Un projet de football pour la paix à Medellín et ses prolongements internationaux (fin des années 1990 à nos jours)

  • A football project for peace in Medellín and its international effects (late 1990s to present)

DOI : 10.58335/football-s.124

p. 115-122

Plan

Texte

Cette recherche a été construite à partir d’observations réalisées au cours d’un festival international de football tenu en 3 mi-temps (F3T), Football for Hope, à Rio de Janeiro en parallèle à la Coupe du monde 2014 et auquel une délégation colombienne a participé1. Ensuite, ce premier recueil de données a été complété au cours d’un séjour de recherche effectué à Medellín, pendant cinq mois, en 20172. La recherche visait à enquêter sur les origines de cette méthodologie aujourd’hui utilisée par des dizaines d’associations à travers le monde3. Le travail de terrain mené en Colombie a permis de récolter également des sources orales liées au projet « Fútbol por La Paz » : par le biais d’entretiens avec les fondateurs, notamment certains animateurs, médiateurs et participants de la fin des années 1990. Ces sources ont été complétées par des informations issues de la presse locale, en particulier des journaux El Colombiano, El Tiempo, El Espectador y El Mundo, des rapports du Centro Nacional de la Memoria Histórica, ainsi que par sources secondaires recueillies dans les bibliothèques des institutions suivantes : Universidad Nacional de Colombia, Universidad de Antioquia, Universidad Pontificia Bolivariana et Biblioteca Pública Piloto.

La naissance d’un nouveau football à Medellín

Au seuil des années 1990, la vallée de Medellín était déjà reconnue comme un foyer de conflits et de violences sociales4. Des gangs au service de l’industrie du trafic de drogue, des guérilleros et des milices « d’auto-défense » se disputaient la ville5. Les conflits tissaient des réseaux complexes d’affrontements et d’alliances, qui trouvaient comme principale manifestation l’intimidation et le meurtre. Si cette situation caractérise la fin du vingtième siècle, il convient, d’emblée, de souligner qu’elle résulte d’une histoire et d’une géographique spécifique à la ville. En effet, depuis la fin des années 1950, des quartiers populaires et des bidonvilles s’étaient regroupés autour la zone urbaine de Medellín6. Au centre de la ville, des quartiers tels que La Candelaria, Prado et San Diego ont été réorganisés, au cours de la deuxième moitié du vingtième siècle, pour accueillir un plus grand nombre d’habitants issus de l’exode rural. Les quartiers de San Javier, Manrique Oriental, Santo Domingo Savio et Popular ont émergé de leur côté comme des bidonvilles périphériques. Ces quartiers ne disposaient ni d'eau courante, ni d’électricité ni d'égouts7. Dans ce contexte, l’empathie et la « générosité » qu’un certain Pablo Escobar montrait à la population de ces bidonvilles lui avait permis de consolider son leadership. Pour certains jeunes, la production et la distribution du trafic de drogues s’avéraient en effet une opportunité de revenus réguliers8. Une des autres causes « parallèles » au trafic de drogue promues par Pablo Escobar était sa passion pour le sport, en particulier pour le football. Pour ces raisons, il se chargeait de financer la construction de nombreux terrains9.

De son côté, le footballeur Andrés Escobar était né et avait grandi à Medellín en 1967 dans une famille de la classe moyenne du quartier des Calazans. Comme beaucoup d’autres jeunes gens, il aspirait à devenir footballeur. En 1994, en plus d’être l’icône de l’Atlético Nacional, le « gentleman », comme on le surnommait (el caballero), était également le capitaine de l’équipe nationale, l’une des équipes surprises de la Coupe du monde aux États-Unis. Lors des tours de qualification, la sélection avait, en effet, obtenu les meilleurs résultats de son histoire : se qualifier pour le tournoi final en finissant première de son groupe, et en battant l’Argentine par 5 buts à 0 le 5 septembre 1993 à Buenos Aires10. Pourtant, dans un contexte marqué par les menaces proférées par les trafiquants qui avaient parié de grosses sommes sur les résultats et la malchance d’un but contre son camp d’Andrés Escobar coûtant l’élimination dès la première phase de la Coupe du monde, le capitaine fut assassiné à son retour à Medellín. Sa mort fut vécue comme un événement dramatique dans une société qui considérait le football comme une échappatoire aux conflits.

