Prière de gagner : les vœux footballistiques de Gyula Grosics et de l’évêque de Szeged. Religion, football et identité dans la Hongrie contemporaine

  • Prayer to win: the football vows of Gyula Grosics and the Bishop of Szeged. Religion, football and identity in contemporary Hungary

DOI : 10.58335/football-s.768

p. 63-75

Abstracts

Les académies de football se sont multipliées dans la Hongrie contemporaine. L’une d’elle a été créée dans le sud du pays à proximité des frontières serbe et roumaine. Il s’agit de l’Académie Catholique de Football Gyula Grosics fondée en juin 2009 dans la ville de Gyula par László Kiss-Rigó, évêque de Szeged-Csanád. Le but de cette institution dépasse très largement les fonctions pédagogiques assumées par l’Église puisqu’elle vise à former des footballeurs professionnels. Pour ce faire, elle a pris pour parrain le gardien du « Onze d’or » Gyula Grosics (1926-2014). Le choix n’est pas fortuit. Catholique convaincu sous un régime férocement athée, Grosics s’est démarqué de ses coéquipiers par une foi jamais démentie et la surveillance policière dont il a fait l’objet.

football academies have proliferated in post-1989 Hungary. One of them has been set up in the south of the country, close to the Serbian and Rumanian borders. The Gyula Grosics Catholic Football Academy was founded in June 2009 in the town of Gyula by László Kiss-Rigó, Bishop of Szeged-Csanád. The aim of this institution goes far beyond the educational functions performed by the Church, as it aims to train professional footballers. To this end, it has chosen Gyula Grosics (1926-2014), the goalkeeper of the “Golden Eleven”, as its patron. The choice was not accidental. A staunch Catholic under a fiercely atheist regime, Grosics stood out from his team-mates through his undeniable faith and the police surveillance to which he was subjected.

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Text

Depuis 2009, un club peu ordinaire donne une couleur particulière au football hongrois. Il s’agit de l’Académie Grosics, actuellement implantée dans la ville de Szeged, métropole de province méridionale du pays, située à proximité des frontières roumaine et serbe, et siège d’un diocèse catholique. Si, en règle générale, les cartes ecclésiastiques et sportives de la Hongrie coïncident peu, un fait pour le moins peu fréquent a attiré l’attention du public (et, avec le temps, du chercheur) : la fondation de l’Académie, et des clubs qui en sont issus, est due à László Kiss-Rigó, l’évêque de Szeged-Csanád, grand amateur du football. Si la participation des ministres des cultes et autres personnels des communautés religieuses aux activités du terrain ou leur implication dans l’organisation du soutien populaire au sport et/ou aux clubs (des petits villages surtout) ne constituent pas une exception1, le football, sport populaire (et pendant longtemps sport du peuple), étant ouvert à tous, il est, à notre connaissance, extrêmement rare que l’engagement aille jusqu’à la participation aux compétitions appartenant aux ligues professionnelles, et donc l’adoption d’un modèle commercial et lucratif.

Cet article qui relève de l’histoire et de l’anthropologie culturelle, se propose d’étudier la fondation et l’évolution du club « d’inspiration religieuse » à plusieurs niveaux. Le premier sera évidemment l’étude de l’aspect sportif. On se concentrera toutefois moins ici sur les performances sportives des joueurs que sur le fonctionnement de l’institution. Le deuxième niveau de l’étude sera celui du contexte et de l’évolution du/des club(s) et de ses équipes. Le troisième niveau enfin retiendra particulièrement notre attention ce club devant, comme toute organisation, disposer de légitimités sur le plan institutionnel (ou juridique), moral et/ou historique (n’excluant pas la politique). Cette approche ne pourra pas non plus ignorer ou négliger le processus de légitimation sportive, le club étant désireux de devenir le représentant emblématique du Sud de la Grande Plaine et se décrivant comme le continuateur des traditions séculaires du football à Szeged2. Il s’agit ainsi de forger une identité sociale complexe permettant au club de se faire une place dans l’espace du football hongrois, s’ancrer au sein d’une communauté et de s’assurer une longévité assortie de succès. Le tout en n’oubliant pas le message des Évangiles et des missions (morale, sociale et spirituelle) de l’Église catholique.

Nous commencerons donc par la présentation de l’histoire proprement dite de cette académie (et du système des académies en Hongrie en général) avant d’envisager les deux figures déterminantes de l’académie et du club, Gyula Grosics, un des meilleurs gardiens du but de l’histoire du football, parrain de l’académie et du club, et László Kiss-Rigó, évêque de Szeged et du football.

De l’académie au football professionnel

L’Académie Catholique de Football Gyula Grosics a été fondée en juin 2009 dans la ville hongroise de Gyula (28 000 habitants), dans le sud-est de la Grande Plaine, près de la frontière roumaine3. Le site web de l’établissement souligne son caractère, « unique en Europe » tout en célébrant évidemment la figure de Gyula Grosics, le gardien de but de la grande Hongrie des années 1950. Si l’utilisation du nom du gardien de but du « Onze d’or4 » n’est pas exceptionnelle en soi5, ses membres faisant parfois l’objet d’un culte à ramifications parfois politiques6, quelques traits de la fondation suggèrent que cette académie sportive est vraiment différente des autres. Tout d’abord, quoique déployant ses activités à Gyula, son siège social se trouve à Szeged avec pour adresse celle du palais épiscopal du diocèse catholique de Szeged-Csanád (2 place Aradi Vértanúk). En second lieu, selon le même site, une orientation chrétienne et doucement identitaire compatible avec les valeurs du football professionnel lui a été donnée dès sa fondation. Selon son site officiel :

On reçoit principalement la candidature des enfants désireux de se construire une carrière de footballeur de façon professionnelle, ayant pour objectif, en tant qu’adulte, d’intégrer des équipes professionnelles en Hongrie ou à l’étranger, et admettant les valeurs chrétiennes dans l’éducation et dans la formation. Nous recevons aussi les candidats étrangers, surtout des Hongrois au-delà des frontières, sur le territoire du Bassin des Carpates. […] On reçoit les talents de Hongrie et de l’ensemble du Bassin des Carpates qui, admettant les valeurs catholiques, renforcent l’identité des Magyars de Hongrie et de l’autre côté de la frontière7.

