Les représentations de la famille et les fonctions de l’intime dans la série des « Miss Silver Mysteries » (1928-1961) de Patricia Wentworth

Abstracts

Patricia Wentworth est l’auteur trente-deux romans dans lesquels intervient Miss Silver, vieille dame détective, et cet article se penchera sur leur dimension sérielle et sur le rôle central de ce personnage récurrent original et atypique.
Il s’agira d’étudier les connotations familiales qui colorent son mode de représentation, la manière dont la famille est omniprésente (in absentia et par le biais d’objets symboliques) dans la vie privée et professionnelle de Miss Silver, faisant constamment se rejoindre et se chevaucher les dimensions intime et féminine (l’intérieur) et policière (l’extérieur, le masculin). J’effectuerai en particulier un gros plan sur l’activité du tricot que pratique la détective dans tous les romans de la série, sur sa signification et son symbolisme pluriels, son rôle de passerelle entre l’extérieur (la détection) et l’intérieur (la famille, l’intime), et sur sa fonction méta-textuelle.
Nous verrons que les personnages récurrents (Miss Silver, et les inspecteurs de Scotland Yard Frank Abbott et son chef, Lamb) nous procurent le double plaisir de la répétition (avec variations) et de la familiarité, analysé par Umberto Eco, et nous font nous sentir « en famille » en lisant les romans de la série. Ils s’inscrivent dans un monde en mutation dont ils montrent l’aspect déstabilisant et défamiliarisant et c’est sans doute la raison pour laquelle Miss Silver, d’une manière rassurante, ne semble pas, pour sa part, changer ou vieillir.

Patricia Wentworth wrote thirty-two novels in which Miss Silver, an old lady-detective, intervenes and this essay will focus on their serial dimension and the central role played by this original, atypical recurring character.
The paper will deal with the homely, family connotations colouring her representation, and show how the family is omnipresent (albeit in absentia and through symbolic objects) in Miss Silver’s private and professional lives, collapsing the boundaries between the intimate, feminine sphere (the home) and the outside, male world of detection. A close-up on knitting, the detective’s usual activity in the series, will shed light on its multi-layered significance and symbolism, its role as a bridge between the outside (detection) and the inside (the domestic and the homely), and its meta-textual function.
The recurring characters of the series (Miss Silver, and the Scotland Yard inspectors Frank Abbott and his chief, Lamb) give us the double pleasure of repetition (with variations) and familiarity studied by Umberto Eco, and make us feel at home, as with relatives, when we read. The novels are set in a changing world, showing how unsettling and defamiliarizing this instability can be, and this is probably why, quite reassuringly, Miss Silver, as for her, never seems to change or grow old.

Outline

Text

Patricia Wentworth (pseudonyme de Dora Amy Elles Turnbull1, 1878-1961) reste assez méconnue, notamment parce qu’elle est éclipsée par Agatha Christie, et surtout parce qu’elle est négligée et souvent dénigrée par les critiques. Elle est absente de l’étude de George Grella (1970), tout comme des deux premières éditions (1972 et 1985) de Bloody Murder de Julian Symons qui la cite « en passant » et in extremis dans le chapitre final, « A Postscript for the Nineties » (édition de 1992), qui pose la question « Are the British out of date? ». T. J. Binyon réserve pour sa part dans Murder Will Out un traitement cavalier, et fortement teinté de misogynie à la détective de Wentworth qu’il juge moins originale et perspicace que Miss Marple (Binyon 1989 : 34)2. Craig et Cadogan (The Lady Investigates, 1986), ou Shaw et Vanacker (Reflecting on Miss Marple, 1991), critiquent de nombreux aspects de l’œuvre de Wentworth jugée largement inférieure à celle de Christie (comme chez Binyon), sans que ces jugements de valeur sommaires soient étayés par des citations, des micro-analyses ou des exemples précis et argumentés. C’est particulièrement flagrant chez Shaw et Vanacker qui « expédient » l’œuvre de Wentworth en moins de deux pages (assassines)3. Craig et Cadogan ne consacrent pour leur part que sept pages (172-179) du chapitre IX « Grandmotherly Disguise. Miss Marple, Miss Silver and Mrs Bradley » (164-187) aux trente-deux romans de la série des « Miss Silver », et formulent à l’emporte-pièces de très nombreux reproches (de fond et de forme) à leur encontre, tels que les aspects répétitifs et mécaniques de leur intrigue, leur conformisme, leur style passe-partout, leur côté prévisible4, leur manque de profondeur psychologique5 ou sociologique6.

Dans son chapitre sur « L’âge d’or » du roman policier (The Cambridge Companion to Crime Fiction), Stephen Knight ne consacre que deux lignes, certes élogieuses, à Wentworth qu’il estime « digne de respect » grâce à sa détective célibataire qui devance de deux ans Miss Marple (Knight 2003 : 88)7. Miss Silver apparaît en effet pour la première fois en 1928 dans The Grey Mask, tandis que la Miss Marple de Christie « naît » seulement en 1930 dans Murder at the Vicarage.

Moira Davison Reynolds nous rappelle pourtant, dans Women Authors of Detective Series, que les romans de Wentworth étaient si populaires aux Etats-Unis que J. B. Lippincott, l’éditeur de Philadelphie, les publiait avant même leur parution en Grande-Bretagne (Reynolds 2001 : 10). Les trente-deux romans de la série des Miss Silver, parus entre 1928 (Grey Mask) et 1961 (The Girl in the Cellar), brossent de la détective privée un portrait de plus en plus fouillé à partir de The Case is Closed (1937), deuxième roman de la série8, moment où le personnage acquiert ses traits distinctifs originaux et mémorables.

Il paraît donc opportun de se pencher sur la dimension sérielle des trente-deux romans, chaque fois publiés par l’éditeur anglais Hodder et Stoughton sous l’étiquette « A Miss Silver Mystery », et sur le rôle central de ce personnage récurrent de détective féminine dont l’originalité réside dans la dimension domestique, intime et familiale.

Je m’attacherai à montrer ici toutes les connotations familiales qui colorent le mode de représentation de ce personnage de détective atypique et suranné qui évoque une vieille parente d’un autre temps, et j’aborderai la manière dont la famille est omniprésente (in absentia et par le biais d’objets symboliques) dans la vie privée et professionnelle de Miss Silver, faisant constamment se rejoindre et se chevaucher les dimensions intime et féminine (l’intérieur) et policière (l’extérieur, le masculin). J’effectuerai en particulier un gros plan sur l’activité du tricot que pratique Miss Silver dans tous les romans de la série, sur sa signification et son symbolisme pluriels, son rôle de passerelle entre l’extérieur (la détection) et l’intérieur (la famille, l’intime), et sur sa fonction méta-textuelle.

Enfin, il s’agira de s’intéresser à ces personnages récurrents (Miss Silver, et les inspecteurs de Scotland Yard Frank Abbott et son chef, Lamb) qui nous procurent le double plaisir de la répétition (avec variations) et de la familiarité analysé par Umberto Eco, et nous font nous sentir « en famille » en lisant les romans de la série. Ils s’inscrivent dans un monde en mutation dont ils montrent l’aspect déstabilisant et défamiliarisant, et c’est sans doute la raison pour laquelle Miss Silver, d’une manière rassurante, ne semble pas, pour sa part, changer ni vieillir.

