut le titre de Professeur honoraire en 1957. Sa biographie, dont seuls les traits saillants sont évoqués ici,5 nous interpelle à un double titre. Par les différentes fonctions qu'il a occupées et par son ancrage géographique, Brepohl a porté un intérêt particulier à la relation entre interactions culturelles et identités dans une région ‒ le Bassin de la Ruhr ‒ fortement marquée par les phénomènes migratoires et par conséquent les phénomènes d'interaction culturelle en Allemagne.6D'autre part, son ancrage historique ‒ l'action de l’auteur couvre une période qui englobe la République de Weimar, le Troisième Reich, l'immédiat après-guerre et la République fédérale ‒, ainsi que l'activité de l'auteur dans la nouvelle Allemagne, permettent de situer la problématique du rapport entre interactions culturelles et identités dans l'histoire allemande du XXème siècle.

Afin de traiter les deux volets de cette problématique ‒ les contenus théoriques et la signification historique des publications de Brepohl ‒, il semble pertinent d'étudier sa pensée telle qu'elle se constitue avant la prise de pouvoir par les nazis, en prenant appui sur les multiples articles publiés entre 1919 et 1931 dans les Heimatblätter de Dortmund (périodique rebaptisé Die Heimat en 1922, puis Die Westfälische Heimat en 1931). Ainsi, il s'agit non pas d'étudier la genèse d'une pensée monolithique dont les prémisses annonceraient nécessairement l'implication de son auteur sous le Troisième Reich. L’objectif est d’établir une relation entre les éléments épars d'une idéologie composite mais inachevée en 1933 et appelée à évoluer après cette date. Il s'agit également de mettre en exergue les multiples contradictions d'un discours qui, non seulement revendique la scientificité, mais prétend refonder une discipline déjà considérée comme une science par la sociologie allemande : les « études folkloriques ».7.Afin de mener à bien cette entreprise, une première partie sera consacrée au fondement anthropologique des cultures tel qu'il est conçu par Wilhelm Brepohl. Ensuite, l'accent sera mis sur son analyse des interactions culturelles dans la Ruhr et enfin, la troisième partie présentera la voie préconisée par l'auteur afin de réorienter les interactions culturelles dans une direction qui lui semble plus positive.

1. Le fondement anthropologique des cultures

1.1. Cultures et déterminismes géographiques

Brepohl (1929a : 34-35), qui tente de donner une définition scientifique au terme « Heimat »8, pose deux questions étroitement corrélées, fondamentales au regard de notre sujet : quels sont les déterminismes auxquels est soumise la vie d'un peuple dans son « espace élargi » ? Quelle est l'action de cet « espace vital » sur l'individu ? Ces interrogations l'amènent à distinguer plusieurs types de déterminismes, dont les plus fondamentaux seraient de nature géographique : l’« ethnie »9, dit-il, est profondément influencée par les caractéristiques de l'espace où elle évolue, plus particulièrement par les ressources du sol qui favorisent des types d'agriculture différents. Brepohl constate d'autre part que les peuples présentent des degrés de développement différents qui se manifestent dans leurs cultures, notamment dans leurs littératures. Celles-ci, dit-il, sont le reflet d'un imaginaire populaire particulier, lui-même façonné par les formes de vie et les paysages. On peut d'ailleurs penser que Brepohl (1929 b : 193) conçoit l'imaginaire populaire comme la somme des imaginaires individuels de l'ethnie car, dans un autre article, il écrit que « les forces qui, quant à leur évolution et à leur forme, ont déterminé l’histoire, les destinées de l’ethnie, déterminent également l’individu particulier à certains égards ».10En somme, c'est le paysage qui déterminerait à la fois la « vision du monde », le tempérament d'une ethnie ainsi que le rapport à la vie de l'individu et du groupe. Un changement de paysage serait par conséquent de nature à modifier non seulement la vie organique, mais aussi les dispositions d'esprit. Brepohl affirme effectivement qu'au fil du temps l'homme ‒ en tant qu'ethnie et en tant qu'individu ‒ est parvenu à s'adapter physiquement et mentalement à son « Heimat », conçu comme climat et comme paysage.