Figure n° 1 : Blason et logo de la Szeged-Csanád Grosics Akadémia.

Figure n° 1 : Blason et logo de la Szeged-Csanád Grosics Akadémia.

Crédit : Szeged-Csanád Grosics Akadémia.

En troisième lieu, l’académie porte, depuis sa fondation, le nom de Gyula Grosics. Or, en 2009, le gardien, avant-dernier survivant du Onze d’or, était encore en vie (il est décédé en 20148) ; obtenir son consentement fut donc nécessaire. Toujours d’après le site, cet accord fut acquis sans difficulté : Grosics se serait même montré flatté. Dans une adresse aux membres de l’académie, il rappela sa propre vie et, bien sûr, les exploits du Onze d’or, tout en soulignant les valeurs positives du sport en général. Si le texte paraît un peu long pour une page web, il n’en résume pas moins la philosophie de la « panthère noire » (voir encadré).

Je salue tous les membres de l’Académie, surtout les joueurs. Lorsque Monseigneur László Kiss-Rigó m’a proposé de devenir le parrain de l’Académie, je le pris pour un très grand honneur, et l’acceptai avec plaisir.

J’ai offert ma vie au football et à ma patrie. Je suis parti de la petite ville de Dorog. Ma mère voulait que je devienne prêtre, idée qui ne m’était pas entièrement étrangère, mais la fortune ou la Providence m’a fait footballeur. Grâce à cela, j’ai pu prendre part à des succès au retentissement national et mondial. Je suis fier de ce que, membre du Onze d’or, j’ai pu jouer dans la même équipe que les quatre joueurs hors pair, Ferenc Puskás, Sándor Kocsis, József Bozsik et Nándor Hidegkuti.

La génération d’aujourd’hui ne comprend que difficilement combien la vie politique et sociale était différente à l’époque où la sélection hongroise est devenue le Onze d’or. Le pays était sous le poids des contraintes, ce qui a encore mieux souligné l’importance du sport. Tous ces succès, nous ne les avons pas vécus seuls, mais en compagnie de 15 millions de Magyars. Le football reflète toujours les réalités du pays. Dans une société comme la nôtre après toutes ces décennies, pourquoi un footballeur serait plus honnête que le milieu dans lequel il vit ? Aujourd’hui, le joueur se rend au terrain, participe à l’entraînement, et court ensuite après ses propres affaires. Il ne lui vient même pas à l’esprit qu’il devrait « servir » un sport qui a toujours joué un rôle important dans la vie des Hongrois. Dans les années cinquante, plus d’une dizaine de millions de Magyars disaient : « Nous avons battu les Anglaisa ». On ne disait pas « le Onze d’or », mais « nous ». Plusieurs millions de Magyars sentaient que nous étions parvenus au sommet. C’est déjà triste si l’essence de tout cela doit être expliquée à un footballeur hongrois adulte.

En ce qui concerne le foot hongrois, j’affirme que le problème ne réside pas dans le football même, mais dans l’esprit des joueurs. Chez les footballeurs hongrois d’aujourd’hui, il n’y a aucun respect à l’égard du club, de l’entraîneur, des coéquipiers, du public et du jeu. Ils croient que le public – s’il y en a dans les tribunes – est honoré par leur présence. Ils ne jouent que des rôles. Une star étrangère, comme Messi, a beau gagner des millions, veut encore progresser. Un joueur hongrois, une fois un bon contrat signé, reste aux abonnés absents. Les problèmes du football hongrois ne sont pas d’ordre technique ou tactique, mais moral.

Dans notre football, il y avait toujours deux ou trois gardiens au-dessus de la moyenne. Ceci dit, ils ne déterminent pas le sort du football hongrois. Ils sont les joueurs les plus enthousiastes, les plus honnêtes du football. Cela fait déjà longtemps que j’ai vu le film anglais La solitude du coureur de fond. Le gardien du but se trouve à peu près dans le même état d’esprit et dans la même situation pratique que le coureur de fond : il n’a pas de partenaire. Les autres joueurs s’entraînent, le gardien, lui, travaille. Dans le football, marquer un but et subir un but sont deux choses tout à fait différentes. Lorsque le gardien encaisse un but, c’est l’anéantissement. Parfois, un geste qui plaît au public, fait figure d’acte de bravoure. Or, vu de l’intérieur, des situations bien différentes constituent des moments bravoure.

Si le sport apporte le succès et la popularité, il construit aussi la personnalité. Il nous apprend la retenue, le respect d’autrui et… l’amour de la patrie. Dans toute ma vie, je n’arrivais en retard à l’entraînement qu’une seule fois ; j’en ai des remords même aujourd’hui. Grâce au sport, on apprend à nouer des liens avec cette communauté que l’on appelle la patrie.