1. Portrait de Miss Silver, vieille « parente » surannée et rassurante, et détective atypique

Maud Silver est une ancienne gouvernante « émancipée de la carrière scolastique » (The Watersplash : 126) et devenue détective privée. Son prénom est un hommage au poète victorien Tennyson qu’elle admire et cite fréquemment dans les romans. Son aspect, ses tenues, et son intérieur très surannés qui évoquent le XIXe siècle dont elle semble tout droit sortie9 sont un leitmotiv narratif qui souligne, avec de multiples variations, son incongruité dans le rôle d’une détective, aux yeux de ses futur-e-s client-e-s (par exemple Sybil Dryden dans The Ivory Dagger : 109 ; ou Althea dans The Gazebo : 82), ou de l’inspecteur Frank Abbott, l’un de ses anciens élèves, auquel elle évoque des images familiales, telle une parente à l’ancienne mode. Le récit élabore donc un noyau métaphorique associant la famille et les aspects victoriens ou édouardiens de Miss Silver pour mettre en lumière la dimension insolite du personnage :

Avec sa frange à la mode édouardienne, maintenue fermement par une résille, ses bas de laine noirs, et ses chaussures vernies ornées de perles, elle était la parfaite survivante d’un type en voie d’extinction. Elle aurait pu sortir des pages d’un album de famille et l’on aurait immédiatement reconnu en elle une parente vieille fille, à l’existence besogneuse mais au caractère indomptable […]. (Eternity Ring : 29)10

Dans The Catherine-Wheel, Jane Heron compare Miss Silver à une espèce de « spécimen de gouvernante de l’époque édouardienne qui devrait être dans une vitrine du British Museum » (125). Mais en même temps, cet aspect démodé et intemporel à la fois, ce manque d’élégance ou de panache, cette dimension si ordinaire à certains égards, et paradoxalement si extraordinaire aussi, ont quelque chose d’étonnamment rassurant qui fait se sentir en famille les personnes qui voient Miss Silver pour la première fois. Cette vieille demoiselle mal fagotée (l’adjectif « dowdy » est récurrent) et passionnée de tricot, est, en apparence, « d’une banalité qui fait du bien » 11 car elle semble incarner la platitude et l’ordre du quotidien, mis à mal par le crime12.

Ses descriptions reposent par ailleurs fréquemment sur des formulations qui s’apparentent à des oxymores, soulignant l’expression de « sévérité affectueuse » (Eternity Ring : 43) ou de « fermeté indulgente »13 qu’elle adopte avec Frank Abbott, ainsi que l’alliance surprenante de bonté inépuisable et d’autorité sans faille qui se dégage d’elle14

1.1. Différences et points communs avec les détectives du XIXe siècle, entre tradition et innovation

Elle est à certains égards l’héritière des héroïnes détectives victoriennes auxquelles Joseph Kestner a consacré une étude, Sherlock’s Sisters, en 2003. On pense par exemple à Loveday Brooke, la détective si perspicace mais d’apparence si insignifiante, de Catherine Louisa Pirkis, dans The Experiences of Loveday Brooke, Lady Detective (1894), particulièrement dans la nouvelle « The Black Bag Left on a Door-Step » (1893). Comme la « Lady detective » de Pirkis, Miss Silver tient elle aussi à son statut de « dame » (« gentlewoman ») et sa carte de visite professionnelle ne comporte pas les termes « détective privée » (jugés indignes d’une dame) mais la formulation euphémistique très comme-il-faut « Investigations privées » (Eternity Ring : 29). Ce côté formaliste et un peu vieux jeu s’accompagne d’une grande rectitude morale et d’une totale impartialité dans l’exercice de ses fonctions de détective, qui ont pour seul objectif d’établir la vérité, quelles qu’en soient les conséquences. On notera d’ailleurs au passage que, loin de résoudre les enquêtes sans quitter son domicile, comme les « armchair detectives »15 auxquels elle est souvent assimilée à tort, elle se déplace fréquemment sur les lieux des enquêtes, et fait preuve d’une agilité et d’un dynamisme inattendus dans bon nombre des romans, comme dans The Catherine-Wheel (326) qui la montre fort ingambe malgré son âge avancé.

Comme Loveday Brooke, dont elle partage l’honnêteté intellectuelle, elle allie un don aigu pour l’observation, un esprit très rationnel et méthodique, et des qualités humaines (bienveillance et compassion) qui la démarquent très nettement des purs cerveaux de type holmésien.

1.2. Les yeux de Miss Silver, la compassion vs l’œil scopique impitoyable

La métaphore de l’œil scopique du « private eye » était déjà devenue topique à l’époque victorienne : citons par exemple l’inspecteur Bucket de Dickens, notamment au chapitre XXII de Bleak House (1853), le sergent Cuff de Wilkie Collins dans The Moonstone (1868)16 ou The Adventures of Sherlock Holmes d’A. Conan Doyle (1891-92). Cette métaphore est en revanche absente des descriptions de Miss Silver, pourtant extrêmement observatrice. Rien ne semble lui échapper mais ses yeux intelligents, quoique petits et d’une couleur indistincte17, symbolisent moins ses aptitudes de détective que ses qualités humaines : tendresse, indulgence et empathie18. Les descriptions de Miss Silver comportent régulièrement les termes « compassion » ou « commisération » et leurs dérivés (adjectivaux ou adverbiaux) ; les notions de « bonté », de « chaleur », de « compréhension », ou les adjectifs « rassurant-e », « consolateur/-trice » ou « apaisant-e ». Il est aussi fréquemment question de son sourire magique qui fait se sentir en sécurité, comme si l’on était « en famille »  :

Miss Silver lui adressa le sourire qui avait conquis le cœur de bien des personnes qui venaient la consulter. Althéa y perçut quelque chose de bon, de compréhensif, et de rassurant, des choses qu’elle n’avait que rarement perçues avec une telle force depuis son enfance. Pour un enfant, il y a presque toujours quelqu’un qui incarne ce sentiment de sécurité. Pour Althéa, cela avait été son père. A sa mort, elle ne s’était plus jamais vraiment sentie en sécurité. Miss Silver lui rappelait son père et c’était fantastique : après tant d’années où elle avait dû assumer le poids des responsabilités familiales, cet ancien sentiment de sécurité lui revenait. (The Gazebo : 84)19

C’est parce qu’elle aime sincèrement et profondément ses semblables qu’elle les voit véritablement, les comprend20 et perce leurs secrets à jour comme s’ils étaient transparents comme du verre21, aptitude bien différente des yeux « scalpel » ou « scanner » de Holmes, qui est tout autant une « machine à penser » qu’une machine à voir (« A Scandal in Bohemia » : 5). La métaphore de l’œil aux pouvoirs surhumains est donc remplacée chez Miss Silver par le champ sémantique du banal, de l’humble et du quotidien exprimé par les images intimes et familiales du feu de cheminée, du thé et du tricot qui humanisent, « domestiquent », et féminisent le domaine de la détection.

1.3. L’inspecteur Frank Abbott, un « neveu » chéri : quand les dimensions policière et intime se rejoignent

Les relations personnelles et professionnelles entre la détective et Frank Abbott sont fréquemment comparées à celles d’une tante et de son neveu dans les romans de la série. C’est sur cette note intime et familiale que s’ouvre Poison in the Pen, roman par ailleurs caractérisé par une grande noirceur. Miss Silver se comporte avec Frank comme une tante indulgente mais ferme avec un neveu turbulent et gentiment irrévérencieux : il se délecte de son aspect démodé, de ses citations de Tennyson, de ses travaux de tricot, et de ses principes moraux inflexibles. Mais il éprouve pour sa « Maudie » une estime et une affection profondes, et le « respect que l’on n’accorde pas toujours aux tantes restées vieilles demoiselles » (Anna, Where Are You? : 17)22. Lorsqu’il lui rend visite dans le cocon douillet de son appartement londonien de Montague Mansions, où elle le reçoit immanquablement avec un bon thé ou du café et des douceurs, au coin du feu, il éprouve la « sensation agréable d’être à la maison »23. Dans les romans, elle forme donc de façon récurrente un « couple » professionnel avec lui : ils collaborent en effet fréquemment, à titre officieux, lors d’enquêtes compliquées qui résistent parfois à la police ou aux détectives de Scotland Yard, bien trop sûrs d’eux selon Miss Silver, qui attribue l’obstination de l’Inspecteur chef Lamb et son incapacité à tirer les bonnes conclusions au fait qu’il s’agit d’un homme, certes estimable mais faillible et entêté, comme tous les hommes24.

