Comment les espaces parcourus créent-ils une généricité de la promenade dans l’œuvre Les Rêveries du promeneur solitaire de Jean-Jacques Rousseau ?

DOI : 10.58335/shc.355

Résumés

Les Rêveries du promeneur solitaire (1776-1778) forment une œuvre autobiographique originale où l’écriture de soi ne se fonde pas sur les événements de la temporalité propre à l’existence, mais davantage sur une cosmologie intime des lieux explorés. Décrivant la géographie des espaces traversés, le penseur s’immerge dans une nature salvatrice lui ouvrant la voie de l’introspection. Loin d’être réduits aux simples circonstants d’un récit autobiographique, les espaces de la nature se muent en guides sémiosiques propices à la contemplation, l’extase puis la rêverie. Le balancement du corps, bercé par les eaux de l’île, impulse également un souffle créateur. De la promenade réelle naît donc un espace textuel, promenade littéraire, caractéristique de l’écriture de soi.

Les Rêveries du promeneur solitaire ( 1776-1778 ) form an original autobiographical work where the writing does not establish itself on the events of the life’s temporality, but more on the intimate cosmology of the explored places. Describing the geography of the crossed spaces, the writer dives into a saving nature which shows him the way of introspection. Far from being reduced to circonstants of an autobiographical narrative, the natural spaces change into sémiosique guides convenient to pondering, ecstasy and musing. The balance of the body, rocked by island’s waters, also impulses a creative inspiration. Of the real walk is born a textual space, a literary walk, characteristic of autobiographical writing.

Plan

Texte

Propos introductif

Depuis ses plus tendres années, Jean-Jacques Rousseau apprécie de se promener en solitaire à proximité du lieu où il réside. Durant sa jeunesse déjà, il se plaît à vagabonder d’abord à l’intérieur de l’enceinte de la ville de Genève, puis à l’extérieur des portes de la cité. C’est lors de ce passage de l’autre côté des limites urbaines que le jeune homme prend sa destinée en main et choisit de quitter la localité helvétique. Raconté dès le premier livre de la première partie des Confessions, cet épisode déterminant de son existence souligne l’influence des espaces de l’extérieur sur l’intériorité :

À demi-lieue de la ville j’entends sonner la retraite ; je double le pas ; j’entends battre la caisse, je cours à toutes jambes : j’arrive essoufflé, tout en nage : le cœur me bat ; je vois de loin les soldats à leur poste ; j’accours, je crie d’une voix étouffée. Il était trop tard à vingt pas de l’avancée, je vois lever le premier pont. Je frémis en voyant en l’air ces cornes terribles, sinistre et fatal augure du sort inévitable que ce moment commençait pour moi. Sur ce lieu même je jurais de ne retourner jamais chez mon maître1.

La fermeture symbolique du porche, se verrouillant plus tôt que prévu, semble jeter le jeune Jean-Jacques sur les chemins d’une promenade toute singulière, celle qui le conduit à construire son existence. Bien des années plus tard, en juin 1770, Rousseau s’installe à Paris et demeure Rue Plâtrière2 où il occupe avec sa compagne, Thérèse, un logis fort modeste. C’est de cet endroit que le promeneur quitte souvent la capitale à pied pour découvrir les lieux de la campagne située à proximité. S’éloignant du centre urbain, le marcheur s’engage dans un cheminement avec dénivelés et affectionne de suivre « les sentiers à travers les vignes et les prairies »3, donc des voies peu fréquentées. Composées entre 1776 et 1778, Les Rêveries du promeneur solitaire4 retracent les parcours anciens et plus récents de l’écrivain et indiquent comment chaque promenade littéraire se rattache à des déplacements pédestres variés, mais précis : les hauteurs de Ménilmontant5, Clignancourt6, l’île de Saint-Pierre7, la barrière d’Enfer8, le Jura suisse9, les Charmettes10. La marche permet de s’approprier l’espace sillonné et crée une brèche dans l’axe du temps pour faire revivre les épisodes marquants, heureux ou malheureux, d’un temps révolu. L’évocation des souvenirs, glanés au cours des flâneries présentes et passées, constitue une invitation à entrer dans la pensée du marcheur pour en saisir la complexité. Mis en alerte par la déambulation corporelle qui concentre l’attention du promeneur sur les ‘objets environnants’, l’esprit voyage dans les méandres de la conscience. De la sorte, au fur et à mesure de ses excursions pédestres, Jean-Jacques Rousseau découvre des espaces divers auxquels il fait référence dans ses promenades littéraires en les associant à des thématiques propices à la rêverie, à la méditation et à l’extase. Les chemins parcourus forment tout un balisage, un itinéraire intéressant à suivre pour appréhender les répercussions littéraires engendrées par la traversée des espaces. Dans Les Rêveries du promeneur solitaire, la narration autobiographique se libère des impératifs de la chronologie11 événementielle pour suivre le cours des réminiscences marquantes, rejaillies de la mémoire grâce aux espaces courus lors des promenades. Nous analyserons comment la déambulation favorise la confrontation aux différents milieux naturels, en explorant la fonction sémiosique12 de la description subjective du narrateur. Pour Jean-Jacques Rousseau qui « n’a […] jamais cru que la liberté consistât à faire ce qu’il veut, mais bien à ne jamais faire ce qu’il ne veut pas »13, ces dix promenades sont l’écho littéraire d’une volonté à jouir de sa liberté individuelle, non seulement pour s’accepter tel que la nature l’a conçu, mais également pour échapper à certains préjudices causés par la vie sociale14. Ainsi, le promeneur choisit de cheminer sur les routes le guidant jusqu’à lui-même et persévère dans la connaissance de soi : « Qui suis-je moi-même ? Voilà ce qui me reste à chercher »15. D’abord, nous étudierons de quelle manière les espaces explorés, loin de former un simple cadre d’évolution narrative favorise la conquête du ‘moi’. Puis, nous déterminerons l’importance du motif de l’île pour accéder à l’intériorité. Enfin, nous examinerons comment la course à travers les espaces contribue à l’émergence d’une poétique de la promenade littéraire.

Les lieux de la nature : du contact à la fusion

C’est de manière continuelle et affirmée que Jean-Jacques Rousseau manifeste un sentiment d’amour marqué à l’égard des lieux de la nature auxquels il consacre une large place thématique dans Les Rêveries du promeneur solitaire. Entre le marcheur et le milieu naturel se nouent d’étroites relations de connivence amenant le lettré à se trouver en osmose16 véritable avec les espaces naturels. Les contacts au plus près de la nature s’établissent grâce à l’activité physique de la déambulation et au regard posé sur les paysages. Cette contemplation laisse à Rousseau le temps de prendre des notes détaillées de ce qu’il voit sur des cartes à jouer17 : grâce à la retranscription de ses observations sur les cartes s'accomplit le passage entre la promenade réelle et la promenade discursive. Pareille investigation s’effectue, par exemple, au cœur des montagnes du Jura suisse, dans le canton de Neuchâtel, sur les hauteurs de La Robaila. Là, le polygraphe découvre une nature authentique avec laquelle se sentir en harmonie, parce qu’elle offre un cadre sauvage, préservé de toute altération et éloigné des bassesses humaines : «Je gravis les rochers, les montagnes, je m’enfonce dans les vallons, dans les bois, pour me dérober […] aux atteintes des méchants»18. La montagne encourage à une promenade qui s’élève en altitude et fraye la voie à soi-même. Le ravissement éveillé par la découverte des paysages esquisse une peinture sensible pleine d’atours :

Les arbres, les arbrisseaux, les plantes sont la parure et le vêtement de la Terre. Rien n’est si triste que l’aspect d’une campagne nue et pelée qui n’étale aux yeux que des pierres, du limon et des sables. Mais vivifiée par la nature et revêtue de sa robe de noces au milieu du cours des eaux et du chant des oiseaux, la Terre offre à l’homme dans l’harmonie des trois règnes un spectacle plein de vie, d’intérêts et de charme, le seul spectacle dont ses yeux et son cœur ne se lassent jamais19.

