Notes
Voir en particulier Laura Coci pour ses bilans bibliographiques publiés dans la revue Studi secenteschi (Firenze, Olschki), vol. XXIV (1983 : p. 221 à 306), XXVII (1986) et XXVIII (1987), laquelle renvoie aux « certitudes » de G. Spini (Ricerca dei libertini. La teoria dell’impostura delle religioni nel Seicento italiano, Firenze, La Nuova Italia, 1983 [1950], p. 192/195) ; E. Zanette (Suor Arcangela, monaca del Seicento veneziano, Venezia-Roma, Istituto per la collaborazione culturale, 1960, p. 364) ; C. Varese (Momenti e implicazioni del romanzo libertino nel Seicento italianot, in Libertinismo in Europa, a cura di S. Bertelli, Milano-Napoli, Ricciardi, 1980, p. 255-257) et T. Gregory (Il libertinismo della prima metà del Seicento : stato attuale degli studi e prospettive di ricerca, in Ricerche sulla letteratura libertina e letteratura clandestina nel Seicento, Firenze, La Nuova Italia, 1981, p. 39-41), entre autres ; voir aussi son article « Ferrante a Venezia: nuovi documenti d’archivio (III) », in Studi Secenteschi, Firenze, Olschki, Vol. XXIX (1988), p. 235-263. Rappelons par ailleurs que le Divorzio fut longtemps attribué à Giovan Francesco Loredano, fondateur et animateur premier de l’Académie des Incogniti (1630-1666) aux rangs de laquelle figurait notre auteur ; on sait qu’il contribua à l’édition et à la diffusion sous le manteau de ce libelle.
Ferrante Pallavicino. Libelli Antipapali. La Baccinata. Il Divorzio celeste, 2011, a cura di Alessandro Metlica, Alessandria, Dell’Orso (« Manierismo e Barocco » 12), notre édition de référence, donc, p. 53-58 ; l’établissement du texte de la Baccinata repose sur ses éditions 1642 et 1644 (« Nella Stamperia di Pasquino a spese di Marforio »), celui du Divorzio, essentiellement l’édition Villafranca, 1643, considérée comme la princeps, confrontée à d’autres tirages, dont l’exemplaire « Ingolstatt, per Iosef Arlstozz » de la même année (voir p. 48 à 52 de l’édition d’A. Metlica). Dorénavant, les renvois aux deux libelles qui nous intéressent se feront avec les initiales « B » et « D » suivies des pages citées.
Depuis, l’attribution définitive de ce libelle à F. Pallavicino a été confirmée par Clizia Carminati (2011) dans un article intitulé « Tra Bergamo e Avignone : l’ultima lettera di Ferrante Pallavicino », in Studi Secenteschi, vol. LII, p. 159-193 (et commenté par A. Metlica aux pages mentionnées dans la note précédente).
Qu’on nous permette de citer ces travaux (à réactualiser, pour le premier d’entre eux, au regard de notre remarque en note ci-dessus). Respectivement : « Divorce à la vénitienne ou l’Eglise brocardée : Il Divorzio Celeste (1643) » in M. Viallon dir., Démythification et dérision, Actes du Colloque International du C.L.O.E. (Lyon III, 8/9 novembre 2001), Saint-Etienne, Publications de l’Université de Saint-Etienne, 2003, p. 105-123 ; « La Baccinata (1643) : Ferrante Pallavicino contre les ‘coglionerie de’ Barberini’ », in A. Morini dir., Pape et papauté : respect et contestation d’une autorité bifrons, Actes du Colloque International de l’EA 3069-CELEC (groupe italianiste) des 01-02 décembre 2011, Saint-Etienne, Publications de l’Université de Saint-Etienne, « Voix d’ailleurs. Etudes italiennes », 2013, p. 312-333 (e.book https://play.google.com/store/books/details?id=pSARAgAAQBAJ). Nous signalerons aussi, dans ce dernier ouvrage, l’étude qui répondait à la nôtre de J.-F. Lattarico, sur l’Antibaccinata de Tomaso Tomasi (p. 188-200).
