Auteur de plusieurs romans et textes littéraires, Claude Cornillon nous livre cette fois-ci une longue complainte sur l’état du monde. Dans une veine poético-énervée, il dresse un portrait sans concession de la société française et bien au-delà. Le ton est volontiers lyrique, appuyé sur de sains coup de gueule : « Dans la pyramide du pouvoir et de la finance, le seul à conserver un brin de liberté, pour la raison qu’il ne possède rien, est le pékin de base. Trop peu rémunéré pour se payer l’écran plat dont il rêve, il ira, le dimanche, en taquinant le gardon, regarder passer au fil de l’eau un bonheur d’autant plus illusoire pour lui qu’il se voit rattrapé par la pub, journellement tourmenté par ses mêmes – modernité oblige – qui réclament des Nike. Et nous serons bientôt, comme lui et son voisin de pallier, gavés de futilités, traqués par le n’importe quoi. Allons nous continuer de la sorte ? », p. 14-15. Le ton est donné. Il se décline ainsi sur plus d’une centaine de pages, mêlant anecdotes et récits tirés de l’actualité sociale et politique. Il en appelle à l’insurrection des consciences, puisque « le Parti communiste, jusqu’alors le garant de la morale citoyenne, abandonna sa lutte des classes », p. 117, et à prendre d’assaut, non pas le Palais d’Hiver, mais le Fouquet’s, haut lieu du sarkozysme. Cette longue litanie se conclut néanmoins par un appel à aller déposer son bulletin dans l’urne pour le seul homme, non nommé dans le texte – mais il n’y a guère de surprise puisqu’il figure sur la une de l’ouvrage –, susceptible d’en finir avec cette société à bout de course. N’hésitant pas à en rajouter dans l’emphase, puisque Mélenchon est crédité d’inscrire son combat dans la gauche ; « celle de Louise Michel et de Rosa Luxembourg », p. 120. Il conclut son exorde par un véritable cri d’amour « le bulletin de vote portant le nom de l’homme qui veut nous rassembler, du combattant exécré des ténors unis pour le railler, lui interdire de s’exprimer, tenter de le rabaisser. Un homme qui ne faiblit pas, un homme que porte, en plus d’une puissance de tribun, une foi réjouissante en des lendemains heureux », p. 121.
Michel Cornillon, Mélenchon, le seul ? Lettre ouverte au peuple de gauche, Paris, Les points sur les I, 2011, 126 p.
Article publié le 30 juin 2012.
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Georges Ubbiali, « Michel Cornillon, Mélenchon, le seul ? Lettre ouverte au peuple de gauche, Paris, Les points sur les I, 2011, 126 p. », Dissidences [En ligne], Juillet 2012, Varia, publié le 30 juin 2012 et consulté le 24 novembre 2024. URL : http://preo.u-bourgogne.fr/dissidences/index.php?id=600