Dans cette septième promenade, la vision topographique du paysage se change en sensibiles loci. Pour rendre ce ‘paysage émotionnel’, ce sont de nombreux hyperonymes comme «arbres, arbrisseaux et plantes» qui servent à nommer de manière très générale, sans précision scientifique, la végétation portée à la vue du promeneur. De fait, dépourvu de toute caractérisation savante, chaque végétal contribue essentiellement à la création d’une scène d’ensemble à caractère affectif. Le penseur affiche ainsi sa préférence pour la flore plutôt que pour le minéral, car, selon lui, elle symbolise davantage l’élan vital dont est porteuse la sphère naturelle. La personnification des espaces dépeints souligne la féminisation, rendue par le groupe nominal ‘robe de noces’. Tout s’anime dans ce décor naturel transformé en un tableau20 bucolique que la singulière poétique de la promenade réussit à dynamiser. Effectivement, Rousseau évolue au sein d’une nature animée et vivifiante qui incite à la promenade. D’ailleurs, le marcheur s’abstient d’exposer son propre jugement sur la nature décrite : en généralisant son propos il l’assimile à une sorte d’aphorisme valable pour l’Humanité entière. Lorsqu’il effleure la nature de sa présence, le philosophe aiguise tous ses sens pour s’imprégner le plus possible des sons, des couleurs et des parfums. Est ainsi explorée une sensibilité ‘synesthésique’ stimulée par l’esthétique de la nature : « brillantes fleurs, émail des prés, ombrage frais, ruisseaux, bosquets, verdure »21. Multipliant ses attaches au domaine spatial, Rousseau cherche à caractériser les affinités qui l’associent à l’univers visité. Cette liaison complice se resserre grâce à la puissance champêtre des espaces naturels qui se déploient sous son regard. Le marcheur déambule dans un lieu très agréable, proche d’un paradis terrestre, et «cet éden est d’abord un spectacle, un spectacle harmonieux que l’homme ne se lasse pas d’admirer »22. Cependant le lecteur ignore tout de cette vue d’ensemble parce que « Rousseau ne nous détaille rien, sinon les éléments répétitifs, l’eau, la verdure, les fleurs, le chant des oiseaux qui en constituent, à ses yeux, la beauté permanente. L’atmosphère s’y colore d’images nuptiales ou sensuelles »23. En effet, la métaphore des ‘noces’ non seulement féminise la nature mais sa symbolique entretient l’idée d’une fécondité vigoureuse propre au monde végétal traversé. Par ces naturae spatia, les lieux procurent apaisement, libèrent des souffrances et dans ce ‘lâcher prise’24, le promeneur, mari de la fête nuptiale, s’abandonne à de fertiles rêveries. Loin de la foule et du milieu urbain, la promenade dans les espaces agrestes devient tout à la fois source et but de plaisir esthétique. L’univers naturel emporte le promeneur dans un état de méditation entretenu par le sens visuel. À maintes reprises Rousseau revient sur ses pratiques de recueillement au contact des surfaces explorées. La vigilance sensitive forge une passerelle menant directement à la rêverie et « [aux] délices que donne une contemplation pure et désintéressée»25. C’est au terme d’une multitude d’états contemplatifs que se crée un rapport fusionnel entre le marcheur et les espaces qui fascinent, comme les montagnes. De fait, au cours des dix « Promenades », Rousseau traverse des lieux propices à la sérénité et à la paix intérieure26. Absorbé par cette quiétude, catalyseur de profondes résonances sensitives, l’autobiographe livre les secrets du pouvoir d’assimilation de sa personne à la nature : « Je sens des extases, des ravissements à me fondre pour ainsi dire dans le système des êtres, à m’identifier avec la nature entière »27. Les verbes ‘fondre et identifier’ montrent combien Rousseau a l’impression de fusionner avec la nature à laquelle il semble se mêler – peut-être pour créer une autre réalité28. Particulièrement prégnante, la vision ainsi traduite entend signifier que les espaces naturels forment leur complétude si et seulement si le marcheur s’y intègre : il s’allie aux champs spatiaux au point de devenir l’une de leurs composantes. Le processus identificatoire, nourri d’une forte attirance pour l’environnement, autorise le promeneur à se fondre dans l’univers puis à se confondre avec les espaces. Happé par la nature, il se reconnaît lui-même comme unité de cette sphère, parce qu’il juxtapose le tableau des paysages à la peinture de son ataraxie. Cette forme de syncrétisme naît des correspondances entre la nature et les sentiments, mais également entre les espaces et les états d’âme du promeneur. L’homme de lettres tisse des attaches nombreuses entre les dioramas de l’automne et l’âge avancé auquel il écrit ses Rêveries. S’organise alors une analogie étroite entre l’influence du temps sur l’évolution humaine, d’une part, puis sur les changements saisonniers, d’autre part, attribuant à l’automne – image devenue traditionnelle – la représentation de la vieillesse humaine. Le parallèle entre le rythme de la nature et celui des cycles de la vie des hommes apparaît dans la deuxième promenade :

La campagne encore verte et riante, mais défeuillée en partie et déjà presque déserte offrait partout l’image de la solitude et des approches de l’hiver. Il résultait de son aspect un mélange d’impression douce et triste trop analogue à mon âge et à mon sort pour que je ne m’en fisse pas l’application. Je me voyais au déclin d’une vie innocente et infortunée, l’âme encore pleine de sentiments vivaces et l’esprit encore orné de quelques fleurs, mais déjà flétries par la tristesse et desséchées par les ennuis. Seul et délaissé, je sentais venir le froid des premières glaces29.

De même que la nature se montre encore ‘riante’ malgré la saison froide, Rousseau éprouve encore en lui ‘des sentiments vivaces’. Cette contiguïté chronologique d’une belle maturité estivale et d’une vieillesse alerte élabore un mimétisme : promeneur et lieux de déambulation présentent de nombreuses similitudes. Comme la nature personnifiée souffre d’abandon et de solitude, Rousseau se retrouve ‘seul et délaissé’. La communion se poursuit avec la comparaison entre l’hiver, symbole de l’extinction de la vitalité, et la vieillesse, annonciatrice de la proche fin de vie. Les lieux de la nature deviennent alors une sorte de miroir dans lequel le marcheur distingue sa propre image, celle d’un vieil homme livré à la solitude et à une sorte d’exil, loin de ses semblables. S’adonnant à la vision allégorique de sa vieillesse et de sa mort prochaine, «Rousseau dramatise manifestement la description des ravages du temps sur sa personne, […] [dans une] volonté de rendre plus odieuse la conduite des persécuteurs ligués contre un malheureux vieillard, et plus pathétique […] son déclin »30. Afin de mieux vivre sa proximité avec les espaces naturels perçus comme une bienveillante protection, le Genevois se détache du mal-être social pour jouir de cette fusion : « Le plaisir provient d’une impression de sécurité »31. La répétition fréquente de l’adjectif qualificatif ‘riant’ associé au substantif ‘paysage’ participe de cette explication : au-delà de sa fonction descriptive, évoquant assez banalement ‘une campagne aimable’, « on pourrait le considérer comme une hypallage qui projette sur la nature le bien-être de Rousseau »32. Attribuant à la nature un qualificatif propre aux comportements humains, l’auteur montre des espaces de la campagne une image très positive, symbole de joie, distraction et épanouissement. Au contact d’un milieu ‘riant’, le penseur « donne à la nature une importance quasi maternelle, matricielle »33 ce qui provoque un nouvel élan de bonheur34. Par la projection de son être, ses émois et son âme sur le théâtre de l’univers, Rousseau suit, d’une part, le rythme des déambulations réelles dans les espaces naturels et, d’autre part, la cadence des impressions laissées par les lieux dans l’esprit et le cœur du marcheur. Renouant avec lui-même, c’est paradoxalement par l’oubli de l’extérieur que le promeneur accède à l’état puis à l’écriture d’une félicité personnelle reconquise, que Jean Starobinski nomme « un libre discours sur le bonheur de rêver»35. « La jouissance […] d’une vie en communion avec les Éléments »36 adopte de nouvelles perspectives dans les promenades discursives qui abordent la thématique de l’insularité.