2. La sphère familiale et l’univers policier : l’omniprésence (in absentia) de la famille

2.1. La sphère intime et familiale au service d’un message féministe

La dimension féministe de l’œuvre de Wentworth n’a, étonnamment, guère attiré l’attention des critiques. Elle semble par exemple avoir échappé à Craig et Cadogan ou à Shaw et Vanacker. Et il est seulement question d’A. Christie et de D. Sayers dans Feminism in Women’s Detective Fiction, dirigé par Glenwood Irons. La condition féminine est pourtant souvent au cœur des œuvres de Wentworth25. Dans The Older Woman in Recent Fiction (2005), Zoe Brennan souligne la portée idéologique indéniable des romans, passée inaperçue notamment parce que la tradition critique, majoritairement masculine, se focalise principalement sur les paramètres structurels de la littérature de détection « classique », et ne prête donc pas attention à son message parfois subversif (Brennan 2005 : 150-151). Ainsi, au cours d’une enquête, lorsque Frank Abbott désapprouve l’un des projets de Miss Silver qu’il juge trop dangereux, et tente en vain de la dissuader, l’accusant d’être la « femme la plus obstinée du monde », elle lui rétorque en souriant, une pelote de laine rose pâle très évocatrice à la main : « C’est ce que disent toujours les hommes, je crois, quand ils ne parviennent pas à faire changer une femme d’avis ». (The Watersplash : 312)

Le service à thé de Miss Silver, hérité de sa grand-tante, Louisa Bushell, est une composante très efficace du récit qui va dans le même sens et qui possède de surcroît une forte densité sémantique et symbolique. L’attention portée à des détails infimes (tels que la fraise sur le couvercle de la délicate petite théière et le motif de roses sur le service) crée un effet de réel qui contribue à la richesse visuelle et au pouvoir de conviction de l’œuvre, et qui instaure une atmosphère de domesticité douillette. Il s’agit par ailleurs de l’un des véhicules du message féministe de Wentworth, certes formulé avec légèreté et humour, mais d’une ironie assez mordante. Le service appartenait en effet à « Louisa Bushell, cette redoutable pionnière des droits des femmes à une époque où l’on ne voyait aucune raison de leur en octroyer puisque l’on pouvait toujours compter sur un ‘gentleman’ pour céder son siège à une dame » (Pilgrim’s Rest : 249) 26. Mais il était initialement composé de douze tasses et s’il en manque une, c’est parce que le pasteur, en visite chez Louisa, l’avait rabattue violemment sur sa sous-tasse et cassée en vitupérant contre Eve la pécheresse et sa descendance féminine. Le service, hérité incomplet, constitue donc pour Miss Silver un mémento perpétuel de l’oppression masculine et de la sujétion féminine.

2.2. L’intérieur de Miss Silver : la famille au cœur du quotidien et des enquêtes

Bien que Miss Silver ait choisi le célibat, vive seule avec sa fidèle Emma Meadows, et soit très indépendante27, et féministe à bien des égards sous des dehors très traditionnalistes, la famille s’inscrit pourtant, paradoxalement, au cœur de son quotidien. Son ameublement et ses objets, comme ce médaillon contenant des mèches de cheveux de ses parents (The Watersplash : 126), témoignent de son profond enracinement familial. Les gros plans sur ces éléments de son intérieur constituent l’une des figurations les plus originales de la « détective en famille ». Ses meubles, hérités d’une grand-tante, tout comme le service à thé, lui donnent en effet « l’impression de vivre pour ainsi dire au sein de sa famille » (The Watersplash, 126)28.

L’immense galerie de portraits de son salon est un autre signe de l’omniprésence de ces liens affectifs et familiaux qui lui sont chers et qu’elle a tissés avec et pour son entourage. Ces photographies de ses proches, et surtout de ses anciens clients et de leurs enfants, ces bébés qui, sans elle, n’auraient jamais vu le jour si elle n’avait pas sauvé leurs futurs parents du déshonneur29, rapproché les amoureux en difficulté, et ne leur avait pas permis de se marier et de fonder une famille, témoignent de son rôle salvateur et créateur, pareil à celui d’une Marraine fée bienfaisante. Les romans font régulièrement allusion à ces photos, placées dans des cadres dont certains sont en argent, « silver » en anglais, qui renvoie bien sûr au nom de leur propriétaire elle-même. Cet écho onomastique suggère à quel point Miss Silver est une personne précieuse pour son entourage, à l’instar de ce métal de prix, cependant plus modeste que l’or, ses nuances grises rappelant en outre l’apparence elle-même si modeste de Miss Silver. Les diverses variations sur ces cadres enrichissent leur portée. Dans The Traveller Returns, par exemple, ils sont présentés comme « non seulement une galerie de portraits mais les archives de ses succès professionnels » (Ch. 19 : 88)30, ou encore comme « les archives de ses enquêtes, de plus en plus nourries au fil des années » (Latter End : 65)31.

2.3. Le motif du tricot

De plus, le tricot, dont les mailles symbolisent celles du récit et de l’énigme tout autant que les liens familiaux et affectifs qui unissent Miss Silver à ses proches et à ses clients, place de manière originale la dimension domestique et familiale au cœur des romans. Miss Silver tricote beaucoup pendant les enquêtes, activité explicitement associée à sa famille puisqu’elle confectionne des vêtements de bébé, de garçonnet ou de fillette, souvent aux couleurs tendres (rose ou bleu pâle), ou vives et gaies, pour les enfants de ses nièces, notamment ceux d’Ethel Burkett. Dans The Gazebo par exemple, la détective, tout en écoutant sa cliente (Althea), se livre au coin du feu à cette activité aux vertus apaisantes, tant pour elle que pour sa visiteuse32. La présence récurrente d’un feu de cheminée33 pendant ces travaux d’aiguille renforce leurs fortes connotations domestiques et affectives. Depuis l’époque victorienne, à laquelle Miss Silver est si fréquemment associée, le coin du feu et le foyer sont les lieux et les symboles par excellence de la vie familiale dans toute sa douceur et sa chaleur rassurante.

3. Représentations et fonctions du tricot

3.1. Le tricot facilitateur au service de l’enquête

L’importance des liens familiaux dans l’existence de Miss Silver explique donc dans les romans de la série celle du tricot qui est même le point de départ de l’enquête de The Watersplash :

Miss Silver intervient dans l’affaire de Greenings de la manière la plus banale qui soit. Rien de plus anodin, en apparence, que, parce qu’elle s’était engagée à trouver de la laine assortie à celle dont sa nièce Ethel avait besoin, elle fût entrée, après de longues et infructueuses recherches, dans le salon de thé situé si commodément sur le trottoir opposé, en face de la boutique où sa quête avait une nouvelle fois échoué. (The Watersplash : 90)34

Miss Silver se livre à cette activité d’apparence si ordinaire, aux connotations domestiques et intimes, tant chez elle qu’en dehors, pendant l’exercice de sa profession, lors de conversations et d’entretiens avec des clients ou des suspects. Le tricot exerce diverses fonctions essentielles dans l’économie des romans : tout d’abord, le bruit rythmique des aiguilles à tricoter stimule les facultés mentales de Miss Silver35 et la détend. De plus, il a un effet apaisant et rassurant sur son entourage ; « soothing » est en effet un adjectif récurrent dans les romans : « Les aiguilles à tricoter produisaient un petit cliquetis apaisant » (Eternity Ring : 275)36 ; « Assise là, à tricoter, elle diffusait une atmosphère paisible de sécurité et d’ordre » qui rappelait « des choses agréables, les horaires fixes, les habitudes, et les rituels de l’enfance » (The Watersplash, 257). Et l’on voit par ailleurs que ces scènes de tricot réveillent des souvenirs anciens sur le mode de la résurgence subliminale. Cela procure aux personnages une sensation, un peu régressive, de plénitude, qui vainc leurs résistances et leur réticence, et les incite à se confier à Miss Silver dans le cadre des enquêtes. Il s’agit de scènes du « temps retrouvé » et en même temps aboli. Dans The Watersplash, Edward se remémore donc les joies et la sécurité de son enfance bien ordonnée, qui « avaient fait partie de sa vie. Elles en avaient été arrachées d’une façon horrible. La présence de Miss Silver les faisait revenir. Sa langue se délia. » (257)37