À l’Académie, toutes les conditions sont réunies. On recrute des joueurs dans l’ensemble du Bassin des Carpates, et on les forme. Peut-être, le nouveau Puskás se trouve parmi eux. Je souhaite que les joueurs de l’Académie Grosics deviennent des joueurs des plus excellents ; des joueurs qui respectent leurs parents, leurs entraîneurs et, avant tout, leur patrie.b

a. Allusion au match Angleterre-Hongrie du 25 novembre 1953. La Hongrie, remportant la victoire avec un score de 6-3, devint la première nation non-britannique à battre l’Angleterre au stade Wembley et mit terme au home record.
b. https://www.grosicsakademia.hu/koszonto

Ces premiers éléments renvoient donc à une académie se construisant autour de la formation professionnelle (celle des futurs joueurs professionnels), morale et/ou religieuse (le christianisme), nationale (recruter des éléments issus de tous les territoires habités par les Magyars).

Figure n° 2 : Gyula Grosics sous le maillot de Honved en 1954.

Figure n° 2 : Gyula Grosics sous le maillot de Honved en 1954.

Crédit : Fortepan/Faragó György ID 261531.

La formation des jeunes dans le football, d’un siècle à l’autre

Dans le football hongrois, la formation des joueurs restait un domaine négligé jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Les observateurs des grandes formations se contentaient d’assister régulièrement aux matchs et « championnats » spontanés des jeunes, notamment à Budapest, et les adolescents les plus talentueux étaient invités à rejoindre les sections juniors des clubs9. Pendant la guerre, le championnat hongrois ne s’arrêtant pas avant 1944, le rôle des jeunes joueurs s’est considérablement accru, les footballeurs de la catégorie senior ayant dû intégrer progressivement l’armée.

Après la guerre, pendant les années 1940 et 1950, la stalinisation n’a pas laissé immune le monde du football. Le sport étant considéré comme un moyen politique et de « lutte pour la paix », un processus de centralisation et de hiérarchisation a abouti à la restructuration complète des activités sportives10. Phénomène de masse étatisé, strictement contrôlé, en un mot, soviétisé, le sport est devenu un outil pour distraire le prolétariat officiellement au pouvoir, et de produire des héros pour le nouveau régime. Une nouvelle règlementation a obligé les clubs à développer les activités de recrutement et de formation des plus jeunes jusqu’à l’équipe première. Le football n’a pas échappé à ce phénomène, et les efforts ont rapidement porté des fruits. Au début des années 1950, le nombre des entraîneurs qualifiés s’élevait à 900, qui avaient sous leur responsabilité un total de 100 000 joueurs enregistrés11. Et tout cela pour un pays de neuf millions d’habitants seulement !

Ce modèle, imaginé pour une politique, une économie et une société soviétisée, légèrement modifié à partir des années 1960, commence à se gripper au milieu des années 1980, lorsque, sous le poids des difficultés économiques du pays, de plus en plus de petits clubs perdent le soutien d’usines ou de coopératives qui disparaissent faute d’argent et du soutien de l’État. Le premier signe du changement fut la fondation de l’Académie Sándor Károly en 2001, du nom de ce joueur légendaire, par le club budapestois MTK ou plutôt par son propriétaire Gábor Várszegi, un homme d’affaires, très préoccupé par la professionnalisation et la modernisation technique, financière et morale du football hongrois. Ancien musicien rock ayant fait des études aux États-Unis, enrichi dans le commerce des diamants, il est devenu l’un des premiers capitalistes hongrois des années 1980. Propriétaire du MTK à partir de la saison 1994-1995 (jusqu’en 2011), il a visité les académies des vingt-cinq clubs européens les plus importants, avant d’implanter le modèle en Hongrie. Installé de 2001 à 2019 dans le château d’Agárd (près du lac Velencei, à une heure de Budapest), le centre de formation, ouvert aux jeunes promesses âgées de 6 à 19 ans, a rencontré un grand succès, manifesté entre autres, par le titre de champion de première division dans la saison 2007-2008, et inspira la fondation d’autres académies. En l’espace d’une dizaine d’années, la formation des jeunes joueurs connue une refonte totale12.

Il n’est peut-être pas fortuit que la deuxième académie ait été créée par Viktor Orbán, alors ex-premier ministre13, en 2005, à Felcsút, son village natal. Portant le nom de Puskás depuis le 1er avril 2007, elle obtient avec le temps des soutiens en haut lieu. Si les deux initiatives relèvent officiellement du secteur privé, elles observent quelques différences fondamentales. En premier lieu, le MTK figure parmi les clubs les plus anciens du football hongrois, comme en attestent ses nombreux titres et ses apports techniques au football européen (comme le « style danubien » des années 1920), et presque la totalité de son histoire s’est écrite en première division. De son côté, le club de Felcsút, quoique fondé en 1931, n’a pas dépassé le niveau départemental avant le vingt et unième siècle. En second lieu, Károly Sándor, né à Szeged, y avait commencé sa carrière, et était, pendant ses années passées en première division, un joueur de MTK. Puskás, avait lui grandi à Kispest (aujourd’hui arrondissement de Budapest), et évoluait, pendant toutes ses années hongroises, dans le club local, devenu Budapesti Honvéd en 1949. Une troisième différence est aussi à relever : le fondateur de l’académie de MTK se tenait à distance des milieux politiques (ce qui ne veut pas dire qu’il était sans relations politiques), tandis que Viktor Orbán, député à l’Assemblée nationale au moment de la fondation de l’académie, faisait ouvertement mention de l’action de son « premier gouvernement » pour la promotion de la formation des jeunes lors du discours prononcé le jour du « baptême » (1er avril 2007). Il portait en particulier sur le programme Bozsik14, arrêté plus tard par un ministre des sports nommé Ferenc Gyurcsány devenu premier ministre socialiste de 2004 à 2009, et adversaire de toujours du fondateur de l’Académie Puskas15. L’action des académies n’en a pas moins été soutenue par l’Assemblée nationale, qui a voté le 27 juillet 2007 une délibération relative à la stratégie nationale du sport (délibération 65/2007), comprenant un programme de l’éducation des jeunes joueurs organisée selon les mêmes principes dans tous les sports. En vertu de ce texte, la fédération hongroise de football a reçu comme tâche prioritaire la promotion du programme « de type scolaire » (en internat) de l’éducation-formation des jeunes joueurs. Lors de l’audit de 2013-2014, pas moins de quinze organisations, académies de football ou homologuées, pour la plupart liées à des clubs de grande tradition, ont fourni des données sur le respect de ce programme16.