Ces prémisses une fois posées, Brepohl (1929 b : 194) s'interroge sur l'essence de la culture définie comme le produit d'un travail de l'homme sur le monde, plus précisément sur l'espace naturel. Ce travail, qui a selon lui une double nature ‒ technique et artistique ‒, serait le produit des dispositions élémentaires de l'ethnie, elles-mêmes associées au désir de créer un style, notion qu'il définit comme l'accomplissement d'une tâche conformément à une idée. La culture procède donc à la fois de la contrainte mécanique, qui impose des actes essentiels pour satisfaire les besoins fondamentaux de l'existence, et de la liberté dans le choix de la forme. Or, les voies empruntées au cours de ces processus sont tributaires du rapport métaphysique au monde, qui jouerait un rôle essentiel dans l'exploitation des données naturelles spécifiques à un espace donné. C'est là, selon lui, un principe structurant de toute culture, principe qu'en référence à la doctrine vitaliste, il appelle « entéléchie ». Ainsi tout rapport à la vie serait-il organisé par les hommes en fonction d' « espaces vitaux » différents, qui contribueraient à engendrer des cultures différentes. L’auteur illustre son raisonnement en évoquant la typologie de Leo Frobenius, qui postule un lien de causalité directe entre espaces vitaux et caractéristiques ethniques. Ainsi distingue-t-il des ethnies belliqueuses ‒ comme les Serbes ou les Prussiens ‒ car elles vivent dans des zones frontalières, et des ethnies paysannes pacifiques implantées à l'intérieur des terres. De même le Nordique, contraint de lutter contre une nature peu clémente, serait-il particulièrement enclin à l'héroïsme alors que les populations du désert seraient fatalistes, conformément à la vision que Brepohl (1929 b : 195) se fait de l'islam. Toutefois, pour être fondamentale dans son idéologie, la géographie n'est pas le seul déterminisme expliquant les différences entre les cultures ; d'autres facteurs interviendraient dans leur émergence, notamment les migrations.

1. 2. Cultures et migrations

Aucun groupe ne vit dans l'isolement total ; au contraire, tout peuple s'aperçoit tôt ou tard que d'autres vivent différemment, voire mieux. Cette découverte susciterait chez lui le désir de migrer pour améliorer ses propres conditions matérielles. C'est là, dit Brepohl (1929 a : 35), l'origine de la circulation des différentes ethnies, qui investissent de nouveaux espaces. Notons que pour l'auteur, le désir de vivre mieux est lui-même conditionné par la géographie. Ainsi le Westphalien, dont l'une des caractéristiques déterminées par son espace originel serait l'attachement à la nature, est-il amené à rechercher une nature encore plus conforme à ses attentes et à développer un goût spécifique pour une migration que Brepohl considère manifestement comme positive. C'est en effet dans la fusion avec le Bas-Saxon que devait naître l'ethnie germanique majoritaire dans le Bassin de la Ruhr. Ce type de migration ‒ la circulation entre ethnies ‒, poursuit-il, prend au cours de l'histoire la forme stable qu'est le commerce, les formes instables étant les croisades, les explorations et les guerres. C'est donc par le désir d'améliorer sa condition, désir lui-même déterminé par la géographie, qu'une ethnie tenterait d'échapper à ses déterminismes, contribuant ainsi au développement des échanges commerciaux. Motivés par la possession des biens naturels, les groupes humains circulent et entrent en effet en contact avec d'autres groupes. Ces échanges donnent nécessairement lieu à un perfectionnement des techniques et font émerger l'industrie en tant que forme principale de l'acquisition des biens. Pour Brepohl, ce sont les forces libérées par ce processus qui engendrent la politique, car insérés dans un réseau de tensions, les hommes projettent leurs sentiments individuels sur la sphère de la vie collective : l’économie et la politique. L'auteur relativise néanmoins l'impact des échanges en tant que déterminisme lorsqu'il souligne que l'homme reste soumis aux flux de circulation et d'échange imposés par la nature et la géographie, flux qui suivent nécessairement les mêmes routes depuis la nuit des temps. D'où l'étroite imbrication de l'histoire et de la géographie.