3.2. Le tricot comme arme et comme leurre

Mais l’image de cette vieille dame, apparemment insignifiante et sans intérêt, qui tricote, placide et silencieuse, au coin du feu, est trompeuse et il peut être dangereux de baisser la garde en sa présence. Mark Harlow, le coupable d’Eternity Ring, commet précisément cette erreur d’interprétation au chapitre 35, en prenant Miss Silver pour une « quantité négligeable » (328), ce qui le conduit à se trahir en parlant sans retenue à (ou devant ?) elle, sans comprendre que les travaux de dame peuvent aller de pair avec un esprit affûté :

Miss Silver continuait à tricoter. Tout, de sa frange maintenue fermement par une résille à ses pantoufles ornées de perles, donnait la parfaite image d’une vieille demoiselle anglaise aux moyens financiers aussi limités que son intelligence, dont la position sociale vous autorisait à la traiter par le mépris ou comme un des meubles, et cela en toute impunité. Mark Harlow ne voyait en elle qu’un déversoir pour soulager ses nerfs à vif. (Eternity Ring : 293-94)38

C’est ce qui permet l’arrestation de Harlow et le conduit sans doute à l’échafaud39. Dans The Lady Investigates, Craig et Cadogan insistent sur le symbolisme double du tricot, qui représente « la féminité industrieuse et une apparente innocuité » (179) mais qui possède aussi des connotations plus sinistres, évoquant « Madame Defarge et les tricoteuses assises à côté de la guillotine » (179). Comme l’inspecteur Lamb le dit lui-même à Miss Silver, ne pas « payer de mine » est une arme et un leurre précieux pour une détective : « ‘Les gens n’ont pas peur de vous parce qu’ils ne savent pas ce que vous avez en tête. Vous êtes là, avec votre tricot, et ils s’imaginent que c’est votre unique préoccupation. Et ils ne font pas attention à vous. C’est vraiment un atout, vous savez.’ » (Latter End : 270)40

3.3. Tricot et camouflage

Dans The Woman Detective. Gender and Genre, Kathleen Gregory Klein, un/e des rares critiques à prendre Wentworth et Miss Silver au sérieux (comme Brennan, Davison, Hoffman, ou Wynne) considère à juste titre que le tricot « fait partie du déguisement » de la détective (Klein 1988 : 141). Nous en trouvons la confirmation dans Poison in the Pen, expliquant aussi les tenues vieillottes et inélégantes de Miss Silver :

Si les vêtements de Miss Silver étaient si incroyablement surannés, c’était parce qu’ils lui plaisaient ainsi et qu’elle avait découvert qu’une apparence démodée et une allure de gouvernante étaient un atout certain dans la profession qu’elle avait embrassée. Être considérée comme négligeable pouvait permettre d’obtenir les renseignements que seules fournissent les personnes qui ne se méfient pas. Elle était tout à fait consciente d’être en ce moment même traitée comme quantité négligeable. (160)41

Jane Heron, dans The Catherine-Wheel, a d’ailleurs recours à une image très évocatrice quand elle compare le comportement et l’aspect de Miss Silver à l’extraordinaire camouflage protecteur des phasmes (125).

3.4. Lectures symboliques et métatextuelles du tricot

Le tricot symbolise la maîtrise dont fait preuve Miss Silver lors du déroulement des enquêtes où la liberté, l’avenir et la vie de ses clients sont entre ses mains. Peut-être Patricia Wentworth avait-elle à l’esprit les Parques de la mythologie romaine, ces divinités fileuses, maîtresses de la destinée humaine dont elles déroulaient le fil de la naissance à la mort, moment où il était tranché. Et l’on peut donc établir un parallèle entre le moment où Miss Silver achève ses tricots, la résolution des enquêtes, et le dénouement imminent des romans.

Les travaux d’aiguille de Miss Silver possèdent par ailleurs une forte valeur méta-textuelle car la narration effectue fréquemment des gros plans sur le vêtement en cours d’élaboration dont la patiente confection et l’avancement ont pour pendant la découverte progressive d’indices et de preuves grâce auxquels la vérité se fait peu à peu jour. Ainsi, dans The Catherine-Wheel, la petite robe bleue de Joséphine est en voie d’achèvement au chapitre 35 (sur 43), moment-charnière où Miss Silver détient quasiment la solution dans son entier. De même, au chapitre 29 (sur 39) d’Eternity Ring, l’ouvrage de la détective est quasiment achevé, tout comme la résolution (imminente) de son enquête :

Cicely revint au petit salon où Miss Silver était installée avec son tricot. La petite veste bleue duveteuse qui l’avait occupée pendant les deux premiers jours de sa visite reposait à présent dans le tiroir supérieur gauche de la commode […] de sa chambre ; une deuxième veste d’une teinte délicate rose nacré prenait rapidement forme. (Eternity Ring : 272)42

Le tricot fait si intimement partie du quotidien de Miss Silver qu’elle se sent quasiment en manque (et doit veiller à ne pas agiter les mains) quand elle ne peut en faire dans des moments cruciaux (visite chez un témoin clef) où cela stimulerait pourtant ses facultés mentales43.

4. En famille avec les détectives Miss Silver, Frank Abbott et l’inspecteur chef Lamb

Miss Silver elle-même est un personnage addictif quand on commence à lire la série d’enquêtes dans lesquelles elle intervient. Dans « Miss Marple’s Cleverer Sister » (2010), Niranjana Lyer Subramanian44 se remémore avec humour le moment où, inconsolable d’avoir lu toutes les œuvres de Christie, y compris les plus larmoyantes à l’eau de rose (« the Mary Westmacott weepies »), elle découvrit les romans de Wentworth et sa Miss Silver dont elle loue l’intelligence, l’esprit, et les idiosyncrasies qui font « lire et relire » les romans, font d’elle une « institution » à laquelle on s’attache45.

4.1. Personnages récurrents et variations des invariants

De fait, comme les personnages qu’elle côtoie dans les œuvres, nous nous sentons en famille en sa compagnie, vécue comme une présence plus forte que celle d’une simple figure de papier. Son arrivée dans l’intrigue est en général attendue avec impatience, car, sans elle, et sans Frank Abbott ou l’inspecteur chef Lamb, perçus eux aussi comme indispensables, quelque chose semble manquer. Les descriptions récurrentes de son physique et de ses vêtements, de son passé de gouvernante, de son intérieur et de son ameublement, de son tricot et de ses petits rituels au coucher (notamment la lecture de la Bible, comme dans Poison in the Pen : 63) nous procurent le plaisir de la familiarité. Mais ces constantes narratives, au lieu d’induire un sentiment de lassitude46, créent une impression de déjà-vu et/ou déjà lu attendu et souhaité. En effet, comme le soulignent Jean Anderson, Caroline Miranda et Barbara Pezzoti dans l’introduction de Serial Crime Fiction : « Dans le cas des séries, la répétition des personnages et des lieux donne un sentiment de familiarité durable qui contribue au succès de cette série » mais « faire changer de cadre le protagoniste peut créer le sentiment de variation tout aussi essentiel pour entretenir l’intérêt du lecteur » (Anderson et al 2015 : 3)47. D’ailleurs, le format sériel est « flexible » ; il n’est pas « limité », et il « ne limite pas » les auteurs. Ce qui, « en dernier ressort, distingue la série est la tension entre similitude et différence, familiarité et étrangeté, répétition et progression » (4)48.

Il ne s’agit donc en effet jamais de répétition à l’identique dans la série des Miss Silver : les modulations lexicales des passages descriptifs consacrés à Miss Silver ; leur moment d’apparition, leur structuration, et leur longueur variables d’un roman à l’autre ; bref, les variations de ces invariants sont le pendant de la tactique adoptée par Miss Silver elle-même avec les reproductions d’œuvres victoriennes qui ornent son appartement. Ce passage de The Traveller Returns où l’on apprend qu’elle permute régulièrement ces gravures entre sa chambre et son salon pour éviter la « monotonie »49 peut donc se prêter à une interprétation méta-textuelle et éclairer la technique de Wentworth elle-même, plus subtile et autoréflexive qu’il n’y paraît.

