Onomastique des principales organisations libertaires en Argentine (1870-1943)

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Le XIXième siècle voit éclore une variété et une multiplicité de propositions sociétales et d’alternatives dont l’esprit est fort bien représenté dans le foisonnement de courants qui s’unissent puis s’affrontent au sein de l’icône emblématique du mouvement ouvrier de ce siècle : la 1ère internationale (AIT1). Pour autant, la courte existence de l’AIT la mène à voir deux camps se cristalliser autour de personnalités fortes2 : un camp taxé de « socialiste autoritaire » autour de Marx et un camp taxé de « socialiste antiautoritaire » autour de Bakounine. Deux grandes orientations toutes aussi riches l’une que l’autre en expériences, en questionnements, en positionnements divers et qui perdurent. Or, s’il ne vient plus à l’idée de quiconque de raisonnable de confondre Staline et Gramsci (pour caricaturer), il n’en va toujours pas de même pour « l’anarchisme » et ses variantes.

Il n’est en effet pas tout à fait exagéré de dire que ce(s) mouvement(s) pâti(ssent) encore aujourd’hui d’un certain ostracisme dans beaucoup de pays, quant ils ne sont tout simplement pas inconnus.

Les raisons en sont multiples.

Sans doute, la radicalité inhérente au discours anarchiste en est une. Pourtant, il existe selon nous une raison relativement circonstanciée historiquement qui fait qu’ « en moins d’une dizaine d’années, le mouvement appelé à l’origine socialiste révolutionnaire, antiautoritaire et fédéraliste, puis désigné sous le nom d’anarchiste, avait changé de stratégie et, par voie de conséquence, de nature. Il était passé, dans sa majorité, d’un mouvement ouvrier fédératif dont l’axe principal était une sorte de présyndicalisme d’action directe à un mouvement organiquement informel dont l’activité principale devint, pour un temps, l’action terroriste. »3

Cette raison a un nom : la « propagande par le fait »4. Adoptée lors du Congrès socialiste révolutionnaire international de Londres de 18815, cette motion sur la propagande par le fait supposait de porter désormais le combat sur le terrain de l’illégalité et le Congrès va même spécifier l’utilité de la chimie pour le faire...

Conséquence de l’adoption de cette motion, le cliché de l’anarchiste poseur de bombes s’ancre dans l’inconscient collectif d’autant plus que, « contrairement au marxisme qui a connu un développement significatif dans le monde universitaire (le marxisme de chaire), l’anarchisme n’a pas eu cette consécration académique. »6 L’adhésion de sommités intellectuelles au marxisme termine d’enfoncer le clou.

Conséquence de la conséquence, les diverses organisations qui ont été créées, inspirées ou animées par des « anarchistes » bénéficient rarement de définitions précises quant à leurs idéologies, leurs tactiques ou leurs stratégies -y compris au sein même du mouvement libertaire.

L’Argentine n’est épargnée ni d’un point de vue historiographique, ni d’un point de vue de la science politique - et par conséquent onomastique -, par ce manque de discernement. Et si dans les faits, cela n’a empêché en rien le développement concret des mouvements libertaires sur le territoire de cette jeune République jusqu’au début des années 1940, ce manque de discernement participe aujourd’hui d’un flou quant à l’étude de ses réussites, de ses échecs et de ses enjeux. Or, l’analyse et les propositions « anarchistes » peuvent avoir leur pertinence en Argentine, plus de dix ans après ce que l’Histoire a retenu comme l’Argentinazo - littéralement, le « Coup des Argentins » - de décembre 2001 et sa cohorte d’usines récupérées, d’assemblés de quartier, de réseaux de troc… bref, de pratiques dites « horizontales ».

Le problème est d’autant plus intéressant que l’organisation symbolique des anarchistes argentins, la Federación Obrera Regional Argentina (FORA7) va elle-même jouer sur l’ambiguïté de sa nature réelle pour des raisons parfois tactiques et sème le trouble de ce fait auprès des historiens et politologues qui se sont intéressés à cette organisation et, au-delà, à cette mouvance.

Tentons donc de démêler l’écheveau.

S’il existe dès le début de la deuxième moitié du XIXème siècle en Argentine, certaines formes de socialisme proche des formes « utopiques » de cette idéologie8, les premiers socialistes révolutionnaires à s’installer sur cette terre républicaine sont des Communards parisiens en exil se revendiquant de l’AIT - internationale avec laquelle l'Argentine est en lien depuis 1870. Les premières organisations ouvrières du pays en sont donc des sections. La première à se créer est la Sección Francesa de la AIT fin janvier 18729. Suivent une section de langue italienne et une de langue espagnole (à défaut d’être spécifiquement italiennes et espagnoles). Une quatrième section cosmopolite, basée dans la ville de Córdoba, aurait existé mais assez brièvement. Majoritairement en faveur de la ligne « autoritaire » de Marx, les internationalistes argentins (dont le gros des troupes est français) sont malgré tout constitués d’éléments « utopiques, blanquistes, républicains-socialistes et anarchistes ainsi que mazzinistes et républicains italiens. »10 Selon toute vraisemblance - et assez logiquement - ce noyau d’internationalistes s’auto-dissout en 1876, en même temps que la Première internationale. Peut-être en est-ce une conséquence directe mais, la même année, se crée le premier groupe indubitablement anarchiste et bakouninien : le Centro de Propaganda Obrera.