Le matin du dimanche 3 juillet 1994, Jürgen Griesbeck, un jeune Allemand qui faisait ses études de sociologie à Medellín apprenait la nouvelle du meurtre d’Andrés Escobar. À partir de cette tragédie, Jürgen a imaginé un projet sportif pour contribuer à apaiser les violences et tensions sociales. Il a d’abord cherché à comprendre les conflits ainsi que les souhaits des jeunes issus des couches populaires. Il a ainsi consacré une année entière à étudier le contexte des quartiers. Les jeunes de Medellín parlaient peu et toute discussion ordinaire dans les rues pouvait rapidement déclencher des menaces, des agressions, voire des tueries. Cependant, Jürgen Griesbeck constatait, en même temps, que le football était un cadre unique pour des rencontres qui ne pouvaient pas se réaliser autrement, car les jeunes pratiquaient ce sport de manière informelle. Entre 1994 et 1996, Jürgen Griesbeck, avec la collaboration de son collègue Alejandro Arenas et le soutien de María Eugenia Montoya, représentante du Bureau pour La Paz et la Coexistence (Oficina de La Paz y la Convivencia) au sein de la Marie de Medellín11, ont ensuite souhaité former un réseau de communication dans les quartiers et inventer une nouvelle méthodologie d’organisation des rencontres de football, pensée pour favoriser avant tout la convivialité.

Les initiateurs du projet s’accordaient sur la nécessité de promouvoir des processus de réciprocité par le dialogue. À cet égard, la première ressource à laquelle ils ont fait appel était l’introduction d’un médiateur pour remplacer la figure de l’arbitre pour les rencontres. Le projet proposait aussi de former des équipes mixtes. Selon Jürgen, « la proposition posait de nouveaux défis aux structures de pouvoir et réorganisait les relations symboliques dans les quartiers ». Par ailleurs, à cette époque, la participation des femmes à de nouveaux espaces de la vie culturelle et économique prenait de l’ampleur12, même si elle était loin d’être la norme dans ces quartiers.

Au début de l’expérimentation, les médiateurs étaient les mêmes figures respectées et reconnues. Un exemple a été celui de John Vahos, un leader social et animateur sportif du quartier Manrique : « J’avais l’habitude d’organiser un tournoi très populaire appelé la rue du stade John Vahos Adelaiz. Je le faisais avec les gens honnêtes et les truands, car à Manrique il y avait aussi des gens bien. J’avais donc un tournoi avec 20 équipes et le Bureau de la Paix et la Coexistence13 m’a contacté avec Jürgen et Alejandro comme interlocuteurs. C’est à ce moment-là qu’ils m’ont parlé d’un football en trois étapes et je suis devenu médiateur dans cette initiative qui me paraissait tout à fait originale ». De son côté, Yeidy Zapata explique également ce que cela signifiait en tant que jeune femme de devenir médiatrice à l’époque : « Être médiatrice, c’était aussi savoir que vous faisiez bien les choses, car ils [les chefs et les animateurs de quartier] nous faisaient remarquer que c’était un effort pour construire de nouveaux espaces pour la jeunesse ». Dans les deux cas, tant chez Yeidy que chez John, l’un des principaux leviers de motivation a été le sentiment de reconnaissance du travail effectué et des efforts consentis.

De fait, les médiateurs s’assuraient, tout d’abord, que les réunions d’avant-match (la première mi-temps) se déroulaient en paix, en modérant le dialogue entre les équipes. Au cours de cette première mi-temps, les deux équipes établissaient une discussion autour d’une devise ou d’un thème soulevé. Par exemple : « les jeunes préfèrent-ils appartenir à un groupe de quartier plutôt qu’à une équipe de football ? ». Puis, les participants réfléchissaient sur le sujet : « est-ce cela bon ou pas bon ? Pourquoi ? Est-ce recommandé pour créer des liens dans le quartier ? ». Après quelques minutes, d’autres points de convergence étaient discutés. Les règles sportives étaient souvent basées sur une stratégie de jeu. Si une équipe avait notamment des joueurs de petite taille, il se pouvait qu’ils proposent que les buts de la tête ne soient pas comptabilisés. Quant aux règles d’interaction et de convivialité, elles visaient surtout à favoriser les rapports entre les différentes équipes, tel que le fait de célébrer des buts avec une danse, échanger des joueurs pendant quelques minutes ou encore arrêter le jeu si quelqu’un tombait au sol ou jouer main dans la main avec un partenaire, entre autres dispositions. Pour s’assurer de la participation active des jeunes femmes, les mentors du projet ont décidé ensuite de fixer certaines règles : il fallait au moins deux femmes dans chaque équipe de cinq joueurs. Il n’y avait pas de nombre limité de rotations, mais tout le monde devait participer. Et, règle plus difficile à respecter -et qui pouvait faire échouer le projet- le premier but devait être marqué par une femme. Cette mesure était prise « pour que les femmes ne restent pas isolées dans un coin ». En ce sens, les intégrer obligeait à « repenser le jeu » et mettre en place certains éléments de « discrimination positive », conclut María Eugenia. D’autant plus que les garçons émettaient des réserves parce que toutes les jeunes filles n’aimaient pas jouer au football, certaines n’étaient pas « bonnes » dans ce domaine, et d’autres n’étaient pas « autorisées » par leur famille, leur partenaire ou leur mari à y participer.