Brepohl affirme d'autre part que la circulation des biens et des personnes implique nécessairement celle des formes culturelles. Il considère que l'émergence de paysages marqués par des cultures spécifiques est la conséquence nécessaire de la circulation des patrimoines culturels et religieux. Ce sont les migrations, les confrontations et les échanges, en d'autres termes les interactions culturelles, qui éduqueraient l'ethnie dans un certain sens et en détermineraient la nature spécifique. On voit ici confirmés, dans l’esprit de l’auteur, l'explication du « caractère belliqueux » des Serbes et des Prussiens évoqué plus haut, ainsi que le rôle fondamental des échanges et des migrations dans la constitution des différentes cultures. Ce second déterminisme ‒ le premier étant la géographie ‒ complète la réponse à l’une des questions qu'il se pose : quels sont les déterminismes qui agissent sur la vie d'un peuple dans son espace élargi ? Une lecture attentive du corpus montre d'autre part que la démarche de Brepohl, qui prétend donner un fondement anthropologique aux différentes cultures, lui permet aussi de vérifier a posteriori un présupposé, à savoir l'existence d'éléments stables ou résistants spécifiques de certaines cultures. Il lui permet surtout d'affirmer la présence de tels éléments dans le bassin minier, l'existence d'une « ethnicité »11des populations de la Ruhr. Il s'agit maintenant pour lui d'en cerner les traits spécifiques et de dégager l'identité des populations concernées.

2. Les interactions culturelles dans le Bassin de la Ruhr

2.1. La dimension historique

Afin de mener à bien son projet, Brepohl12tente de recenser, en prenant appui sur l’histoire de la province, les « caractéristiques de l'esprit et de l'âme » westphalienne. En référence à la raciologie allemande (Lenz, Paudler, Hauschild, Günther), il voit l'acte fondateur de la Westphalie dans la migration des Saxons implantés sur le littoral. Animée par le désir de trouver un territoire plus riche, mais qui restât en mesure de satisfaire son attachement à la nature, cette ethnie se serait jointe aux Phaliens, avant de se mêler aux Francs installés dans la partie rhénane du Bassin. Brepohl évoque les phénomènes soit dans une perspective ethnologique, soit dans une perspective raciologique, et cette extrême ambiguïté apparaît dans les concepts qu'il utilise. Ainsi le terme ethnie est-il souvent interchangeable avec celui de race, les Saxons étant également appelés Nordiques ou les Westphaliens plus simplement Phaliens.

De plus, Brepohl sélectionne arbitrairement certains faits sur la base d'une hypothétique causalité directe, afin de dégager une ethnicité rhéno-westphalienne qui inclue la dimension raciale. Ainsi, déterminismes culturels et raciaux se conjuguent dans l'analyse des paysages, des motifs architecturaux ou des grands événements historiques. A titre d'exemple, on mesure combien le caractère hybride de la démarche est sujet à caution lorsque l'on découvre, sous la plume de Brepohl (1931 : 101), que le mouvement anabaptiste serait étranger à la sensibilité purement nordique... Pour lui, il y a eu constitution, puis affaiblissement d'une ethnicité westphalienne de nature nordique et phalienne confrontée aux influences étrangères. Cette vision repose sur la conception d'une ethnicité, encore présente autour de 1800, résistante aux coups de boutoir infligés par le contact avec d'autres groupes humains.

Pour la période postérieure à 1800, Brepohl établit une distinction subtile entre deux types de migrations qui jouissent par ailleurs d'une connotation positive lorsqu'elles sont envisagées à l'échelle de l'humanité tout entière : le premier déclencheur de migration serait le désir d'améliorer ses propres conditions matérielles, le second serait la simple curiosité. Alors que celui-ci est jugé caractéristique des Westphaliens en quête d'aventure, la recherche de meilleures conditions de vie serait spécifique à d'autres populations que Brepohl (1926 : 249) connote négativement, même lorsqu'elles sont germaniques. Il s’agit de l'afflux massif de Silésiens, de Prussiens et de Polonais ‒ appelés « éléments étrangers à l’ethnie »13‒, qui étaient poussés vers l'Ouest par les crises agricoles et la possibilité d'emprunter le chemin de fer. Or ce type de migration que l'on qualifierait aujourd'hui d'économique, l'auteur le condamne au prétexte qu'il mettrait en péril l'ethnicité des migrants dans le Bassin de la Ruhr. Ce raisonnement est étayé par une méthode prétendument scientifique (celle des recensements démographiques), dont il attend qu’elle démontre l’affaiblissement des « aptitudes originelles » de la population concernée. La rencontre du patrimoine culturel apporté par les migrants et de celui des populations locales est certes un processus que l’auteur juge en lui-même positif. Brepohl (1926 : 250) estime néanmoins que le déracinement engendre une profonde déstabilisation des personnes concernées. Pour lui, la négativité fonctionne dans les deux sens, la rencontre des cultures étant préjudiciable tant aux allochtones eux-mêmes qu'aux autochtones du Bassin qui ʻsubissentʼ leur influence. Elle est d'ailleurs si prégnante, dit-il, que malgré la diminution continue du nombre de migrants polonais depuis 1918, elle est encore très forte en 1926. Il en veut pour preuve toute une série de données quantifiables ‒ la proportion de Polonais qui ont germanisé leur nom, le nombre de mariages mixtes ‒, mais aussi des données qui échappent à toute investigation scientifique, notamment leur influence sur « l'esprit ». Un exemple parmi d'autres : les histoires drôles racontées par les Polonais, affirme Brepohl (1926 : 250), font maintenant rire les Allemands, en quelque sorte contaminés par leur « étroitesse d’esprit ». En résumé, la distorsion apparue entre l'âme façonnée par la tradition et les nouvelles conditions de vie entraînerait un appauvrissement de l'esprit, une dénaturation des populations qui se verraient transformées en machines. Et insensiblement, Brepohl passe de l'étude des migrants à celle des migrants ouvriers, puis à celle des ouvriers. Il évoque « l'homme industriel »14, sorte de figure modélisée qui subsume les différentes catégories de travailleurs immigrés exerçant leur influence culturelle sur l'ensemble de la population du Bassin.

