Amitié et écriture épistolaire en Espagne au XVIIIe siècle

DOI : 10.58335/intime.122

Résumés

Cet article se propose d’étudier comment l’écriture épistolaire exprime et traduit l’Intime, un Intime soit vécu dans le cadre de pratiques sociales, soit imaginé lorsqu’il s’agit de littérature. Au XVIIIe siècle, l’abondance des correspondances et le recours systématique à un objet, la lettre, qui permet de maintenir un lien avec l’être absent dont on est séparé, va de pair avec la prolifération d’ouvrages censés fixer une norme et produire des modèles en la matière. En littérature, le courant sentimental qui caractérise le roman espagnol de la fin du XVIIIe siècle est essentiellement axé sur l’étude et l’exaltation des sentiments humains et des tourments de l’âme, et repose largement sur l’écriture épistolaire.

This article suggests studying how the epistolary writing expresses and conveys the privacy, a privacy either lived within social practices, or imagined when it is about literature. In the XVIIIth century, the abundance of the correspondences and the systematic recourse to the letter, which allows to maintain a link with the absent, goes hand in hand with the proliferation of works supposed to fix a standard and to produce models on the subject. In literature, the sentimental current which characterizes the Spanish novel of the end of the XVIIIth century is essentially centred on the study and the exaltation of the human feelings and the agonies of the soul, and amply rests on the epistolary writing.

Plan

Texte

1. La lettre à l’époque des Lumières

Si l'art de la lettre n'est pas une invention du XVIIIe siècle, le goût pour les correspondances, réelles ou fictives, est néanmoins très en vogue à l'époque des Lumières, et l'Espagne ne fait pas exception. L’écriture épistolaire n’est certes pas uniforme, et une lettre peut se teinter d'accents fort distincts selon les deux pôles de la communication qu'elle met en regard (destinateur et destinataire), le lien qui les unit et les circonstances de l'échange. Néanmoins, l'une des constantes de ce type d'écriture est la vraisemblance qui s'en dégage. La lettre est toujours censée (r)établir une communication rendue impossible par la mise à distance des interlocuteurs, elle se substitue donc, en termes de pratiques sociales, à la conversation ou à la visite, et, sur le plan des sentiments, elle supplée l'absence et comble le vide créé par la séparation.

Ces observations liminaires sont applicables aussi bien à la littérature de fiction qu'aux correspondances réelles, et bien que toutes les lettres ne se valent pas quant au degré d'intimité qu'elles renferment, un échange épistolaire renseigne toujours sur le lien qui unit les épistoliers.

La série de rencontres organisées à l'université de Dijon dans le cadre du séminaire "Vivre et dire l'Intime" se prêtait donc bien à une étude sur les correspondances, dans la mesure où la lettre est un lieu de l'expression de l'Intime en tant que sphère du Moi en général, un lieu où un ‘Je’ parle et se raconte à un ‘Tu’, un lieu où l'Intime se dit et se formule. Cette manière de DIRE l'Intime, qui est déjà une forme de représentation, renvoie toujours (de façon explicite ou implicite) à une façon de le VIVRE, de le partager avec autrui.

La lettre est donc un objet qui témoigne de la façon dont une intériorité se livre à une autre, et plus fort est le degré de proximité sentimentale entre les deux épistoliers, mieux il révèle l'amitié qui les unit. La lettre est par ailleurs une des modalités de l'échange intime garante du sentiment amical, sachant que le sentiment lui-même se trouve justement à la source de l'échange ; autrement dit c'est en s'échangeant des lettres que des amis entretiennent le lien amical qui les unit, mais c'est aussi et avant tout parce qu'ils sont amis qu'ils s'écrivent.

2. Modélisation de l’écriture épistolaire : formulaires et recueils normatifs

À l’époque qui nous intéresse, en raison de moyens de transports lents et de voies de communication encore déficientes, la lettre est la seule alternative à la présence physique, à la conversation et aux échanges entre les personnes. L’importance qu’elle revêt de ce fait explique donc sans doute l’existence de la production d’un discours normatif, visant à codifier les contenus et à modéliser l’objet, d’où le recours à de nombreux formulaires, sortes de recueils renfermant des modèles de lettres.

À travers l’utilisation constante de cette forme de ‘parole écrite’ qu’est la lettre, il s’agit d’apprendre à bien écrire, à adopter le ton juste en fonction des situations et des interlocuteurs, et à savoir user d'un style approprié selon le type de lettre que l’on souhaite produire.

Dans cet article, nous avons examiné quelques-uns de ces documents publiés en Espagne au XVIIIe siècle1. Le premier, d’un point de vue chronologique, présente la particularité d’être bilingue (français-espagnol, à l’exception de la Préface qui n’est écrite qu’en français) et fait état de la situation suivante :

Jamais la langue espagnole n'a été plus en vogue qu'elle n'est aujourd'hui, les Nations qui ont eu autrefois le plus d'antipathie contre les Espagnols, la chérissent et l'apprennent présentement, même le plus grand Prince de l'Europe la préfère aux autres langues usitées à la Cour et la parle avec le plus grand plaisir. (...) Mais on s'est plaint avec raison que jusqu'à présent, on n'ait pas eu de bon Secrétaire Espagnol qui enseignât la véritable manière de bien écrire cette Langue. (Sobrino 1720)

L’ouvrage de Sobrino va donc proposer des modèles de lettres qui reproduisent des situations plausibles et envisagent des circonstances diverses dans l’échange.