En l’espace d’une dizaine d’années, l’environnement de la formation des jeunes talents a fondamentalement changé. Initiative privée, pour ne pas dire personnelle, l’académie est devenue un élément clé du football hongrois (et d’autres sports). Porteuse de promesses de réussite sportive et financière, elle a proposé une amélioration de la qualité du jeu, a fourni les clubs magyars en jeunes talents nationaux, et, par le transfert (de préférence, à l’étranger) des plus confirmés, un modèle d’autofinancement sinon d’enrichissement. Nous en avons déjà établi un bilan intermédiaire dans une publication antérieure17. Si les demi-succès et les faux pas (notamment lors de l’intégration des jeunes talents nationaux dans les clubs de la première division) sont encore nombreux, le modèle persiste, avec ses qualités et ses défauts. Une première conclusion nous fera cependant dire que les fondations d’académies n’appartiennent pas à la tradition du football hongrois. L’Académie Puskás, quoiqu’évoluant depuis un certain temps en première division, a du mal à marquer les esprits, malgré le nom prestigieux du footballeur. C’était aussi le défi réservé à l’Académie Grosics, « née du néant ».

László Kiss-Rigó, un évêque très football

En 2011, l’évêque László Kiss-Rigó fonde le club Szeged 2011 (aujourd’hui Szeged-Csanád Grosics Akadémia), géré par Szeged 2011 kft., une société anonyme à responsabilité limitée18, dont l’unique propriétaire est le diocèse de Szeged Csanád. Si l’évêque se fait discret (pratiquement pas de photos de lui sur le site Internet19) et n’occupe, pour des raisons que l’on comprend aisément, aucune position officielle au sein du club, celui-ci met en exergue avec fierté les liens entre le dignitaire ecclésiastique et l’organisation sportive : la devise personnelle de l’évêque, « Force, Amour, Sobriété », est aussi la sienne20. Le club entretient une étroite collaboration avec l’Académie Grosics de Gyula, désormais club de football en nom propre. Ses débuts furent modestes : du propre aveu du club de Szeged, seule une équipe senior existait. Les joueurs furent formés à l’académie de Gyula (sans équipe adulte), d’où émergeaient « de temps en temps des jeunes joueurs de talent, pour lesquels l’équipe des adultes [de Szeged] offrait une sorte de “passage” vers le monde du football professionnel21 ».

Figure n° 3 : Monseigneur László Kiss-Rigó, évêque de Szeged-Csanád (2011).

Figure n° 3 : Monseigneur László Kiss-Rigó, évêque de Szeged-Csanád (2011).

Crédit : Gulyastorm-Wikimedia Commons.

Le club de Szeged, évoluant à ses débuts en deuxième division, fut relégué à l’échelon inférieur en 2013. Revenu au second niveau du football hongrois en 2014, il est de nouveau descendu en 2018. Depuis son retour en deuxième division en 2019, il est devenu un club stable, décrochant même une 4e place à l’issue de la saison de 2021-2022 (sans espoir de monter en première division). Évoluer en deuxième division implique que tous les membres de l’effectif entrés sur le terrain lors d’un match du championnat (à l’exception des joueurs appartenant à une catégorie « U ») disposent d’un contrat de footballeur professionnel22. On est donc bel et bien dans le monde du football professionnel, un monde dans lequel l’argent et le gain constituent des éléments essentiels.

Pendant la première décennie de son existence, la vie du club a été plus d’une fois perturbée. Les infrastructures de Szeged étant vétustes, les matchs du club ont été transférés à Gyula dont l’académie était déjà dotée, en partie avec de l’argent public23, de structures de qualité. Le retour à Szeged ne se fit qu’en septembre 2019, avec l’inauguration du nouveau complexe sportif du Szent Gellért Fórum (Forum Saint-Gérard), composé d’un stade UEFA24 de catégorie 4 de 8 000 places, de plusieurs terrains et d’une salle omnisports, propriété du diocèse Szeged-Csanád. Si saint Gérard a supplanté Grosics en tant que parrain, une statue monumentale représentant une panthère noire, érigée devant l’accueil du complexe, et visible pour toute personne arrivant de Budapest en voiture (le complexe se trouve près de la route E 75), rappelle l’apport du gardien du Onze d’or et ses liens avec le club.