Insularité et espaces de l’intérieur37

Dans l’existence de Rousseau, l’île représente une quête assimilable à un tropisme car elle engendre des actes réflexes installés depuis fort longtemps dans le comportement du philosophe. L’île figure donc un refuge bien circonscrit qui préserve toute liberté d’action et de déplacements. Elle symbolise deux des souhaits rousseauistes : d’abord répondre aux besoins d’une fuite imposée par ‘la lapidation de Môtiers’ et ensuite partir à la découverte de soi. De fait, « la solitude insulaire ne communique jamais à Jean-Jacques le sentiment de l’exil ou de la captivité, mais de la vraie liberté, soustraite aux contraintes sociales, favorable aux épanchements de l’âme et de la sensibilité »38. Ainsi, malgré les persécutions de Môtiers qui prescrivent une forme de confinement, « l’île, mieux que toute autre terre ou que tout continent, représente une image approximative du paradis et de l’âge d’or, parce que, grâce à son isolement, à la défense naturelle de l’eau, elle échappe à l’emprise des contraintes sociales »39. L’espace insulaire constitue un lieu naturel baigné par les flots et cet environnement aquatique joue le rôle d’un élément tampon, garantie de défense contre les atteintes de l’extérieur. C’est dans la cinquième promenade qu’est évoquée l’île de Saint-Pierre :

J’en trouvai le séjour si charmant, j’y menais une vie si convenable à mon humeur que je résolus d’y finir mes jours […]. Dans les pressentiments qui m’inquiétaient, j’aurais voulu qu’on eût fait de cet asile une prison perpétuelle, qu’on m’y eût confiné pour toute ma vie, et qu’en m’ôtant toute puissance et tout espoir d’en sortir, on m’eût interdit toute espèce de communication avec la terre ferme, de sorte qu’ignorant tout ce qui se faisait dans le monde, j’en eusse oublié l’existence et qu’on y eût oublié la mienne aussi40.

L’île offre donc la possibilité au rêveur de se soustraire à une existence commune, édifiée sur des déboires et déceptions, pour vivre une ‘suprême’ évasion. L’espace insulaire représente un lieu unique, favorable à l’émergence des souvenirs d’un temps plus intense et plus heureux. Grâce à la présence de l’eau ceignant la terre sur laquelle il s’est installé, le philosophe se raccroche aux périodes les plus reculées de sa vie :

Je m’esquivais et j’allais me jeter seul dans un bateau que je conduisais au milieu du lac quand l’eau était calme, et là, m’étendant tout de mon long dans le bateau les yeux tournés vers le ciel, je me laissais aller et dériver lentement au gré de l’eau, quelquefois pendant plusieurs heures, plongé dans mille rêveries confuses et délicieuses41.

Le contact de la barque avec l’eau impulse des balancements qui donnent à Jean-Jacques la possibilité de retrouver une position fœtale bienfaisante. Cette impression de revenir à un état antérieur à celui de la vie terrestre, avec l’idée d’une présence maternelle encore entièrement dévouée au bien-être et à la croissance de l’enfant à naître, réunit toutes les conditions nécessaires à l'échappée de l’esprit et procure une douce insouciance au rêveur. Évoquant une eau maternelle, Gaston Bachelard souligne que « l’amour filial est le premier principe actif de la projection des images, c’est la force projetant de l’imagination, force inépuisable qui s’empare de toutes les images pour les mettre dans la perspective humaine : la perspective maternelle »42. « Eau féminine »43, l’eau lacustre des Rêveries du promeneur solitaire renvoie dans la cinquième promenade à l’idée d’infinie aménité, telle que l’évoque Bachelard :

Cette rêverie dans la barque détermine une habitude rêveuse spéciale […]. Cette rêverie a parfois une intimité d’une étrange profondeur […]. Ainsi que tous les rêves et toutes les rêveries qui s’attachent à un élément matériel, à une force naturelle, les rêveries et les rêves bercés prolifèrent. Après eux viennent d’autres rêves qui continueront cette impression d’une prodigieuse douceur. Ils donneront au bonheur le goût de l’infini.44

L’espace lacustre, enveloppant avec bienveillance le promeneur, symbolise l’essence maternelle et la sécurité. Cette eau maternelle et maternante active le pouvoir imaginaire de l’entendement du promeneur dont les pensées se muent en agréable rêverie. ‘Bercé’ par les eaux du lac, Rousseau réussit sa fuite mentale. Au milieu du lac de Bienne, le balancement aquatique, semblable au bercement maternel, entraîne l’esprit à voyager sans plus prendre « la peine de penser »45. Embarqué sur l’onde frémissante, le marcheur se laisse aisément absorber par la rêverie : d’abord à cause du temps, de cet horaire d’après-midi paisible, puis de l’espace et du cadre unique, conditions qui produisent un contexte spatio-temporel propice aux circonstances d’états psychologiques inédits. Trouvant refuge dans ce milieu lacustre, berceur et réconfortant, Rousseau rêve un ineffable bonheur suspendu aux plaisirs ordinaires de l’existence. Liés à l’immersion spatiale, ces moments heureux donnent à goûter à l’existence elle-même, hors des atteintes positives ou négatives du dehors : pareilles expériences provoquent « l’annihilation du temps […] réalisée […] dans […] [une] parfaite sérénité d’âme »46. Rousseau souligne ainsi que si le promeneur parvient à faire fi de ses passions, de ses activités, il détient le secret de la jouissance du sentiment exclusif de l’existence à l’état pur. Par l’expérience de l’insularité et du contact avec l’élément liquide sont convoquées des périodes joyeuses du passé, de même que certains traits de la personnalité du marcheur : la rêverie fournit l’accès à l’essence humaine, dans ce qu’elle détient de plus impénétrable et de plus irréductible. La contemplation de l’eau, élément inlassablement aimé de Rousseau, donne la possibilité de quitter la rigidité des lieux terrestres, parfois incompatibles avec le tempérament hypersensible du promeneur. Ainsi « il n’aime pas seulement l’eau parce qu’elle suscite en lui la rêverie, mais parce qu’elle contient un pouvoir de résurrection spirituelle »47 donnant accès à l’éternité. Dans le Deuxième Dialogue, l’auteur mentionne déjà la légèreté du mouvement aquatique tel un déclencheur de rêverie propice au sentiment d’absolu :

La rêverie, quelque douce qu’elle soit épuise et fatigue à la longue, elle a besoin de délassement. On le trouve en laissant reposer sa tête et livrant uniquement ses sens à l’impression des objets extérieurs. Le plus indifférent spectacle a sa douceur par le relâche qu’il nous procure, et pour peu que l’impression ne soit pas tout à fait nulle, le mouvement léger dont elle nous agite suffit pour nous préserver d’un engourdissement léthargique et nourrir en nous le plaisir d’exister sans donner de l’exercice à nos facultés48.