Dans les documents considérés ici, l’accent est toujours mis sur le souci de bien écrire, mais il est bien précisé que la préoccupation n’est pas seulement d’ordre esthétique. Ainsi, est mise en avant une utilité immédiate, dans la mesure où la lettre supplée toujours l’absence, où elle s’applique à combler le vide créé par la distance physique et devient alors un substitut de la conversation2.

Dans la partie de son ouvrage, Fuentes de la elegancia, intitulée Epistolopeia o modo facil de escribir cartas, Francisco Guerra définit les conditions de l’existence d’une lettre de la même façon que les autres auteurs3. Il précise néanmoins que : « La lettre doit être I Claire. II Brève. III Élégante ».4 Et il détaille ces trois termes de la façon suivante :

Elle sera claire : I Si les mots sont appropriés, connus et communs. II Si l’on évite les phrases longues, obscures et trop artificielles. Elle sera brève : I Si l’on n’expose que ce qui est nécessaire. II Si l’on évite les circonstances inutiles et superflues. Elle sera élégante : I Si l’on s’exprime dans une langue plus savante que celle employée quotidiennement. II Si l’ornement de la coloration, des figures, des propos, des sentences et des exemples est plus soigné que dans la langue courante, principalement dans les lettres d’affaires importantes et celles adressées à des personnages illustres.5 (Guerra 1782 : 243).

Si tous s’accordent à dire que la lettre est utile et même indispensable pour maintenir une communication interrompue par l’éloignement, Antonio Marqués y Espejo évoque néanmoins l’effet de mode associé à la lettre. Le recours à cette forme de communication serait si répandu et en vogue, que la lettre serait même utilisée dans des cas où la communication ne se justifierait en rien :

Pourquoi l’absence doit-elle encourager ou autoriser quelqu’un d’impoli à écrire à une personne à laquelle il n’aurait jamais rendu visite si elle avait résidé près de chez lui ? On pèche par l’excès de lettres tout comme par la fréquence des visites. Et nombreux sont ceux qui se livrent à cet abus. La raison essentielle consiste à s’attirer la bienveillance de ceux à qui l’on écrit.6 (Marqués y Espejo 1803 : 9-10).

Cette dimension utilitaire se traduit logiquement par une catégorisation des lettres (lettres de félicitation, de consolation, de recommandation, de pétition..., et ce, en fonction de divers interlocuteurs)7, et, dans le cadre de la présente étude sur les manifestations de l’Intime, notre attention s’est naturellement portée sur la place que ces écrits accordent à l’amitié. Sur ce point, c’est François Sobrino qui nous fournit le plus grand nombre d’occurrences, même si, bien sûr, il n’est pas le seul à envisager des situations d’amitié justifiant le recours à la lettre. Parmi différents exemples possibles, nous retiendrons celui lié à la préoccupation suscitée par le silence d’un ami qui ne répond pas à une lettre. Citons quelques passages à titre d’illustration :

Lettre pour se plaindre de la négligence d’un ami. Monsieur. C’est avec bien de raison que je me plains de votre négligence, puisqu’il y a un mois que je vous écrivis et que vous ne m’avez pas répondu ; mon valet Jaques vous a porté la lettre… Faites-moi le plaisir de répondre à la lettre que je vous écris pour me tirer de peine ; si en cas vous n’êtes pas en état d’écrire, priez quelqu’un de vos amis qu’il m’écrive en vôtre nom.8 (Sobrino 1720: 329)

Lettre d’un particulier à un autre particulier, pour se plaindre de son silence. Monsieur. Après un long silence, je reçois vôtre lettre que j’ai connüe à la suscription devant de l’ouvrir.9 (Sobrino 1720: 149)

Lettre d’un chanoine à un de ses amis, pour s’excuser de n’avoir pas répondu à sa dernière. Monsieur. Ne vous plaignez pas de moi, cause que je n’ai pas répondu à vôtre dernière lettre ; j’ai eu tant d’occupation que je n’ai presque point eu le temps de dire mes heures à plus forte raison pour répondre à vôtre lettre (…) Cette affaire a été cause que je n’ai pas répondu plûtôt à vôtre lettre.10 (Sobrino 1720: 325)

Cette préoccupation liée au silence de l’ami traduit souvent le souci que l’on se fait pour sa santé, comme le prouve le passage suivant :

Lettre à un ami pour lui demander l’état de sa santé. Monsieur. Vous ne devez pas douter de l’impatience que j’ai d’apprendre l’état de vôtre santé. Vous savez qu’il est fort naturel d’entrer dans les intérêts des personnes qu’on aime et qu’on estime, sur tout quand on a bien des preuves de leur amitié. Ce n’est pas d’aujourd’hui que je vous ai dit que je vous estime, je suis toujours le même à vôtre égard, et vôtre absence ne fait qu’augmenter l’attachement que j’ai pour vous ; il y a certains avantages dont on ne connoît le prix que lorsqu’on en est privé ; je n’aurois jamais crû que quinze jours d’absence eussent êté pour moi quelque chose de si difficile à souffrir ; le plaisir en sera plus grand lorsque nous nous reverons ; je souhaite que ce soit au plutôt. Venez ou écrivez-moi, faites-moi ce plaisir.11 (Sobrino 1720 : 245).

