Il faut saluer comme il se doit ce massif petit ouvrage. Tout d’abord parce qu’il offre à un prix très raisonnable (5 €) une approche sur un courant original de l’écologie radicale, courant qui souhaite articuler la critique écologique avec la critique socialiste. Ensuite, ce livre rassemble une série de textes de son auteur, textes disséminés dans de multiples revues auxquelles il n’est pas toujours facile d’accéder. La forme anthologie permet donc d’accéder à la multiplicité des contributions de Michael Löwy à l’édification de ce courant théorique. Lequel pourrait se définir comme « un courant de pensée et d’action écologique qui fait siens les acquis fondamentaux du marxisme, tout en le débarrassant de ses scories productivistes ». De solides annexes, de la page 191 à la page 234, offrent une riche documentation sur les productions théoriques de ce courant international, à travers les déclarations du réseau brésilien écosocialiste (2003), du manifeste écosocialiste international (2001) ou des analyses produites à l’occasion de Belem (2008), Copenhague 2009) ou Cancùn (2010). Après une présentation générale, Löwy rassemble son propos autour de quatre chapitres. Le premier s’intitule socialisme écologique et porte sur les thèmes de la définition même de l’enjeu écosocialiste, de l’articulation entre l’écosocialisme et la planification démocratique. Comme il l’exprime dans une formule ramassée, l’enjeu est d’aller vers un « communisme solaire », dépasser la question de la quantité des forces productives (pour satisfaire les appétits de profits) pour aborder la question de la qualité (pour satisfaire des besoins authentiques). Les deux articles du chapitre suivant, Marxisme et écologie, discutent la place de l’écologie dans la pensée de Marx et Engels ainsi que l’actualité de la pensée de Walter Benjamin pour aborder cette thématique. Löwy, sur la base d’une exégèse des pères du socialisme scientifique monte ainsi que si l’on ne peut trouver une pensée écologique d’ensemble chez Marx/Engels, il n’en reste pas moins que des éléments d’attention à la nature sont présents dans leur démarche, en particulier en ce qui concerne l’épuisement des sols, la destruction des forêts ainsi que sur la pollution. La contribution sur Walter Benjamin apparaît en regard, très anecdotique et peu fouillée. Le chapitre III développe quelques aspects essentiels de la théorie et de la pratique écosocialiste, tel l’appel à une éthique écosocialiste, la critique de la réification publicitaire ou encore les liens avec l’altermondialisme. On retiendra l’aspect très hétérogène de ces textes, allant de l’esquisse au pamphlet, pas toujours très convaincant. Enfin, l’ultime partie porte sur des cas d’école, ouvrant des perspectives assez novatrices. Le chapitre 8 par exemple présente les principaux acteurs (universitaires) d’une écologie de gauche aux USA, qui devrait se prolonger, on le souhaite, par la traduction de quelques uns de ces textes (c’est chose faite pour John Bellamy Foster, lire la critique de son livre sur ce site). Enfin, un bel hommage est rendu pour conclure au combat de Chico Mendes au Brésil, soulignant l’ampleur de son action. On ne peut que souhaiter, malgré le caractère parfois répétitif d’un article à l’autre de certains arguments, voire formulation (difficile d’y échapper dans la forme anthologie), que ce livre permette de développer une conscience écologique, en rupture avec l’écologie de marché qui domine aujourd’hui dans les esprits et les pratiques.
Michael Löwy, Écosocialisme. L’alternative radicale à la catastrophe écologique capitaliste, Paris, Mille et une nuits, 2011, 236 p.
Article publié le 12 mai 2012.
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Georges Ubbiali, « Michael Löwy, Écosocialisme. L’alternative radicale à la catastrophe écologique capitaliste, Paris, Mille et une nuits, 2011, 236 p. », Dissidences [En ligne], Mai 2012, publié le 12 mai 2012 et consulté le 24 novembre 2024. URL : http://preo.u-bourgogne.fr/dissidences/index.php?id=684