Francesco Vitelli fut nonce apostolique à Venise de 1632 à 1643. Homme de Lettres lui-même, accordant volontiers sa protection aux intellectuels de son entourage, il fut un impitoyable censeur pour les Incogniti les plus intrépides dans leurs écrits anticléricaux voire hétérodoxes. Honni de Pallavicino, il est le dédicataire paradoxal de la Baccinata. Les protestations du nonce devant les autorités vénitiennes figurent dans un document du 20 octobre 1642, dans lequel il déclare : « pour en revenir à ses publications, je suis sur le point de lui en attribuer une autre […] qui traite de choses diaboliques. On y dit qu’ainsi sont les mœurs du Pape ; quant à ma personne, elle est retenue ici, comme * loin de Rome, sous prétexte que, les abeilles naissant des excréments des bœufs, le Pape ne veut pas voir à côté de lui ce dont il est né. » (L. Coci, 1987, in Studi Secenteschi, vol. XXVIII, p. 307 ; l’allusion aux bœufs joue sur le nom du nonce : ‘vitelli’ est aussi le pluriel du mot ‘veau’).
Sa mort tragique frappa toute l’Europe, qui fut submergée d’une marée d’écrits s’inspirant du Corriere svaligiato (In Norinberga, per Hans Iacob Stoer, 1641 — une fausse édition, bien sûr ; ce roman épistolaire a inspiré à Montesquieu ses Lettres persanes) ou du Divorzio celeste. On sait aussi que La Philosophie des Courtisanes d’Apollinaire emprunte à La Retorica delle Puttane (Cambrai, 1642). La mode « pallavicinesque » dura jusqu’à la fin du XVIIe siècle, puisque des morceaux choisis de ses oeuvres sont plusieurs fois réédités ou traduits entre 1660 et 1673, et plusieurs œuvres sont tardivement mises à l’Index : le Giuseppe est confisqué en 1659, ainsi que Le Bellezze dell’anima, Il Principe ermafrodito, Il Sansone, La scena Retorica et La Taliclea ; le Dialogo di due gentiluomini acanzi le sera en 1668, alors que Pallavicino est mort depuis vingt-quatre ans !
La ligue soutenant les Farnèse est déclarée le 31 aôut 1641, quelques jours à peine après la publication de la Baccinata, si l’on s’en réfère à la date de la dédicace.
« Dovrebbero cessare in Urbano gli spiriti militari, e meglio sarebbe ridurre le sue Api a rifabricar il miele così grato al suo Cristo [les esprits militaires devraient cesser chez Urbain, et il vaudrait mieux que ses abeilles se remettent à fabriquer le miel si cher à son Christ] » (B, p. 63)
« e guardisi dal non far avverare la profezia ritrovata in quella gran pietra entro Macerata, ove a caratteri antichi effigiavasi la minaccia del sacco di Roma sotto quel pontefice che avrebbe per insegna le api. […] È proibito il prestar fede a somiglianti pronostici, auguri o altro presagi […] Giova però il prendere queste predizioni per avvisi e avvalersene al fuggire i pericoli [et qu’il se garde de faire que se vérifie la prophétie retrouvée sur cette grande pierre de Macerata, sur laquelle était illustrée, en caractères anciens, la menace du sac de Rome sous le règne de ce pape qui aurait des abeilles pour emblême. […] Il est interdit d’accorder foi à pareils pronostics, augures ou autres présages […] Mais il est utile de prendre ces prédictions comme des avertissements et de s’en prévaloir pour fuir les dangers] » (B, p. 66).
« Dunque sappiate, che le urgenze particolari della mia Casa hanno già eretto in Roma un monte, chiamato il Farnese, che obliga le mie fortune a contribuir censo annuale a diversi creditori. Ora, assalito Urbano VIII da spiriti bellicosi in questi ultimi periodi della vita sua, s’immaginò di fabricar sopra questo monte un fortino di varie pretensioni per oppugnar il mio ducato di Castro » (D, p. 109) ; voir aussi p. 107, p. 136-37 (sur les raisons pour lesquelles Urbain, voulant offrir à ses neveux une principauté en propre, arrête son choix sur les possessions des Farnèse, à commencer par Castro) et p. 152-53, où l’évocation de l’approche des troupes du duc Odoardo réveille le souvenir du Sac de Rome en 1527.