Enfin, les matchs duraient environ deux mi-temps de 20 minutes. À la fin de la rencontre, la troisième mi-temps pouvait débuter : les équipes se réunissaient pour débattre autour du respect des accords convenus et effectuer deux sortes d’évaluations, l’une sur sa propre équipe et l’autre sur celle de l’adversaire. Le score se décidait avec des soleils, une unité de mesure conçue pour la méthodologie choisie. Si tout le monde considérait que l’équipe en question avait bien respecté les règles, trois soleils lui étaient attribués. Si son comportement avait été moyen, les équipes en obtenaient deux et si les pactes n’avaient pas été respectés, le résultat n’était qu’un soleil. Cependant, les équipes avec le plus de soleils n’étaient jamais déclarées comme gagnantes, mais comme « exceptionnelles » afin d’atténuer l’élément compétitif inhérent au football, d’éviter les conflits après les matchs et d’encourager les sentiments de convivialité.

Paula Cardona, originaire du quartier Manrique, participante et plus tard médiatrice, a découvert le projet en 1997 grâce à deux garçons qui savaient qu’elle était l’une des rares femmes à cette époque à jouer au football. Paula avait l’habitude de toujours rester avec son cercle d’amis le plus proche. Il n’était pas courant qu’une femme soit invitée à jouer au football avec des inconnus. Paula est tout de même venue pour participer à cette nouvelle forme de pratique, F3T. Progressivement, elle s’est rendu compte qu’elle-même devait aller chercher plus de filles pour constituer sa nouvelle équipe. Elle admit, un peu plus tard, que : « la première chose que les hommes ont dû apprendre, c’est que les femmes avaient les mêmes droits qu’eux ».

L’autre axe d’action articulé par cette méthodologie était la promotion d’une série de valeurs de coexistence. Le package promu était essentiellement constitué de valeurs telles que la solidarité, le fair-play, la loyauté, la camaraderie, le respect et la tolérance. D’autres ont été découvertes dans la pratique, comme le fait remarquer John : « au fur et à mesure que […] les gars nous disaient pourquoi ils aimaient le projet, cela a commencé à nous faire prendre conscience de nombreuses autres valeurs. Un jour, j’ai fait l’effort de lister les valeurs évoquées et je pense que c’était à peu près 36 ! Par exemple, la ponctualité en était une, car en Colombie ce n’était pas un aspect très pratiqué dans la vie de tous les jours. Cependant, nous avons appris à reconnaître son importance pour mener à bien les matchs et les rencontres ». Après presque deux ans, la systématisation de ce type de football en trois mi-temps et la communication avec les leaders de nombreux quartiers ont permis de lancer une série de tournois inter-quartiers surnommés Fútbol por La Paz.