Néanmoins, l’horizon du complexe Saint-Gérard dépasse largement la sphère du sport. En accord avec son nom, et suivant les principes qui régissent les actions de son propriétaire, il se veut un lieu de rencontres sportives, culturelles et… spirituelles. La présentation des objectifs fait état de la présence du diocèse dans la vie régionale et de son caractère incontournable dans le domaine de l’enseignement et des services sociaux :

Avec la création du Forum Saint-Gérard, l’objectif du Diocèse de Szeged-Csanád était de réaliser un complexe sportif assurant la formation des jeunes joueurs de football, l’intensification du sport de haut niveau et abritant les programmes culturels des établissements d’éducation publique et d’enseignement supérieur appartenant au Diocèse de Szeged-Csanád. Le centre pourra accueillir les rencontres des jeunes, les exercices spirituels, ainsi que les événements régionaux destinés aux jeunes pupilles de l’État. Il pourra accueillir des concerts en plein air ou des compétitions sportives régionales. 10 000 élèves du diocèse font leurs études dans des écoles gérées par le diocèse. Celui-ci est présent sur 84 sites, et prend soin de 4 000 pupilles de l’État. […]. Dans le domaine de l’enseignement supérieur, on gère des facultés d’agronomie, d’économie, de pédagogie, de santé et, naturellement, de théologie […]. Ce complexe servira aussi la paroisse et ses différentes communautés25.

Il est ainsi clair que sport, religion, enseignement, services sociaux, programmes culturels sont imaginés comme en interaction ; tout cela sous le regard bienveillant du diocèse de Szeged-Csanád. Dans un contexte de perte d’âmes26, la nécessité de diversifier ses missions et ses actions s’impose. D’après le site de l’évêché, le diocèse gère, outre le spirituel, un service et des établissements de la protection des enfants et de la jeunesse (sans jamais dire « mineurs »), trente et un établissements d’enseignement maternel, primaire et secondaire, déployant leurs activités sur une cinquantaine de sites dans la région, une université, un séminaire, des résidences universitaires, trois maisons de retraités, un service de charité, une maison de retraite pour religieux, les archives diocésaines, un musée, un centre d’accueil des visiteurs (sur le site de la cathédrale de Szeged), et… l’Académie Grosics27.

Grosics, le vrai saint patron de l’Académie

Héritière d’aucune tradition, l’Académie avait particulièrement besoin de la figure du parrain Gyula Grosics. Comme nous l’avons signalé plus haut, le nom de Grosics figurait déjà dans les appellations de plusieurs établissements liés plus ou moins au football ou à sa carrière de joueur, bien avant la création de l’Académie. On ne pourra donc pas arguer d’une nouveauté. Surtout, la biographie du gardien ne donne pas d’éléments affirmant un lien particulier entre Grosics et le sud-est de la Grande Plaine ou des villes de Szeged et de Békéscsaba, ces chefs-lieux de Comitat (département) étant les seuls à abriter des clubs de première division pendant ses années actives. On peut même supposer que les contacts entre le joueur et la région se limitaient aux rencontres sportives inscrites au calendrier, d’autant que Grosics était originaire du nord-ouest du pays.

Le lien le plus évident est peut-être le catholicisme. À ses propres dires, Grosics n’a jamais renié sa foi. Issu d’une famille de mineurs de Dorog, il est partagé entre un père social-démocrate et une mère qui souhaite le voir devenir prêtre catholique. Jeune adolescent il se résigne même à cette vocation imposée, tout en jouant au football. Mais, miracle, serait-on tenté d’écrire, à l’automne 1940, alors qu’il n’a que quatorze ans, le gardien de la première équipe de Dorog, alors en deuxième division nationale, ainsi que son remplaçant sont indisponibles. Il doit rejoindre, sur-le-champ, la formation à quelques heures du coup d’envoi. L’appel du football l’emporte alors sur la vocation religieuse, un choix accepté très difficilement par sa mère, sans que la foi du joueur n’en soit entamée. Portant une croix même aux temps les plus rigoureux du stalinisme en Hongrie (la fin des années 1940 et la première moitié des années 1950), il mène une vie relativement chaste, surtout par rapport aux autres joueurs. Alors que ses coéquipiers fréquentent assidûment les bars, Grosics vit un peu en retrait, boit peu, aime la solitude, lit beaucoup, et joue aux échecs. Incarnant pratiquement tous les stéréotypes relatifs aux gardiens, il ne manque pourtant pas de charisme et a une conception innovatrice du rôle du gardien de but dans le jeu28. On ne sait plus si son engagement religieux, selon lui mal vu29, ne lui était pardonné qu’en raison de son excellence sportive. Quoi qu’il en soit, le catholicisme comme élément constitutif déterminant de la vie de Grosics revient dans toutes ses interviews tardives. Ainsi, lorsque le journaliste András Kő le questionne en 2012 sur l’apport de ses parents dans sa manière de concevoir l’existence, il désigne la religion et, quitte à mélanger légèrement les théologies catholique et calviniste, met en exergue la volonté de Dieu :

La religion. […] Je suis convaincu que le Seigneur a orienté ma vie, même si le vœu de ma mère n’était pas exaucé. […] Je crois que la vie de l’homme est prédestinée, suit un sentier tracé d’avance ; ce que nous appelons hasard, n’existe pas. Mes débuts relevaient aussi du miracle : le garçon venu voir [le départ des joueurs] fut invité à monter à bord du camion. À d’innombrables moments de ma vie, j’ai senti la grâce et l’amour de la providence divine30.

