Banni depuis 1921 de la Football Association1 et temporairement en France sous Vichy, le football féminin renaît dans les années 1960, avant d’emprunter au xxie siècle le chemin d’une mondialisation comme celle qu’a connue le football masculin. La littérature scientifique ne suit pas au même rythme : sur 117 articles recensés2, 13 abordent l’économie ou le management du football féminin. La synthèse d’Arrondel et Duhautois3 n’en spécifie pas le modèle économique, esquissé ici pour la Division 1 Féminine (D1F). L’analyse du modèle économique d’une ligue sportive met en relation ses performances sportives avec ses résultats financiers. Les premières s’évaluent d’après sa promotion (ou qualification) en ligue supérieure – en Ligue des champions féminine (LCF) pour les équipes de la D1F. Un second critère est l’équilibre compétitif. Les résultats économiques concernent l’affluence dans les stades, l’audience à la TV, les revenus, les coûts et le résultat d’exploitation de la ligue et de ses clubs, analysés pour la Ligue 1 masculine4. Puis, on étudie les sources de financement de la ligue5 pour déceler si elle est en équilibre financier ou en déficit et, dans la deuxième hypothèse, si l’on est en présence d’une « contrainte budgétaire lâche » reflétant une faible gouvernance des clubs6. La même méthodologie est adoptée pour la D1F.
La Ligue des champions, révélateur des performances et des disparités de la D1F
Le championnat de France féminin a été lancé en 1974-1975 : 16 équipes jouaient dans quatre groupes régionaux. Les deux formations les mieux classées participaient aux play-offs en trois tours de matches aller et retour dont les deux vainqueurs prenaient part à la finale (match unique). FC Bergerac, Caluire Saint-Clair SC, ARC Cavaillon, FC Metz, Arago Sport Orléanais, Stade de Reims, FC Rouen et FC Vendenheim jouèrent ces play-offs ; le Stade de Reims remporta la finale contre l’AS Orléans. Le format fut modifié dès 1976-1977 avec 20 équipes en quatre groupes de cinq et qualification des deux mieux classées pour les play-offs. Le nombre d’équipes fut porté à 48 en 1979-1980, réparties en six groupes de huit ; les six premières se qualifiaient pour un championnat en trois matches dont les deux premières jouaient une finale en un seul match. En 1986-1987, 18 équipes furent reléguées pour réduire la taille du championnat à 30 clubs, en trois groupes de dix ; les deux premiers de chaque groupe et les deux meilleurs troisièmes se qualifiaient pour les quarts de finale. En 1992-1993, 18 équipes furent encore reléguées stabilisant le National 1A à 12 équipes ; son nom changea pour Division 1 Féminine en 2002-2003.
Le champion et l’équipe classée deuxième de la D1F se qualifient alors en LCF. Le nombre d’équipes reléguées en Division 2 Féminine (D2F) a évolué, ainsi que le nombre de promues de D2F en D1F. En 1974-1975, cinq équipes reléguées et sept promues. À partir de 1976-1977, avec un championnat à 20, six reléguées et six promues. De 1979-1980 à 1985-1986, neuf reléguées et neuf promues (sur 48). De 1987-1988 à 1990-1991, six reléguées et six promues (sur 30). À partir de 1992-1993, trois équipes sur 12 sont reléguées et trois sont promues.
La LCF de l’UEFA accueille 60 équipes qualifiées en 2018-2019. Ces équipes retirent un avantage économique d’une compétition qui attire 200 000 spectateurs et une moyenne de 1 600 spectateurs par match. De plus, la LCF a ses propres sponsors depuis le cycle 2018-2021 ; auparavant elle partageait ceux de la Ligue des champions masculine. Jouer en LCF améliore l’exposition médiatique de l’équipe, tant sur son marché intérieur que sur le marché européen, notamment par streaming sur la chaîne YouTube UEFA.