Les tournois inter-quartiers à Medellín et au-delà

La première étape formelle du projet Fútbol por La Paz a été identifiée comme un test pilote pour l’Institut du Sport de la ville – l’INDER –, organisé du 3 mai au 6 juillet 1997 et rassemblant 16 équipes pour 320 joueurs issus des quartiers Aures, Antioquia, Caicedo, Castilla, Cristo Rey, Efe Gómez, Las Margaritas, Manrique, París, Romeral, Santo Domingo 1 et 2, San Diego, Santa Cruz, Ultima Hora et 13 Noviembre14. À la fin du tournoi du F3T, les mêmes participants ont choisi les deux équipes les plus marquantes pour disputer un match en hommage à Andrés Escobar au stade municipal de la ville. Une initiative qui, selon certains informateurs consultés, a incité les habitants des quartiers à s’intéresser, en nombre, au projet. Entre août 1997 et décembre 1998, pour la deuxième édition, davantage de tournois ont été organisés pour inclure finalement 240 équipes avec environ 4 500 joueurs selon les journaux15, alors qu’une brochure de l’INDER mentionnait quant à elle la présence de 500 équipes.

Il était courant que, dans certains quartiers, deux, voire plusieurs clans coexistassent au milieu des années 1990 : par exemple, un gang et un groupe de milices, de sorte que le même quartier contenait une frontière invisible à l’intérieur16. Les jours de matchs, les joueurs visiteurs devaient se retrouver quelque part dans leur quartier pour pouvoir aller aux matchs ensemble, car la peur et l’insécurité étaient toujours présentes. Les matchs se jouaient à différents jours de la semaine. Selon la disposition des équipes, certains se déroulaient en semaine à 14 heures, mais d’autres, pour la plupart, étaient organisés le week-end. Les espaces dépendaient de chaque quartier, dans certains cas il s’agissait de cours d’immeuble, dans d’autres, la place publique ou simplement la rue présentant les meilleures conditions pour jouer. Dans le quartier Andalusia au nord-est de Medellín, le terrain était notamment une route dans le secteur, entre la Carrera 48 et la Calle 106. À Manrique, un quartier perché à flanc de colline, les jeunes habitants, proches de la gare routière de Los Balsos, ne disposaient pas de rues plates. Ramiro Muñoz se souvient de ces conditions de jeu17 : « un des buts là-bas était incliné et nous devions vraiment nous fatiguer pour pouvoir marquer, mais quand nous changions, nous ripostions ». Dans ces circonstances, Fútbol por La Paz permettait aux participants de découvrir de nouveaux territoires et de promouvoir l’ouverture, au-delà des limites des groupes et des zones urbaines d’appartenance. La découverte d’autres quartiers donnait la possibilité de connaître d’autres mondes sociaux et de se rendre compte, finalement, qu’il ne s’agissait pas de gens très différents. « Après le match on restait là, pour prendre un soda ou quelque chose comme ça », raconta un participant interviewé. À ce stade, la participation aux tournois, entre la fin de l’année 1997 et le début de l’année 1998, proposait de voyager en France, pour des matchs d’exhibition, dans le contexte de la Coupe du Monde 1998. À l’approche de l’évènement, une équipe fut choisie démocratiquement par les participants du tournoi, afin de faire connaître, sur la scène internationale, ce qui se passait dans les quartiers de Medellín. Ainsi, huit joueurs et huit joueuses ont eu l’opportunité d’effectuer le déplacement.

Le 15 juin 1998, lors du match de la sélection nationale contre la Roumanie à Lyon, les supporters colombiens présents dans le stade de Gerland étaient nombreux. Cinq minutes seulement avant le début de la rencontre, un groupe de fans plaçait une gigantesque photo d’Andrés Escobar en haut d’une tribune. Puis, ils brandirent à côté de la photo un grand drapeau national, en s’écriant : « Paix ! ». Malgré la défaite, les supporters ont souhaité rendre hommage au défunt, capitaine de la sélection. Anecdote non négligeable, les seize participants de Fútbol por La Paz étaient justement dans les tribunes du stade ce jour-là. Parallèlement à la Coupe du monde, Jürgen Griesbeck avait organisé avec le gouvernement français, l’ambassade de la Colombie auprès de l’UNESCO et des entreprises privées, des présentations publiques au cours desquelles le projet Fútbol por La Paz et sa méthodologie F3T ont été présentés à Paris, Lyon, Saint-Denis et à Lens18.