On comprend donc aisément l’importance pour Grosics de recevoir en 2006, à l’occasion de son quatre-vingtième anniversaire, la lettre de bénédiction apostolique du pape Benoît XVI31. Les obsèques du joueur, décédé à l’âge de 88 ans, ont été célébrées dans la basilique Saint-Étienne de Budapest, le 30 juin 2014, en présence du premier ministre Viktor Orbán. Dans sa relation très détaillée, Tamás Vámos, auteur d’un livre sur les « Sportifs de la Nation »32, souligne que la messe a été célébrée par… László Kiss-Rigó, évêque diocésain de Szeged-Csanád, pourtant extérieur à l’archidiocèse d’Esztergom-Budapest auquel appartient la basilique. Comme d’autres membres du Onze d’or, la dépouille de Grosics repose dans la crypte de la basilique33.

Figure n° 4 : Gyula Grosics et les joueurs du Onze d’or célèbrent leur titre olympique remporté à Helsinki le 2 août 1952 contre la Yougoslavie (2-0).

Figure n° 4 : Gyula Grosics et les joueurs du Onze d’or célèbrent leur titre olympique remporté à Helsinki le 2 août 1952 contre la Yougoslavie (2-0).

Crédit : Coll. part.

L’anticommunisme de Grosics, fils du peuple comme tous les joueurs du Onze d’or, paraît naturel sinon viscéral. Naturel si l’on considère ses convictions religieuses, alors que le régime de Rákosi a très sévèrement opprimé les croyances. Les membres de l’Église catholique, à l’instar du cardinal Mindszenty, ont dû faire face à la persécution et subissaient la violence judiciaire ou physique. Mais cet anticommunisme peut paraître contradictoire, si l’on considère que ses principaux exploits sportifs remontent aux années 1940-1950, période d’une dictature impitoyable dont les footballeurs étaient, volens nolens, les enfants chéris. De plus, après la fin de sa carrière de gardien, il devint, pendant dix-huit ans (entre 1968 et 1986), le président d’un club34, ce qui supposait une collaboration avec le pouvoir. On notera aussi que, contrairement à Puskás, Czibor ou Kocsis, Grosics accepta de rentrer en Hongrie après 1956. Toutefois, trois éléments font considérer que son anticommunisme était authentique. Il a d’abord fait une première tentative de dissidence (terme officiel en usage jusqu’en 1987 pour désigner une sortie du territoire non autorisée ou un refus de retourner en Hongrie) en 1949. Interpellé par la police politique, il dut aussi subir ses interrogatoires. N’ayant pas trahi ses « complices », et avec des protections au sein du pouvoir en raison de ses talents sportifs, il put rapidement recouvrir sa liberté. Grosics fit l’objet d’une deuxième enquête de la part de la police politique pour « accusation de contrebande », cette fois après la défaite en finale de Coupe du monde en 1954. La contrebande, source de revenu importante du Onze d’or, était alors très pratiquée, et considérée comme une forme de récompense officieuse des victoires par le pouvoir. Mais Grosics, accusé d’être le chef d’un réseau de contrebande, et donc « ennemi du peuple », risquait la peine capitale. Placé en résidence surveillée pendant des mois, soumis à nombre d’interrogatoires, craignant pour ses jours et pour ceux des siens, interdit de jouer et exclu de la sélection nationale, il dut perdre alors le peu de sympathie qu’il nourrissait pour le régime. Il paraît ainsi presque naturel qu’il ait, pendant la révolution de 1956 et sans avoir été un combattant actif comme Czibor, abrité un dépôt d’armes dans son appartement, avant de fuir brièvement le pays35. Dans les facteurs expliquant l’anticommunisme de Grosics, la magyarité (le fait d’être né Hongrois, se sentir Hongrois, et d’en faire une valeur absolue) fut, peut-être, le moins tangible. Si, dans ses interviews tardives (comme dans son adresse aux jeunes talents), il se décrit comme « incurablement Magyar 36», et insiste sur l’idée que le Onze d’or n’était pas seulement une sélection nationale représentant la République Populaire Hongroise, mais une équipe soutenue par les quinze millions des Magyars du Bassin des Carpates (donc au-delà des frontières officielles) et jouant en leur nom37, ses arguments ne convainquent pas tout à fait38.

Conclusion

Les liens singuliers noués entre l’Académie Grosics et l’évêque de Szeged suscitent de nombreuses questions tant l’association de la parole de l’Évangile au football business peut paraître singulière. L’histoire des Académies Grosics (à Gyula et à Szeged) suggère en tout cas que, si l’aspect religieux ne doit pas être absent dans la vie des deux formations, il doit être considéré sous une lumière particulière, le chercheur devant tenir compte de facteurs géographiques, historiques et politiques qui, au départ, ne présentent pas de liens avec le football. Il convient toutefois de ne pas se focaliser sur la figure de Monseigneur László Kiss-Rigó. Si l’on regarde de près les principes fondateurs de l’Académie de Gyula, l’excellence sportive, le christianisme et la magyarité, on se rend aisément compte qu’il s’agit d’une tradition presque typiquement Mitteleuropa, et plus particulièrement hongroise, connexe à une mythologie nationalo-chrétienne, mise en exergue dans le pays depuis le changement de régime, et de plus en plus explicite dans les discours politiques. Cette dimension est particulièrement incarnée par la figure de Grosics dont l’anticommunisme ne fait que renforcer une identité religieuse et nationale déjà bien ancrée.