2.2. L'homme industriel

Cette figure idéal-typique est définie par son statut sociologique : il n'est pas paysan. Brepohl (1926 : 251) rappelle en effet que le paysan, qui a conservé ses traditions, ne connaît pas le divorce entre « l’âme » héritée du « Heimat » et les nouvelles conditions d'existence en milieu urbain. Dans un autre article, qui caractérise implicitement l'âme du paysan, Brepohl (1919 a : 103) affirme que celui-ci se conçoit comme le maillon d'une chaîne de transmission car sa vie est ancrée dans le Heimat. Inversement, dit-il, le syndicaliste ‒ l’archétype de l'homme industriel ‒ est axé sur la défense de l'intérêt immédiat, il est égoïste dans le sens où il ignore ses ancêtres et ses descendants. Ces quelques éléments ne suffisent pas à cerner le concept d'homme industriel, qui se définit également par ses prétendues spécificités ethniques. C'est un type hybride qui présente les traits dominants accumulés au cours des multiples migrations : des Allemands, il aurait reçu le goût de l'effort par exemple, des Polonais l'irascibilité. Sans oublier l'influence croisée des catholicismes et du protestantisme et, dans une moindre mesure celle de groupes numériquement très inférieurs, les « ethnies apparentées » ‒ Autrichiens et Hollandais – et les « ethnies totalement étrangères » – Italiens et Croates.

Pour Brepohl, l'afflux massif des migrants dans la Ruhr, et surtout leur déracinement, a entraîné des effets ambivalents. Positifs d'abord, dans la mesure où les meilleurs d'entre eux ont reconstitué un nouveau « Heimat » et, partant, un nouveau « rapport à la vie » et un attachement louable au terroir de la Ruhr. Celui-ci doit d’ailleurs être encouragé car, selon l’auteur :

Il n’est rien de plus pernicieux dans la vie des peuples que l’influence funeste des apatrides, l’histoire le montre partout depuis la révolution. Et aucun peuple ne peut se voir attribuer un sort pire que celui qui l’oblige à errer sans patrie et à rester à jamais étranger dans le pays qui lui refuse la plus secrète nourriture de l’âme ; c’est ce que montre l’histoire des juifs et des tsiganes. On ne peut nier ne serait-ce que l’existence de ce danger chez nos Polonais westphaliens. (Brepohl 1919 a : 104)15