Le mouvement délicat, rendu possible par l’élément liquide et le déplacement en barque, fait éclore la rêverie :

J’ai toujours aimé l’eau passionnément, et sa vue me jette dans une rêverie délicieuse, quoique souvent sans objet déterminé. Je ne manquais point à mon lever lorsqu’il faisait beau de courir sur la terrasse humer l’air salubre et frais du matin, et plâner des yeux sur l’horizon de ce beau lac, dont les rives et les montagnes qui le bordent enchantaient ma vue. Je ne trouve point de plus digne hommage à la dignité que cette admiration muette qui excite la contemplation de ses œuvres et qui ne s’exprime point par des actes développés49.

Comme en témoigne le propos des Confessions50, Rousseau apprécie de manière inconditionnelle l’inoubliable spectacle que donnent les espaces baignés d’eau. Caractérisée une nouvelle fois dans la septième promenade, cette impression de béatitude née du lac montre que « c’est le lieu qui fonde le récit [autobiographique], parce que l’événement a besoin d’un ubi autant que d’un quid ou d’un quando »51:

Je me rappelai à ce sujet une autre herborisation que Du Peyrou, d’Escherny, le colonel Pury, le justicier Clerc et moi, avions faite il y avait quelque temps sur la montagne de Chasseron, du sommet de laquelle on découvre sept lacs52.

Le Comte d’Escherny a, lui aussi, raconté cette promenade sur les hauteurs suisses, promenade « longue de cinq bonnes lieues de marche pour gagner le haut de la montagne, et souvent par des sentiers escarpés et rompus. Ce fut Rousseau et moi qui les premiers atteignîmes le sommet de Chasseron. Nos compagnons étaient restés en arrière »53. Tandis que le souvenir du Comte rapporte l’empressement du philosophe, la narration de Rousseau souligne la dimension diégétique des espaces lacustres : l’eau représente une psyché distanciée dans laquelle l’autobiographe se retrouve lui-même et se délecte des reflets de « la surface des eaux [qui lui] offrait l’image […] [de sa réflexion] »54. L’élément liquide sollicite donc le sens visuel, mais c’est également la stimulation du sens tactile, exalté par l’instabilité vivifiante du lac, que goûte Jean-Jacques Rousseau : « Au lieu de m’écarter en pleine eau je me plaisais à côtoyer les verdoyantes rives de l’île dont les limpides eaux et les ombrages frais m’ont souvent engagé à m’y baigner »55.

Ainsi, c’est dans un style à la fois condensé et pénétrant que la cinquième promenade reprend le souvenir d’une sortie en barque, favorable à une découverte plus approfondie des rivages du lac de Bienne :

Souvent averti par le baisser du soleil de l’heure de la retraite je me trouvais si loin de l’île que j’ai été forcé de travailler de toute ma force pour arriver avant la nuit close. […] Mais une de mes navigations les plus fréquentes était d’aller de la grande à la petite île, d’y débarquer et d’y passer l’après-dînée, tantôt à des promenades très circonscrites au milieu des marceaux, des bourdaines, des persicaires, des arbrisseaux de toute espèce et tantôt m’établissant au sommet d’un tertre sablonneux couvert de gazon, de serpolet, de fleurs, même d’esparcette et de trèfles qu’on y avait vraisemblablement semés autrefois56.

La promenade sur le lac métamorphose Rousseau en explorateur des lieux, mais également en navigateur, comme l’indique le champ lexical du déplacement maritime. De même que sur la terre ferme, les promenades lacustres se pratiquent dans un rayon éloigné du lieu de résidence, ce qui permet de perdre toute notion chronologique. C’est un peu comme si la temporalité contraignante et angoissante se diluait dans l’élément liquide – victoire des espaces sur le temps – pour révéler au promeneur « l’immortalité de l’âme »57. La description détaillée du lac montre combien la mémoire du marcheur s’est imprégnée des lieux afin de leur redonner vie par l’écriture. Puisque « l’eau du lac qui inspire les Rêveries de Rousseau […] est plutôt une eau qui berce, […] celle de la quiétude, […] à égale distance de l’eau qui court et de l’eau inerte »58, elle écarte les tourments de l’âme et exerce une action purificatrice. L’espace insulaire applique une thérapie cathartique qui traite les troubles affectifs, comme « dans la cinquième Promenade […] [lors de laquelle] l’effet quasi hypnotique sur l’âme des mouvements du lac qui se substituent au désordre des mouvements intérieurs où vibrent encore tant de sentiments malheureux »59 engendre calme, consolation et félicité. La topographie de l’île de Saint-Pierre ainsi exposée par le promeneur forme une « description psychologique des effets du paysage [qui] […] étoffe […], et peut-être légitime[…] les solutions un peu mythiques de l’asile intemporel »60. Simultanément aux multiples mouvements migratoires d’un lieu à un autre, Rousseau réalise un voyage intérieur qui autorise « la paix du cœur et l’abolition des aléas du temps »61. À l’image de l’île de Saint-Pierre, le promeneur se présente comme un philosophe à la géographie intérieure riche et complexe, se déployant entre contradictions et permanences, et qui, par une promenade intime, proche de l’introspection, forme une poétique de la promenade littéraire.

Poétique de la promenade littéraire

L’exercice de la promenade réelle engage à la création d’une promenade discursive, espace scriptural neuf et inconnu, dans lequel Rousseau bénéficie du bonheur d’une solitude protégée. Outre l’évocation « d’horribles précipices »62, les « barrières impénétrables »63 présentent un lieu naturellement défendu, dispensateur de confiance et sécurité. La promenade se mue alors en une forme de pèlerinage64, parce que « l’âme ne saurait s’attacher aux plaisirs terrestres qui lui inspirent le sentiment du vide ; l’exigence de bonheur qu’elle ressent ne peut en aucune façon être satisfaite ici-bas, elle appelle l’existence d’un ailleurs65 »66. La promenade ressemble ainsi à une recherche, plus ou moins insolite plus ou moins secrète, dont la finalité réside dans le dépassement de soi et du monde. Par cette faim d’absolu qu’assouvit la déambulation, « l’extase de Rousseau revêt un caractère mystique67 : elle franchit les obstacles de la matière et du temps pour s’élever à la contemplation d’un monde immortel et transcendant »68. Bien que le ravissement extatique soit d’origine panthéiste, « Rousseau, quant à lui, l[e] rapporte à Dieu »69. Le détachement de soi « manifeste bien cet effort pour s’approprier la puissance et l’être qui sont dans le tout, lequel est divin par essence, et au-delà de tout »70. Ainsi, malgré le relief très accidenté le promeneur, « découvrant une suressence [qui] dévoile le sens ultime de l’existence »71 se sent suffisamment soutenu et rassuré pour s’allonger sur le ventre et contempler la profondeur des gouffres. Le ravissement contemplatif devant les espaces de la pérégrination pédestre offre à l’écrivain une puissance existentielle très forte, proche de l’anagogie, l’aidant à se détacher des malveillances pesant sur son existence sociale pour mieux se retrouver lui-même. Conformément à la conception sensualiste, se crée un lien entre sensation et pensée : plus Rousseau ressent et plus il pense. Les réflexions consacrées au bonheur de la traversée des espaces adoptent fréquemment une tonalité élégiaque, comme celle qui résonne dès le premier livre de la première partie des Confessions :

La vue de la campagne, la succession des aspects agréables, le grand air, le grand appétit, la bonne santé que je gagne en marchant […] tout cela dégage mon âme, me donne une plus grande audace de penser, me jette en quelque sorte dans l’immensité des êtres pour les combiner, les choisir […]. Je dispose en maître de la nature entière ; mon cœur errant d’objet en objet […] s’entoure d’images charmantes, s’enivre de sentiments délicieux72.