Ce premier marquage socialiste de la terre argentine s’explique donc essentiellement par l'immigration - qui est en soi une des caractéristiques du pays à cette période. Marquée par les écrits de Juan Bautista Alberdi, l’élite politique du pays ouvre largement ses frontières afin d’accueillir une population immigrée qu’elle espère être plutôt constituée d’ouvriers qualifiés et nord européens, à l’instar des membres du prolétariat anglais. Las pour elle, ce sont plutôt des jeunes hommes issus des pays du pourtour méditerranéen qui vont littéralement débarquer en Argentine : essentiellement des Italiens et des Espagnols, des Français du sud, des Turcs, des Syriens, etc. Au final, peu d’Anglais ou d’Allemands font la route. Pourtant, cette immigration, si elle n’apporte pas avec elle une qualification purement ouvrière telle que le souhaitaient les oligarques argentins, s’installe en revanche avec dans ses bagages, des idéologies socialistes et/ou anarchistes bien implantées.

Comme tous les immigrés, ces ouvriers cherchent d'abord à se regrouper par communautés/nationalités et constituent ainsi des mutuelles, des coopératives et des institutions de caractère souvent interclassistes. Pourtant, le mélange se fait rapidement et Buenos Aires va devenir un véritable bouillon de culture ou plus exactement, de subculture.

L’une des preuves en attestant encore aujourd’hui est le lunfardo, l’argot portègne (de Buenos Aires) né à la fin des années 187011 et qui pourrait bien avoir inspiré certaines organisations ouvrières pour leur noms. De ce mélange communautaire émerge d'abord le sentiment d’appartenance à une même classe ; puis les outils et structures spécifiques de défense de cette classe. Ils sont au nombre de deux : les Sociedades de Socorro ou de Ayuda Mutua (sociétés de secours ou d’aide mutuelle) et les combatives Sociedades de Resistencia (sociétés de résistance) dont le but est clairement affiché de s'opposer aux conditions de travail imposées aux ouvriers. « Le mouvement syndical – dit Falcon - va créer de nouveaux pôles d’attraction ouvriers opposés aux groupements sur des bases nationales ou régionales. »12

Cette volonté de s’organiser par corps de métiers est aidé par l’action de Círculos (cercles) de réflexion dont celui du propagandiste anarchiste Ettore Mattei13- le premier est fondé en 1884. Puis, l’arrivée dans le pays du penseur et homme d’action italien Errico Malatesta en 1885 marque un saut qualitatif déterminant. Malatesta est ainsi (justement) sollicité par Mattei en 1887 afin d’écrire les statuts de la Sociedad Cosmopolita de Resistencia y Colocación de Obreros Panaderos14. Ces statuts, internationalistes, anticapitalistes et appelant à l’amélioration des conditions matérielles et morales des boulangers n’ont rien de spécifiquement anarchiste sauf si l’on considère que l’article sept précise - en plus de toutes les autres préconisations - que la société ne doit pas « s’immiscer dans les questions politiques ». Pour autant, ces statuts servent de modèles à d’autres sociétés de résistances, dont les zingueurs ou les charpentiers.

Avec Errico Malatesta, c’est « l’anarcho-communisme » également appelé « communisme libertaire » qui s’implante définitivement en Argentine jusqu’à nos jours15. Cette variante du « socialisme révolutionnaire » a justement été introduite pour la première fois par Errico Malatesta, Carlo Cafiero et Andrea Costa, tous trois représentants de la Fédération italienne de l’Internationale anti-autoritaire lors du congrès de Florence de 1876. Cette conception s’oppose alors à l’idée de « collectivisme libertaire » prônée notamment par Mikhaël Bakounine et dont l’un des principaux clivages s’établit autour de l’aphorisme célèbre « de chacun selon ses capacités à chacun selon ses besoins » c'est-à-dire autour d’une proto forme de sécurité sociale universelle quand les « collectivistes » envisageaient plutôt la rétribution des travailleurs selon le travail fournit par chacun d’entre eux.

Cette concession faite à l’idée de communisme (et donc de commune) touche fortement une immigration constituée de ressortissants souvent issus des mêmes régions, des mêmes petites villes et villages, autrement écrit, de sociétés paysannes dont la porosité à l’idéologie communiste libertaire est d’autant plus grande qu'elles sont, à cette époque, déjà largement traversées et profondément travaillées par diverses idéologies prônant l’autonomie des communes paysannes telles le cantonalisme, voire certaines loges carbonaris...

Si l’anarcho-communisme devient la référence la plus importante au sein du mouvement anarchiste mondial et particulièrement, argentin, les clivages, voire les dichotomies, vont désormais tourner autour des différentes tactiques et stratégies à mettre en œuvre afin d’arriver à un tel renversement sociétal…

Les courants individualistes (la disperción individualista telle que la nomme Gonzalo Zaragoza) tiennent le haut du pavé militant lors de la dernière décennie du XIXème siècle.