Une qualification en LCF rapporte des revenus additionnels (20 000 € par équipe participante), même si des équipes se plaignent que ce montant ne couvre pas leurs frais de déplacement quand elles jouent à longue distance et se déplacent en avion. Selon son parcours en LCF, l’équipe victorieuse remporte 250 000 €, la finaliste 200 000 €, les formations éliminées en demi-finale 50 000 €, les clubs quarts-de-finalistes défaits 25 000 €. Ainsi, l’Olympique Lyonnais (OL) et le Paris Saint-Germain (PSG) ont des budgets très supérieurs à ceux des autres équipes de D1F pour diverses raisons, la principale étant leur qualification fréquente en LCF.
Tableau 1 : La Ligue des champions Féminine UEFA, 2002-2021.
Équipes | Vainqueur | Finaliste | Par pays | Vainqueur | Finaliste |
Lyon (France) | 7 | 2 | Allemagne | 9 | 7 |
Francfort (Allemagne) | 4 | 2 | France | 7 | 4 |
Umea (Suède) | 2 | 3 | Suède | 2 | 5 |
Turbine Potsdam (Allemagne) | 2 | 2 | Angleterre | 1 | 1 |
Wolfsburg (Allemagne) | 2 | 3 | Espagne | 1 | 1 |
Barcelone (Espagne) | 1 | 1 | Danemark | 0 | 1 |
Arsenal (Angleterre) | 1 | 0 | Russie | 0 | 1 |
Duisburg (Germany) | 1 | 0 | |||
Paris Saint Germain (France) | 0 | 2 | |||
Fortuna Hjorring (Danemark) | 0 | 1 | |||
Djurgarden Älvsjö (Suède) | 0 | 1 | |||
Zvezda Perm (Russie) | 0 | 1 | |||
Tyresö (Suède) | 0 | 1 | |||
Chelsea (Angleterre) | 0 | 1 |
Source : UEFA.
Les équipes françaises, en fait deux clubs, le PSG et l’OL, sont les plus performantes en LCF, avec les équipes allemandes (tableau 1). L’OL surclasse ses concurrents en gagnant sept fois le trophée, soit un tiers des finales jouées depuis que la LCF existe. De plus, le PSG et l’OL ont perdu deux finales chacune. De même, la D1F paraît très déséquilibrée puisque l’OL a remporté 17 championnats sur 45 de 1974 à 2019, dont 13 fois d’affilée de 2007 à 2019. Depuis le championnat 2012-2013, trois équipes – l’OL, le PSG et Montpellier – trustent les premières places du classement, parfois accompagnées de Juvisy. Avant d’analyser l’équilibre compétitif, précisons l’évolution du format du championnat.
La D1F, une ligue très déséquilibrée selon l’indice de Noll-Scully
Le format actuel fut établi en 2016-2017 avec deux équipes reléguées et deux promues. La D1F adopta la règle d’attribution de 3 points pour une victoire, 1 point par match nul et zéro pour une défaite7, comme dans le football masculin. Un tel changement de règle perturbe le calcul de l’équilibre compétitif. Pour cette raison, nous avons utilisé une métrique différente avec victoire = 1, défaite = 0 – comme dans les sports nord-américains – et match nul = 1/2 est utilisée pour calculer l’indice de Noll-Scully. Cet indice fournit une estimation statique de l’équilibre compétitif d’une saison de championnat. Il compare la répartition des pourcentages de victoires des équipes observés dans la réalité à une répartition théorique qui correspondrait à un équilibre compétitif parfait. Ce dernier serait une situation où toutes les équipes ne font que des matches nuls pendant tout le championnat, ou bien toutes gagnent (et perdent) exactement le même nombre de matches, i.e. toutes ont un pourcentage de victoires de 50 %. Dans une ligue de n équipes où wi désigne le pourcentage de victoires de l’équipe i, l’écart type observé des pourcentages de victoires s’écrit :
On le compare à l’écart type des pourcentages de victoires d’une ligue idéalisée où toutes les équipes j sont de force égale et dont la probabilité ex ante de gagner n’importe quel match est de 0,5. Si la distribution statistique de cette ligue est une loi binomiale, alors l’écart type des pourcentages de victoires est :
où G est le nombre de matches joués par les équipes dans cette ligue8. L’indice de Noll-Scully (NS) est le ratio de (1) à (2). Plus NS est proche de 1, plus le championnat est équilibré pour la saison observée ; plus NS est éloigné de 1, plus la ligue est déséquilibrée.