On s’écrit donc pour donner et prendre des nouvelles, pour informer l’ami absent de la maladie de tel ou tel proche, voire de son décès. Dans ce dernier cas, la réponse sera une lettre de condoléances12 ou une lettre de consolation13. On console aussi l’ami malade, on le soutient, on le réconforte par la lettre qu’on lui envoie14, comme on le ferait en lui rendant visite ou en partageant un peu de son temps avec lui.

Mais dans l’ouvrage de François Sobrino, il est une particularité, à savoir un point que l’on ne retrouve évoqué dans aucun des autres documents de type formulaires. Sobrino définit en effet avec minutie ce qu’est la véritable amitié, telle que pouvaient la concevoir les Anciens15. Voici ce qui en est dit :

Lettre touchant la véritable amitié. Monsieur. J’ai appris que vous voulez m’avoir pour vôtre Seigneur et me choisir pour vôtre ami, ce sont deux choses for différentes l’une de l’autre, puisqu’on prend un ami volontairement et un Seigneur par necessité ; l’ami sert son ami, le Seigneur veut être servi, l’ami donne et le Seigneur veut qu’on lui donne, l’ami souffre les importunitez de son ami, le Seigneur gronde pour la moindre chose qui lui deplaise, l’ami aime et le Seigneur veut être aimé ; l’ami ne refuse rien à son ami, si un ami prête de l’argent à son ami ce n’est pas argent prêté, mais plutôt donné ; un ami entre chez son ami sans demander permission, il se met à table sans être invité. Senecque dit, dans un de ses livres, qu’un homme prudent de doit avoir qu’un ami et point d’ennemis. Les veritables amis risquent leur vie les uns pour les autres. Le privilege de la veritable amitié est de venger les injures qu’on dit à nos amis, comme celles qu’on nous dit à nous-mêmes, un ami est obligé de defendre son ami quand quelqu’un l’offense ; un veritable ami doit secourir son ami quand il a besoin de quelque chose ; un ami doit être fidèle et secret, un veritable ami ne doit pas flater son ami ; mais bien le reprimander quand il ne se comporte pas bien. C’est une grande infamie quand les amis se trahissent les uns les autres comment ils font à présent à Brusselle. Je vous offre mon amitié et suis, Monsieur, vôtre très affectionné serviteur.16 (Sobrino 1720 : 141-143)

Cette lettre diffère sensiblement de l’ensemble présenté puisque, contrairement à toutes les autres, elle ne nous place pas dans la sphère de la vie quotidienne et de ses aléas, comme c’est le cas pour ce qui est des modèles de lettres de félicitations, de requêtes, de condoléances, d’annonce d’une naissance, d’un mariage ou d’un décès, ou même encore lorsqu’il s’agit, comme nous l’avons évoqué, de lettres dans lesquelles on se plaint du silence d’un ami. Parmi les cent cinquante-quatre lettres de ce recueil, c’est le seul et unique exemple de lettre à teinture morale, voire philosophique. Cette lettre qui traite de l’amitié véritable échappe en fait à l’utilité immédiate intrinsèque à ces formulaires de modèles de lettres. La place qu’elle occupe dans l’ensemble n’obéit à aucune logique dans la mesure où son existence ne se justifie pas par ce qui précède ou ce qui suit. Il semble donc bien s’agir d’une exception, mais le simple fait d’associer réflexion sur l’amitié et modélisation de formes épistolaires nous conforte dans l’idée que plus que nulle autre forme, la lettre exprime, de par son essence, un degré d’intimité.

3. Dire l’Intime et le mettre en fiction

Pour en revenir à l’expression de l’intériorité (la strate du ‘DIRE l’Intime’), il est possible de considérer deux aspects : d'une part, la lettre réelle, d’autre part, la lettre fictive. La première permet d'appréhender des pratiques amicales à travers un échange épistolaire en particulier, la seconde de voir comment le texte épistolaire littéraire formule l'Intime, comment il met en fiction un Moi.