Notes

1 Signe de l’ampleur de ce phénomène, le thème de la participation des ecclésiastiques au jeu ou à l’organisation du soutien se retrouve, depuis le changement du régime, dans des productions pour le grand et le petit écran. À titre non exhaustif, nous mentionnons ici les long-métrages Sose halunk meg (Nous ne mourrons jamais de Róbert Koltai, 1993), Brazilok (Les Brésiliens de Csaba M. Kiss et Gábor Rohonyi, 2017) ou la série télévisée A mi kis falunk (Notre petit village sur RTL depuis 2017). Return to text

2 https://www.szeged-grosicsakademia.hu/tortenet. Return to text

3 Le site de Gyula porte aujourd’hui le nom « Section de Gyula de l’Académie Grosics » https://www.grosicsakademia.hu/. Return to text

4 Il s’agit de l’équipe de Hongrie qui remporta le titre olympique en 1952, écrasa par deux fois l’équipe d'Angleterre (1953 et 1954) et fut battue de justesse de la finale de la Coupe du monde 1954 par l’équipe nationale ouest-allemande. Return to text

5 Le stade de football de la ville de Tatabánya, dans le nord-ouest du pays, où il a fini sa carrière de joueur actif en 1962 (ou en 1963, selon d’autres sources), a été rebaptisé « Stade Grosics » en 2001, et l’école générale et des sports de la rue Bikszádi à Budapest (XIe arrondissement) porte son nom depuis le début du siècle. https://grosicssuli.hu/hu_HU/nevadonkrol/ ; David Bailey, Az Aranycsapat (Les Onze d’or) Budapest, Helikon, 2018, p. 511. Notons que cette école, publique encore en 2020 en vertu de son règlement intérieur (https://webtara.kozadat.hu/webfarma/download/arch.grosicssuli//gazd_adat/muk_torv/eredm/1699346223136-szmsz2020.pdf), relève aujourd’hui de l’autorité de l’archidiocèse catholique d’Esztergom-Budapest. (https://grosicssuli.hu/hu_HU/fenntartonk/ S’agissant sans doute d’une cession de l’État, fréquente ces dernières années, l’adjectif « catholique » figure dans l’appellation officielle de l’établissement depuis peu. Return to text

6 À l’exception de József Zakariás et de Sándor Kocsis, tous ont donné leur nom à un stade ou un centre d’entraînement, de leur vivant ou après la mort. La « primauté » revient à József Bozsik, décédé en 1978, dont le stade de Honvéd de Budapest porte le nom depuis 1986. Une rue de Budafok (XXIIe arrondissement de Budapest) portant le nom de Zakariás, l’attaquant Kocsis est en fait le seul dont le nom ne figure pas dans l’espace public. En ce qui concerne les liens avec la politique, Bozsik fut député au début des années 1950, dans l’Assemblée nationale stalinienne, Gyula Grosics s’est essayé à la politique en 1989-1990 dans les rangs la droite, Zoltán Czibor, combattant de 1956, n’a jamais caché son anticommunisme. Le régime de Rákosi et les décennies Kádár ont largement exploité le mythe du Onze d’or, avec des accents et préférences qui variaient d’une décennie à l’autre. Return to text

7 https://www.grosicsakademia.hu/az-akademiarol. Return to text

8 Grosics, né en 1926, est mort à l’âge de 88 ans. Le dernier survivant était le défenseur Jenő Buzánszky (1925-2015). Return to text

9 David Bailey, Az Aranycsapat, op. cit., p. 41. Return to text

10 Sur l’histoire institutionnelle et politique du sport en Hongrie, voir avant tout le manuel classique d’Éva Földes, László Kun et László Kutassi, A magyar testnevelés és sport története (Histoire du sport et de l’éducation physique hongrois), Budapest, Sport, 1982 (deuxième édition). Return to text

11 Au début de la guerre, la fédération hongroise de football comptait 15 000 joueurs enregistrés. Bailey, op. cit., p. 177. Return to text

12 https://sandorkaroly.hu/hu/akademia-bemutatasa ; https://www.mtkcsalad.hu/varszegi-gabor/ ; https://hu.wikipedia.org/wiki/V%C3%A1rszegi_G%C3%A1bor. Return to text

13 Le premier « gouvernement Orbán » fut en place de 1998 à 2022. Le retour aux rênes de la Hongrie aura lieu en 2010. Return to text

14 https://puskasakademia.hu/?q=static/founderswelcome#. Return to text

15 Le programme Bozsik a été relancé après 2010, et constitue aujourd’hui le cadre obligatoire des compétitions des classes d’âge « U » pour les clubs. Cf. https://dokumentumtar.mlsz.hu/file/dokumentumtar/2641/file/69-ferfi-nbii-versenykiiras.pdf Return to text

16 https://www.mlsz.hu/hir/akademiai-program. Return to text

17 Voir à ce sujet notre étude publiée en 2019 : Géza Szász, « L’internationalisation d’un championnat national : gestes, mythes et réalités de la première division hongroise », Études sur la région méditerranéenne, 2020, 29, p. 97-102. Return to text

18 https://www.szeged-grosicsakademia.hu/tortenet. Return to text

19 https://www.szeged-grosicsakademia.hu/galeria. Return to text

20 https://www.szeged-grosicsakademia.hu/tortenet. Return to text

21 Ibid. Return to text

22 https://dokumentumtar.mlsz.hu/file/dokumentumtar/2641/file/69-ferfi-nbii-versenykiiras.pdf Return to text

23 Szász, L’internationalisation d’un championnat national, op. cit. Return to text

24 https://fr.uefa.com/MultimediaFiles/Download/Regulations/uefaorg/Stadium&Security/01/48/48/86/1484886_DOWNLOAD.pdf. Return to text