« Potevano le armi de’ Prencipi collegati nelle confusioni e nei spaventi di Roma, impatronirsi in poche ore di tutto lo Stato ecclesiastico. Poteva il Duca di Modena facilmente acquistar la Città di Ferrara, sopra la quale egli ha così giuste pretensioni. Poteva il Duca di Fiorenza conseguir nel Ducato d’Urbino i feudi pertinenti alla sua Casa per ragione dotale. Poteva la Republica di Venetia vendicar i suoi ben spesso oltraggiati confini. Potevano finalmente tutti uniti redimer dalla tirannide clericale gl’infelici sudditi del dominio romano. Ma chi troppo credulo prestò fede a i negoziati di Barberini, chi ha voluto pensarci bene, chi non ha saputo risolversi a tempo. In somma persero quell’opportunità che il Cielo aveva mandata per servizio della Cristianità. » (D., p. 154).
Voir notre article sur la Baccinata cité en note 4, p. 9-10.
« Dirà forse che le offese del Duca non sono contro la sua persona, in guisa che possa dispensarsi della rigidezza, ma contro la Chiesa [Il dira peut-être que les offenses du duc ne sont pas contre sa personne, ce qui pourrait le dispenser de rigueur, mais contre l’Eglise] … » (B, p. 70-71).
Pallavicino s’inscrit dans la lignée sarpienne des humeurs vénitiennes anticuriales entretenues au sein de l’Académie des Incogniti.
« Sono dunque invalide le scommuniche, mentre s’esclude il peccato ch’esserne deve fondamento antecedente [Les excommunications ne sont donc pas justifiées si est invalidé le péché qui doit en être le fondement préalable]. » (B, p. 77).
Seul le Livre I, occupé par ce thème, a été publié, mais les deux suivants, que nous sachions, jamais écrits : convaincu de la paternité de l’ouvrage, M. Scotti le considère comme resté interrompu par la mort de l’écrivain (in E. Malato dir., Storia della letteratura italiana, Roma, Salerno Editrice, vol. V, 1997, Sez. VIII, Cap. XV, p. 1189) ; ils devaient s’intéresser aux jésuites (les « bâtards de l’Eglise romaine ») et au « concorso delle altre Chiese al sposalizio di Christo [concours des autres Eglises au mariage du Christ] » (D. p. 100).
« Il Padre Onnipotente, persuaso delle ragioni del Figliuolo, si dispone di satisfarlo, ma per proceder con le solite circospezioni della Divina Giustizia comanda a S. Paulo di trasferirsi in terra, affine d’intender le querele de’ mortali e formar diligente processo delle azioni della Sposa Romana, e cosi gli parla », titre du chapitre III, p. 106.
L’auteur trouve là l’occasion de louer l’indépendance et la superbe de la République, rappelant les causes de l’Interdit de 1605, justifiant la suprématie de la juridiction laïque sur la juridiction ecclésiastique en terre vénitienne, examinant — dans une veine très paulinienne, comme le sont toutes les allusions à la responsabilité devant Dieu ; cf. Epîtres aux Romains (III, 20) et aux Corinthiens (I, I, 29) — la conformité de la loi vénitienne à la loi du Christ et vantant le zèle catholique de la Sérénissime, qui a jadis maintes fois secouru Rome… !
Voir le titre-résumé du chapitre XVI, p. 138.
« … il contenuto della quale era di tal tenore. / Ricordo alla Sereniss. Republica di Venezia. / Tra i prencipi che riveriscono Roma voi siete quello, o Republica Serenissima, che libera da una superstiziosa credulità conservate il vostro cristiano Impero lontano da gl’aggravi d’ogni insidiosa religione … » (p. 111-12).
« Desideroso d’intender in qual concetto si trova la Chiesa Romana appresso l’estere genti, ben spesso con questi tenevo ragionamento sopra i punti della Religione [Désireux d’entendre en quelle opinion est tenue l’Eglise romaine par les peuples étrangers, je parlais bien souvent avec eux de points de religion] » (p. 142).