Essentiellement représentés par le journal El Perseguido16 - dont le tirage atteint plusieurs milliers d’exemplaires pour chacun de ses numéros -, les individualistes s’opposent fermement à toute forme d’organisation du monde ouvrier puisqu’« avec l'anarchie, il n'y a pas d'autre type d'organisation que celle qui découle des lois naturelles. »17 Il n’existe donc pas de structure représentants ou coordonnant ce courant si ce n’est une myriade de groupes qui, du fait de leur activisme et de leur militantisme vont - de l’avis de beaucoup - dynamiser le mouvement ouvrier et socialiste de cette fin de siècle. Parmi ces groupes, citons entre autres Los Desheredados (Les déshérités), La Expropiación (Expropriation), Los Hambrientos (Les affamés), Juventud Communista Anárquica (Jeunesse communiste anarchiste) qui sortent tous lors de cette décennie allant de 1890 à 190018.

Millénaristes dans le fonctionnement, ces groupes rejettent toute forme de compromission comme, par exemple - et dans l’esprit de l’époque - des grèves portant sur des revendications partielles…Logiquement, les tactiques et stratégies développées devraient se rapprocher des méthodes insurrectionnelles et de propagande par le fait. En réalité, bien peu de militants argentins passent aux actes dans ces années et il faut surtout attendre le début des années 1920 pour que l’Argentine connaisse sur son sol une réelle vague d'actions de propagande par le fait - essentiellement des braquages.

En revanche, l’idéologie prônée par les individualistes est très clairement anarcho-communiste19.

Rapidement cette période individualiste - et qu’elle qu’ait été son utilité - ne correspond plus vraiment aux desiderata de la classe ouvrière qui est poussée vers des modalités organisationnelles plus formelles par l’arrivée de nouveaux penseurs et théoriciens anarchistes : Pellicer Paraire (arrivé en 1891) et Pietro Gori (arrivé, lui, en 1898). Ces deux hommes vont jouer un rôle moteur et permettre aux sociétés de résistances de prendre un nouveau tournant à l’aube du XXème siècle.

Ainsi, le 25 mai 1901, au cœur du quartier ouvrier de la Boca de Buenos Aires s’ouvre un congrès regroupant environ 50 délégués pour 35 sociétés ouvrières représentées afin de discuter de la pertinence de la création d’une Fédération de ces sociétés. Les discussions aboutissent ainsi à la fondation de la Federación Obrera Argentina ou FOA. Idéologiquement, cette nouvelle fédération20 est œcuménique, mélangeant les pratiques des différentes sociétés et unions ouvrières… Cependant, ce premier congrès va aboutir à des résolutions fortes, à l’instar de celle précisant « qu’il n’a d‘engagement d’aucune sorte ni avec le Parti socialiste ni avec l’anarchiste, ni avec aucun parti politique, et que son organisation, son développement et son champ d’action sont totalement indépendants et autonomes. En conséquence, l’organisation approuvée par ce congrès est exclusivement de lutte et de résistance. » 21

Si les décisions de ce premier congrès s’approchent étonnamment de la future Charte d’Amiens, les syndicalistes socialistes acceptent pour un temps seulement ces déclarations d’intentions. Ainsi, lors du deuxième congrès de la FOA (en 1902), la minorité socialiste scissionne d’avec le restant du congrès (anarchiste).

Reste donc, en l’état, une organisation purement anarchiste et révolutionnaire dont l’identité va s’affirmer rapidement. Dès son quatrième congrès, la FOA change de nom pour se rebaptiser Federación Obrera Regional Argentina, le Régional renvoyant à l’idéal libertaire d’une fédération mondiale dans laquelle les anciennes nations seraient de simples « régions » du grand ensemble22. Au cours du même congrès, un Pacte de solidarité est adopté23. Ce pacte est d’importance car, s’il est profondément libertaire dans ses fondements, il n’évoque à aucun moment une idéologie particulière et suscite l’intérêt de l’UGT (voir plus bas).

La FORA trace donc son chemin et, en 1905, adopte pour son cinquième congrès l’article suivant : « le 5e Congrès régional ouvrier argentin, en adéquation avec les principes philosophiques qui ont donné leur raison d’être aux organisations ouvrières, déclare qu’il approuve et recommande à tous ses adhérents la propagande et l’illustration par le fait, la plus large possible et dans l’idée de les inculquer aux ouvriers, des préceptes philosophiques et économiques du communisme anarchiste. Cette éducation, tout en empêchant que [les travailleurs] s’arrêtent à la conquête des huit heures, les mènera vers leur complète émancipation et, par conséquent, vers l’évolution sociale que l’on poursuit. »24

Le clou idéologique est enfoncé sans coup férir et la FORA devient ainsi - à notre connaissance du moins -, la première organisation syndicale au monde à se revendiquer clairement d’une pensée anarcho-communiste et à en prôner la diffusion. Par ailleurs, son caractère finaliste (selon la belle expression d'Eduardo Colombo) l’amène justement à méconnaître, voire à mépriser les problèmes spécifiquement syndicaux. Si la FORA œuvre pour la révolution, ce n’est pas pour s’en octroyer le moindre bénéfice puisque « personne, pas même le syndicalisme, ne peut s’octroyer un rôle « directeur » lors de périodes révolutionnaires. »25. D’ailleurs, « les organes syndicaux n’auront rien à faire une fois que la révolution aura aboli le système capitaliste et la domination étatique »26. Le mode de fonctionnement de la FORA est donc plus proche d’une gigantesque machine propagandiste cherchant à regrouper les ouvriers au niveau local, pour les investir dans une dynamique de mouvement grévistes perçue comme une véritable « gymnastique révolutionnaire » censée les aguerrir pour le renversement sociétal inéluctable et que tous sentent imminent à cette époque.