Des recherches passées nous ont permis d'aborder ces deux types de sources17, à savoir des romans épistolaires et sentimentaux publiés en Espagne à la fin du XVIIIe siècle, et des correspondances réelles échangées entre des hommes des Lumières, et plus particulièrement entre certains membres fondateurs de la première Société d'Amis du Pays créée en Espagne en 176518. D'un côté, grâce aux sources fictionnelles, on retrouve l'amitié au sens de l'éthique définie par les Anciens, de l'autre dans la correspondance sociétaire des Amis du Pays, on voit comment, en dépassement de la simple éthique, il se produit une socialisation du sentiment amical, au service de la formation et du maintien d'un réseau soutenant toute l'entreprise.

Dans le présent article, nous avons choisi de faire porter notre étude sur le texte épistolaire fictionnel, car le type de correspondance échangée entre les membres de la Vascongada19, est moins de nature à rendre compte de l'intériorité et de l'intimité des personnes, moins enclin à sonder leur âme, quoique les soucis du quotidien et les avatars personnels transparaissent aussi sous leur plume, mêlés aux préoccupations sociétaires les plus diverses20.

Mais que l'on se place du point de vue des pratiques (plan du VIVRE) ou bien de celui de l'écriture (plan du DIRE, et dans le cas présent de la fictionnalisation), il est une constante selon laquelle l'échange épistolaire est toujours un palliatif à l'absence. Les amis s'écrivent lorsqu'ils sont séparés, et leur amitié, qui ne souffre point la distance physique, trouve un refuge dans les lettres qui forment un trait d’union entre eux, même si toute correspondance est naturellement faite de moments d’échange régulier, de moments d’échange intense et de aussi de moments de silence, comme nous l’avons évoqué en examinant les fameux formulaires. Ce rythme de l'échange, conjugué à d'autres paramètres formels, tend à conférer au texte épistolaire fictionnel un statut souvent complexe, et même quelquefois paradoxal, puisqu’il donne à lire et rend public un contenu censé n'être écrit que pour un destinataire unique et précis, ce qui l'apparente d’ailleurs à d'autres formes d'écriture à la première personne, elles aussi révélatrices de l'Intime.

En Espagne, et en Europe en général, divers types d’écriture, que Jacques Soubeyroux désigne par l’expression générique l'«écriture du moi»21, sont à mettre en rapport avec l’émergence du courant sentimental et pré-romantique dans les dernières années du siècle, hérité des modèles étrangers, en particulier anglais, français et allemands.

Francisco Aguilar Piñal, pour qui l’analyse des sentiments est l’élément d’unité du roman européen du XVIIIe siècle22, associe quant à lui sentimentalité et essor de certaines formes romanesques, telles que les mémoires ou l’écriture épistolaire, en insistant sur le fait que ces formes d’expression de l’intime accordent une large place à l’élément féminin, dans la mesure où ce sont les femmes qui, majoritairement, s’intéressent à ce type de littérature, et où ce sont également elles qui, logiquement, en sont les protagonistes23.

Ce mécanisme d’imprégnation des modèles étrangers est également à mettre en rapport avec l’apparition et la structuration graduelle de la classe bourgeoise24, d'apparition tardive en Espagne, classe qui s’identifie à ces récits larmoyants centrés sur le Moi.

D’autre part, dans les fictions romanesques de la période étudiée, l’homme n’est plus considéré en tant que membre d’une communauté, mais plutôt en tant qu’individu, et, à ce titre, ses sentiments, ses désirs, son évolution personnelle marquée par les expériences successives rythmeront dès lors le moteur de l’intrigue. Le héros de ces récits poursuit un cheminement personnel à la recherche de la vertu, de la vérité mais aussi et surtout du bonheur, valeur si chère aux hommes des Lumières. Rien d’étonnant alors à ce que, dans ce contexte de l’individualité et de l’Intime, fleurissent diverses « écritures du Moi », expression que nous préférons employer au pluriel25. En effet, ces écritures du Moi, prennent des formes variées qui, finalement, empiètent parfois l’une sur l’autre au point de se confondre.

À ce stade de la réflexion, nous ferons observer que c’est bien l’amitié qui joue le rôle de ciment de ces formes d’écritures de l’Intime. Ainsi, si la correspondance, réelle ou fictionnelle, et le journal intime constituent tous deux une pratique essentielle de l’amitié, il n’en est pas moins vrai que le journal demeure un exercice de l’amitié tout à fait paradoxal, dans la mesure où l’ami reste absent. Nombre de journaux sont en effet des pseudo-lettres que le diariste s’adresse à lui-même, et c’est finalement la solitude qui l’emporte, une solitude d’autant plus forte qu’elle s’alimente d’un regard réflexif. Cependant, il existe des lettres dans lesquelles des fragments de journaux sont recopiés dans le but de donner à lire à l’ami un écrit a priori voué au secret le plus strict, et il n’est pas rare que, dans la vie comme dans les fictions de l’époque, un ami demande à son semblable de tenir un journal dans le but de le lui offrir.

Activité épistolaire et écriture du journal sont donc assez proches même si l’on pourrait a priori penser que la première est un exercice de l’amitié (donc de l'échange, de la communication) et la seconde un exercice de la solitude, et les frontières entre ces deux écritures du Moi sont quelquefois floues et perméables. Cette apparente contradiction se résout d’ailleurs avec une facilité parfois déconcertante. Nous retiendrons pour l’heure qu’il s’agit de deux écritures de l’instant, censées livrer au lecteur une spontanéité des sentiments, un élan du cœur qui traduit une intériorité en émoi.

