Le titre d’une revue constitue un programme en soi qui appelle une explication de texte. Football(s) : la lettre « s » placée entre parenthèses peut surprendre le lecteur tant le terme « football » est associé au ballon rond shooté avec les pieds, frappé avec la tête, saisi avec les mains (du gardien de but). Il appartient toutefois à un ensemble de jeux procédant d’une forme commune remontant au Moyen Âge anglais qui, en se codifiant dans la seconde moitié du xixe siècle, s’est divisée en footballs association, rugby, gaélique, américain ou australien. Certes, les numéros semestriels de Football(s) traiteront largement de ce que les footballeurs français du début du vingtième siècle appelaient familièrement « l’assoce », c’est-à-dire ce que nous nommons communément aujourd’hui le football en France, le calcio en Italie ou le soccer aux États-Unis. Ils n’oublieront toutefois pas les autres formes de football utilisant un ballon ovale ou rond projeté ou attrapé avec les pieds et les mains, en envisageant les formes de circulation, de concurrence et d’influence qui unissent et séparent ces différentes disciplines sportives. Le sous-titre Histoire, Culture, Économie, Sociétés peut être autant interprété comme un clin d’œil au nom de l’institution dont émane la revue, le Centre Lucien Febvre1 de l’université de Franche-Comté, que comme la volonté d’associer différentes disciplines des sciences humaines et sociales pour analyser ces phénomènes protéiformes que sont les footballs. L’histoire y occupe bien évidemment une place centrale, en bonne compagnie puisque l’accompagnent l’anthropologie et l’ethnologie, l’économie, la géographie, la sociologie ou les études littéraires. Le comité de rédaction associe ces différentes disciplines représentées par plusieurs générations de chercheurs et chercheuses. Même si la langue choisie est le français, l’approche se veut évidemment internationale et même mondiale, ce dernier adjectif étant pour le football un véritable pléonasme au regard de la dimension planétaire de son expansion.
Football(s) n’est pas seulement une revue universitaire. Les auteurs appartiennent certes pour l’essentiel au monde académique et leurs articles répondent à l’exigence scientifique des différentes disciplines représentées, mais elle s’adresse aussi à un public averti. C’est-à-dire à celles et ceux qui veulent réfléchir sur des formes de jeu pratiquées par des centaines de millions de personnes, dont les compétitions sont suivies par des milliards de téléspectateurs et qu’ont voulu ou que cherchent à contrôler les puissants.
La revue est conçue comme un espace d’expression et de diffusion des problématiques de recherche des différents auteurs, qui ne resterait pas étranger aux enjeux immédiatement contemporains. Chaque numéro sera composé d’un dossier thématique, suivi de rubriques sur les sources, le patrimoine et les objets du football, d’un entretien avec un « grand témoin », d’une « médiathèque » recensant les dernières sorties de livres, bandes dessinées ou films consacrés aux différentes formes de football. On voudra aussi revenir sur les « classiques » du football, les ouvrages ayant fait date pour la compréhension du phénomène. Malgré la périodicité semestrielle de la revue, la rubrique « Hors-jeu » se focalisera sur un point d’actualité des footballs, quand « Chercheurs et Chercheuses en crampons » abordera des travaux récents ou encore menés par de jeunes universitaires. Des correspondants étrangers rendront compte de la manière dont les football(s) sont intégrés dans l’université, la culture, la mémoire et le patrimoine de leurs pays.
Il est maintenant temps de donner le coup d’envoi à l’aventure qu’est toujours le lancement d’une revue et d’une rencontre entre auteurs et lecteurs autour de la Coupe du monde de football (association) qui sera poursuivie, nous l’espérons, par de longues et passionnantes prolongations.