Entre-temps et dès 1903, les syndicalistes socialistes restés sur l’échec de la FOA, décident de se regrouper et de fonder une nouvelle centrale qu’ils nomment Unión General de los Trabajadores (UGT). En son sein, trois tendances cohabitent27 et l’une d’elles, minoritaire, est bientôt la courroie de transmission du syndicalisme révolutionnaire, qui devient rapidement majoritaire au sein de cette centrale. Cette nouvelle idéologie est introduite dans le pays, notamment par Walter Mocchi28 (à partir de 1908) mais est fermement combattue par les socialistes « purs » qui y voient une déviation « anarchoïde ». Cependant, on comprend ici, que le syndicalisme révolutionnaire argentin diverge du français qui, lui, aurait au contraire, une claire idéologie communiste libertaire29. Pour autant, les convergences sont évidentes (anti-étatisme, anti-parlementarisme, action directe, etc.) et la stratégie révolutionnaire est ouvertement « grève-généraliste » ; grève générale que les syndicalistes français tiennent pour doctrine « définitive »30 tout en souhaitant passer par les syndicats pour organiser les bases de la société future.

L’UGT est donc une création socialiste qui s’oriente vers le syndicalisme révolutionnaire. Mais, sa courte histoire (six années entre 1903 et 1909) ne lui permet pas de se débarrasser totalement de la tutelle du Parti socialiste. Elle n’a donc pas toutes les cartes en main pour concurrencer la FORA car l’action de cette dernière est trop prégnante dans le pays. Il faut cependant noter la proportion de syndicats dits « indépendants » ou « autonomes », s’élevant à près de la moitié des syndicats existants vers le milieu de la décade 191031 et qui, malgré une proximité certaine avec l’idéal libertaire (pour beaucoup du moins) refusent de se fédérer. La stratégie syndicaliste révolutionnaire de l’UGT s’oriente dès lors vers un rapprochement à la fois onomastique et programmatique de la FORA.

En septembre 1909, un congrès réunissant les syndicats de l’UGT, une dizaine de syndicats de la FORA et plusieurs syndicats autonomes fondent la Confederación Obrera Regional Argentina (CORA). La proximité des deux noms n’est pas anodine ; pas plus que l’adoption par la CORA du Pacte de solidarité de 1904.

Cinq ans plus tard, en guise de rapprochement, la CORA va tout simplement s’auto-dissoudre dans la FORA et la forcer à organiser son neuvième congrès en 1915.

Lors de ce congrès, l’équilibre des forces internes à la FORA est bouleversé et c’est une stratégie syndicaliste révolutionnaire opposée à la vision finaliste et anarcho-communiste qui est adoptée. Conséquemment, l’article « finaliste » du cinquième congrès est supprimé.

Pour autant, il ne faut pas voir là une « victoire » marxiste ou socialiste sur l’anarcho-communisme, mais bel et bien une scission d’ordre stratégique au sein du mouvement libertaire lui-même32. Mais cette nouvelle orientation est vécue comme une « atténuation » du projet foriste initial33 et provoque une scission d’une minorité de sociétés qui décident de refonder la FORA de leur côté. Peu de temps après un congrès censément unificateur, il existe donc deux FORA en Argentine :

  • la FORA du neuvième congrès ou FORA 9 ou encore FORA syndicaliste, constituée des sociétés ayant opté pour une stratégie purement syndicaliste révolutionnaire et essentiellement dirigée par un ensemble de libertaires et syndicalistes révolutionnaires, même si l'on y retrouve certains socialistes ;
  • la FORA du cinquième congrès ou FORA 5 ou FORA anarchiste ou encore FORA communiste34 favorable à la vision finaliste et la diffusion assumée du projet communiste libertaire.

La première, dès 1916 - et l’alternance de pouvoir amenant à la tête de l’état une administration plus prompte à écouter les exigences ouvrières35 - se rapproche de l'administration yrigoyéniste qui dirige le pays. En entamant un processus de discussion et de négociation afin de faire avancer les conditions de vie des travailleurs, la FORA 9 assume pleinement un double caractère à la fois réformiste et révolutionnaire ce qui « (…) réduit la prédisposition à la pratique de l’action directe mais paradoxalement, diminua l’influence socialiste dans les milieux syndicaux. On avait ainsi gagné une forme de représentation ouvrière. »36

La FORA 5 continue, elle, sur la voie tracée depuis le début du siècle et se trouve conforter dans son choix stratégique puisqu’elle regagne rapidement un poids certain au sein du prolétariat argentin.