Pour expliquer ce succès, il faut prendre en considération tous les acteurs qui se sont impliqués dans le projet. De fait, depuis sa création Fútbol por La Paz a pu avoir des liens avec des secteurs gouvernementaux. D’abord avec le Bureau de la Paix et de la Coexistence parrainé par la mairie de Medellín, puis avec l’INDER, et plus tard avec d’autres institutions plus importantes, telles que l’Institut du Sport, Loisirs, Activité physique et utilisation du temps libre (Coldeportes), le Système national de la jeunesse (Colombia Joven), le Comité Olympique Colombien, mais aussi avec la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (Agence allemande pour le développement, GIZ) et l’UNICEF. Initialement, il s’agissait juste d’une initiative locale pour récupérer des fonds publics en faveur d’interventions pour apaiser les conflits dans les bidonvilles de Medellín. Mais chemin faisant, des liens plus larges ont aussi associé le projet à des entreprises et des institutions pour reprendre l’utilisation de la méthodologie F3T à des fins sociales. De là, deux grandes orientations ont émergé : l’une avec une perspective nationale qui est devenue le programme Golombiao19, actif à ce jour à et mis en place par l’agence Colombia Joven, dépendante du Bureau Présidentiel. L’autre, dirigée par Jürgen Griesbeck avec le soutien de l’Agence allemande GIZ, dans une dimension internationale. Jürgen est rentré en Allemagne, son pays d’origine afin de reproduire la méthodologie du football en trois mi-temps, dans d’autres régions. C’est ainsi qu’il a fondé un réseau international appelé Streetfootballworld en 2002, grâce auquel un festival, au cours de la Coupe du Monde 2006, a été organisé à Berlin. Ce moment a été capital pour le développement d’une alliance stratégique avec le projet de la FIFA, Football for Hope.

À l’occasion du rendez-vous à Johannesburg, en parallèle de la Coupe du Monde en Afrique du Sud en 2010, une première recherche académique, indépendante du réseau, a pu être réalisée. Cette étude ethnographique20 a permis d’apprécier les efforts des jeunes participants pour structurer des débats et appliquer la méthologie créée par Fútbol por La Paz.

L’expérience a été renouvelée au cours de la Coupe du monde au Brésil en 2014, à Rio de Janeiro (Segura et Islas, 2016). Enfin, pour la préparation de l’Euro 2016 en France, l’association Sport dans la Ville, dont le siège se trouve à Lyon, a accueilli un festival avec le réseau de Streetfootballworld, dont elle était membre depuis plusieurs années. L’UEFA l’a intégrée au programme officiel de l’Euro et a ainsi pu accueillir 70 délégations des cinq continents.

Ces festivals sont devenus des rendez-vous officiels pour les grands événements du football : la Coupe du Monde de Russie en 2018 a accueilli ainsi le Streetfootballworld, avec le soutien de la Foundation FIFA. La nouveauté à Moscou a été l’inclusion de plusieurs délégations composées d’enfants atteints du syndrome de trisomie 21. Avec un système de formation d’équipes21 aléatoires par couleurs de maillot, et non pas par sélection nationale. Ce mode opératoire a cependant exigé la participation d’un plus grand nombre d’accompagnateurs. De même, la Coupe du Monde féminine en France 2019, a aussi reçu son festival à Lyon.

Ces différents projets menés doivent ainsi être entendus comme un prolongement de l’expérimentation Fútbol por La Paz. La crise mondiale provoquée par la pandémie de la Covid-19 a laissé en suspens la possibilité d’une manifestation de ce genre pour l’Euro 2020-21. Il reste à observer si les organisateurs de la prochaine Coupe du monde 2022 au Qatar, de la Coupe féminine en Australie et Nouvelle Zélande en 2023 et celle des États-Unis-Mexique-Canada en 2026 maintiendront ces projets dans leur configuration actuelle.

Notes

1 Fernando Segura et Adriana Islas, « El fútbol en tres tiempos sociales: observaciones de un festival asociativo, Río de Janeiro, Brasil 2014 », Podium: Sport, Leisure and Tourism Review, 2016, 5, p. 1-14. Retour au texte

2 Adriana Islas Govea, En pos de la concordia: los barrios tugulares de Medellín y el proyecto Fútbol por la Paz, Mémoire pour le Master en Histoire Internationale, Centro de Investigación y Docencia Económicas, Mexique, 2018. Retour au texte

3 Fernando Segura, Mark Norman et Christophe Jaccoud, 2018, « Encounters on the Field: Observations of the Football-3-Halves Festival at the Euro Cup 2016 », Sociology of Sport Journal, 2018, 35(4), p. 367-364 et STREETFOOTBALLWORLD, 2016, Streetfootballworld Festival 16 Lyon: participating organizations, Lyon. Retour au texte