4.2. Les analyses d’Umberto Eco : répétitions et variations, le plaisir de la familiarité

Dans les romans, Miss Silver rappelle à son entourage et à ses clients un passé familial heureux, et les vieilles parentes et les grands-mères de leur enfance. Nous nous sentons nous aussi comme en famille avec elle en lisant, phénomène qu’Umberto Eco a analysé dans son étude sur la réception et les mécanismes de la récurrence à l’œuvre dans les séries :

L’auteur joue en outre sur une série continue de connotations (par exemple, les particularités du détective et de son entourage immédiat), à tel point que leur réapparition dans chaque histoire représente une condition essentielle du plaisir de la lire. […] Les défauts, les gestes, les habitudes du personnage décrit nous permettent de reconnaître en lui un vieil ami. Ces traits familiers aident à « entrer » dans le récit. Quand notre auteur favori écrit un roman d’où ses personnages habituels sont absents, nous […] sommes tout de suite enclins à le considérer comme « mineur ». (Eco 1994 : 12)

Les termes qu’emploie Eco pour décrire ce plaisir de la familiarité (le « sentiment d’apaisement » (13), le besoin « d’être consolé » (15), la « série nous réconforte », 15) rappellent étonnamment l’effet produit par Miss Silver elle-même, notamment dans The Watersplash (257) quand sa présence exhume les souvenirs d’enfance oubliés d’Edward : « En ce sens, la série répond au besoin infantile d’entendre encore et toujours la même histoire, d’être consolé par le retour de l’identique, sous des déguisements superficiels. » (Eco : 15) On peut voir là un besoin régressif, mais il s’agit aussi de la réponse « refuge » de la « société industrielle contemporaine », marquée par « le changement social, le surgissement perpétuel de nouveaux codes de conduite, la dissolution de la tradition », ce qui explique l’attrait des « récits basés sur la redondance » (Eco : 13).

Cette redondance, certes confortable et consolatrice pour le lecteur, ne doit cependant pas faire perdre de vue que le sentiment de familiarité produit par le « retour de l’identique » (Eco : 15) dans les séries est aussi sans cesse bousculé et mis en tension par toute une série de changements (de cadre, de milieu, d’orientation générique, et de problématiques, notamment). Il ne faut donc pas sous-estimer la portée sociale et politique des séries policières (Anderson et al 2015 : 4)50. Ainsi, les « Miss Silver Mysteries », loin de l’image édulcorée que certains critiques en donnent, se situent dans cette même dynamique, entre stabilité, instabilité et déstabilisation, et leur sérialité « peut devenir un instrument précieux pour s’interroger sur la société contemporaine et ses problèmes » (Anderson et al 2015 : 3)51.

4.3. Stabilité et changement : Miss Silver intemporelle et rassurante dans un monde en mutation

L’œuvre de Wentworth qui se déploie sur plus de trente ans, est donc bien éloignée de l’image édulcorée et caricaturale qu’en donnent certains critiques (comme Symons52, Craig et Cadogan53 ou Schoenfeld54) qui n’y voient que des œuvres légères, passéistes, désuètes et stériles se déroulant dans un microcosme « cosy » et hors du temps, grief englobant d’ailleurs peu ou prou les romans de détection anglais des années 1920-1950 dans leur ensemble.

Les « Miss Silver Mysteries » se déroulent en réalité dans des milieux sociaux et dans des lieux divers, tantôt à Londres (The Grey Mask, Miss Silver Intervenes, The Case of William Smith), où réside d’ailleurs Miss Silver, tantôt dans des petites villes de province (comme Ledlington, lieu imaginaire et récurrent), tantôt en milieu rural à la même époque que leur date de parution. La noirceur de certaines des intrigues55, et cela dès The Grey Mask, a bien peu à voir avec la mièvrerie du « monde de conte de fées » (292) qu’évoque Symons. Les romans de Wentworth se penchent sur la condition féminine et témoignent clairement des bouleversements politiques, idéologiques, économiques et sociétaux survenus entre 1928 et 1961, particulièrement ceux induits par la Seconde Guerre mondiale. Les camps nazis et la Shoah sont évoqués d’une façon très explicite et poignante dans The Key (1946) et The Case of William Smith (1950). Le chapitre 35 de Ladies’ Bane (1954) fait état du nouveau système de protection sociale créé en 1946 (National Health). La persistance des problèmes de rationnement alimentaire après la Seconde Guerre mondiale est par ailleurs fréquemment mentionnée, notamment dans Miss Silver Intervenes ou dans The Key.

Ce climat d’instabilité et d’insécurité explique que Miss Silver demeure pour sa part épargnée par le temps, ne change pas et ne vieillisse pas : perpétuellement démodée et paradoxalement intemporelle, donc, elle incarne la sécurité et la stabilité que l’Angleterre de l’entre-deux-guerres sentait déjà lui échapper définitivement. Ainsi, l’inspecteur Randal March, un autre des personnages récurrents de la série, lui aussi ancien élève de Miss Silver, voit en elle un rempart à l’épreuve du temps et du changement : « Elle restait intacte, unique ; c’était un facteur de stabilité à une époque où tout se délitait » ; c’était toujours, trente-cinq and plus tard « l’authentique Miss Silver de son enfance »56 (Pilgrim’s Rest : 90). Pour Frank Abbott, les tableaux et les meubles de Miss Silver, et la sécurité qu’elle symbolise, viennent d’un « passé immuable » quasi mythique où « l’impôt sur le revenu » n’existait pas et où on ne connaissait l’existence des guerres européennes qu’à travers le Times. Mais son bureau, la seule touche moderne de l’appartement, est aussi la preuve que la sécurité n’est pas juste une chose du passé, et que l’on peut travailler à sa préservation ici et maintenant (The Case of William Smith : 132-133)57.

Bibliography

Sources primaires

Christie, Agatha, Murder at the Vicarage (1930), London: HarperCollins Publishers Ltd, 2002.

Collins, Wilkie, The Moonstone (1868), London: Penguin Books, Penguin Classics, 1998.

Conan Doyle, Sir Arthur, “A Scandal in Bohemia”, in: The Adventures of Sherlock Holmes (1892), Richard Lancelyn Green, Ed. Oxford: Oxford University Press, Oxford World’s Classics, 1998.

Conan Doyle, Sir Arthur, “The Greek Interpreter”, in: The Memoirs of Sherlock Holmes (1893), Christopher Roden, Ed. Oxford: Oxford University Press, Oxford World’s Classics, 2000.

Dickens, Charles, Bleak House (1853), London: Penguin Books, Penguin Popular Classics, 1994.

Pirkis, Catherine Louisa (C. L.), The Experiences of Loveday Brooke, Lady Detective (1894), United Kingdom: Kessinger Publishing’s Rare Reprints, undated. www.kessinger.net

Wentworth, Patricia, The Grey Mask (1928), Hodder and Stoughton Limited, “Coronet Edition”, 1980 (Le Masque gris, 10/18 No. 2597).

Wentworth, Patricia, The Case is Closed (1937), London: Hodder and Stoughton, 2005 (L’Affaire est close, 10/18 No. 3378).

Wentworth, Patricia, Miss Silver Intervenes (1944), London: Hodder and Stoughton, “New English Library”, 1999 (Miss Silver intervient, 10/18 No. 2362).

Wentworth, Patricia, Pilgrim’s Rest (1948), London: Hodder and Stoughton, “Coronet Books”, 1987 (Dernière Demeure, 10/18 No. 3511).

Wentworth, Patricia, The Key (1946), London: Hodder and Stoughton, “Coronet Books”, 1974 (Le Mystère de la clef, 10/18 No. 2709).

Wentworth, Patricia, The Traveller Returns (1948), London: Hodder and Stoughton Limited, “Coronet Books”, 1987 (Un Troublant Retour, 10/18 No. 3431).

Wentworth, Patricia, Latter End (1949), London: Hodder and Stoughton, “New English Library”, 2001 (Le Marc maudit, 10/18 No. 2918).

Wentworth, Patricia, Eternity Ring (1950), London: Hodder and Stoughton, 2000 (Un Anneau pour l’éternité, 10/18 No. 2575).

Wentworth, Patricia, The Case of William Smith (1950), London: Hodder and Stoughton, 2005 (L’Affaire William Smith, 10/18 No. 2770).