Brepohl (1928 : 195) regrette néanmoins l'impact négatif des flux migratoires dans le bassin minier, à savoir l'effondrement des « forces morales », corollaire de la destruction de l’ethnicité originelle. Or, c'est elle qui est l'objet central de sa quête anthropologique. Et comme sa disparition progressive imputée aux migrants la rend pratiquement impossible, il infléchit sa recherche et tente de découvrir la « spécificité montante » des populations du Bassin. Il croit pouvoir y parvenir en établissant une corrélation entre l'identité des migrants et leur lieu d'implantation dans la Ruhr. Certaines villes, affirme-t-il, ont gardé leur caractère westphalien, d'autres en revanche sont ‘submergées’ par une ethnie étrangère. C'est notamment le cas de Gelsenkirchen, qui compte 20% d'Allemands venus de Prusse orientale et dont la vie serait largement influencée par cette structure démographique particulière. Pour Brepohl (1928 : 195-196), la division de la Ruhr communément admise en trois zones géographiques coïncide avec l'existence de trois types humains différents : au nord ‒ la zone la plus récemment industrialisée ‒ dominerait encore le type du paysan, au sud le modèle industriel, qui englobe la bourgeoisie active dans l’industrie, et au centre celui de l'ouvrier. Dans le même article, l'auteur établit une liste des influences étrangères caractéristiques du modèle industriel au niveau de la langue, des coutumes, des chansons, des danses et des légendes : les ethnies allemandes ‒ Saxons, Prussiens orientaux, Sarrois et Thuringiens ‒ auraient conservé leur régionalisme d'origine, obstacle à l'intégration en Westphalie. Brepohl croit également constater la progression des expressions dialectales de Prusse orientale dans les milieux westphaliens, évolution qui se conjugue à l'abondance de mots polonais, aux sociolectes argotiques et aux termes techniques de la mine. En ce qui concerne les coutumes, l’auteur déplore leur progressive disparition, notamment l'affaiblissement de l'attachement des populations à la nature. Ce phénomène, il l'explique par la raréfaction des espaces naturels dans les zones industrielles et par le faible nombre de propriétaires terriens, en d'autres termes par la régression d'une catégorie sociale conçue comme le rempart contre la destruction des arbres et des fleurs ou le mauvais traitement des animaux. Si, d'autre part, les chansons populaires résistent bien aux mutations, l'auteur regrette le recul des danses westphaliennes au profit des danses polonaises. Les légendes et superstitions quant à elles sont peu menacées, car les secondes s'accordent bien aux premières. Bilan de cet état des lieux : la Ruhr n'est plus vraiment westphalienne, les zones industrielle et ouvrière sont devenues étrangères à la tradition paysanne, en d'autres termes les éléments culturels de l'est, slaves et germaniques, tendent à se substituer aux spécificités de l'ouest. Les dirigeants sont certes restés westphaliens, mais les éléments culturels dominants sont maintenant « l'esprit et la forme de l'industrie », dont le type de l'ouvrier défini comme un « hybride culturel »16est la plus parfaite incarnation.

Le catalogue que Brepohl (1926 : 249-252) dresse des valeurs perdues dans la Ruhr au cours du processus d'industrialisation n'est guère original. Au travail, valeur fondamentale des paysans westphaliens, se serait substituée la cupidité, commune à l'ouvrier et au capitaliste. Le rapport affectif du paysan à la nature serait remplacé par la connaissance purement intellectuelle de celle-ci. Plus ambigu est le rejet, validé par le sens commun, du « mélange racial », évolution considérée ici comme le pire des comportements négatifs importés. Conformément à sa démarche fondamentale, Brepohl passe d'une typologie sociologique ‒ la trilogie paysan, ouvrier, industriel ‒ à une typologie ethnico-raciale dans laquelle la Ruhr est peuplée par une autre trilogie humaine : les Westphaliens de souche, les autres ethnies allemandes et les Slaves. Postulant d'autre part qu'une race pure est toujours préférable à une race hybride, qu’il estime préjudiciable aux capacités morales, Brepohl ne peut rejeter le pur Polonais, qu'il considère nécessairement comme supérieur au Polonais germanisé (quid de l'Allemand polonisé ?). Evitant de lister les différents cas d'hybridation présents dans le Bassin, Brepohl les subsume sous le terme générique de « prolétaire », mot qui ne désigne ni un « état »17, ni une classe, mais un substrat négatif sur lequel tout type humain peut se développer : les paysans, les « dégénérés », les bourgeois, etc.