Ainsi, lorsqu’il raconte ses promenades, Rousseau applique « une poétique délibérément subjective, faite de maîtrise, de combinaisons, d’appropriation, mais sans règle car spontanée, immédiate [qui] s’approprie le cours de la marche en en suivant le désordre. […] Les délices du voyage à pied se transmuent en délices du voyage par écrit »73. Effectuant le passage qui reconduit de la promenade réelle à la promenade écrite, l’écrivain éprouve une délectation similaire, car le fait d’écrire les espaces naturels permet de les faire revivre très proches de lui, toujours aussi ‘riants’, accueillants et protecteurs. Toutefois, «l’écriture […] [de la promenade] ne peut être technique puisqu’elle exprime le cœur et le naturel ! Il faut savoir rendre les couleurs du paysage affectif et pour cela s’en imprégner fidèlement. Rousseau pose un lien fort entre le paysage ou plutôt le local et la qualité même de l’écriture »74. La promenade intime à travers l’itinéraire intérieur que balisent le cœur, l’âme, la conscience et l’esprit livre Rousseau sur les routes de son intimité la plus secrète. Celle-ci passe par le phénomène de l’écriture. L’importance de cette marche intérieure vise à mettre la lumière sur l’être profond de l’autobiographe :

La promenade pour Jean-Jacques Rousseau est un mouvement de l’écart, un mouvement de retrait, un mouvement de la différenciation, qui ouvre un espace propre, l’espace de l’unicité et de la vérité d’un moi à l’opposé de l’aliénation sociale. Se voulant unique il revendique la foncière originalité de sa démarche75.

La distance installée entre les différentes étapes de sa vie et le temps de l’écriture autorise l’écrivain à transformer son passé, à en créer une fiction consciente puis à l’analyser avec objectivité. Riches en rêveries aux pouvoirs mystérieux et incantatoires76, les pratiques déambulatoires ménagent le don précieux et différé de faire revivre et de préserver le souvenir du bien-être des lieux traversés. L’écriture et la lecture des écrits qu’ont nourries les libres parcours deviennent sources de plaisir : « En me disant, j’ai joui, je jouis encore »77. Ainsi la promenade discursive ressemble à un herbier littéraire, recueil de souvenirs heureux dont la consultation renouvelle la délectation : « Je fixerai par l’écriture […] [ces contemplations charmantes] qui pourront me venir encore ; chaque fois que je les relirai m’en rendra jouissance »78. Résultat d’une création artistique animée par le balancement du corps qui se meut au contact de la nature, la promenade littéraire n’apparaît pas comme un écrit autobiographique classique conçu selon des données spatio-temporelles clairement définies, mais telle une expression écrite personnelle rattachée à un tissu thématique unitaire. Rassemblant différentes données propres – passé, présent et éventuelles projections d’avenir incertain – la promenade littéraire se développe sans planification préétablie et puise la substance de son verbe dans les marques du souvenir réveillé par les espaces. Pareil discours constitue un écrit singulier, facteur des mouvements d’âme et de pensée du promeneur. Composer une promenade littéraire devient une activité d’écriture délectable, car elle permet de se projeter dans un futur proche où la lecture ‘doublera’ l’existence de demain. Personnage central de ses promenades littéraires, l’autographe se dévoile sous le jour d’un vieillard ‘décrépit’, oiseux et ‘nul’ qui n’aurait plus les compétences artistiques d’honorer la littérature de ses écrits. Mais, la composition des Rêveries du promeneur solitaire indique que le penseur continue de réserver une place de choix aux développements littéraires dans son existence. La spontanéité et le métalangage soulignent la force et la conscience de la production littéraire : le promeneur solitaire évoque son plaisir à écrire et à relire ses écrits. « Ces feuilles »79, cet «informe journal »80 et cet « appendice de [ses] Confessions »81, maintes appellations des promenades littéraires, perpétuent le questionnement de l’écrivain sur les significations de sa création. Cette forme littéraire inédite traduit l’activité psychologique – et spirituelle – de l’autobiographe dont la situation exceptionnelle d’exclusion et d’isolement, proche d’une mort civile, l’amène à écrire, depuis une sorte d’au-delà, ‘des rêveries d’outre-tombe’. Cela souligne une conscience aiguisée de la forme singulière et innovante que revêt la promenade littéraire, espace concis de la brièveté scripturale, édifié à l’image de la géographie déambulatoire.

Conclusion

Rousseau nomme la compilation de ses promenades littéraires réunies, « le recueil de [ses] longs rêves »82. Cette caractérisation conçoit Les Rêveries du promeneur solitaire comme une anthologie de morceaux choisis, tous de configuration similaire, et constituant un volume littéraire complet. Stimulant spirituel et cérébral, le déplacement pédestre déroule les idées et émotions du marcheur. La promenade littéraire forme une prose de la rêverie conçue par la marche, vecteur de l’avancée des réflexions du promeneur dont l’esprit emprunte, comme le corps, les sentiers et les détours d’un espace à découvrir. Créatrice d’états exaltés, la déambulation pédestre active les pensées intimes et les met au service du littéraire. La traversée des espaces réels fournit la matière et la morphologie de la promenade littéraire, indissociable de la déambulation physique : «Ce sont les promenades qui vont constituer l’un des sujets et des thèmes de[s] […] Rêveries. Le genre de la promenade devenant son propre objet, retour sur soi, sur les conditions de l’énonciation […] est un dispositif essentiel aux retournements de Rousseau »83. Caractéristique d’une forme renouvelée de l’énonciation autobiographique, la promenade littéraire fait rayonner un ‘JE’ de permanence atemporelle au gré d’une géographie intime cartographiée selon les espaces physiques traversés : « Se promener, écrire, lire s’enchaînent au point que la véritable promenade réside dans l’écriture de la promenade et peut-être même dans l’invention de la promenade »84. La retranscription de la déambulation pédestre tient lieu de création littéraire, parce qu’elle permet au promeneur solitaire de se réapproprier ses réflexes d’écrivain pour les mettre au service d’une composition nouvelle, « modèle d’une écriture naturelle »85 radicalement opposée à « la non systématicité »86. Proche de l’oratio pedestris87, la promenade discursive crée une sémiotique littéraire dont la structure modelante a permis d’enrichir les écritures du « moi » des XIXe et XXe siècles. Ainsi, dans son œuvre René (1802), François-René de Chateaubriand effectue « une ‘imitation’ du modèle de Rousseau »88, puisqu’il reprend la stylistique rousseauiste des Rêveries avec leur « structure fragmentée et fluide à la fois »89. En 1917, c’est Robert Walser – né non loin du Lac de Bienne – qui ravive et renouvelle la poétique de l’ambulatio avec son chef d’œuvre La Promenade : « Être enterré là discrètement dans la terre fraîche du bois, ce serait sûrement doux. Si seulement on pouvait dans la mort sentir encore la mort et en jouir »90.

