Henri Cartier, Comment la France « civilise » ses colonies, Paris, Les nuits rouges, 2006.

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Décolonisation

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Il faut saluer à sa juste mesure l'effort constant des Nuits rouges pour faire connaître la question du colonialisme français. Depuis plusieurs années maintenant, une série de ré-édition de livres parus dans la première moitié du XX e siècle a permis au public de lire des ouvrages informés sur ce thème. Rappelons notamment ceux de Paul Vigné d'Octon, La sueur du burnous , celui du militant anticolonialiste Félicien Challaye, Un livre noir du colonialisme. Souvenirs sur la colonisation , Le crime du Congo belge , un recueil de textes de différents auteurs, dont A. Conan Doyle, l'auteur de Sherlock Holmes, dont la lecture est hautement recommandable.

Intelligemment préfacé par Jean Pierre Aubert qui contextualise bien ces publications, ce livre consiste en une réédition de deux brochures parues au début des années 30. La première, qui donne le titre à l'ouvrage, est une épaisse brochure du PC-SFIC. Il s'agit d'une réponse, fort documentée, à l'épisode connu notamment par le roman de Didier Daeninckx, Cannibale , de l'exposition coloniale internationale qui avait vu l'exhibition de kanaques comme des animaux pour illustrer les vertus de la colonisation (sur cet aspect, voir également le travail d'historien de Blanchard et alii, Zoos humains , La Découverte, 2002). Agrémentée de photos, reproduites à l'identique, cette brochure dénonce avec de multiples exemples à l'appui les divers visages du colonialisme français, aussi bien en Afrique qu'en Asie. Travail forcé, asservissement économique, extension de la famine, vol des terres, spoliations diverses et variées, limitation de l'accès à l'enseignement, etc. sont autant de visages de la civilisation française à l'égard des populations indigènes.

Le second document est une brochure du secrétariat colonial de la CGTU, la centrale syndicale affiliée au PC. Elle porte sur un aspect méconnu, le Code de l'indigénat, qui réglait le sort des Algériens. Sont détaillées les mesures d'exception qui visent les populations locales, en particulier dans le rapport à la terre. Sont ainsi exposés les « techniques » permettant aux colons d'exploiter les feux de forêt pour se les accaparer ou accabler les Arabes d'impôts. Si la colonisation est désormais un fait révolu, les pratiques impérialistes lui ont succédé, rappelle J.-P. Aubert dans sa présentation, et le sort des populations, désormais factuellement libres, ne s'est guère amélioré.

Présenter à un public contemporain ces documents, ce n'est pas seulement faire œuvre de connaissance historique, c'est également participer aux luttes pour en finir avec le système qui engendre dépendance et misère au sud.

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Georges Ubbiali, « Henri Cartier, Comment la France « civilise » ses colonies, Paris, Les nuits rouges, 2006. », Dissidences [En ligne], Mars 2012, Nos archives du mois : anticolonialisme, publié le 03 novembre 2011 et consulté le 21 novembre 2024. URL : http://preo.u-bourgogne.fr/dissidences/index.php?id=712

Auteur

Georges Ubbiali

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