Le tableau 2 montre, sur 19 saisons, un fort déséquilibre compétitif de la D1F, puisque NS > 2, sauf en 2007-2008. La D1F est plus déséquilibrée que n’importe lequel des championnats du Big Five du football masculin européen, dont l’indice NS se situe entre les valeurs extrêmes de 1,32 et 1,90 (Andreff 2014 ; 2018).
Tableau 2 : L’équilibre compétitif de la D1F, statique et à long terme, pour les saisons 2000-2001 à 2018-2019.
Saison |
Indice Noll-Scully |
|
Corrélation de rang |
|
|
|
Spearman intersaison |
2000-2001 |
2,256 |
2000-2001 & 2001-2002 |
0,304 |
2001-2002 |
2,193 |
2001-2002 & 2002-2003 |
0,858 |
2002-2003 |
2,398 |
2002-2003 & 2003-2004 |
0,925 |
2003-2004 |
2,152 |
2003-2004 & 2004-2005 |
0,708 |
2004-2005 |
2,327 |
2004-2005 & 2005-2006 |
0,812 |
2005-2006 |
2,153 |
2005-2006 & 2006-2007 |
0,739 |
2006-2007 |
2,217 |
2006-2007 & 2007-2008 |
0,424 |
2007-2008 |
1,871 |
2007-2008 & 2008-2009 |
0,133 |
2008-2009 |
2,183 |
2008-2009 & 2009-2010 |
0,583 |
2009-2010 |
2,261 |
2009-2010 & 2010-2011 |
0,668 |
2010-2011 |
2,339 |
2010-2011 & 2011-2012 |
0,750 |
2011-2012 |
2,494 |
2011-2012 & 2012-2013 |
0,725 |
2012-2013 |
2,518 |
2012-2013 & 2013-2014 |
0,575 |
2013-2014 |
2,505 |
2013-2014 & 2014-2015 |
0,798 |
2014-2015 |
2,594 |
2014-2015 & 2015-2016 |
0,774 |
2015-2016 |
2,474 |
2015-2016 & 2016-2017 |
0,658 |
2016-2017 |
2,173 |
2016-2017 & 2017-2018 |
0,167 |
2017-2018 |
2,197 |
2017-2018 & 2018-2019 |
0,667 |
2018-2019 |
2,021 |
|
|
L’équilibre compétitif intersaison (à long terme) se mesure par un coefficient de corrélation de rang de Spearman entre le classement final du championnat en année t et le classement final de ce championnat l’année précédente :
où di est la différence de classement du club i entre la saison t et la saison t-1, et n est le nombre d’équipes de la ligue.
Plus cet indice est proche de zéro, moins deux saisons de championnat consécutives ont des classements corrélés, et plus la compétition est équilibrée. Un coefficient rs = 1 signifierait qu’un classement identique est observé au cours de deux saisons successives, i.e. la compétition est absolument déséquilibrée. Alors on peut prévoir le classement en t dès lors que l’on connaît celui de t – 1. Il n’y a aucune incertitude du résultat en dynamique. Pour la plupart des saisons de la D1F, rs est proche de 1 ; la ligue est très déséquilibrée, sauf en trois saisons. Conclusion cohérente avec les bonnes performances de l’OL en LCF, car le déséquilibre d’une ligue nationale est une condition favorable pour que ses clubs réussissent au niveau européen9.