Notons que, dans d'autres écrits, Brepohl (1927 : 264) peut paraître relativiser, voire infirmer ces propos. Ainsi affirme-t-il que la race pure n'est pas nécessairement synonyme d’ « âge d'or de la culture », à preuve son absence chez les peuples naturels, qui peuvent être considérés comme des « races pures ». Pour lui, la « grande civilisation » naît de la rencontre de la « forme culturelle conforme au sang », forme qui serait propre à une ethnie, et d' « autres impulsions » ou influences. La « grande civilisation » présuppose donc un mélange des races, mais à condition que l'une d'entre elles soit dominante. En fait, l'apparente relativisation de la race pure dans les publications de l’auteur n'est qu'un jalon dans la reconstruction d'une théorie de l'inégalité des races. D'où les nouvelles affirmations, qui dénient l'égalité de valeur aux races européennes. D'ailleurs, quiconque vit dans la Ruhr, dit Brepohl (1927 : 264), sait que les races sont inégales et que les vestiges de la race pure ne se trouvent que dans la « saine et immuable culture paysanne » de la Westphalie qui, cela va de soi, est portée par la race dominante dans la Ruhr. Les méandres d'une telle pensée expriment d'une part la difficulté à accepter les mélanges raciaux et les interactions culturelles, mais aussi une certaine résignation, la croyance à un type dominant en cas d'hybridation étant le seul moyen de réorienter des interactions culturelles, donc raciales, jugées calamiteuses. Sans ce levier, la pensée de Brepohl serait nécessairement réductible à un simple constat négatif et désespérant. En revanche, l'acceptation en apparence paradoxale de l'hybridation, couplée au mythe de la race dominante, constituent les bases sur lesquelles Brepohl compose son programme.

3. La réorientation des interactions

3.1. Le type dominant

Le type de l'homme industriel étant pour lui le symptôme d'une évolution dramatique, l’auteur entend créer un homme industriel syncrétique compatible avec les intérêts de la Ruhr. Brepohl (1927 : 261), dont la démarche consiste en premier lieu à cerner les traits du type dominant, forge une énième définition du « Heimat », postulé comme une unité spatio-temporelle caractérisée par des valeurs humaines. C'est sur cette base qu'il met en exergue les lacunes supposées des études folkloriques de son temps et en propose la refondation : actuellement, non seulement elles dissocient l'histoire et la géographie, affirme-t-il, mais l'historiographie s'attache essentiellement à l'étude des dynasties au détriment de la lignée et de l'ethnie. Elles devraient au contraire prendre pour objet l’étude des populations implantées sur un territoire donné depuis de nombreuses générations. Selon lui, la sédentarité, qu'elle soit totale ou partielle, est en effet d'une importance capitale, car elle impacte la formation de l'ethnicité. L'interaction des différents dialectes, formes et styles induite par les migrations ‒ même dans un contexte strictement germanique ‒ est en effet un processus inscrit dans la durée et porté par les populations. Pour Brepohl (1927 : 261), les nouvelles études folkloriques doivent donc approfondir l'histoire des dialectes et des mœurs et pour ce faire, elles doivent également prendre en compte l'héritage génétique des populations. Il s'agit pour lui de découvrir les modifications de ce qu’il appelle « l’image originelle de la spécificité raciale »18, en d'autres termes l'apparition de nouveaux traits propres au tempérament des groupes humains concernés. Comme la race pure a disparu, dit-il, il faut impérativement étudier l'évolution des caractères raciaux. Certains d’entre eux sont en effet encore présents. De plus, un type est dominant et il peut être aisément dégagé, car aux visages différents correspondent des mentalités et des comportements différents. Les nouvelles études folkloriques sont donc amenées à établir les causes de ces inégalités et celles de la répartition des différences raciales caractéristiques dans l'espace. Brepohl, qui tente même de démontrer la correspondance entre visages et mentalités en prenant appui sur des tableaux de Käthe Kollwitz et de Fidus, conçoit de nouvelles études folkloriques qui débouchent sur une histoire raciologique des familles en appui sur une cartographie des différents types ethniques. Une telle démarche fera également apparaître en filigrane l'histoire et l'implantation du type dominant dans la Ruhr. Une fois ce travail d'inventaire accompli, il s'agit pour l'auteur de passer à la seconde étape du programme.