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Notes

1 Rousseau, Jean-Jacques. Les Confessions in Œuvres complètes, I. Paris : La Pléiade Gallimard, 1961, p. 42. Retour au texte

2 « Un Monsieur […] me conseilla de prendre au Temple un fiacre pour me conduire chez moi. […] Je fis ainsi la demi-lieue qu’il y a du Temple à la rue Plâtrière ». In Rousseau, Jean-Jacques. Les Rêveries du promeneur solitaire (1778). Paris : Garnier Flammarion, 1997, « Seconde Promenade », p. 69. De juin 1770 à août 1777 Rousseau habite rue Plâtrière, à Paris. La capitale est alors divisée en vingt quartiers et fermée par des portes monumentales, les « barrières » au-delà desquelles le promeneur se plaît à herboriser. Retour au texte

3 Ibid., « Seconde Promenade », p. 65. Retour au texte

4 Frédéric S. Eigeldinger récapitule le calendrier de la composition des Rêveries : «Septembre 1776, Première promenade ; fin décembre 1776-janvier 1777, Deuxième promenade ; 1777 (fin de l’hiver, début du printemps) : Troisième promenade, Quatrième promenade ; avril 1777, Cinquième promenade ; été 1777 : Sixième et Septième promenades ; fin 1777, Huitième promenade ; fin décembre 1777, Neuvième promenade ; 12 avril 1778, Dixième promenade ». In Rousseau, Jean-Jacques. Les Rêveries du promeneur solitaire (1778). Édition critique par Frédéric S. Eigeldinger. Paris : Champions Classiques, 2010, « Introduction », p. 11 et 12. Retour au texte

5 « Le jeudi 24 octobre 1776, je suivis après dîner les boulevards jusqu’à la rue du Chemin-Vert par laquelle je gagnai les hauteurs de Ménilmontant, et de là […] je traversai jusqu’à Charonne le riant paysage qui sépare les deux villages ». Rousseau, Jean-Jacques. Les Rêveries du promeneur solitaire (1778). Paris : Garnier Flammarion. Op. cit., « Seconde Promenade », p. 65. Retour au texte

6 « Il y a deux ans que m’étant allé promener du côté de la Nouvelle-France, je poussai plus loin, puis tirant à gauche et voulant tourner autour de Montmartre, je traversai le village de Clignancourt». Ibid., « Neuvième Promenade », p. 165 et 166. Retour au texte

7 « De toutes les habitations où j’ai demeuré (et j’en ai eu de charmantes), aucune ne m’a rendu si véritablement heureux et ne m’a laissé de si tendres regrets que l’île de Saint-Pierre au milieu du lac de Bienne. Cette petite île qu’on appelle à Neuchâtel l’île de La Motte est bien peu connue, même en Suisse ». Ibid., « Cinquième Promenade », p. 108. L’évocation de ce lieu renvoie au séjour inoubliable de Rousseau sur l’île de Saint-Pierre où il se réfugie du 12 septembre au 25 octobre 1765 après la lapidation de sa maison à Môtiers. Retour au texte

8 « Hier, passant sur le nouveau boulevard pour aller herboriser le long de la Bièvre du côté de Gentilly, je fis le crochet de droite en approchant de la barrière d’Enfer ». Ibid., « Sixième Promenade », p. 120. Retour au texte

9 « Je me rappellerai toute ma vie une herborisation que je fis un jour du côté de La Robaila, montagne du justicier Clerc ». Ibid., « Septième Promenade », p. 144. Cela fait référence à l’été 1765 au cours duquel Rousseau réside dans l’ancienne commune suisse de Môtiers. Retour au texte

10 « J’engageai maman à vivre à la campagne. Une maison isolée au penchant d’un vallon fut notre asile ». Ibid., « Dixième Promenade », p. 177. De 1736 à 1740, Rousseau séjourne dans le vallon des Charmettes auprès de Madame de Warens qu’il appelle ‘maman’. Retour au texte

11 Grâce à la promenade et à la découverte des espaces, Rousseau cherche à s’affranchir du temps et à «échappe[r] radicalement au pouvoir de la durée ». Poulet, Georges. Études sur le temps, 1. Paris : Presses Pocket, 1989, p. 216. Retour au texte

12 Jouve, Vincent. La Poétique du roman. Paris : Armand Colin, 2006, p. 42 à 44. Retour au texte

13 Rousseau, Jean-Jacques. Les Rêveries du promeneur solitaire (1778). GF. Op. cit., « Sixième Promenade », p.131. Retour au texte

14 « Tant que les hommes furent mes frères, je me faisais des projets de félicité terrestre ; ces projets étant toujours relatifs au tout, je ne pouvais être heureux que de la félicité publique et jamais l’idée d’un bonheur particulier n’a touché mon cœur que quand j’ai vu mes frères ne chercher le leur que dans ma misère ». Ibid., « Septième Promenade », p. 139. Dans chacune des « Promenades » apparaît la forte conviction d’un complot universel contraignant Rousseau à la solitude. Pour approfondir ces questions d’isolement et d’intrigue à la lumière du tempérament solitaire du citoyen de Genève, consulter l’ouvrage de Georges-Arthur Goldschmidt. Jean-Jacques Rousseau ou L’Esprit de solitude (1978). Paris : Presses Universitaires de Lyon, nouvelle édition révisée par l’auteur, 2012. Retour au texte

15 Rousseau, Jean-Jacques. Les Rêveries du promeneur solitaire (1778). GF. Op. cit., « Première Promenade », p. 55. Retour au texte

16 Rappelons que dans une lettre du 19 mai 1769, Rousseau écrit que « la nature qui se ranime [l]e ranime aussi » et qu’il n’a « plus d’autre jardin que les prés et les bois ». Il poursuit ainsi : « Tant que j’aurai la force de m’y promener, je trouverai du plaisir à vivre ». In Rousseau, Jean-Jacques. Œuvres complètes : Correspondance, Tome VI. Paris : Baudouin frères, 1826, p. 69 et 70. Retour au texte

17 Les cartes à jouer constituent la genèse des Rêveries du promeneur solitaire et ont toutes « un rapport avec les œuvres autobiographiques […] [mais] seules les huit premières ont été numérotées par Rousseau, les autres l’ayant été par Th. Dufour. Leurs rapports avec les Rêveries s’imposent d’abord, mais chacune (ou presque) de ces cartes appelle l’un ou l’autre passage des Confessions ou des Dialogues. On peut se demander si Jean-Jacques avait dans sa poche des cartes à jouer ; c’est ce que laisse penser du moins le fait que plusieurs ont été écrites au crayon, repassées ensuite à la plume ». In Rousseau, Jean-Jacques. Les Rêveries du promeneur solitaire (1778). Édition critique par Frédéric S. Eigeldinger. Op. cit., « Annexes », p. 171. Retour au texte

18 Rousseau, Jean-Jacques. Les Rêveries du promeneur solitaire (1778). GF. Op. cit., « Septième Promenade », p.144. Retour au texte

