Georges Kaldy, Hongrie 1956. Un soulèvement populaire, une insurrection ouvrière, une révolution brisée, Pantin, Les Bons Caractères, 2011, 368 p. (Histoire).

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Stalinisme

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Les éditions créées par Lutte ouvrière proposent, avec ce livre préparé par un des responsables historiques de l’organisation, une analyse relativement approfondie des événements de l’automne 1956 en Hongrie. Bien sûr, on identifie clairement les caractéristiques de la vision trotskyste de la bureaucratie soviétique ou son ancrage léniniste (l’absence d’un parti révolutionnaire expliquant l’échec de la révolte hongroise), ainsi que les positions propres à LO (la nature des démocraties populaires comme foncièrement différente de l’URSS, ou un certain pessimisme historique avec la révolution de 1956 vue comme la « dernière insurrection ouvrière », p.12).

Ce livre se pose en tout cas clairement en opposition aux analyses staliniennes et libérales du 1956 hongrois, et les chapitres d’exposé, qui suivent un ordre chronologique, sont fréquemment entrecoupés de nombreux et passionnants documents écrits d’époque, témoignages d’acteurs, décisions du Présidium du PCUS, ou rapports d’Andropov, alors ambassadeur de l’URSS à Budapest. Le propos lui-même débute au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, avec l’étouffement des velléités révolutionnaires par les communistes staliniens, dont le parti attire une jeune génération qui sera très active en 1956, et la croissance considérable de la classe ouvrière dans cet après-guerre.

C’est dans la foulée du XXème congrès du PCUS que la contestation grandit et s’élargit en Hongrie, malgré un changement de direction à la tête de l’État. Le moteur initial de cette vague de contestation, ce sont les étudiants, à travers manifestations et revendications, mais à la suite de la répression qu’ils subissent, les ouvriers se mobilisent à leur tour et s’arment. La première intervention soviétique se produit en même temps que la généralisation de l’insurrection, de la grève, des combats de jeunes et d’ouvriers dans la capitale et de la formation de conseils ouvriers auquel des soldats se rallient.

Là où le livre se révèle particulièrement précieux, c’est dans les éclairages qu’il offre de la révolution dans le reste du pays, avec de nombreux exemples régionaux. Avec la seconde intervention soviétique, plus massive, au début du mois de novembre, les conseils ouvriers opèrent leur centralisation, allant jusqu’à un début de prise de responsabilité politique du fait de la chute du gouvernement Nagy, en qui la confiance était plus ou moins maintenue ; les exigences de libertés, de multipartisme ou de contrôle ouvrier s’accompagnant, semble-t-il, de beaucoup d’empirisme.

Georges Kaldy prend clairement le parti du peuple, relativisant la figure d’Imre Nagy, symbole de la contestation sans être lui-même un réel opposant au stalinisme, incarnation emblématique de l’aile gauche de la bureaucratie. Au-delà de son parti pris assumé, Hongrie 1956 manque de considérations sur les analyses plurielles des événements hongrois exprimées à l’époque, les seuls documents publiés étant issus de la presse du PCF et de… Voix ouvrière !

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Jean-Guillaume Lanuque, « Georges Kaldy, Hongrie 1956. Un soulèvement populaire, une insurrection ouvrière, une révolution brisée, Pantin, Les Bons Caractères, 2011, 368 p. (Histoire). », Dissidences [En ligne], Mars 2012, Littérature scientifique, publié le 05 mars 2012 et consulté le 29 mars 2024. URL : http://preo.u-bourgogne.fr/dissidences/index.php?id=705

Auteur

Jean-Guillaume Lanuque

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