Sandrine Oriez, professeur des universités à Rennes 2, est déjà l’auteur d’une impeccable Syntaxe de la phrase anglaise (PUR, 2009). Fort d’une démarche cherchant à ne rien laisser dans l’ombre, cet ouvrage se situe dans la continuité du précédent et s’impose comme compendium des grammaires énonciatives, des articles, ouvrages et des manuels publiés naguère par Janine Bouscaren, Jean Chuquet, Laurent Danon-Boileau, Sylvie Persec, Erik Gilbert, Lionel Dufaye, Claude Rivière, Marie-Line Groussier — entre beaucoup d’autres. Chaque chapitre se conclut d’ailleurs par un « Pour aller plus loin » où ces sources sont clairement indiquées.
Cette Linguistique énonciative de l’anglais ne se veut pas un ouvrage de recherche mais de synthèse. Les objectifs sont donc de rassembler ce qui s’est écrit de manière parfois disparate sur tous les grands points de la grammaire anglaise. À cet égard, c’est aussi un ouvrage consensuel, dans le meilleur sens du terme. En effet, en reprenant les descriptions que la pratique a depuis longtemps validées, l’ouvrage choisit de valoriser ce qui peut être réinvesti par les étudiants, ce qui a été tried and tested, et qui peut servir à s’orienter dans le champ de la linguistique énonciative.
Les exemples sont donc… « exemplaires », c’est-à-dire qu’ils servent moins à démontrer, argumenter ou remettre en question qu’ils n’ont vocation à illustrer durablement des emplois, sténographiant les propriétés des phénomènes de façon indiscutable. L’écriture est animée par un souci pédagogique rigoureux et efficace (l’image du téléchargement est une excellente analogie pour aborder accompli et inaccompli…). On conçoit que Harry Potter ou Game of Thrones constitue un corpus qui parle à la nouvelle génération.
Étant donné la nature de l’ouvrage, on ne saurait lui faire grief de ne pas aborder les auteurs moins centraux ou les théories qui auraient nécessité des développements digressifs (Adamczewski, par exemple) : le choix de la cohérence terminologique et descriptive l’empêchait plus ou moins. On remarque une volonté de symétrie et d’exhaustivité (toutes les configurations de may / might, par exemple) qui contribue à la maniabilité de l’ouvrage pour les étudiants.
Le plus grand mérite de l’ouvrage réside dans sa transparence pédagogique qui permet autant de l’utiliser comme manuel de cours qu’il autorise une prise en main individuelle, notamment pour la préparation des concours, en particulier du CAPES.