En parallèle, la révolution russe de 1917 entérine une stratégie d’action qu’une partie du mouvement libertaire argentin décrypte comme étant basée sur l’action avant-gardiste du parti ou, du moins, d’une structure à même de diriger le mouvement ouvrier. Le spontanéisme révolutionnaire et la propagande communiste libertaire ne suffisent plus à un courant qui va rapidement se structurer autour de journaux tels que Bandera roja37 et tout aussi rapidement qualifiés par la FORA 5 (et leur journal/porte-parole : La Protesta) « d’anarcho-bolchevique » ou « anarcho-dictateurs » pour leur prétention à diriger le mouvement ouvrier.

Cette divergence théorique dans la stratégie trouve un échos pratique dramatique lors de la Semaine Tragique de janvier 191938. Parti d’une grève de métallurgistes, ce mouvement insurrectionnel d’une importance quasiment sans précédent dans le pays permet aux ouvriers de prendre le pouvoir dans une bonne partie de Buenos Aires pendant plusieurs jours. Mais par manque de coordination et - dixit les « anarcho-bolcheviques » -, de direction du mouvement, celui-ci s’arrête sur la simple satisfaction des revendications.

Le demi-échec que représente cette Semaine donne des arguments aux anarcho-bolchéviques pour critiquer l'action de la FORA 5. Dès lors, se développe dans le pays un courant libertaire prônant, au niveau syndical une structuration par branches d'industries (dont ne veut pas entendre parler la FORA 5) qui le fait s'identifier assez nettement aux pratiques et stratégies anarcho-syndicalistes.

Sans doute tiraillée par sa dichotomie interne entre aspirations réformistes et révolutionnaires, la FORA 9 soutient ce nouveau courant. Cette nécessaire reconsidération stratégique et tactique amène la FORA 9 à appeler à un congrès unificateur pour le mois de mars 1922.

Ce congrès aboutit à la création d’une nouvelle centrale : la Unión Sindical Argentina (USA) dont le nom est un hommage à l’anarcho-syndicaliste Unione Sindacale Italiana (USI) - la CNT espagnole est également citée comme référence lors du congrès. L'USA est indéniablement la seule organisation syndicale argentine a pouvoir être classée parmi les centrales anarcho-syndicaliste. Le dernier article du congrès précise d'ailleurs : « (…) que la finalité de l’USA est de supplanter la bourgeoisie dans la direction et l’administration de la production et de la consommation par l’expropriation de toute la richesse sociale et conquérir pour tous les hommes fraternellement unis dans une même classe de producteur le maximum de liberté et de bien-être compatibles avec le degré d’éducation atteint dans les diverses périodes de reconstruction révolutionnaires, jusqu’à implanter une organisation communiste dans la production et la consommation et libertaire dans les relations sociales. »39

A la même époque une nouvelle Internationale - ne devant cette fois-ci regrouper que des organisations syndicales - est en construction. Le congrès de fondation doit justement se tenir en 1922 et, logiquement, l’USA aurait dû intégrer cette nouvelle structure. Or, c’est la FORA qui, bien qu’en désaccord (notamment quant à la structuration par branche industrielle) avec la plupart des centrales représentées dans l’AIT dite de Berlin, y rentre.

Isolée au plan national et international - car elle se méfie de l’Internationale Syndicale Rouge ou Profintern40 - l’USA perd rapidement toute prégnance sur le mouvement ouvrier argentin et passe d’une claire affirmation anarcho-syndicaliste de son projet sociétal à une certaine forme de tempérance syndicaliste révolutionnaire (également taxé de syndicalisme « pur ») notamment via l’union en 1925 avec les communistes - une union qui ne dure pas longtemps, les communistes constituent leur propre centrale en 1927 avec le Comité de Unión Sindical Clasista - CUSC.

Pourtant, l’USA aurait établi une forme de partenariat sur le modèle de la CNT-FAI en Espagne avec l’Alianza Libertaria Argentina (ALA), dans le but de contrôler tout ou partie de l’organisation syndicale41. Cette nouvelle organisation (dont on sait encore peu de choses) se fonde en janvier 1923 et maintient une activité politique et éditoriale jusqu’en 1932, notamment via son journal mensuel El Libertario.

Enfermée dans un cercle vicieux « déflationniste », l’USA va finalement fusionner avec la Confederación Obrera Argentina (COA42) en septembre 1930, pour former la Confederación General del Trabajo (CGT). Cette dernière centrale syndicale - toujours en activité aujourd’hui -, se nomme ainsi en hommage à la vieille centrale française, preuve s'il en est de la très forte composante syndicaliste révolutionnaire en son sein.

Cependant, en septembre 1930 l’événement majeur est le « pronunciamiento » (coup d’État militaire) du général Uriburu qui constitue le premier d’une longue série et marque sans nul doute un tournant dans l’histoire libertaire en Argentine. Répressif à outrance, le nouveau pouvoir, quand il n’exécute pas ses opposants politiques (dont les communistes et les radicaux font également partie), les déporte ou les enferme, notamment dans la prison de Villa Devoto43.