25 https://szentgellertforum.hu/rolunk/. Return to text

26 D’après les données du recensement de 2022, le nombre des catholiques (romains et grecs/uniates ou autres confondues) est de 2,9 millions de têtes (contre 3,87 millions en 2011). Les pertes des catholiques romains sont encore plus importantes (2,6 millions contre 3,69 en 2011). Il faut aussi noter que 40 % des Hongrois ne souhaitaient pas répondre aux questions relatives à la religion. Sur les 60 % répondant, plus d’un quart (27 %) disaient être sans religion. Les 73 % restants sont majoritairement catholiques (50 %, contre 71 % en 2011), calvinistes (16 %, contre 21 % en 2011) ou luthériens (3,5 %, contre 4 % en 2011). Ces résultats ont rapidement soulevé dans la presse des objections concernant l’identification de la Hongrie comme « pays chrétien », ou le financement des Églises et leur poids réel dans la vie de la nation. https://hvg.hu/gazdasag/20230926_nepszamlalas_eredmenyek_ksh_vallas_demografia. Return to text

On signale aussi que la région du diocèse de Szeged-Csanád était parmi celles où le refus de répondre était le plus massif. https://nepszamlalas2022.ksh.hu/eredmenyek/vizualizaciok/vallas/.

27 http://szeged-csanad.hu/. Return to text

28 Voir à ce sujet le livre de Jonathan Wilson, Kívülállók: A focikapusok története (The Outsider: A History of the Goalkeeper), Budapest, Akadémiai, 2015, p. 123-154. Return to text

29 Ibid., p. 125. Return to text

30 András Kő, Grosics 1-től 1-ig (Grosics, de 1 à1), s.l., Apriori International, 2008, p. 16. Return to text

31 Ibid., p. 298. Return to text

32 Les « Sportifs de la Nation » (« A Nemzet Sportolói ») est un club restreint de douze membres, créé en 2004, par la loi I de 2004 sur le sport. Selon son règlement, après le décès d’un membre, les membres encore en vie désignent la personne du remplaçant, parmi les anciens champions déjà âgés de plus de 60 ans, qui sont restés des acteurs importants du sport en Hongrie même après la fin de leur carrière d’athlète. Cette distinction a été créée à l’identique des « Acteurs de la Nation » existant depuis 2000 et assurant une reconnaissance morale et financière aux plus grands acteurs. Return to text

33 Tamás Vámos, A Nemzet sportolói: Sorsok, küzdelmek és dicsőségek (Les Sportifs de la Nation : destinées, combats et grloire), Budapest, Inverz Media, 2020, p. 162-163. Return to text

34 C’était le club budapestois Volán SC, soutenue par le conglomérat d’État des transports routiers. Return to text

35 Pour une rapide résumé de la carrière sportive (et des avatars de cette carrière), voir Wilson, op. cit., p. 123-154. Return to text

36 Cf. Ildikó Benkei, Fekete párduc a nemzet szolgálatában (Le Panthère noir au service de la nation), Budapest, Kairosz, p. 33. Return to text

37 Ibid., p. 21. Return to text

38 Comme argument, il évoque que l’on disait à l’époque que « les Hongrois ont battu [l’adversaire] » ou « les Hongrois ont vaincu » – mais cela ne tient pas compte de ce que c’est aussi un moyen qui permet aux commentateurs de distinguer les équipes qui s’affrontent. Return to text

Illustrations

  • Figure n° 1 : Blason et logo de la Szeged-Csanád Grosics Akadémia.

    Figure n° 1 : Blason et logo de la Szeged-Csanád Grosics Akadémia.

    Crédit : Szeged-Csanád Grosics Akadémia.

  • Figure n° 2 : Gyula Grosics sous le maillot de Honved en 1954.

    Figure n° 2 : Gyula Grosics sous le maillot de Honved en 1954.

    Crédit : Fortepan/Faragó György ID 261531.

  • Figure n° 3 : Monseigneur László Kiss-Rigó, évêque de Szeged-Csanád (2011).

    Figure n° 3 : Monseigneur László Kiss-Rigó, évêque de Szeged-Csanád (2011).

    Crédit : Gulyastorm-Wikimedia Commons.

  • Figure n° 4 : Gyula Grosics et les joueurs du Onze d’or célèbrent leur titre olympique remporté à Helsinki le 2 août 1952 contre la Yougoslavie (2-0).

    Figure n° 4 : Gyula Grosics et les joueurs du Onze d’or célèbrent leur titre olympique remporté à Helsinki le 2 août 1952 contre la Yougoslavie (2-0).

    Crédit : Coll. part.

References

Bibliographical reference

Géza Szász, « Prière de gagner : les vœux footballistiques de Gyula Grosics et de l’évêque de Szeged. Religion, football et identité dans la Hongrie contemporaine », Football(s). Histoire, culture, économie, société, 5 | 2024, 63-75.

Electronic reference

Géza Szász, « Prière de gagner : les vœux footballistiques de Gyula Grosics et de l’évêque de Szeged. Religion, football et identité dans la Hongrie contemporaine », Football(s). Histoire, culture, économie, société [Online], 5 | 2024, 06 December 2024 and connection on 18 December 2024. Copyright : Licence CC BY 4.0. DOI : 10.58335/football-s.768. URL : https://preo.u-bourgogne.fr/football-s/index.php?id=768

Author

Géza Szász

Maître de conférences à l’université de Szeged (Hongrie)

Copyright

Licence CC BY 4.0