Au rang des écritures de l’Intime, il convient bien sûr d’inclure les mémoires et les autobiographies. Les unes et les autres se distinguent de la lettre et du journal, dans la mesure où elles élaborent un récit a posteriori et sont toutes deux des constructions rétrospectives. Elles ont, dès lors, sinon vocation, du moins tendance, à interpréter le passé à la lumière du présent, à mettre en perspective un vécu relu en fonction d’un cheminement vital qui subit immanquablement des altérations imputables à l’action du souvenir et de la mémoire.

Si nous considérons d’autre part la lettre, et plus particulièrement le roman épistolaire, il faut bien remarquer qu’il s’agit d’un vecteur privilégié du courant axé sur l’exaltation des sentiments et des tourments de l’âme. L’écriture épistolaire contribue également à résoudre le problème de la vraisemblance, question au cœur de la crise qui affecte le roman à l’époque des Lumières26.

On peut donc bien parler d’une dictature du Moi, laquelle participe de l’effet de réel recherché dans l’écriture. Le lecteur de romans épistolaires ressent ce ‘Je’ qui parle et écrit à un ‘Tu’ comme s’il était lui-même le ‘Tu’, le confident et l’ami du ‘Je’. Confidences de deux amants, lettres à l’absent(e), ou bien encore révélations faites à un(e) ami(e)-confident(e) et destinataire des lettres, le roman épistolaire offre diverses variantes et différentes structures, qui toutes traduisent l’absence.

Et c’est sans doute là qu’il faut chercher l’une des raisons du succès du roman par lettres. François Jost insiste sur le fait que ce succès doit être mis en rapport avec « le rôle que jouait dans la vie de l’homme du XVIIIe siècle la lettre réelle, celle que lui apportait le facteur »27. L’attente des nouvelles, des événements et des personnes passait en effet par le courrier, souvent unique source d’information à une époque où, comme nous l’avons dit, malgré les aspirations des individus, les communications restaient encore difficiles. L’absence semblait donc plus longue en ces temps où les voyages étaient lents, et le désir de revoir un ami s’exprimait à travers l’impatience créée par l’attente de ses lettres, comme le montre bien la récurrence de ce motif dans les formulaires de lettres précédemment évoqués.

Par ailleurs, cette forme d’écriture qui relève de la sphère du privé va de pair avec la mise en scène d’une subjectivité. Et lorsque Laurent Versini qualifie le genre épistolaire d’ « objectivité de la subjectivité »28, il exprime à merveille cette synthèse entre mensonge et vérité. Il n’en demeure pas moins que le statut de l’épistolaire est extrêmement trouble et ambigu, en ce sens que cette écriture donne à voir, ou plus exactement à lire, une intimité censée n’être dévoilée qu’à une seule personne : l’amant(e), l’ami(e)… Par l’entremise de ‘l’éditeur’ qui publie les lettres, le lecteur se transforme donc en voyeur qui viole le secret contenu dans la lettre.

Ainsi, en tant que voix de l’introspection et de l’analyse de soi, il est évident que le choix de l’écriture épistolaire implique d’emblée une relation privilégiée et particulière entre les différents agents de la communication, autrement dit entre le destinateur-narrateur, sujet de l’échange, et le destinataire-narrataire. Rappelons que ces épistoliers sont le plus souvent des ami(e)s ou des confident(e)s, lorsque ce ne sont pas les amant(e)s auxquel(le)s l’on a plaisir d’ouvrir son cœur et de manifester son bonheur ou sa souffrance.

Si l’on parle de façon générale, et générique, de romans par lettres, il serait vain de penser qu’il n’existe qu’une seule et même variante de ce type d’écriture. Le schéma de la communication épistolaire est en effet multiple et varié selon qu’il met en jeu un seul ou bien plusieurs destinataires, voire même destinateurs. Dans ce dernier cas, il est alors possible de parler de véritable éclatement de la fonction narrative (roman polyphonique en opposition au roman monodique)29, selon le type de lettre dont il s’agit, ou bien encore selon qu’il s’agisse du vrai roman par lettres ou au contraire d’un genre limite, hybride, frontière entre roman-mémoires, journal intime ou autobiographie.

Références bibliographiques

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Notes

1 Sobrino, François (1720). Secrétaire espagnol enseignant la manière d'écrire des Lettres espagnoles selon le style moderne, expliquées en françois. Bruxelles. Guerra, Francisco (1782). Fuentes de la elegancia en tres tratados. Sintaxis elegante. Metrologia o método claro, para saber brevemente todo género de versos latinos. Epistolopeia o modo facil de escribir cartas. Valladolid. Retour au texte

Anónimo. Nuevo estilo y formulario de escribir cartas missivas, y responder a ellas, en todos generos y especies de correspondencias lo moderno, conforme a el uso, que oy se practica, y las cortesías que se han de guardar en el principio, medio y fin de las cartas, y antes de las firmas, y con qué personas (1733). Madrid.