« non vaglio più à custodir l’anima d’Urbano VIII. Il tener più a freno i suoi capricci riesce impossibile anche alle forze angeliche ; ed io avendo esperimentato indarno ogni tentativo per ridurlo alla via della ragione, non voglio esponer à più longo sprezzo le divine inspirazioni. Anzi, sto in forse di far un volo al Cielo […] per supplicar […] la divina benignità che si compiaccia disgravarmi dal peso di così travagliosa custodia, che ha in certo modo perturbato tutta la pace del mio angelico stato. » (p. 134).
« passando una mattina per certa chiesa, dove si scongiurava un inspiritato, entrai dentro chiamato dallo strepito che si udiva. Subito ch’il demonio s’accorse della mia persona, cominciò ad alta voce a gridare : / Ecco San Paulo, ecco San Paulo ! » (p. 142).
« Da parte d’Urbano VIII vegno a riverirvi, o Paulo Santo. Egli è bene informato della condizione del vostro vero essere. Bramarebbe, che vi compiaceste favorir la sua casa con la vostra presenza, perché ambisce d’haver per ospite un forestiere di tanta qualità [Je viens, ô saint Paul, vous présenter les respects du pape Urbain VIII. Il est bien informé de votre véritable condition. Il désirerait que vous daigniez faire l’honneur de votre présence à sa maison, car il souhaite avoir pour hôte un étranger d’une si grande qualité] » (D, p. 143 ; en italiques dans le texte).
« ne i tempi d’adesso i Santi devono chiamarsi forestieri nel Stato ecclesiastico » (ibid.).
Tout ce qui constitue les « dissolutezze [dissolutions] » du titre et les « abusi di questi tempi [abus de l’époque] » (p. 97), à savoir : ses ingérences temporelles (à Parme, mais pas seulement ; voir les p. 114-15 sur la querelle juridictionnelle entre Rome et Venise), la cupidité et l’avarice (p. 111), l’arrogance et l’hypocrisie des jésuites, l’argutie de sermons destinés à flatter l’oreille et la bourse de l’auditoire plus qu’à édifier les âmes (p. 122), les ambitions mondaines et la corruption des clercs jusqu’au plus haut de la hiérarchie (à l’instar de ce cardinal qui, à sa dernière heure, confesse à saint Paul : « da che ottenni il Cardinalato, giamai più osservai quaresima, giamai più recitai l’ufficio, giamai più confessai a Dio, se non in queste estreme agonie le proprie colpe [depuis que j’obtins la pourpre cardinalice, jamais plus je n’observai le carême, jamais plus je ne récitai la messe, jamais plus je ne confessai mes fautes à Dieu, si ce n’est en ce point extrême de mon agonie] », p. 127), le trafic des icônes (p. 122) et des indulgences — le Christ lui-même s’en indigne, voir p. 104 —, les immunités (en particulier au chapitre VIII, p. 114-15, qui relance à sa manière les débats à l’origine de l’Interdit contre Venise de 1605), les excommunications faciles et abusives (voir le séjour de Paul à Lucques, p. 107-08), l’Inquisition, hors, mais plus encore dans les Etats Pontificaux, comme l’expose un jeune romain de retour vers sa patrie dont il s’est volontairement exilé, las du poids de la surveillance des mœurs jusqu’au cœur des habitations privées (p. 118) et l’Index des livres interdits (voir le chapitre XIV p. 131 à 134), sans oublier le népotisme outrancier.
Argomento di tutta l’opera, p. 99.
« Ch[ri]sto, poiche vede la Chiesa Romana sua Sposa prostituita alle libidini di molti Sommi Pontefici, e particolarmente di Urbano Ottavo, si risolve di far divortio da essa, non volendo cohabitar più con l’adultera » (ibidem).
De même dans L’Anima di Ferrante Pallavicino, Villafranca, 1665, Vigilia I, p. 16.
« les appétits insatiables », les « infâmies », « malhonnêtetés » et « obscénités » maintes fois condamnés dans le texte.
Voir p. 104 ce représentatif « conculcano [ils violent] ».
Voir notre article sur le Divorzio p. 110 et n. 26.