Dans l’Unité 3 de cet édifice pénitentiaire se retrouvent des militants libertaires issus de tous les courants « (…) foristes, antorchistes, usistes, syndicalistes autonomes, naturistes, individualistes. Beaucoup étaient originaires de pays étrangers : espagnols, italiens, arabes, juifs, ukrainiens, paraguayens… »44. En même temps que va s’auto-organiser la vie commune, un « congrès » de réconciliation s'y tient également, avec pour objectif de tirer les conséquences des erreurs passées et d’enfin œuvrer à une tâche constructive commune45. Pour se faire, le congrès met sur pied un Comité Regional de Relaciones Anarquistas (CRRA) qui abouti promptement (en 1935) à la création de la Federación Anarco-Comunista Argentina ou FACA46. Son nom annonce le programme et stratégiquement, les militants de la FACA (les « faquistes ») s'ils font le choix d’investir la FORA - qui se méfie pourtant des organisations « spécifiques » -, ils décident également de s'investir dans le cadre du syndicalisme autonome, à l’instar de la Federación Obrera de los Sindicatos de la Construcción (FOSC) qui va jouer un rôle primordial dans le conflit social le plus important de ses années : la grande grève de la construction de 193647.

D’ailleurs, au coude à coude au sein de cette FOSC, les militants de la FACA travaillent avec ceux d’une organisation apparue sous l’impulsion d'Horacio Badaraco. Ayant rencontré des marxistes dans les geôles qu’il a fréquenté, Badaraco va tenter de réconcilier les traditions marxistes et anarchistes48 au sein de l’Alianza Obrera Spartacus (AOS) constituée en 1934 et regroupant jusqu'à 300 membres. L'AOS va bénéficier d’une importance certaine jusqu'au début des années 1940 en œuvrant essentiellement dans le cadre du syndicalisme autonome mais en incitant aussi ses membres à entrer dans la FORA49.

Avec la FACA (à laquelle sont rattachés des groupes tels que l'Asociación de Estudiantes Libertarios - AEL -, ou les Juventudes Libertarias – Jeunesses Libertaires), la FORA, l’ALA, ou encore l’Alliance Spartacus, le mouvement libertaire argentin, au tournant des années 1930 aurait sans doute pu regagner son ancien prestige s’il n’avait fallu compter sur deux données importantes :

  • le développement régulier du mouvement communiste, que ce soit à travers les syndicats (CGT essentiellement) ou en tant que parti ;
  • la Guerre civile espagnole qui débute en juillet 1936.

Car c’est vers la péninsule Ibérique que se focalisent les espoirs des libertaires et des antifascistes du monde entier. Les Argentins n’échappent pas à la règle, bien au contraire. L’activité déployée autour de l’aide à l’Espagne est telle50 que les militants oublient de s’occuper de leur propre pays. Après que les derniers soubresauts de l’Espagne libertaire se soient calmés et que les républicains espagnols51 aient été accueillis, les militants libertaires argentins reprennent enfin un travail spécifique centré sur « leur » République.

Ainsi, en partenariat avec l’USA52, la FACA met en place la Comisión Obrera de Relaciones Sindicales (CORS) dans le but clairement affiché de recréer une centrale anarcho-syndicaliste, en hommage au modèle organisationnel de la CNT.

Le journal de la CORS est sans équivoque sur ce point puisqu’il se nomme Solidaridad Obrera (Solidarité Ouvrière, du nom de l'organe de la CNT-AIT). Tout est donc prêt pour le milieu de l’année 1943, date à laquelle doit se tenir un congrès de création d’une nouvelle centrale syndicale à laquelle ont adhéré plus d’une cinquantaine d’organisations quand se déclenche un nouveau pronunciamiento.

Parmi ces militaires : le colonel Juan Domingo Perón. Une fois au pouvoir, et en accord avec des socialistes, des syndicalistes révolutionnaires et certains libertaires syndicalistes, Perón investi stratégiquement la CGT d’un pouvoir démesuré et d’une législation extrêmement favorable. Une action rapidement décisive et dévastatrice pour les autres expressions syndicales, « libres » ou « autonomes » parmi lesquelles comptent évidemment, les libertaires pour lesquels se tourne une nouvelle page d'histoire.

Liste et traduction des principaux acronymes utilisés .

AIT : Association Internationale des Travailleurs (autoritaire et antiautoritaire pour la première, anarcho-syndicaliste pour la seconde) ;

AEL : Association des Étudiants Libertaires ;

ALA : Alliance Libertaire Argentine ;

AOS : Alliance Ouvrière Spartacus (marxiens et libertaires) ;

CNT : Confédération Nationale du Travail (Espagne, anarcho-syndicaliste) ;

COA : Confédération Ouvrière Argentine (socialiste) ;

CORS : Confédération Ouvrière Régionale Argentine (syndicaliste révolutionnaire et socialiste) ;

CORS : Commission Ouvrière de Relations Syndicales (anarcho-syndicaliste) ;

CRRA : Comité Régional de Relations Anarchiste ;

FACA : Fédération Anarcho-Communiste Argentine ;

FAI : Fédération Anarchiste Ibérique ;

FLA : Fédération Libertaire Argentine ;

FOA : Fédération Ouvrière Argentine (anarchiste et socialiste) ;

FORA : Fédération Ouvrière Régionale Argentine (anarchiste-syndicaliste) ;

ISR : Internationale Syndicale Rouge (ou Profintern, URSS, communiste) ;

UCR : Union Civique Radicale (radicalisme de gauche) ;

UF : Union Ferroviaire ;

UGT : Union Générale des Travailleurs (socialiste puis syndicaliste révolutionnaire) ;

USA : Union Syndicale Argentine (anarcho-syndicaliste puis syndicaliste révolutionnaire) ;

USI : Union Syndicale Italienne (anarcho-syndicaliste).

