Mona Chollet, Olivier Cyran, Sébastien Fontenelle et Mathias Reymond, Les éditocrates ou comment parler de (presque) tout en racontant (vraiment) n'importe quoi, Paris, La Découverte, 2009, 204 p. (Cahier libre).

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Voilà un pamphlet sympathique, qui propose un florilège d'écrits susceptibles de faire rire jaune tous ceux qui n'ont pas encore succombés aux sirènes du néolibéralisme. Un des principaux maître d'œuvre - il signe l'introduction et la moitié des notices - n'est autre que Sébastien Fontenelle, dont nous avions déjà au l'occasion de parler avec la parution d'un autre exercice polémique, La position du penseur couché. Petites philosophies du sarkozysme (Paris, Libertalia - chroniqué sur ce site). La continuité est de mise, puisque Les éditocrates s'attaque, non sans humour, à dix figures médiatiques fabricants « du consentement », élite intellectuelle autoproclamée et gardienne du capitalisme réellement existant.

Si certains portraits auraient gagnés à être plus détaillés dans le parcours des individus (Alain Duhamel ou Philippe Val), l'ensemble est assez significatif : BHL, ses faux reportages (comme en Algérie où il endosse le rôle de soutien du gouvernement) et son soutien à l'Etat d'Israël ; Christophe Barbier, élitiste et fier de l'être ; Jacques Attali, stakhanoviste de l'écrit mais historien approximatif et plagiaire à ses heures perdues ; Alexandre Adler, sioniste déclaré et américaniste forcené, à la prose accusatrice tellement excessive contre les antilibéraux qu'elle en perd tout crédibilité1 ; Laurent Joffrin, portrait saisissant d'un thuriféraire du capitalisme ; l'inénarrable Jacques Marseille, dont un des faits de gloire rappelés est d'avoir coordonné l'ouvrage L'UIMM, cents ans de vie sociale , et qui n'imagine rien de mieux qu'un impôt de 20% sur tous les revenus (sic)2 ; Nicolas Baverez et Ivan Rioufol, le premier participant au travail du MEDEF et le second dont les idées glaçantes ont de nets liens avec l'extrême droite.

Le propos est accusateur, inévitablement partiel, mais rappelle néanmoins l'appartenance à un même monde idéologique de ces diverses personnalités ayant pignon sur rue. Dommage, toutefois, que cette proximité ne soit pas complétée par un examen de leurs revenus et de leur patrimoines respectifs (on apprendra seulement que Jacques Attali facture ses conférences 20 000 euros).

Notes

1 Il verse en effet dans une dénonciation de Besancenot qui renoue, selon les auteurs, avec l'accusation stalinienne d'hitléro-trotskystes. Nous avions d'ailleurs eu récemment l'occasion de l'épingler pour sa participation à un documentaire télévisé sur l'extrême gauche : voir la critique de « L'extrême gauche en France. Le poids de l'héritage » sur notre site. Retour au texte

2 Un de ses essais, Du bon usage de la guerre civile en France , est justement chroniqué sur notre site. Retour au texte

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Jean-Guillaume Lanuque, « Mona Chollet, Olivier Cyran, Sébastien Fontenelle et Mathias Reymond, Les éditocrates ou comment parler de (presque) tout en racontant (vraiment) n'importe quoi, Paris, La Découverte, 2009, 204 p. (Cahier libre). », Dissidences [En ligne], Intellectuels, publié le 07 décembre 2012 et consulté le 28 mars 2024. URL : http://preo.u-bourgogne.fr/dissidences/index.php?id=547

Auteur

Jean-Guillaume Lanuque

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