3.2. L'action sur l'homme industriel

Brepohl (1919 a : 105) se propose d'inculquer à « l'homme simple » ‒ ici synonyme d'homme industriel ‒ l'histoire régionale en prenant appui non sur l'intellect, mais sur l'imagination et l'émotion, sur l'exaltation d'une culture minière ancrée à la fois dans le présent et dans le passé. Il ne s'agit pas d'instruction, mais d'éducation morale, la prise de conscience chez les meilleurs de la notion d'évolution comme loi fondamentale de tout phénomène devant déboucher sur une meilleure représentation de Dieu. Brepohl entend également inculquer à « l'homme simple » l'histoire des peuples qui l'ont précédé dans le bassin minier, afin de développer en lui le sentiment d'un héritage culturel qui le poussera à vouloir préserver les édifices. Par le recours fondamental à une histoire spécifique élaborée par les nouvelles études folkloriques, Brepohl croit non pas susciter la nostalgie d'un passé révolu, mais donner un sens aux différentes mutations et c'est en remontant le temps à partir du présent qu'il veut créer un nouvel attachement au terroir. L'une des missions qu'il assigne aux nouvelles études folkloriques est donc d'aider l'homme industriel à développer un nouveau regard sur son propre univers afin qu'il se sente en harmonie avec le présent et l'avenir. Pour Brepohl (1919 b : 155), la culture industrielle n'est en aucun cas réductible à une forme dégénérée de la vie rurale car, à l'instar de celui du paysan, le travail de l'ouvrier ou du mineur tire sa légitimité de son utilité à la collectivité. Comme le paysan, l'ouvrier possède des dispositions ancrées dans « l'âme du peuple allemand en mutation » et la discipline appelée « études du patrimoine local »19doit les exploiter pour allier le nouveau à l'ancien. Il convient donc de sérier ce qui est exploitable, de cerner les « forces de l'âme et de l'esprit ainsi que les dispositions » destinées à être développées en priorité. Parmi les valeurs que Brepohl souhaite régénérer, la plus importante est à ses yeux l’attachement à la nature, dont il regrette l'absence quasi-totale dans les populations industrielles. Il s'agit ensuite d'allier, chez l'homme industriel, les capacités caractéristiques du paysan ‒ opiniâtreté, fiabilité absolue ‒ à celles de l'ouvrier, à savoir compréhension plus rapide, capacité d'adaptation et vivacité intellectuelle. Pour atteindre ses objectifs, Brepohl propose de prendre appui sur le type dominant, sur les vrais Allemands et les « apparentés »20. On le voit bien, ce programme, qui repose sur la refondation des études folkloriques, ne propose rien de moins que la création d'une nouvelle identité syncrétique qui, bien qu'elle rassemble les traits perçus comme le produit des interactions culturelles, reste solidement ancrée dans celle du type dominant.

Conclusion

Les positions de Brepohl sont marquées par l'ambiguïté, tant au niveau du projet que de  la méthodologie. Son programme traduit en effet la tentative contradictoire de préserver la culture allemande traditionnelle, et plus particulièrement westphalienne, des influences étrangères dans une région par ailleurs complètement tributaire du travail effectué par des populations allochtones. Cette contradiction transparaît dans son arsenal conceptuel, qui ressortit à la sociologie et au racisme et procède à la fois d'une démarche rationnelle et d'une pensée irrationnelle. Au fond, il tente maladroitement de donner une base scientifique au projet archaïque de limiter et de réorienter les échanges culturels entre communautés différentes dans la Ruhr.

Mais c'est aussi cette hésitation constante entre démarche scientifique et affirmations racistes qui permet l'évolution de ses idées, soit dans un sens compatible avec le nazisme, soit vers une sociologie moderne. D'où son action dans l'élaboration de la Volksliste ou sa cartographie raciale des populations industrielles mise au service du Troisième Reich. D'où également, après 1945, la réorientation vers l'acceptation (résignée?) d'une société qui intègre les apports de la modernité. D'où aussi la valorisation des compétences qu’il reconnaît aux migrants, l'utilisation du lien à la nature ou encore l'attachement à la culture industrielle.

Il faut donc se garder de voir en Brepohl exclusivement l'un des idéologues racistes proches du nazisme (ce qu’il fut). Son ambivalence le situe à l'acmé d'une idéologie contradictoire sur laquelle, bien avant le Troisième Reich, l'empire wilhelminien était déjà partiellement fondé. En dépit de ses outrances, il est tout à fait représentatif de l'évolution contrainte d'une conception identitaire qui était en germe dans l'Allemagne industrielle d'avant 1914, puis fut développée sous la République de Weimar et idéalisée sous le Troisième Reich avant de disparaître progressivement dans la RFA.

Bibliographie

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Brepohl, Wilhelm (1926). « Über das Volkstum im Ruhrgebiet », in : Die Heimat ; 1926/09, 249-252.

Brepohl, Wilhelm (1927). « Rassenforschung und Heimatkunde », in : Die Heimat ; 1927/09, 261-264.

Brepohl, Wilhelm (1928). « Das Ruhrgebiet und Westfalen – Entwurf einer Volkskunde des Ruhrgebiets », in : Die Heimat ; 1928/07, 195-198.

