Jean-Marie Harribey, économiste engagé dans le mouvement altermondialiste, inaugure avec cet opuscule une nouvelle collection du Bord de l'eau, dans une optique que l'on pourrait rapprocher de celle du livre de André-Jacques Holbecq et Philippe Derudder , La dette publique, une affaire rentable (chroniqué sur ce site). Si Raconte-moi la crise se pense comme la suite de La démence sénile du capitalisme du même auteur, désormais épuisé, il peut parfaitement se lire indépendamment, tant il s'agit d'une approche vulgarisatrice et d'un rappel de la base de l'économie, la valeur travail, sous l'égide de deux maîtres à penser : Marx et Keynes.
Tout au long du livre, Harribey utilise des mises en forme amusantes -contes, poèmes, pièces de théâtre- pour dénoncer les ravages du capitalisme néo libéral : destruction des conquêtes sociales et de la nature, marchandisation généralisée, exploitation du Sud par le Nord, spéculation, tout y passe, au risque de redites (entre les chapitres 3 et 9 par exemple) ou d'apparaître parfois un peu caricatural. On appréciera néanmoins tout particulièrement la stigmatisation des mots utilisés pour désigner leur contraire, ou le fait que nombre de personnalités plus ou moins complices de l'ordre dominant soient brocardées. Une première approche à laquelle il manque toutefois des pistes bibliographiques.