LKP, Guadeloupe et Martinique en grève générale contre la vie chère et l'exploitation outrancière. Liaynnaj kont pwofitasyon. Les 120 propositions du collectif, Fort de France, Éditions Desnel, 2009, 80 p.

Début 2009, la plus puissante grève générale depuis 1967 paralyse l'économie et la vie sociale de la Guadeloupe, puis, dans une moindre mesure les autres « vieilles colonies » français que sont la Réunion et la Martinique. Durant plusieurs semaines une mobilisation d'une ampleur exceptionnelle balaie l'île. Un collectif, connus sous son acronyme de LKP (Collectif contre l'exploitation outrancière, en créole), constitue le fer de lance de la mobilisation. Le LKP rassemble les organisations syndicales de l'île mais aussi des partis politiques, des associations culturelles, paysannes etc. La liste des structures constituant le LKP figure à la fin des 120 revendications de la plate forme collective. On regrettera d'ailleurs qu'une bonne partie des sigles, sans doute familiers aux autochtones, ne figure pas en toutes lettres pour les lecteurs du continent à qui ils restent bien abscons. Cette plate forme de 120 revendications se présente autour de dix points, axés sur les conditions de vie et de travail. Néanmoins, elles excèdent largement la dimension purement économique (elle-même déjà très inclusive, agriculture, pêche, maîtrise foncière, santé, services publics, etc.), pour intégrer une dimension culturelle forte. Les 120 propositions dessinent en creux le legs d'un passé colonial qui ne passe pas. Certaines propositions soulèveront l'attention, ainsi « La priorité d'embauche pour les Guadeloupéens », d'autres indiquent clairement le degré de frustration sociale le sentiment d'abandon de la part de la métropole, ainsi « La mise aux normes parasismiques de tous les établissements et infrastructures publiques ». Cette impressionnante liste est complétée par des textes d'une série de personnes, qui aurait méritée d'être présentée au public métropolitain. Au final, cette courte brochure mérite de trouver une large publicité  car émanation d'un mouvement social d'ampleur inégalée, elle devient source pour l'historien du temps présent.