Anónimo. Nuevo estilo y formulario de escribir cartas misivas, y responder a ellas, en todo genero de correspondencia, segun el estilo moderno. Corregido y notablemente aumentado en esta última impresion (1827). Madrid.

Begas, J. Antonio D. (1847). Nuevo estilo y formulario de escribir cartas misivas, y responder a ellas, en todos generos de especies de correspondencia. Reformado segun los progresos de la civilizacion actual. Zaragoza.

Marqués y Espejo, Antonio (1803). Retórica epistolar o arte nuevo de escribir todo género de cartas misivas y familiares. Madrid.

2 « Les lettres missives furent l’une des choses que le talent de l’homme apporta à la société humaine. Dans ces lettres, sont représentés avec beaucoup de vérité les objets des personnes qui les écrivent et les lisent, car il leur semble qu’elles se parlent mutuellement. Grâce à ces lettres, sont expliqués les concepts de l’âme en raison de la distance qui sépare une personne d’une autre, et la communication est rendue plus facile sur tous les sujets. Les membres de la société doivent impérieusement communiquer entre eux, les uns en vertu des préceptes qu’exigent l’urbanité et la courtoisie envers ses égaux, d’autres en vertu du besoin qu’ils ressentent, ou peuvent ressentir à l’égard une personne, d’autres encore pour des raisons liées aux affaires et au commerce. Enfin, leurs préceptes lient tous ceux qui ne vivent point ensemble, tous étant par ailleurs membres de la société. Cette communication sociale ne peut avoir lieu que par la lettre, le billet ou un quelconque papier ». « Una de las cosas con que proveyó el injenio del hombre a la sociedad humana, fue con las cartas misivas ; en ellas se representan al vivo los objetos de las personas que las escriben y las leen, pues les parece que mutuamente se hablan. Por ellas se esplican los conceptos del ánimo, mediante la distancia en que se hallan el uno del otro, y por cuyo medio oportuno les franquea la comunicacion en todos los asuntos. La necesidad de comunicarse los miembros de esta sociedad es egecutiva ; a unos en cumplimiento de los preceptos que exige la urvanidad y política con sus iguales : a otros, en cumplimiento y pererogacion con quien necesitan o puedan necesitar : a otros por razon de sus negocios y comercio : y en fin a todos obligan sus preceptos por no vivir juntos, aunque todos compongan una sociedad ; no pudiendo ser esta comunicacion social por otro medio que por cartas, esquelas, o papeles ». (Begas 1847 : Advertencia al lector). Retour au texte

3 « Une lettre n’est rien d’autre qu’une conversation entre des personnes absentes (...) Chaque fois que l’on écrit une lettre missive ou privée, on doit employer le même style que lorsqu’on parle, car on ne traite pas ici des lettres philosophiques, critiques ou littéraires, comme celles du très grand Révérend Feijoo, de l’abbé Andrés ou d’autres auteurs, qui, lorsqu’ils les ont écrites se proposaient déjà de les publier (…). Si ces lettres se substituent à la conversation dont l’absence nous prive, on comprend aisément qu’un sujet ne devra écrire à un autre quand il devra vraiment le faire ou qu’il aura une raison suffisante pour lui parler ; il lui parlera à travers sa lettre, en employant le traitement approprié au respect dont il userait s’il lui parlait oralement, et il emploiera enfin dans le récit qu’il lui fait par écrit le style dont il userait en s’adressant à lui parlant de vive voix. Il n’est pas nécessaire d’occuper une haute fonction ni d’être érudit ou célèbre pour se voir fréquemment dans l’impérieuse obligation d’écrire des lettres. La société nous offre constamment des causes justes qui nous forcent à prendre la plume. L’amitié, la politique, l’intérêt, la gratitude… » (Marqués y Espejo 1803: 5-9). « No es mas una carta que una conversacion entre personas ausentes (...) El mismo estilo que quando se habla debe emplearse siempre que se escribe una carta misiva, o familiar, pues no tratamos ahora de las filosóficas, críticas, o literarias, como las del Reverendísimo Feyjoo, las del Abate Andrés, u otros autores, que al excibirlas se proponían ya el publicarlas. (...) Si éstas se substituyen a la conversacion, de que la ausencia nos priva, se comprende facilmente, que solamente deberá un sugeto escribir a otro, quando debiera, o tubiese motibo suficiente para hablarle ; le hablará, por su carta, dándole el tratamiento, y observando con él los respetos, que de palabra le daría ; y empleará por último en la relación que por escrito la hace, el estilo de que usaría, hablandole verbalmente. No es necesaria la circunstancia de verse constituido en alto empleo, con la noticia de sabio, o de hombre célebre, para hallarse freqüentemente en la indispensable obligacion de tener que escribir algunas cartas. La sociedad nos ofrece incesantemente causas justas, que nos fuerzan a tomar la pluma. La amistad, la política, el interés, la gratitud... ». (Marqués y Espejo 1803: 5-9).