Brepohl, Wilhelm (1929 a). « Mensch – Heimat – Geschichte – Grundsätzliches zur Neuordnung der Heimatkunde, I », in : Die Heimat ; 1929/02, 34-37.

Brepohl, Wilhelm (1929 b). « Der Einzelne und seine Heimat – Grundsätzliches zur Neuordnung der Heimatkunde, II », in : Die Heimat ; 1929/07, 193-195.

Brepohl, Wilhelm (1931). « Die geschichtliche Sonderstellung und geistige Lebenseinheit des westfälischen Raumes », in : Die Westfälische Heimat ; 1931/04, 98-103.

Ditt, Karl (1988). « Raum und Volkstum – Die Kulturpolitik des Provinzialverbandes Westfalen 1923-1945 », in : Teppe, Karl, Ed. Veröffentlichungen des Provinzialinstituts ; Band 26, Münster : Aschaffendorf, 1-455.

Goch, Stefan (2001). « Wege und Abwege der Sozialwissenschaft: Wilhelm Brepohls industrielle Volkskunde » in : Mitteilungsblatt des Instituts für soziale Bewegungen: Forschungen und Forschungsberichte 26, 139-176.

Linne, Karsten (1995). « Das Ruhrgebiet als Testfall: NS-Soziologie zwischen Rassismus und Sozialtechnologie », in : Klingelmann, Carsten / Neumann, Michael / Rehberg, Karl-Siegbert / Strubar, Ilja / Stölting, Erhard, Eds. Jahrbuch für Soziologiegeschichte 1993, Opladen : Leske + Buderich, 181-209.

Notes

1 Volkskundler. Retour au texte

2 Forschungsstelle für das Volkstum im Ruhrgebiet. Retour au texte

3 Die deutsche Volksliste : il s’agit de l’inventaire des habitants selon des critères raciaux et politiques. Retour au texte

4 Dortmunder Sozialforschungsstelle. Retour au texte

5 Pour une biographie plus complète, voir notamment Goch, Stefan (2001 : 141-144). Retour au texte

6 L’intérêt de Wilhelm Brepohl pour les rapports entre races, ethnies, cultures et groupes sociaux dès les années 20 est évoqué par Karl Ditt (1988 : 262). Retour au texte

7 La problématique de la valeur scientifique des travaux de Brepohl au regard de la sociologie allemande est notamment traitée par Karsten Linne (1995 : 189-209). Retour au texte

8 Dans les publications de Brepohl, ce terme désigne la Westphalie en général et le Bassin de la Ruhr en particulier. Retour au texte

9 C’est ainsi que les mots Stamm et Volksstamm seront traduits dans l’article. Retour au texte

10 “Die Kräfte, die nach Verlauf und Form die Geschichte , die Schicksale des Stammes bestimmt haben, bestimmen auch in manchen Dingen den einzelnen Menschen (…).“ (Brepohl 1929b : 193). Retour au texte

11 Volkstum. Retour au texte

12 Cette théorie est essentiellement développée dans Brepohl, Wilhelm (1931 : 98-103). Retour au texte

13 Fremdstämmige Elemente. Retour au texte

14 Der Industriemensch. Retour au texte

15 „Es ist nichts verderblicher im Leben der Völker als der unheilvolle Einfluss der Heimatlosen, das zeigt die Geschichte seit der Revolution auf Schritt und Tritt. Und es ist keinem Volke ein schlimmeres Los beschieden als dem, das heimatlos umherirren und ewig fremd im Land bleiben muss, das ihm die geheimste Nahrung des Gemütes versagt ; das zeigt die Geschichte der Juden und der Zigeuner. Dass bei unseren westfälischen Polen wenigstens diese Gefahr besteht, lässt sich nicht leugnen.” Retour au texte

16 Kultureller Mischling. Retour au texte

17 Stand. Retour au texte

18 Urbild der rassischen Eigenart. Retour au texte

19 Heimatkunde. Retour au texte

20 Geistesverwandte. Retour au texte

Citer cet article

Référence électronique

Marc Gladieux, « Interactions, échanges culturels et identité chez Wilhelm Brepohl - 1919-1931 », Textes et contextes [En ligne], 11 | 2016, publié le 01 décembre 2016 et consulté le 22 novembre 2024. Droits d'auteur : Licence CC BY 4.0. URL : http://preo.u-bourgogne.fr/textesetcontextes/index.php?id=622

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Marc Gladieux

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