Wentworth, Patricia, The Catherine-Wheel (1951), Oxford: ISIS Publishing Ltd (by arrangement with Hodder and Stoughton), 2007 (La Roue de Sainte-Catherine, 10/18, No. 2437).

Wentworth, Patricia, Anna, Where are You? (1953), London: Hodder and Stoughton, 2007 (Anna, où es-tu ?, 10/18 No. 3184).

Wentworth, Patricia, The Ivory Dagger (1953), London: Hodder and Stoughton, 2006 (La Dague d’ivoire, 10/18 No. 2826).

Wentworth, Patricia, The Watersplash (1954), London: Hodder and Stoughton, 2006 (Comme l’eau qui dort, 10/18 No. 2792).

Wentworth, Patricia, The Gazebo (1955), London: Hodder and Stoughton, 2005 (Le Belvédère, 10/18 No. 2878).

Wentworth, Patricia, Poison in the Pen (1957), London: Hodder and Stoughton Limited, “Coronet Crime edition”, 1990 (La Plume du corbeau, 10/18, No. 2307).

Wentworth, Patricia, The Girl in the Cellar (1961), London: Hodder and Stoughton, 2006 (Meurtre en sous-sol, 10/18 No. 2654).

Sources secondaires

Anderson, Jean, Caroline Miranda and Barbara Pezzoti, Eds. “Introduction”, in: Serial Crime Fiction. Dying for More, Basingstoke and New York: Palgrave Macmillan, 2015, p. 1-7.

Binyon, T. J., ‘Murder Will Out’. The Detective in Fiction from Poe to the Present, Oxford and New York: OUP, 1989.

Brennan Zoe, The Older Woman in Recent Fiction, Jefferson, North Carolina: McFarland & Co, 2005.

Craig, Patricia and Mary Cadogan, Chapter 9, “Grandmotherly Disguise. Miss Marple, Miss Silver and Mrs Bradley”, in: The Lady Investigates: Women Detectives and Spies in Fiction. Oxford: OUP, Oxford Paperbacks, 1986, p. 164-187.

Davison Reynolds, Moira, Chapter 1, “Dora Turnbull (Patricia Wentworth)”, in: Women Authors of Detective Series: Twenty-One American and British Writers, 1900-2000, Jefferson, North Carolina: McFarland & Co, 2001, p. 9-15.

Eco, Umberto, « Innovation et répétition : entre esthétique moderne et post-moderne », M. C. Gamberini Trad, in : Réseaux 12 / 68, 1994 (Les Théories de la réception), p. 9-26.

Grella, George, “Murder and Manners: The Formal Detective Novel”, in: A Forum on Fiction 4 / 1, Autumn, 1970, p. 30-48.

Hoffman, Megan, Gender and Representation in British ‘Golden Age’ Crime Fiction, London: Palgrave Macmillan UK, “Crime Files” series, 2016.

Irons, Glenwood, ed. Feminism in Women’s Detective Fiction, Toronto: University of Toronto Press, 1995.

Janik, Erika, Chapter 4, “Spinster Sleuth”, in: Pistols and Petticoats: 175 Years of Lady Detectives in Fact and Fiction, Boston: Beacon Press, 2016, p. 55-70.

Kestner, Joseph, Sherlock’s Sisters. The British Female Detective, 1864-1913, Aldershot, Hampshire, and Burlington, VT: Ashgate, 2003.

Klein, Kathleen, Chapter 6, “The Hard-Boiled Private Eye and Her Classical Competition: 1928-63”, in: The Woman Detective. Gender and Genre. Urbana and Chicago: University of Illinois Press, 1995 (1988), p. 122-148.

Knight, Stephen, Chapter 5, “The Golden Age”, in: The Cambridge Companion to Crime Fiction, Martin Priestman ed. Cambridge: Cambridge UP, 2003, p. 77-94.

Munt, Sally Rowena, Murder by the Book? Feminism and the Crime Novel (Narrative Forms and Social Formation), London: Routledge, 1994.

Rowland, Susan, From Agatha Christie to Ruth Rendell: British Women Writers in Detective and Crime Fiction, Houndmills, Basingstoke: Palgrave, 2001.

Shaw, Marion and Sabine Vanacker, Reflecting on Miss Marple (Heroines?), London: Routledge, 1991.

Schoenfeld, Bethe, “Women Writers Writing about Women Detectives in Twenty‐First Century America”, The Journal of Popular Culture 40 / 5, October 2008, p. 836-853.

Stoyer, Dale. “Miss Maud Silver”. The Thrilling Detective Website, 15 April 2009. Document électronique consultable à : http://www.thrillingdetective.com/eyes/silver.html. Page consultée le 10 juillet 2018.

Subramanian, Niranjana Lyer. “Miss Marple’s Cleverer Sister”, 27 May 2010. The Golden Age of Detective Fiction blog tour. Document électronique consultable à : https://niranjana.wordpress.com/2010/05/27/miss-marples-cleverer-sister/. Page consultée le 30 juin 2018.

Symons, Julian, Bloody Murder: From the Detective Story to the Crime Novel (1972), New York: Mysterious Press Books, 3rd edition, 1992.

Westron, Carol,“Detectives of the Golden Age. Miss Marple and Miss Silver—a Comparison”, Promoting Crime Fiction by Lizzie Hayes, 13 October 2014. Document électronique consultable à : https://promotingcrime.blogspot.com/2014/10/miss-marple-and-miss-silvera-comparison.html. Page consultée le 12 juillet 2018.

Wynne, Nancy B, “Patricia Wentworth Revisited”, in: The Armchair Detective, 14 / 1, Winter 1981, Michael Seidman, ed. p. 90-92.

Notes

1 Patricia Wentworth, née en Inde sous le nom de Dora Amy Elles, épousa le Lieutenant-Colonel George Dillon et à sa mort en 1906, regagna définitivement l’Angleterre. Elle se remaria en 1920 avec le Lieutenant-Colonel George Turnbull, qui lui apporta un soutien et une aide sans faille pendant toute sa carrière littéraire (Wynne 90 ; voir aussi : http://gadetection.pbworks.com/w/page/7932444/Wentworth%2C%20Patricia) Return to text

2 “Miss Silver […] is less individual and less perspicacious than Miss Marple […]. Both ladies may possibly owe something to Miss Climpson, the middle-aged spinster occasionally employed as an assistant by Lord Peter Wimsey, Dorothy Sayer’s detective. The unique advantages which such characters bring to detection are expounded by Wimsey, who speaks of ‘thousands of old maids, simply bursting with useful energy. . . [whose] magnificent gossip powers and units of inquisitiveness are allowed to dissipate themselves’.” (Binyon 1989 : 34) Return to text

3 “But in her detection Miss Silver has none of the credibility of Miss Sheppard or Miss Marple; in quite impossible ways Miss Silver appears at the scene of a potential crime, guesses who is the murderer without explanation or rationale, and generally seems to belong more to the crude thriller than to the detective story of logic and deduction which was reaching its zenith during this inter-war period. Her spinsterish appearance is inconsistent with her sensational behaviour and also with the far-fetched plots of the novels she features in.” (Shaw and Vanacker 1991: 36) Return to text

4 “She gains her effects […] simply by arranging each group of players and events to form a standard dramatic pattern. She opts for conformity all along the line. At best, the narrative style is smooth and competent; the stories contain no ingenious twists or flourishes.” (Craig and Cadogan 1986: 178) Return to text

5 “Very facile psychological explanations are sometimes provided to account for criminal behaviour.” (Craig and Cadogan 1986: 178) Return to text

6 “A note of social criticism is sometimes sounded, but it is always kept at a superficial level.” (Craig and Cadogan 1986: 176) Return to text

7 “Other writers were admired in the period and still command respect: Patricia Wentworth with her spinster detective Miss Silver in The Grey Mask (1928), pre-dating Miss Marple” (Knight 2003: 88). Return to text

8 “Miss Silver first made her appearance in […] Grey Mask, but was not in that book the fully developed personality that readers would later come to expect. Many of the kindly, caring, affectionate aspects of Maud Silver were missing in that first glimpse. She comes across in Grey Mask as much more of a professional, working detective, and much less of a person.” (Wynne 1981: 91) Return to text