Professionnalisation et métropolisation de la D1F
Avec un championnat à 12 équipes depuis 2000-2001, 44 clubs ont participé à la D1F. Dans les faits, il s’agit de deux types de clubs bien différents. D’une part, des sections féminines de clubs de football amateur masculin ou des clubs féminins indépendants : presque tous les clubs au début des années 2000. D’autre part, quelques sections féminines de clubs masculins de football professionnel (SFCMFP), tels l’OL, le PSG ou Montpellier HC qui, peu à peu, vont dominer la D1F. En 2000-2001, les 12 clubs jouant en D1F sont amateurs (tableau 3). Puis le nombre des clubs amateurs chute à 8 ou 9 par saison jusqu’en 2006-2007. La tendance au déclin de la participation amateur s’accentue dans les années 2010 pour finir avec trois clubs fidèles à ce statut : Fleury91, Juvisy10 et Soyaux-Charente.
Tableau 3 : Équipes jouant en D1F, 2000-2001 à 2018-2019.
Saison | 2000-2001 | 2001-2002 | 2002-2003 | 2003-2004 | 2004-2005 | 2005-2006 | 2006-2007 | 2007-2008 | 2008-2009 | 2009-2010 |
Statut | ||||||||||
Amateur | 12 | 8 | 9 | 9 | 8 | 8 | 8 | 7 | 7 | 7 |
SFCMFP | 0 | 4 | 3 | 3 | 4 | 4 | 4 | 5 | 5 | 5 |
Marché* | 201,426 | 316,838 | 306,709 | 305,154 | 296,092 | 301,918 | 305,207 | 320,065 | 313,128 | 319,412 |
Coef. variation sans les SFCMFP : | 1,41 | 1,91 | 1,99 | 2,00 | 2,07 | 2,02 | 2,00 | 1,89 | 1,94 | 1,89 |
Marché* | 201,426 | 104,408 | 83,480 | 81,405 | 14,423 | 19,916 | 24,850 | 29,310 | 17,418 | 28,191 |
Coef. variation | 1,41 | 1,71 | 2,04 | 2,10 | 1,01 | 0,96 | 0,79 | 0,67 | 0,79 | 0,59 |
Saison | 2010-2011 | 2011-2012 | 2012-2013 | 2013-2014 | 2014-2015 | 2015-2016 | 2016-2017 | 2017-2018 | 2018-2019 | |
Statut | ||||||||||
Amateur | 6 | 7 | 6 | 7 | 6 | 7 | 4 | 4 | 3 | |
SFCMFP | 6 | 5 | 6 | 5 | 6 | 5 | 8 | 8 | 9 | |
Marché* | 329,835 | 272,424 | 317,816 | 275,332 | 289,636 | 288,517 | 373,754 | 370,428 | 317,264 | |
Coef. variation sans les SFCMFP : | 1,82 | 2,24 | 1,90 | 2,21 | 2,08 | 2,09 | 1,64 | 1,66 | 1,88 | |
Marché* | 29,833 | 17,290 | 28587 | 22,276 | 35,241 | 44,878 | 24,936 | 23,612 | 15,043 | |
coef. variation | 0,54 | 0,48 | 0,84 | 0,46 | 0,65 | 1,18 | 0,69 | 0,77 | 0,51 |
* Taille du marché approximée par la population de la ville en 2019.
Source : FFF.
La « professionnalisation » de la D1F accompagne une relocalisation géographique des clubs vers des marchés plus vastes. En 2000-2001, quand l’OL féminine, Toulouse OAC et Montpellier Le Crès ne sont pas encore intégrés aux clubs professionnels masculins (Olympique Lyonnais, Toulouse FC et Montpellier HSC), la D1F rassemble principalement des clubs amateurs de petites villes, en dessous de 65 000 habitants (Juvisy, La Roche-sur-Yon, Sainte-Memmie, Soyaux, Schiltingheim, Saint-Brieuc, Cormelles-le-Royal, Quimper). La moyenne des tailles de marché est 201 426 habitants avec une forte dispersion autour de la moyenne (coefficient de variation11 égal à 1,41). À partir de 2001-2002, la taille moyenne des marchés croît jusqu’au pic de 373 754 habitants en 2016-2017, à travers des fluctuations dues aux promotions et relégations. Cette croissance a été soutenue par l’entrée d’un nombre croissant de SFCMFP en D1F tels PSG, AS Saint-Etienne, Girondins de Bordeaux, Olympique de Marseille, FC Metz, Lille OSC, EA Guingamp et Dijon FCO, toutes localisées dans des villes de plus de 110 000 habitants12. La dispersion des tailles de marché augmente jusqu’en 2015-2016 puis, une fois dominée par les SFCMFP, cette dispersion baisse légèrement.
