Thomas Coutrot, Jalons vers un monde possible. Redonner racine à la démocratie, Latresne, Le bord de l'eau, 2010, 226 p.

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Altermondialisme

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Thomas Coutrot est membre du conseil scientifique d'Attac tout en étant en même temps le coprésident. Il prolonge dans cet essai les pistes qu'il avait tracées dans son ouvrage Démocratie contre capitalisme (Dispute, 2005 - compte rendu sur ce site), en les systématisant au niveau d'un programme politique pour un « autre monde ». Le fil directeur de son propos réside dans l'extension de la démocratie comme antidote au capitalisme, en dissociant le marché du capital. L'argument de cette dissociation repose sur des références théoriques (Polanyi essentiellement), mais surtout pratiques, liées à l'échec de l'expérience du socialisme « réellement existant ». Coutrot souhaite donc conserver les informations micro-économiques fournies par l'économie de marché, tout en «  encadrant celles-ci par des règles démocratiquement fixées  », p. 10. Le chapitre sept (« Réformes et révolutions : la longue marche de la société civile ») est d'ailleurs consacrée à cette question de dépassement de l'opposition entre réformisme et révolution.

Discussion qui n'est pas franchement nouvelle (on se rafraîchira la mémoire avec Yves Salesse, Réformes & révolution. Proposition pour une gauche de gauche , Marseille, Agone, 2001). Coutrot, informé de nombreuses expériences historiques en la matière, n'est d'ailleurs pas naïf. Dans une veine néo-gramscienne, il avance, non la perspective révolutionnaire (réduite sous sa plume au « messianisme révolutionnaire »), mais la menace de la révolution, face aux classes exploiteuses. Dans un raisonnement subtil, il propose une démarche pragmatique où ce que les groupes dominés construisent aujourd'hui en termes d'alternatives (services publics, biens communs, écosocialisme, autant d'aspects développés dans les premiers chapitres), préfigure les rapports sociaux qui se réaliseront dans une société authentiquement socialiste. Point de rupture donc dans sa conception. Le rejet du parti d'avant-garde s'accompagne du renforcement permanent des capacités transformatrices de ceux d'en bas par le renforcement de la décision collective. Ce socialisme civil, qu'il appelle de ses vœux, il le voit comme le fruit d'une hégémonie de la société civile, fruit d'une longue marche. La marche risque en effet de se révéler particulièrement longue si l'on en juge par l'appréciation que porte Coutrot sur les expériences latino-américaines en cours (Chavez ou Moralès) : « Peut-être devront-ils demain aller plus loin dans la rupture avec le capitalisme, mais ils ont eu jusqu'à présent la sagesse de ne pas chercher à forcer les rythmes  », p. 197.

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Georges Ubbiali, « Thomas Coutrot, Jalons vers un monde possible. Redonner racine à la démocratie, Latresne, Le bord de l'eau, 2010, 226 p. », Dissidences [En ligne], Juin 2012, Nos archives du mois : l'altermondialisme, publié le 27 mai 2012 et consulté le 21 novembre 2024. URL : http://preo.u-bourgogne.fr/dissidences/index.php?id=658

Auteur

Georges Ubbiali

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