4 John Bedoya, « Seguridad y ciudadanía en los 90s en Medellín: el surgimiento de las empresas colombianas de protección violenta », Canadian Journal of Latin American and Caribbean Studies, 2006, 31(62), p. 87-130. Retour au texte

5 Saúl Franco, Clara Mercedes, Patricia Rozo, Gloria Gracia, Gloria Gallo et Claudia Vera et Héctor García, 2012, « Mortalidad y homicidio en Medellín 1980-2007 », Ciência e Saúde Coletiva, 2012, 17(12), p. 3209-3218. Retour au texte

6 Gerard Martin, Medellín, tragedia y resurrección: mafias, ciudad y Estado, 1975-2013, Bogotá, La Carrera Editores, 2014. Retour au texte

7 Michael La Rosa et Germán Mejía, 2013, Historia concisa de Colombia (1810-2013) Una guía para lectores desprevenidos, trad. Matías Godoy, Bogotá, Editorial Pontificia Universidad Javeriana, 2013. Retour au texte

8 Mario Arango, Jaramillo et Jorge Child, Narcotráfico. Imperio de la cocaína, Medellín, Vieco, 1984. Retour au texte

9 Jorge Mario Belzner et Andrés Rodríguez, Impacto económico y social del narcotráfico en Colombia de 1980-1995 y sus derivados, Bogotá, Universidad La Salle, 2007. Retour au texte

10 Alexandre Castro, « !Si, si Colombia, si, si Caribe!”: La selección y los Mundiales en el periodo de 1985 a 1998 », Istor, 2018, 72, p. 169-180. Retour au texte

11 Tous les trois ont été interviewés pour cette recherche par Adriana Islas. Retour au texte

12 La Constitution de 1991 avait établi un précédent en ce qui concerne la nécessité et l’obligation de traiter les disparités de genre. Retour au texte

13 Oficina de la Paz y la Convivencia, un organisme de la Mairie de Medellín agissant déjà dans les quartiers. Retour au texte

14 INDER Medellín, Reseña histórica del INDER, Medellín, 2010. Retour au texte

15 « Fútbol a pata pela », El Tiempo, 12 juin 1998. Retour au texte

16 Gerard Martin, Medellín, tragedia y resurrección: mafias, ciudad y Estado, 1975-2013, Bogotá, La Carrera Editores, 2014. Retour au texte

17 José Castaño Hoyos, « En Medellín, el fútbol es antídoto contra la violencia Partidos Callejeros, goles de subida », El Colombiano, 18 octobre 1999. Retour au texte

18 « Viaja la Selección de la Paz », El Tiempo, 16 juin 1998. Retour au texte

19 « Un estudio de caso: el Golombiao », BBC Mundo, 3 novembre 2005, disponible sur: http://news.bbc.co.uk/hi/spanish/specials/newsid_4401000/4401038.stm. Retour au texte

20 Katie Gannett, Zachary Kaufman, Melissa Clark et Stephen McGarvey, « Football with three “halves”: A qualitative exploratory study of the football3 model at the Football for Hope Festival 2010 », Journal of Sport and Development, 2014, 2(3), p. 1-8. Retour au texte

21 Ce système a été adopté à Salvador de Bahía, au Brésil en 2013 et ensuite reproduit à Lyon en 2016. Retour au texte

Citer cet article

Référence papier

Fernando Segura M. Trejo et Adriana Islas Govea, « Un projet de football pour la paix à Medellín et ses prolongements internationaux (fin des années 1990 à nos jours) », Football(s). Histoire, culture, économie, société, 1 | 2022, 115-122.

Référence électronique

Fernando Segura M. Trejo et Adriana Islas Govea, « Un projet de football pour la paix à Medellín et ses prolongements internationaux (fin des années 1990 à nos jours) », Football(s). Histoire, culture, économie, société [En ligne], 1 | 2022, publié le 17 novembre 2022 et consulté le 24 avril 2024. Droits d'auteur : Licence CC BY 4.0. DOI : 10.58335/football-s.124. URL : https://preo.u-bourgogne.fr/football-s/index.php?id=124

Auteurs

Fernando Segura M. Trejo

Universidad Unipol, Mexico

Adriana Islas Govea

UNAM, Mexico

Droits d'auteur

Licence CC BY 4.0