« quando […] gli riuscisse facile l’impatronirsi dell’altrui sostanze, il Mondo può assicurarsi, che se per il passato ogni Giubileo era pretesto d’una gabella, per l’avvenire ogni scomunica sarà pretesto d’una rapina [s’il lui était facile de s’emparer des biens d’autrui, le monde peut être sûr que si par le passé chaque jubilé était prétexte à une gabelle, à l’avenir toute excommunication sera prétexte à un vol] » (p. 108) ; dans L’Anima, cit., l’argument apparaît en des termes très proches (voir p. 49-50).
P. 117 ou 138.
Insatiable, Urbain « ha […] assorbite tutte le facoltà della Chiesa, e / […] se ne vale solamente per nutrir la superbia, l’avarizia e la tirannide de’ suoi nipoti [a englouti tous les biens de l’Eglise et il ne s’en sert que pour nourrir son orgueil, son avarice et la tyrannie de ses neveux] » (p. 104-05).
Et la littérature protestante, dans laquelle la construction de la figure du pape comme antéchrist est topique…
« stima che il Pontificato sia più tosto tenuto a servir alla persona, che la persona al Pontificato » (p. 136), « già mai opera quello che crede bene, ma sempre crede bene quello che opera » (138).
Et ce jugement porté sur lui : « li teologi, già ché vedono di non poter accommodar i costumi de i pontefici alle leggi, procurano almeno d’accommodar le leggi a i costumi de’ pontefici [les téologiens, étant donné qu’ils ne voient pas comment accommoder les mœurs des pontifes aux lois, essaient au moins d’accommoder les lois aux mœurs des pontifes] » (p. 121).
« s’unirono a consulta i principali demonî, uno de quali […] così parlò. / Fratelli, lo Stato degl’ecclesiastici romani si trova in grave pericolo. Egli non è dovere lasciar perire il regno degl’amici. Sarebbe troppo certo il danno di questo Inferno, se caduto esso, seguisse una nova riforma nella Cristianità [les principaux démons se réunirent en conseil et l’un d’eux parla ainsi : Mes frères, les Etats de l’Eglise romaine courent un grave danger. On ne peut laisser périr le royaume de nos amis. Ce serait trop certainement la ruine de cet Enfer si, à la chute de celui-là, s’ensuivait une nouvelle réforme de la chrétienté] » (p. 153 ; les italiques marquent, dans le texte, le passage au discours direct).
« ribelle al suo Padrone […] che falsamente vanta a quel grado, di cui mentisce la proprietà e trascura il debito » (B, p. 69).
Par exemple, « Cristo instituì un regno pacifico, né giammai ordinò che le sue cause si trattino con armi temporali ; nondimeno li pontefici presenti costumano adoprarle, perché sogliono per ordinario trattar ogn’altra causa che quella di Cristo [le Christ instaura un royaume pacifique et n’ordonna jamais que ses causes se règlent par des armes temporelles ; pourtant, les pontifes actuels [entendons, Urbain VIII] ont coutume de les employer, car ils s’occupent ordinairement de toute autre cause que de celle du Christ] » (D, p. 109 ; voir aussi p. 122). Si un mot définit bien à lui seul l’antagonisme entre le Christ et son représentant corrompu, c’est celui que l’on rencontre dès l’avertissement au lecteur du Divorzio : « t’insegna solamente a destare le malvagie operazioni di quelli che contravengono alla Legge di Cristo [il ne t’apprend qu’à attirer l’attention sur les mauvaises actions de ceux qui contreviennent à la loi du Christ] » (p. 98 ; c’est nous qui soulignons).
« fatto [il Pontefice] autore di nuova guerra mentre ch’esser dovrebbe ministro di pace » (B, p. 67) ; même type de ‘jeu’ dans le Divorce : « Cristo con sì poco pane e con sì poca pesce [ha] saziate mille persone, mentre ora si vede che Cristo con tanti milioni d’oro appena può saziare l’appetito d’un solo Pontefice [le Christ a nourri mille personnes avec bien peu de pain et bien peu de poissons tandis qu’on voit de nos jours que le Christ peut à peine satisfaire l’appétit d’un seul pape avec de l’or à milions] », par exemple (p. 104).