La taille moyenne des marchés est trois fois plus grande que celle des équipes amateures en 2001-2002, puis la disparité augmente jusqu’à un rapport de 21 à 1 (317 264/15 043) en 2018-2019. La ligue présente une dualité de ses marchés, avec un segment pour les SFCMFP et un autre pour les clubs amateurs. Ceux-ci ont peu de chance de survivre longtemps en D1F. Le système de promotion-relégation finira par les envoyer en D2F, unifiant la D1F en un marché des SFCMFP seulement.
Cette évolution de la D1F a fait croître l’affluence des spectateurs13 avec une disparité entre les clubs amateurs et les SFCMFP. En 2018-2019, l’affluence moyenne aux matches de l’OL était 6,7 fois plus grande qu’à Soyaux, 7,4 fois plus à Rodez et 10 fois plus qu’à Fleury (tableau 4). Aucun club amateur n’apparaît parmi les 10 meilleures affluences de la ligue.
Tableau 4 : Affluence aux matches de D1F, 2018-2019.
2018-2019 | ||||||
Affluence | Total | Moyenne | 10 meilleures | |||
Championnat | 121,458 | 920 | Match | Stade | Day | Spectateurs |
Lyon | 35,732 | 3,215 | Lyon-Paris SG | Groupama | 16 novembre 2019 | 30,661 |
Paris SG | 19,043 | 1,731 | Lyon-Paris SG | Groupama | 13 avril 2019 | 25,907 |
Dijon | 13,431 | 1,221 | Guingamp-Lyon | Roudourou | 8 octobre 2011 | 12,263 |
Bordeaux | 10,130 | 920 | Lyon-Paris SG | Gerland | 1er novembre 2014 | 10,122 |
Paris FC | 8,848 | 804 | Paris SG-Lyon | Jean Bouin | 18 novembre 2018 | 8,704 |
Lille OSC | 7,775 | 706 | Guingamp-Marseille | Roudourou | 6 novembre 2016 | 7,945 |
Soyaux | 5,302 | 482 | Lyon-Paris SG | Groupama | 13 mai 2017 | 7,912 |
Metz | 4,914 | 446 | Guingamp-Lyon | Roudourou | 23 février 2013 | 7,850 |
Guingamp | 4,904 | 445 | Lyon-Paris SG | Gerland | 18 janvier 2014 | 7,512 |
Rodez | 4,796 | 436 | Lyon-Montpellier | Gerland | 17 mai 2014 | 7,411 |
Montpellier | 3,486 | 316 | ||||
Fleury | 3,459 | 314 |
La D1F ou un modèle économique dual fortement inégalitaire
Peu de données sont disponibles14 pour analyser ce modèle. Elles ne sont complètes que pour cinq saisons et manquent pour deux clubs en 2012-2013 et 2014-2015. Elles montrent en tout cas que les revenus de la D1F ont plus que doublé, passant de 9,3 millions € en 2012-2013 à 22,5 millions € en 2018-2019. Ceci est dû surtout à l’OL et au PSG dont la part dans le total est passée de 67 % en 2013-2014 à 74 % en 2018-2019. Les différences entre les tailles de marché et les affluences provoquent de fortes disparités de revenu. En 2012-2013, le club à plus fort revenu (5,8 millions €) avait un budget 48 fois plus élevé que celui du club à plus faible revenu (122 000 €) ; en 2018-2019 le budget de l’OL était 72 fois plus grand que le 12e revenu de la ligue.