9 “[…] she might have stepped directly out of a photograph-album of the late nineteenth century. That this was still her spiritual home was made abundantly clear […]” (Latter End: 64). Return to text

10 “From her Edwardian fringe, rigidly controlled by a hair-net, to her black woollen stockings and beaded glacé shoes she was the perfect survival of a type now almost extinct. She might have stepped out of any family album to be immediately recognized as a spinster relative of slender means but indomitable character […]” (Eternity Ring: 29). Toutes les traductions proposées ici sont celles de l’auteur de cet article. Return to text

11 “Nothing could have been more consolingly commonplace. Nobody could have looked less like a private detective” (The Ivory Dagger: 118). Return to text

12 “Miss Silver came into the cottage with a reassuring air of competency and calm. There was something so ordinary, so everyday, so perfectly normal about her that Miss Alvina’s sense of security, which had been rudely shaken, began to return” (Eternity Ring: 189). Return to text

13 “an expression of mild firmness” (Eternity Ring: 60). Return to text

14 “Miss Silver, with her peculiar mixture of unwavering kindness and unwavering authority” (Latter End: 269); “A sense of authority diffused itself” (The Catherine-Wheel: 196). Pourtant, elle a juste l’air d’une petite vieille fille mal fagotée que l’on peut rabrouer en toute impunité (The Catherine-Wheel: 197). Return to text

15 Cette distinction entre les enquêteurs (privés et/ou amateurs) qui résolvent en grande partie les énigmes sans quitter leur domicile (et leur fauteuil) et les détectives actifs et non purement cérébraux, est une catégorisation critique traditionnelle employée pour l’étude de la littérature policière de détection, surtout celle du XIXème siècle et de « l’Âge d’or » des décennies 1920-1930. Elle tire peut-être ses origines de la nouvelle “The Greek Interpreter” (1893) d’Arthur Conan Doyle, dans laquelle Sherlock Holmes remarque à propos de son frère Mycroft: “If the art of the detective began and ended in reasoning from an arm-chair, my brother would be the greatest criminal agent that ever lived.” (Conan Doyle 1893: 194-95) Return to text

16 “His eyes, of a steely light grey, had a very disconcerting trick, when they encountered your eyes, of looking as if they expected something more from you than you were aware of yourself” (Collins, The Moonstone: 106). Return to text

17 “The small nondescript coloured eyes out of which Miss Silver was regarding her were full of intelligence” (The Gazebo: 105). Return to text

18 “[…] she noticed the man with the bandaged head. […] She had the habit of noticing anything at all out of the usual. The man excited her commiseration” (Anna, Where Are You?: 157); “[Her] gaze rested on [Althea] compassionately” (The Gazebo: 109). Return to text

19 “Miss Silver turned on her the smile which had won the hearts of so many of those who came to her. Althea was aware of a kindness, an understanding, and a reassurance, and she was aware of them in a measure which she had seldom experienced since her childhood. To a child there is nearly always some one person upon whom its sense of security is based. For Althea it had been her father. After he went she had never really felt as safe again. That Miss Silver should remind her of her father was fantastic, but after the lapse of years during which it was she who had to carry the family burdens, here was the old feeling of security back again” (The Gazebo: 84). Return to text

20 “she comes to very close quarters with people—gets at them from the inside where we only get an outside view, and an artificial one at that”, comme le constate l’inspecteur Randal March, qui la connaît depuis l’époque où elle était sa gouvernante (Pilgrim’s Rest: 174). Return to text

21 “She had an unflagging interest in people. Detective Inspector Frank Abbott of Scotland Yard was in the habit of remarking that as far as she was concerned the human race was glass-fronted. She looked not so much at them as through them, and whether they liked it or not, she saw whatever there was to see” (The Gazebo: 78). Return to text

22 “It was about a week later that Detective Inspector Abbott was taking tea with Miss Maud Silver, whom he regarded with a good deal of the fondness of a nephew together with a respect not always accorded to the spinster aunt. […] Aunt to Frank Abbott she was not, but the tie between them was a strong one” (Anna, Where Are You?: 17). Return to text

23 “Frank Abbott was received very much as if he had been a nephew. He accepted the cup of coffee brought him by Emma Meadows, Miss Silver’s valued housekeeper, and sat back sipping it and feeling pleasantly at home” (The Case of William Smith: 132-133; je souligne). Return to text

24 “Chief Inspector Lamb was no doubt an experienced officer and a very estimable man, but that was not to say that she could always agree with his conclusions. By no means—oh dear me, no! […] He was, of course, a Man. Miss Silver had no dislike for the male sex. In their proper place they could be very useful indeed. She admired all their good qualities, and regarded their failings with indulgence. But […] they were too much inclined to believe in their own opinions, and too much convinced that these opinions must be right” (The Traveller Returns: 137). Return to text

25 Plusieurs des romans comportent des personnages d’épouses maltraitées et terrorisées par leur mari (par exemple The Case is Closed, The Catherine-Wheel, The Watersplash, The Gazebo) ou de jeunes femmes sans profession et sans ressources, dépendantes de leur propre mère ou d’une parente qui les exploite et les opprime (Miss Silver Intervenes, Poison in the Pen, The Benevent Treasure, The Gazebo, notamment). Return to text

26 “Miss Silver, neat and smiling, dispensed tea from a small Victorian teapot with a strawberry on the lid. Her tea-set, of the same date, displayed a pattern of moss roses. Since Emma never broke anything, it remained as she had inherited it from her great aunt, Louisa Bushell, that formidable pioneer of women’s rights in an age which saw no reason why they should have any, since a gentleman could always be relied on to give a lady his seat. The tea-set lacked one cup of its original twelve, this having been broken by Miss Bushell’s vicar, who set it down on its saucer with a slam at the climax of his argument that the original misdemeanour of Eve entailed continuous subjection upon her daughters” (Pilgrim’s Rest: 249). Return to text

27 “Spinster Miss Silver certainly was and had never desired to be otherwise. With a most indulgent heart towards young lovers, and a proper regard for the holy estate of matrimony, she never regretted her own independent position” (Anna, Where Are You?: 17). Return to text

28 “The furniture had been inherited from a great-aunt, and as she looked about her with appreciation and gratitude, she could feel that she was, as it were, in the bosom of her family” (The Watersplash: 126). Return to text

29 “There was a perfect host of photographs on the tables, on the bookcase, on the mantelpiece, framed in leather, in silver, in silver filigree on plush. A great many of them were pictures of young men and girls, and of the children who might never have been born if Miss Silver had not stepped in to disentangle the net in which innocent feet had been caught” (The Gazebo: 104).  Return to text

30 “[There] stood innumerable photographs […]—some of them relations, but many of them the people she had helped in her service of Justice and the children who might never have been born if it had not been for that service. It was not only a portrait gallery; it was a record of achievement” (The Traveller Returns: 87-88; je souligne). Return to text

31 “It was her portrait-gallery and the record of her cases, and it grew fuller every year” (Latter End: 65). Return to text

32A small cheerful fire burned on the hearth. Althea sat down on one side of it. Miss Silver […] took out a pair of knitting-needles […]. The colour was a pleasing shade of pink, and the completed garment would be one of a set of vests for Dorothy Silver’s little Tina, about two years old. There was something very soothing about this domestic occupation” (The Gazebo: 104; je souligne). Return to text

33Miss Silver sat knitting by the fire. She had finished Johnny’s second stocking and had begun a pair of socks for little Roger” (The Traveller Returns: 137; je souligne). Return to text

34 “Miss Silver comes into the Greenings affair in the most casual manner. Nothing could have seemed less important than the fact that having undertaken to match some wool for her niece Ethel Burkett, she should, after a long and unavailing search, have turned in to the tea-shop so conveniently situated just across the road from the scene of her last failure” (The Watersplash: 90). Return to text

35 “She listened [… to Frank’s narrative]. Her thoughts went to and fro as methodically as her needles, noting a loophole here, a small discrepancy there, a definite possibility somewhere else” (Eternity Ring: 283). Return to text

36 “The needles clicked with a gentle soothing sound” (Eternity Ring: 275). Return to text