Bibliographie

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GRACIA de Guillaume, L'horizon argentin. Petite histoire des voies empruntées par le pouvoir populaire. 1860-2001. Toulouse, éd. CNT-RP, 2009.

GRACIA de Guillaume, « La semaine Tragique de janvier 1919 à Buenos Aires: une démonstration de force du syndicalisme anarchiste argentin » in Viva la Social!, Paris, Editions Libertaires, Noir et Rouge et nada, octobre 2010, p.51-74.

GRUNFELD José, Memorias de un anarquista, Buenos Aires, éd. Nuevohacer, 2000.

LÓPEZ Antonio, La FORA en el movimiento obrero, Buenos Aires, éd. Tupac, 1998.

LÓPEZ TRUJILLO Fernando, Vidas en rojo y negro. Una historia del anarquismo en la « Década Infame », Buenos Aires., éd. Letra Libre, 2005.

ODDONE Jacinto, Gremialismo proletario argentino, Buenos Aires, éd. La Vanguardia, 1949.

TOUBLET Jacques, « La mystique de la violence, une dérive toujours possible », in Refractions, « Violence, contre violence, non violence anarchistes », Paris, numéro 5, 2000.

ZARAGOZA Gonzalo, Anarquismo Argentino (1876-1902), Madrid, éd. de la Torre, 1996.

Notes

1 Pour les acronymes en français, voire le lexique en fin d’article. Retour au texte

2 Et ce, malgré la variété de courants ouvriers représentés en son sein. On sait que l’AIT regroupe des futurs marxistes (ou socialistes scientifiques), des proudhoniens de droite comme de gauche, des blanquistes ainsi que des collectivistes, des mazzinistes italiens, sans oublier évidemment, les syndicalistes anglais des Trade unionsRetour au texte

3 Voir aussi J. Toublet, La mystique de la violence, une dérive toujours possible, Réfractions. Retour au texte

4 Terme qui aurait été inventé par l’italien Andrea Costa et popularisé peu de temps après (en août 1877) par le français Paul Brousse. Retour au texte

5 Dont le but est de recréer l’internationale anti-autoritaire de St-Imier qui vient de disparaître à cette époque. Retour au texte

6 Voir aussi F Gottraux et B. Voutat, « Anarchisme et marxisme: vrai contentieux et faux clivage » in A contretemps numéro 6, 2003, p. 183. Retour au texte

7 Dont l'existence se résume aujourd'hui (en octobre 2013) à une demi-douzaine de sections syndicales (cf son site http://fora-ait.com.ar/blog/) Retour au texte

8 Voir aussi G. de Gracia, L'Horizon Argentin (…), Paris, éd. CNT-RP, 2009, page 67. Retour au texte

9 Voir aussi G. Zaragoza, Anarquismo Argentino, Madrid, éd. De la Torre, 1996, page 71. Retour au texte

10 Idem, page 72. Retour au texte

11 Le Lunfardo est issu des prisons même s'il est essentiellement ouvrier. L'objectif est le même que pour l'argot français, à savoir, s'exprimer sans que les non-initiés puissent comprendre - notamment les forces de l'ordre. Il est métissé d'espagnol, d’italien, d’anglais (le fameux escrache utilisé contre les tortionnaires dans les années 2000 vient du verbe to scratch/gratter), de certains langues africaines et d’occitan. Il est à la fois composé de système de codage tels que le verlans (que l'on nomme vesré : tango =gotan) et des procédés syntaxiques traditionnels des argots : métonymies, métaphores, polysémie et synonymes. Retour au texte

12 Idem, page 83, Interprétant la Thèse de Ricardo Falcon, « L’immigration, les travailleurs et le mouvement ouvrier en Argentine, 1870-1912 ». Retour au texte

13 On compte parmi eux le Círculo Anárquico ou encore le Círculo de estudios sociales... Mattéi est, lui, arrivé en Argentine vers 1880, fuyant la répression du vieux continent. Retour au texte

14 Société cosmopolite de résistance et de placement des ouvriers boulangers. Retour au texte

15 Au-delà nous n’utilisons plus que la terminologie « d’anarcho-communisme » qui colle beaucoup plus à la réalité sémantique du pays. Retour au texte

16 « Le Pourchassé », qui paraît le 18 mai 1890 pour la première fois. Retour au texte

17 G. Zaragoza, opus cité, page 130 citant El Perseguido numéro 44 du 18 juillet 1892. Retour au texte

18 G de Gracia, opus cité, page 114. Retour au texte

19 Ibid. Retour au texte

20 Il y a en effet eu d’autres tentatives de fédérations auparavant, à l'instar de toutes avortées comme la Federación de los Trabajadores de la Región Argentina (Fédération des Travailleurs de la Région Argentine) en 1890 ou la première Federación Libertaria de los Grupos Socialistas Anarquistas de Buenos Aires (Fédération Libertaire des Groupes Socialistes Anarchistes de Buenos Aires) en 1899. Retour au texte