« fallisce troppo gravemente nel venire con le armi in mano […] e dimostrarsi avido d’immerger il ferro fin nelle viscere di chi aver dovrebbe sicurezza nel suo seno. E pure è vicario di Cristo, che sempre portò pace … » ; « Guerra, guerra ! all’incontro grida Urbano » ; « Beati mites, disse Cristo ; là dove Urbano, corrompendo l’Evangelio, pare che proponga : beati milites » (ibid.) ; le jeu de mots de la dernière citation porte sur Mathieu 75, 4 (« Heureux les doux : ils auront la terre en partage », traduction œcuménique et intégrale de la bible proposée dans la collection « Le livre de poche »).
« non tratta di pascere, ma di scorticare le pecore […] non parla d’unirle, ma di dispergerle, non istudia d’accrescere il gregge di Cristo, ma di scemarlo » (B, p. 69).
En complément, Rome apparaît comme une anti-Jérusalem, laquelle, même avant que les marchands fussent chassés du Temple, n’était rien en comparaison, au point de laisser le Christ sans mots pour le dire (voir D, p. 104).
« Ammanti pur come gli aggrada queste determinazioni con apparenti pretesti dell’onore della Chiesa e di Cristo » (B, p. 93) et « l’avarizia nel mantenimento de’ beni temporali » (B, p. 75).
Voir B, p. 73-74.
Et au passage, se réjouissant des malheurs passés de Venise aux prises avec les Turcs (B, p. 73-74 et p. 79-80) !
Dans B, voir les « scorticare [écorcher] » (cité ci-dessus), « esterminando [exterminant] », « ruinando [ruinant] » (p. 68), ou des expressions telles que : « fatto armigero anche in decrepita età [devenu homme d’armes même à son âge décrépi] » (p. 68), « le mani armate, anzi allordate nel sangue cristiano [les mains armées et même souillées du sang des chrétiens] » (p. 72), « non d’un semplice coltello, ma di moltiplicate spade e bombarde arma li suoi indiscreti furori, per dissipare, distruggere e abolire un principe cristiano [il arme ses colères immodérées non pas d’un simple couteau, mais de nombreuses épées et bombardes pour dissoudre, détruire et abolir un prince chrétien] » (p. 73), etc.
B, p. 90.
Voir, dans notre édition de référence, n. 154, p. 90. Dans le Divorce, la lâcheté de Taddeo est longuement décrite aux p. 151-52.
« ha risolto Don Taddeo di restare al cuoperto, poiché questo è privilegio de’ coglioni, né altrimenti vuol uscire in campagna. » (B, p. 91).
« Voglia Dio che il timore o l’interesse suggeriscano sensi di simile ravvedimento molto desiderabili, mentre arreccaranno pace per la quel gioirà il mondo, e però accrescerà il riso commune promosso in lui dalle coglionerie de’ Barberini » (B, p. 93).
« O, mi dirai, questo è un libro contro il Papa. Distingui […] Egli è un libro contro gl’affetti del Papa » (D, Al Scropoloso Christiano, p. 98).
Désignés sept fois, dans le Divorce, et Taddeo cinq autres fois.
« si combatte contro li Barberini, non contro la Chiesa né il Pontefice » (B, p. 87).
« Come padre universale della Cristianità, fallisce troppo gravemente » (B, p. 67).
« se il papa sotto sacro manto di padre e di pastore si dimostrasse un lupo rapace, dovrà la dottrina d’un letterato, per non esser vietata, somministrargli ragioni onde egli possa fondar i sacri pretesti delle sue non sacre passioni » (p. 133)
« Cristo, che non poteva peccare, ha potuto esser crucifisso ; e un Pontefice ch’è composto d’umanità peccabile, e che forse pecca giornalmente, parrà strano che sia censurato dagl’altrui giusti rimproveri ? » (p. 97).
« Ah, non si sottometta a questa tirannide la penna del letterato ! Scriva con libertà li propri sensi, rimproveri gl’altrui vizi ; che se poi incontra in proibizioni e in censure, è sempre merito l’esser dannato per le colpe altrui. » (p. 134).
Le Glorie degl’Incogniti, overo gli Huomini Illustri dell’Academia de’Signori Incogniti di Venetia, Venezia, Valvasense, 1647, p. 138.
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