37 “As she sat there knitting she diffused a quiet atmosphere of security and order. For a parallel you had to go back a long way […] to the pleasant fixed routine and ordered ways of childhood He did not think of these things consciously. They had been in his life. They had been horribly wrenched away. In Miss Silver’s presence they returned. The string of his tongue was loosed” (The Watersplash: 257). Return to text

38 “Miss Silver continued to knit. From her tightly netted fringe to her beaded slippers, she presented a perfect picture of the elderly English spinster whose means, like her ideas, are strictly limited, and her position in the social scale such that she may quite safely be ignored or taken for granted. To Mark Harlow she was merely someone to whom he could let off his nervous irritation” (Eternity Ring: 293-94). Return to text

39 La dernière exécution, par pendaison, a eu lieu en août 1964, avant que la peine de mort soit abolie pour les crimes de droit commun, en 1969 en Grande-Bretagne et en 1973 en Irlande du Nord. Return to text

40 “‘That’s where you’ve got an advantage. When we come into a house after a murder, everyone’s afraid of us, everyone’s watching his step, nobody’s normal […]. Now, you mix with the family. They’re not afraid of you because they don’t know what you’re up to. You sit there with your knitting, and they think that’s all you’ve got on your mind. They don’t bother about you. It gives you a pull, you know’” (Latter End: 270). Return to text

41 “If Miss Silver’s own garments were quite incredibly out of date, it was because she liked them that way and had discovered that an old-fashioned and governessy appearance was a decided asset in the profession which she had adopted. To be considered negligible may be the means of acquiring information which only becomes available when people are off their guard. She was fully aware that she was being treated as negligible now” (Poison in the Pen: 160). Return to text

42 “Cicely came back into the morning-room where Miss Silver sat knitting. The blue woolly coatee which had occupied her for the first day or two of her visit now reposed in the left-hand top drawer of the […] chest in her bedroom; a second jacket of a delicate shell-pink was rapidly taking shape” (Eternity Ring: 272). Return to text

43 “At moments like these Miss Silver missed her knitting, but she did not permit herself to fidget. Her hands, in the warm black woollen gloves which had been a Christmas present from her niece Ethel, remained folded in her lap” (Eternity Ring: 67). Return to text

44 Subramaniam est éditrice freelance, écrivaine et bloggeuse, et vit en Californie depuis la fin des années 1990. Return to text

45 “[…] the appeal of a Miss Silver mystery chiefly lies in Miss Silver. To watch that mind at work, to savor her critics’ reaction turn from scorn to fear, to smile over the small details of her physical appearance, to startle at and then appreciate her rare wit—these are the reasons I read these books over and over. Miss Silver is an institution, and somewhat to my own surprise, one I’ve grown fond of.” (Subramanian) Return to text

46 Craig et Cadogan semblent, pour leur part, ne pas goûter le plaisir de la répétition (avec variations) dans l’oeuvre de Wentworth et font état d’un fort sentiment d’irritation : “[…] it’s impossible not to feel exasperated by the time of Miss Silver’s twenty-third case, when Frank Abbott’s blue eyes, sleek fair hair and aloofness of temperament are cited yet again” (175). On ne peut manquer de regretter, cependant, que ce mouvement d’humeur ne s’accompagne ni du titre, ni de la date de ce roman incriminé, ni d’une citation du passage concerné qui, si elle était mise en regard d’un autre passage consacré à Frank Abbott, permettrait de dégager tout le jeu des variations stylistiques et tonales présent dans la série des Miss Silver.  Return to text

47 “In the case of the series, repetition generates a lasting familiarity with characters and places and contributes to the success of that series. […] sending the protagonist to different locations may provide the sense of variation just as essential to sustain reader interest” (Anderson et al 2015: 3). Return to text

48 “Form and content are flexible, not limited or limiting: our argument is that what ultimately distinguishes the series is the tension between sameness and difference, familiarity and strangeness, repetition and progression” (Anderson et al 2015: 4). Return to text

49 “A further selection of these Victorian favourites [Bubbles, The Soul’s Awakening, The Black Brunswicker, The Monarch of the Glen] adorned her bedroom, monotony being avoided by an occasional interchange between the two rooms” (The Traveller Returns: 88). Toutes ces œuvres anglaises de l’époque victorienne se signalent par leur tonalité sentimentale et/ou pieuse : dans Bubbles (1886), de John Everett Millais, un enfant blond, bouclé, à l’air angélique, lève les yeux vers la bulle qui flotte au-dessus de sa tête et qui, comme dans la peinture hollandaise du XVIIe siècle (influence nette de l’œuvre), symbolise l’évanescence et la fragilité de la vie humaine. The Black Brunswicker (1860), également de Millais, représente un soldat en uniforme faisant ses au-revoir à sa bien-aimée. Dans The Soul’s Awakening (1888) de James Sant (1820–1916), une jeune fille tenant une Bible lève les yeux vers le ciel. The Monarch of the Glen (1851) d’Edwin Landseer (1802-1873) représente un cerf altier et puissant sur fond de montagnes ennuagées. Return to text

50 “In crime series that present this tension, the familiarity of situations that create cosiness is challenged by change, surprise and novelty that may come from the evolution of the detective, or the setting, the different historical periods, the protagonist’s personal story, or the fact that in each story different social and political issues are tackled; or again, because the genre successfully expands its boundaries to other genres or genders” (Anderson et al 2015: 4). Return to text

51 “Far from merely sketching out stereotypical violent cities relegated to the background, or familiar, peaceful villages troubled by murder, seriality may become a useful tool for sustained investigation into contemporary society and its problems” (Anderson et al 2015: 3). Return to text

52 “If one casts back it would seem that the British crime story has always been marked by its light-hearted approach” and its “refusal to be serious about anything except the detective and the puzzle”, “in a line running from Patricia Wentworth through Margery Allingham to half a dozen current exponents of crime as light comedy” (Symons: 291-92). Return to text

53 “But Patricia Wentworth was not at all concerned with registering change in modern life: all the novels are set in a sort of hiatus in time, an unreal era that contains many features of the period between the wars. Information about ephemeral attitudes and fashions is put across in a covert way” (Craig and Cadogan: 175).  Return to text

54 “Unfortunately, the Golden Age authors investigated crime without expanding their investigation to include social mores or larger social problems of the times” (Schoenfeld: 836). Return to text

55 L’intrigue de The Key est alimentée par la crainte et la traque des espions à la solde de l’Allemagne, aspect également central dans The Traveller Returns. Return to text

56 “[…] he gave her a chair […] thinking how little she had changed—how little she ever changed. From fringe net to beaded shoes she remained intact and unique, a stable factor in a dissolving age. Return to text

Over Ethel Burkett’s jumper her needles began to click. Thirty-five years slid away. It might have been the same jumper, the same needles, the authentic Miss Silver of his childhood” (Pilgrim’s Rest: 90; je souligne).

57 “‘You know, I’ve been here hundreds of times and it’s only just come to me that the thing you conjure up is security. That’s what you’re putting across. Your pictures, your furniture—they’ve come down from a settled past. They belong to the time when there practically wasn’t an income tax and European wars were just something you read about in The Times. There’s all that—and then the one practical modern touch, your office table. That makes them feel that the security doesn’t just exist in the past—it can be brought up to date and put to work for them’” (The Case of William Smith: 132-133; je souligne). Return to text

References

Electronic reference

Françoise Dupeyron-Lafay, « Les représentations de la famille et les fonctions de l’intime dans la série des « Miss Silver Mysteries » (1928-1961) de Patricia Wentworth », Textes et contextes [Online], 15-2 | 2020, 15 December 2020 and connection on 21 November 2024. Copyright : Licence CC BY 4.0. URL : http://preo.u-bourgogne.fr/textesetcontextes/index.php?id=2791

Author

Françoise Dupeyron-Lafay

Professeur des universités, Univ Paris Est Creteil*, F-94010 Creteil, France, équipe de recherche: laboratoire IMAGER, EA 3958, UFR des LLSH, département d'anglais LLCE, 61 avenue du Général de Gaulle, 94010 Créteil cedex

Copyright

Licence CC BY 4.0