3 « C’est une conversation entre des personnes absentes. C’est un Messager à travers lequel nous faisons connaître aux personnes absentes ce qui nous est nécessaire ou utile ». (Guerra 1782 : 242). Retour au texte

« Es una conversacion entre ausentes. Es un Mensagero, por quien hacemos saber a los ausentes lo que nos es necesario, o provechoso ». (Guerra 1782 : 242).

4 « La carta debe ser I Clara. II Breve. III Elegante» Retour au texte

5 « Sera clara : I Si las palabras son propias, familiares, y comunes. II Si se evitan las oraciones largas, obscuras, y demasiado artificiosas. Sera breve : I Si solo se proponen las cosas necesarias. II Si se evitan las circunstancias inutiles y superfluas. Sera elegante : I Si el modo de hablar es algo mas culto, que el cotidiano. II Si el adorno de la coloracion, de las figuras, razones, sentencias, y semejanzas es algo mas trabajado, que el familiar, principalmente en las cartas de negocios ilustres ; y a mayores Personages. Retour au texte

6 « ¿Y por que ha de alentar la ausencia, o ha de autorizar, a un impolitico para que escriba a aquella persona, que si residiese en su mismo vecindario, de ningun modo la visitaria ? En la multitud de cartas se peca. Como en la freqüencia de visitas, y son muchos los que incurren en este abuso. El motibo, mas comun, es captar benevolencia de aquellos a quienes se escribe.» Retour au texte

7 C’est dans l’ouvrage de Francisco Guerra que ce classement est le plus explicite puisque y sont distingués huit types de lettres, à savoir : «  I Remerciements II Reconnaissance III Recommandation IV Sollicitation V Consolation VI Exhortation VII Annonce VIII Prière ». « I Gratulatoria II Eucharistica III Commendatoria IV Petitoria V Consolatoria VI Exhortatoria VII Nunciatoria VIII Responsoria » (Guerra 1782 : 243-244). Retour au texte

8 « Carta para quexarse del descuydo de un amigo. Señor mío. Con razon me quexo del descuydo de Vuestra Merced, pues ha un mes que le escriví y no me a respondido; mi criado Diego llevó la carta... Respondame Vuestra Merced a esta, para sacarme del cuydado en que estoy, si a caso no pudiere escrivir, diga a alguno de sus amigos que me escriva en nombre de V. M. que Dios guarde muchos años como desseo.» Retour au texte

9 « Carta de un particular a otro particular, quexandose de su silencio. Señor mío. Despues de un gran silencio, recivo la carta de Vuestra Merced, que conoci en el sobre escrito, ante de abrirla.» Retour au texte

10 « Carta de un Canonigo a un amigo suyo, para injuria de no aver respondido a la ultima carta que le avia escrito. Señor mío. No se quexe Vuestra Merced de mi por que no he respondido a su ultima carta ; mis ocupaciones an sido tantas, que casi no he tenido lugar para rezar mis horas, quanto mas para responder a ella. (…) Este empeño a sido la causa de no aver respondido antes.» Retour au texte

11 Carta a un amigo para saber el estado de su salud. Señor mío. Vuestra Merced no a de dudar de la impaciencia que tengo para saber el estado de su salud. Vuestra Merced sabe que es muy natural entrar en los intereses de las personas a quienes amamos y estimamos, y sobre todo quando tenemos muchas pruevas de la amistad de ellas. No es desde oy que he dicho a Vuestra Merced que le estimo, soy siempre el mismo para con Vuestra Merced, y su ausencia aumenta su estimación; ay ciertas ventajas cuyo precio no se conoce nunca si no quando se an perdido ; no uviera creydo que quinze dias de ausencia uviessen sido para mi una cosa tan dificil de sufrir ; el gusto sera mayor quando bolvamos a vernos, deseo que sea quanto antes. Venga Vuestra Merced, o escrivame, hagame este gusto. Retour au texte

12 «  Lettre de condoléance à un Ami qui a perdu son fils ainé. Monsieur. J’ai appris par la lettre qu’il vous a plû de m’écrire, que vous avez perdu vôtre fils aîné, qui étoit l’appui de votre maison et la consolation de vôtre famille. » (Sobrino 1720 : 107). « Carta a un Amigo para darle el pésame de la muerte de su hijo primogenito. Señor mio; Por la carta que Vuestra Merced a sido servido de escrivirme, he visto que ha perdido su hijo primogenito que era el apoyo de su casa y el consuelo de toda la familia ». (Sobrino 1720 : 106). Retour au texte

