Claude Hudelot, Mao. La vie. La légende, Paris, Larousse / VUEF, 2001, 352 p.

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Maoïsme

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Le principe de cette collection des éditions Larousse est d'une grande pertinence : confronter simultanément la biographie objective d'un personnage célèbre et sa mythologie. Dans le cas de Mao, le terrain était tout particulièrement propice. Après un rappel des derniers acquis historiographiques sur la vie de Mao, l'auteur retrace en neuf chapitres synthétiques l'itinéraire de ce jeune paysan, avide de connaissances, qui évolua d'une conception libérale de la révolution à la vulgate marxiste, non sans passer par une brève période anarchisante. Parallèlement à cette maturation idéologique, on assiste au développement de Mao comme activiste, en particulier avec son travail en direction des paysans : c'est la longue période de la lutte armée, de la « tragédie de la révolution chinoise » en 1927 jusqu'à la victoire de 1949. D'abord dirigeant hétérodoxe du PCC, Mao s'impose peu à peu, non sans crises et premières purges ; avec la longue marche, il devient le dirigeant majeur du Parti, statut qu'il conserve, au-delà du front uni (relatif) avec les nationalistes, jusqu'aux premières années du nouveau régime. C'est en effet l'échec tragique du Grand Bond en avant qui conduit à sa marginalisation au sein de la direction, tout au moins jusqu'à la Révolution culturelle. Claude Hudelot décrit avec beaucoup de précisions la répression menée par le PCC et ce dès les débuts de la RPC, la terrible famine provoquée par les illusions du Grand Bond, allant jusqu'au cannibalisme, ou les dérives de la Révolution culturelle. Il est seulement regrettable que les éléments plus positifs, généralement cités, ne soient pas développés dans une perspective plus dialectique.

La partie légende est plus novatrice. Claude Hudelot s'y efforce en effet de confronter la réalité de certains épisodes et leur mythification : la longue marche, la communauté de Yan'an (éloignée sur plusieurs points de l'image d'utopie égalitaire et spartiate, mais qui ne sont malheureusement pas explicités), la dimension typiquement chinoise de Mao (à travers sa poésie ou sa calligraphie), et bien sûr le culte de la personnalité et la propagande, tout cela à l'aide de plusieurs illustrations. Autre atout de cet ouvrage, justement, son iconographie, en particulier pour la partie légende : les photographies, peintures, dessins et autres objets de propagande sont nombreux, souvent fort intéressants, avec des commentaires relativement étoffés. Pour cette partie du livre sur la légende, seul le chapitre consacré aux maoïstes à l'étranger pêche par manque de connaissances et raccourcis quelque peu simplificateurs (les situationnistes se plaçant dans la lignée partielle de Mao…), en noircissant à l'excès le tableau. La conclusion qui appelle à une démaoïsation de la Chine, pour permettre en particulier l'épanouissement d'une véritable histoire scientifique du dernier siècle, ne peut que susciter notre intérêt. Une lecture recommandée, malgré ses quelques défauts.

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Jean-Guillaume Lanuque, « Claude Hudelot, Mao. La vie. La légende, Paris, Larousse / VUEF, 2001, 352 p. », Dissidences [En ligne], Mouvement communiste à l'International, publié le 19 décembre 2012 et consulté le 22 novembre 2024. URL : http://preo.u-bourgogne.fr/dissidences/index.php?id=579

Auteur

Jean-Guillaume Lanuque

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