21 G. de Gracia, opus cité, page 129. Retour au texte

22 Il est à noter que, suite à ce changement de nom, plusieurs autres organisations latino-américaines décident également de valoriser cette idée de « régions ». Il en va ainsi, par exemple, de la FORU en Uruguay et de la FORP au Pérou et au Paraguay. Retour au texte

23 Voir notre traduction complète ici : G. de Gracia, opus cité,page 524. Retour au texte

24 Idem, page 124. Retour au texte

25 Citations issues d’une mémoire présenté par la FORA à l’AIT, en 1922. Voir A. López, La FORA en el movimiento obrero, Buenos Aires, éd. Tupac, 1998, page 171. Retour au texte

26 Ibid. Retour au texte

27 Voir aussi A. Cierie, Del socialismo al sindicalismo revolucionario. La UGT argentina, 1903-1906, in Boletin Americanista, numéro 48 pp 7-27 Retour au texte

28 Activiste et impresario italien, proche du dirigeant syndicaliste révolutionnaire Arturo Labriola. Retour au texte

29 Voir aussi M. Chueca, « Présentation et notes » in Emile Pouget, 1906, Paris, éd. CNT-RP, 2006, page 46. Retour au texte

30 Idem, page 23. Retour au texte

31 A. Cieri, opus cité. Retour au texte

32 G. de Gracia, opus cité, page 176-177. Retour au texte

33 Pour paraphraser une expression de Miguel Chueca à propos de la Charte d’Amiens. Retour au texte

34 Surnom adopté en forme de clin d’œil aux communistes russes après 1917. Retour au texte

35 Suite à la victoire de la Unión Civica Radical (UCR) et l’élection de son leader Hipolito Yrigoyen au poste de président de la République. Retour au texte

36 A. Cieri, opus cité. Retour au texte

37 « Drapeau rouge », publié au premier trimestre 1919. Retour au texte

38 Voir aussi G.de Gracia, La Semaine Tragique in Viva la Social !, Paris, éd Libertaires, Noir et Rouge et nada, 2013, pages 51-74. Retour au texte

39 Voir aussi J. Oddone, Gremialismo Proletario Argentino, Buenos Aires, éd. La Vanguardia, 1949, pp 304-305 ; Retour au texte

40 Pourtant l'ISR est à cette époque largement organisée et orientée par des militants syndicalistes révolutionnaires, souvent d'ailleurs, d'origine libertaire. Retour au texte

41 Voir aussi F. López Trujillo, Vidas en Rojo y Negro, Buenos Aires, éd. Letra Libre, 2005, page 25. Retour au texte

42 Centrale syndicale créée en 1926 et menée par des socialistes et surtout, les syndicalistes révolutionnaires de la Unión Ferroviaria (UF) représentant l'immense majorité de ses files syndicales. Retour au texte

43 Située dans le quartier éponyme, l'un des quarante-huit quartiers de Buenos Aires. Retour au texte

44 Voir aussi J. Grunfeld, Memorias de un anarquista, Buenos Aires, éd. Nuevohacer, 2000, page 118. Retour au texte

45 Les années 1920 ont été d’une violence inédite entre les organisations libertaires et ont entretenus des divisions largement responsables de leur incapacité à répondre au coup d’état. Retour au texte

46 En lunfardo, le terme faca peut à la fois désigner un « article » ou une « « arme blanche ». Deux facettes d’un même mot pouvant totalement convenir aux anarchistes. Quant à savoir si ce nom a été choisi à dessein… Retour au texte

47 Au début des années 1950, la FACA change de nom pour se nommer Federación Libertaria Argentina (FLA) : la FLA existe toujours aujourd’hui. Une nouvelle FACA a, par ailleurs, vu le jour en mars 2011. Retour au texte

48 Anticipant en cela la pensée d’un Daniel Guérin et l’actualité d’une pensée Communiste Libertaire de plus en plus encline à prendre à la lettre l’acception de ces deux termes. Retour au texte

49 Voir aussi le livre de Javier Benyo, La Alianza Obrera Spartacus, Buenos Airres, éd. Utopia Libertaria. 2005. Retour au texte

50 F. López Trujillo, opus cité, à partir de la page 165. Retour au texte

51 L’Argentine est le troisième pays d’accueil des républicains espagnols qui ne sont que quelques milliers tout au plus et, pour beaucoup, des intellectuels. Retour au texte

52 Recrée en 1937 suite à une scission d’avec la CGT et dans laquelle œuvrent de nombreux libertaires. Retour au texte

Citer cet article

Référence électronique

Guillaume de Gracia, « Onomastique des principales organisations libertaires en Argentine (1870-1943) », Dissidences [En ligne], 6 | 2013, publié le 30 décembre 2013 et consulté le 21 novembre 2024. URL : http://preo.u-bourgogne.fr/dissidences/index.php?id=344

Auteur

Guillaume de Gracia

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