13 « Monsieur. J’admire vôtre piété et vôtre grand courage dans l’affliction où vous êtes, vous perdez un père qui avoit de très bonnes qualitez et qui vous étoit fort necessaire, cette perte vous est extrêmement sensible ; mais vôtre piété vous fournit la consolation nécessaire. Si c’est une consolation aux affligez de savoir qu’on prend part à leur douleur, je puis vous assurer, Monsieur, que j’en prends autant que vous ». (Sobrino 1720 : 243). « Señor mío. Admiro la piedad y el gran animo de Vuestra Merced en su aflicion, pierde un padre que tenia buenas prendas, y que le era muy necessario, esta pérdida le es a Vuestra Merced de gran sentimiento; pero su piedad le da la consolacion necesaria. Si es una consolación para los afligidos el saber que otros participan del dolor de ellos, asseguro a Vuestra Merced que yo tomo tanta parte en el como Vuestra Merced». (Sobrino 1720 : 242). Retour au texte

14 « Lettre de consolation à un ami qui est malade » (Sobrino 1720 : 237). « Carta consolatoria a un amigo que esta malo». (Sobrino 1720 : 236). Retour au texte

15 Mary Trojani 2001 : voir Chapitre I Le discours sur l’amitié. 1. Aux sources du discours sur l’amitié : quelques anciens et Montaigne (pp. 15-61). Retour au texte

16 Carta tocante la verdadera amistad. Señor mío. He tenido noticia que Vuestra Merced quiere tenerme por su Señor, y escogerme por su amigo, son dos cosas muy diferentes, pues el amigo se toma por voluntad y el Señor por necesidad ; el amigo sirve a su amigo, el Señor quiere ser servido, el amigo da y el Señor quiere que le den, el amigo sufre las importunidades de su amigo, el Señor riñe por la mas minima cosa que no le agrade, el amigo ama y el Señor quiere ser amado ; el amigo no niega nada a su amigo, si un amigo presta dinero a su amigo, no es dinero prestado si no dado ; un amigo entra de rondon en casa de su amigo, se sienta a su mesa sin ser combidado. Seneca dize, en uno de sus libros, que un hombre prudente no a de tener si no un amigo, y ningun enemigo. Los verdaderos amigos aventuran la vida unos por otros. El privilegio de la verdadera amistad es que venguemos las injurias que dizen a nuestros amigos como las que nos dizen a nosotros, un amigo está obligado a defender a su amigo quando alguno le ofende; un verdadero amigo a de socorrer a su amigo quando lo uviere menester, el amigo a de ser fiel y secreto ; un verdadero amigo no a de lisongear a su amigo, si no reprehenderle quando no se comporta bien. Grande infamia es que los amigos vendan los unos a los otros, como hazen al presente, en Bruselas. Ofrezco mi amistad a Vuestra Merced que Dios guarde muchos años como desseo.» Retour au texte

17 Mary Trojani 2001. Retour au texte

18 La Real Sociedad Bascongada de los Amigos del País, fondée au Pays Basque dès 1763-1764, a été officiellement reconnue par Charles III en 1765. Retour au texte

19 Abrévation utilisée pour désigner la Real Sociedad Bascongada de los Amigos del País. Retour au texte

20 Mary Trojani 2004. Tellechea Idígoras, Ed. 1987. Retour au texte

21 Soubeyroux 2000. Retour au texte

22 Aguilar Piñal 1992. Retour au texte

23 Álvarez Barrientos 1995; García Garrosa 1998; Truxa 1996. Retour au texte

24 Mary Trojani 2003a. Retour au texte

25 Mary Trojani, Cécile (2003b). Retour au texte

26 « Au XVIIIe siècle, à l’argument traditionnel (le roman est une école de dépravation) il faudrait ajouter le dédain manifesté par les Néoclassiques à l’égard d’une forme littéraire bâtarde, éphémère bagatelle à la mode. Ce genre, qui n’est pas répertorié par Aristote, ne s’attache pas à la vérité : il s’avère donc incompatible avec la philosophie ». « En el siglo XVIII, al argumento tradicional (la novela es escuela de depravación) habría que añadir el desdén que los neoclásicos manifiestan hacia una forma literaria bastarda, efímera fruslería de moda. El género, que no está catalogado por Aristóteles, no se interesa por la verdad: resulta incompatible, pues, con la filosofía ». Domergue, Lucienne (1985), « Ilustración y novela en la España de Carlos IV», in: Homenaje a José Antonio Maravall. (Tomo 1), Madrid, 483-498. Retour au texte

27 Jost 1996. Retour au texte

28 Versini 1979. Retour au texte

29 Calas 1996. Retour au texte

Citer cet article

Référence électronique

Cécile Mary Trojani, « Amitié et écriture épistolaire en Espagne au XVIIIe siècle », L'intime [En ligne], 3 | 2012, publié le 25 septembre 2012 et consulté le 21 novembre 2024. DOI : 10.58335/intime.122. URL : http://preo.u-bourgogne.fr/intime/index.php?id=122

Auteur

Cécile Mary Trojani

Maître de Conférences, IRIEC Toulouse (EA-740), Université de Toulouse-Le Mirail, Département d'études hispaniques et hispano-américaines, 5 allée Antonio Machado, 31058 Toulouse cedex 9 – cecile.trojani [at] wanadoo.fr