19 Ibid., p. 135. Retour au texte

20 Bien que l’expression ‘tableau dynamique’ forme un oxymore, elle pourrait ici renvoyer à « la description dynamique […] [du] lieu ; décrire de l’action réside tout simplement dans la description d’une situation, ce que les narratologues dénomment un ‘tableau’. L’acception du sens ainsi conféré au mot ‘tableau’ dans le cadre de sa polysémie a été véhiculée par la tradition orale des lais médiévaux, puis par la tradition écrite. Cette acception diffère de la description en ce sens que l’action présentée n’a ni commencement, ni milieu, ni fin. Cette action donne l’impression de se trouver hors du temps, de telle sorte que les actions qui la composent sont montrées dans un rapport de simultanéité ». In Fuchet, Serge-René. Lieux et personnages romanesques au XVIIIe siècle. Paris : Publibook, 2010, p. 118. En animant le spectacle de la nature, Rousseau tente donc bien de s’affranchir des contraintes temporelles. Retour au texte

21 Rousseau, Jean-Jacques. Les Rêveries du promeneur solitaire (1778). GF. Op. cit., « Septième Promenade », p. 142. Retour au texte

22 Vissière, Isabelle. « Le monde dans un herbier (La Septième Rêverie du promeneur solitaire) ». In Rousseau, Jean-Jacques. Les Rêveries du promeneur solitaire. Ouvrage collectif dirigé par Jean-Louis Tritter. Paris : Ellipses, septembre 1997, p. 105. Retour au texte

23 Ibid., p.105. Retour au texte

24 L’union avec la nature change la relation aux sensations douloureuses, ce qui rend possible un futur état de méditation en pleine conscience. Retour au texte

25 Ibid., p.106. Retour au texte

26 Henri Lafon caractérise pareils endroits comme « les confins d’espaces franchement euphoriques. Ceux de la rêverie heureuse devant un bonheur pastoral contagieux, où la même sérénité, la même modération équilibre le paysage ». In Espaces romanesques du XVIIIe siècle, 1670-1820 : de Madame de Villedieu à Nodier. Paris : PUF, 1997, p. 179. Retour au texte

27 Rousseau, Jean-Jacques. Les Rêveries du promeneur solitaire. GF. Op.cit., « Septième Promenade », p.139. Retour au texte

28 « Il me semble que sous les ombrages d’une forêt je suis oublié, libre et paisible comme si je n’avais plus d’ennemis ou que le feuillage des bois dût me garantir de leurs atteintes, comme il les éloigne de mon souvenir ». Ibid., « Septième Promenade », p. 144. Les lieux métamorphosent la perception du réel au point que Rousseau s’imagine devenir intouchable, invincible, grâce à la forêt. Retour au texte

29 Ibid., « Seconde Promenade », p. 66. Retour au texte

30 Barguillet, Françoise. Rousseau ou L’Illusion passionnée. Paris : Presses Universitaires de France, mars 1990, p. 17 & 18. Retour au texte

31 Ibid., p.137. Retour au texte

32 Ibidem. Retour au texte

33 Morin, Edgar. Mes Philosophes. Paris : Germina, 2011, p. 63. Retour au texte

34 La nature contemplée est également annonciatrice des vastes espaces naturels chers aux écrivains romantiques comme François-René de Chateaubriand. « Le sentiment de vivre une existence solitaire et détachée en relation avec la terre, l’air, l’eau et le feu, et le Mystère qui réside derrière leur présence, devient chez Rousseau avec […] l’incomparable astuce […] [par] laquelle il associe la vie amoureuse et intellectuelle à la vie de contemplation sensuelle, quelque chose de romantique, à horizon vague, évasif, plein de ces sentiments magiques et inaboutis qui flottent à la frontière aérienne qui sépare le sentiment de l’esprit ». In Cowper Powys, John. Une Philosophie de la solitude (1933). Paris : La Différence, Traduction de Michel Waldberg, 1984, p. 25. Retour au texte

35 Starobinski, Jean. Jean-Jacques Rousseau, La Transparence et l’obstacle. Paris : Gallimard, 1971, p. 416. Retour au texte

36 Cowper Powys, John. Une Philosophie de la solitude (1933). Op. cit., p. 24. Retour au texte

37 Le motif de l’espace insulaire parcourt l’œuvre de Rousseau. « Nulle île de littérature ne peut échapper à la vision à la fois particularisante et globalisatrice propre à chacun surtout s’il est un artiste. Il n’y a pas d’île, du point de vue de sa représentation, sans pensée d’île ». « Ce n’est pas un simple hasard si la source imaginaire en même temps que métaphorique de La Nouvelle Héloïse s’enracine dans les deux îles de Tinian et Juan Fernandez […] [puisque] leur nombre pair […] rend aussi compte du rêve d’union des deux amants dans l’Élysée ». « L’île constitue en cela l’axe mobile et tournant du monde immuable. Nul n’ira plus loin dans ce sens que Rousseau ». In Fougère, Éric. Les Voyages et l’ancrage. Représentation de l’espace insulaire à l’Âge classique et aux Lumières (1615-1797). Paris : L’Harmattan, 1996, p. 75 et 76. Retour au texte

38 Eigeldinger, Marc. Jean-Jacques Rousseau et la réalité de l’imaginaire. Neuchâtel : La Baconnière, 1962, p. 154. Retour au texte

39 Ibid., p. 152. Retour au texte

40 Rousseau, Jean-Jacques. Les Rêveries du promeneur solitaire. GF. Op. cit., « Cinquième Promenade», p. 110. Retour au texte

41 Ibid., p.113. Retour au texte

42 Bachelard, Gaston. L’Eau et les Rêves. Paris : Le livre de poche, 2007, p. 133. Retour au texte

43 Ibid., p. 132. Retour au texte

44 Ibid., p. 151. Retour au texte

45 Rousseau, Jean-Jacques. Les Rêveries du promeneur solitaire. GF. Op. cit., « Cinquième Promenade». p.113. Retour au texte

46 Poulet, Georges. Op., cit., p. 217. Retour au texte

47 Eigeldinger, Marc. Jean-Jacques Rousseau et la réalité de l’imaginaire. Op. cit., p. 156. Retour au texte

48 Rousseau, Jean-Jacques. Deuxième Dialogue in Œuvres complètes, I. Paris : La Pléiade Gallimard, 1961, Op. cit., p. 816. Retour au texte

49 Rousseau, Jean-Jacques. Les Confessions. Op. cit., p. 642. Retour au texte

50 Rappelons que dans ses Confessions, Rousseau narre son irrésistible attrait pour l’île de Saint-Pierre, endroit propice à un ‘suprême bonheur’ et découvert en 1764 lors d’une promenade faite avec Du Peyrou : « L’été précédent, […] nous avions visité cette île et j’en avais été tellement enchanté que je n’avais cessé depuis ce temps-là de songer aux moyens d’en faire ma demeure ». Ibid., p. 636. Retour au texte

51 Mitterand, Henri. Le Discours du roman. Paris : PUF, 1980, p. 194. Retour au texte

52 Rousseau, Jean-Jacques. Les Confessions. Op. cit., p.146. Retour au texte

53 Rousseau, Jean-Jacques. Notes et variantes sur Les Rêveries du promeneur solitaire in Œuvres complètes, I. Op. cit., p.1814. Retour au texte

54 Rousseau, Jean-Jacques. Les Confessions. Op. cit., p.114. Retour au texte

55 Rousseau, Jean-Jacques. Les Rêveries du promeneur solitaire. GF. Op. cit., « Cinquième promenade », p.113. Retour au texte

56 Ibidem. Retour au texte

57 Eigeldinger, Marc. Jean-Jacques Rousseau et la réalité de l’imaginaire. Op.cit., p. 163. Retour au texte

58 Grenier, Jean. « Introduction ». In Rousseau, Jean-Jacques. Les Rêveries du promeneur solitaire. Texte intégral présenté par Jean Grenier. Paris : Le Livre de Poche Classique, 1971, p. 24. Retour au texte

59 Tripet, Arnaud. « Rousseau et l’esthétique du paysage » in Annales de la société Jean-Jacques Rousseau, tome quarantième. Genève : Droz, 1992, p. 77. Retour au texte

60 Ibidem. Retour au texte

61 Ibid., p. 78. Retour au texte

62 Rousseau, Jean-Jacques. Les Rêveries du promeneur solitaire. GF. Op. cit., « Cinquième promenade », p.113. Retour au texte

63 Ibid., p.144 & 145. Retour au texte

64 Sur cette question du pèlerinage – pèlerinage prenant lui-même appui sur la peregrinatio mystique médiévale – lire le chapitre « Les pèlerinages de Rousseau » dans l’ouvrage de Frédéric S. Eigeldinger, Études et documents sur les ‘minora’ de Jean-Jacques Rousseau. Paris : Champion, 2009, p. 47 à 60. « Comme le pèlerin de Compostelle, il est arrivé là [Île de Saint-Pierre], à travers ses difficultés, à l’accomplissement de ses vœux et à la sérénité devant la mort, loin du monde et de sa horde d’envieux ». Ibid., p. 59. Consulter également Seillière, Ernest. « Les Origines lointaines du mysticisme de Rousseau : Sainte Catherine de Gênes », in Les Écrits nouveaux, numéro 9. Paris : juillet-août 1918, p. 171- 181. Retour au texte

65 Chez Rousseau, la quête de l’ailleurs trouve en partie sa source dans les nombreuses lectures qu’il consacre aux récits de voyage : « Rousseau doit […] aux voyageurs plus qu’il ne veut le reconnaître et plus qu’il ne le croit lui-même ». Gilbert Chinard évoque également Rousseau tel le « continuateur des missionnaires jésuites ». In Chinard, Gilbert. L’Amérique et le rêve exotique dans la littérature du XVIIe siècle au XVIIIe siècle. Paris : Hachette, 1913, p. 365 & p. 341 à 365. De même, « Georges Pire nous apprend que Rousseau a consacré beaucoup de temps à la lecture des récits de voyage et a puisé ses renseignements en particulier dans l’Histoire générale des voyages – collection dirigée par l’abbé Prévost – et l’Histoire générale des Antilles du père du Tertre ». In Vinh-De, Nguyen. Le Problème de l’homme chez Jean-Jacques Rousseau. Paris : PUQ, 1991, p. 33. Pire, Georges. « Jean-Jacques Rousseau et les relations de voyage ». In Revue d’histoire littéraire de la France. Paris : PUF, 1956, Tome LVI, p. 356 à 375. Signalons que Jean Morel a analysé les influences des récits de voyage sur les écrits de Rousseau. In Morel, Jean. « Les sources du Discours de l’inégalité », Annales Jean-Jacques Rousseau, numéro cinq. Paris : Champion, 1909, p. 119 à 198. Retour au texte

66 Eigeldinger, Marc. Jean-Jacques Rousseau et la réalité de l’imaginaire. Op. cit., p. 170. Retour au texte

67 Les trois voies du mysticisme chrétien médiéval proposent un cheminement qui passe par la purification, l’illumination et la perfection, étapes présentes dans le parcours biographique de Rousseau et qui s’inscrivent également dans sa pratique des topoï des récits de voyage. L’âme se sent alors noyée par l’immensité du créateur et jouit sans comprendre ce qui lui arrive. D’après Foligno, Angèle (de). Le livre de l’expérience des vrais fidèles. Paris : 1927, édition et traduction N. J. Ferré, p. 273. Lire également l’article de Deblaere, Albert. « La littérature mystique au Moyen-âge ». In Dictionnaire de la spiritualité, Fascicules LXX, LXXI. Paris : Beauchesne, 1980. Retour au texte

68 Eigeldinger, Marc. Jean-Jacques Rousseau et la réalité de l’imaginaire. Op. cit., p. 178. Retour au texte

69 Raymond, Marcel. La Quête de soi et la Rêverie. Paris : Vrin, 1970, p. 135. Retour au texte

70 Ibidem. Retour au texte

71 Varenne, Jean-Michel. Les Mystiques chrétiennes d’Occident. Paris : M. A. éditions, 1986, p. 35. Retour au texte

72 Rousseau, Jean-Jacques. Les Confessions. Op. cit., p. 162. Retour au texte

73 Montandon, Alain. Sociopoétique de la promenade. Clermont-Ferrand : PUBP, 2000, p. 120. Retour au texte

74 Ibid., p.121. Retour au texte

75 Ibid., p. 92. Retour au texte

76 Les extases de Rousseau aboutissent « à une prière. Cette prière est quasi muette. Elle semble devoir quelque chose à celle que composait Fénelon pour son Traité de l’existence de Dieu ». In Raymond, Marcel. La Quête de soi et la Rêverie. Op. cit., p. 135. Retour au texte

77 Rousseau, Jean-Jacques. Fragments autobiographiques, Art de jouir et autres fragments. in Œuvres complètes, I. Op. cit., p. 1174. Retour au texte

78 Rousseau, Jean-Jacques. Les Rêveries du promeneur solitaire. GF. Op. cit., p. 61. Retour au texte

79 Ibid., p.61. Retour au texte

80 Ibidem. Retour au texte

81 Ibidem. Retour au texte

82 Ibid., p. 132. Retour au texte

83 Montandon, Alain. Sociopoétique de la promenade. Op. cit., p. 99. Retour au texte

84 Ibid., p. 101. Retour au texte

85 Ibid., p. 122. Retour au texte

86 Ibidem. Retour au texte

87 Victor Hugo a quelque peu modifié l’expression des Anciens, devenue ‘sermo pedestris’ dans son poème « À un écrivain ». « Le vers s’envole au ciel tout naturellement […] La prose c’est toujours le sermo pedestris ». In Des Quatre vents de l’esprit (1881). Londres : BiblioLife, 2008, p. 61 et 62. Retour au texte

88 Oliveira, Karina (de). « De Rousseau à René : les bases du promeneur romantique ». In Lettres Françaises, n. 13 (2). Araraquara : Universidade Estadual Paulisata Julio de Mesquita Filho, 2012, p.153. Retour au texte

89 Ibid., p. 156. Retour au texte

90 Walser, Robert. La Promenade (1917), traduction de Bernard Lortholay. Paris : Gallimard, 1994, p. 46. Comme pour Rousseau, la promenade de Walser appelle la rêverie : « L’Âme du Monde s’était ouverte, et toute méchanceté, toute douleur et toute souffrance étaient en train de disparaître : voilà ce que je rêvais ». Ibid., p.85. Retour au texte

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Référence électronique

Josiane Guitard-Morel, « Comment les espaces parcourus créent-ils une généricité de la promenade dans l’œuvre Les Rêveries du promeneur solitaire de Jean-Jacques Rousseau ? », Sciences humaines combinées [En ligne], 13 | 2014, publié le 01 mars 2014 et consulté le 11 octobre 2024. DOI : 10.58335/shc.355. URL : http://preo.u-bourgogne.fr/shc/index.php?id=355

Auteur

Josiane Guitard-Morel

Docteure en Lettres Modernes, CPTC - EA 4178- UB

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