Tableau 5 : Le modèle financier de la D1F : sources de financement en %.
Total D1F |
2012-2013 | 2013-2014 | 2014-2015 | 2015-2016 | 2016-2017 | 2017-2018 | 2018-2019 |
Spectateurs (recettes guichet) | 1,2 | 1,9 | 1,1 | 5,2 | 2,9 | 6,9 | 4,3 |
Sponsors * | 15,1 | 32,5 | 24,2 | 29,3 | 29,3 | 26,6 | 25,4 |
Subventions | 20,0 | 17,6 | 17,1 | 16,8 | 12,4 | 11,5 | 11,9 |
Revenus commerciaux ** | 53,8 | 40,4 | 48,7 | 40,0 | 48,8 | 51,3 | 53,1 |
Indemnités de transfert | 0 | 0 | 0,1 | 0,4 | 0 | 0,1 | 0,2 |
Autres *** | 9,9 | 7,6 | 8,8 | 8,3 | 6,6 | 3,6 | 5,1 |
Total en % | 100 | 100 | 100 | 100 | 100 | 100 | 100 |
Total en milliers € | 9,257 | 10,541 | 10,605 | 14,242 | 12,133 | 18,864 | 22,514 |
Lyon + Paris SG |
2012-2013 | 2013-2014 | 2014-2015 | 2015-2016 | 2016-2017 | 2017-2018 | 2018-2019 |
Spectateurs (recettes guichet) | 0,9 | 1,6 | 0,5 | 6,7 | 2,5 | 8,6 | 5,1 |
Sponsors * | 16,1 | 40,4 | 27,5 | 32,5 | 27,3 | 23,2 | 22,5 |
Subventions | 1,8 | 2,3 | 1,6 | 2,5 | 0,1 | 3,7 | 2,8 |
Revenus commerciaux ** | 76,9 | 51,3 | 66,3 | 54,4 | 70,0 | 64,5 | 66,3 |
Indemnités de transferts | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 |
Autres *** | 4,3 | 4,4 | 4,1 | 3,9 | 0,1 | 0 | 3,3 |
Les 10 autres équipes |
2012-2013 | 2013-2014 | 2014-2015 | 2015-2016 | 2016-2017 | 2017-2018 | 2018-2019 |
Spectateurs (recettes guichet) | 2,0 | 2,7 | 2,5 | 2,3 | 3,6 | 2,2 | 2,1 |
Sponsors * | 13,1 | 15,4 | 18,3 | 23,1 | 32,7 | 36,2 | 33,8 |
Subventions | 51,2 | 50,5 | 49,1 | 46,4 | 34,8 | 33,6 | 37,4 |
Revenus commerciaux ** | 14,4 | 16,9 | 14,6 | 11,0 | 10,5 | 13,9 | 15,7 |
Indemnités de transfert | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0,2 | 0,6 |
Autres *** | 19,3 | 14,5 | 15,5 | 17,2 | 18,4 | 13,9 | 10,4 |
* Mécénat inclus. ** Revenus des droits TV, autres recettes commerciales, y compris adhésions. *** Transferts de comptes.
Source : Calculé d’après la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG) Fédération française de football (FFF).
Parmi les sources de financement, le tableau 5 montre une prépondérance des revenus commerciaux (droits de retransmission TV, merchandising, adhésions), suivis de l’apport des sponsors et des subventions publiques. La part des recettes au guichet est inférieure à 5 % du total (sauf en 2017-2018 avec 6,9 %) et les revenus retirés des transferts de joueuses sont minimes.
Cette première impression mélange en fait deux modèles de financement. L’un est typique des plus grandes SFCMFP, OL et PSG, un autre est représentatif des autres équipes de la D1F. Dans le premier, les revenus commerciaux, surtout les droits TV et le merchandising, rapportent entre la moitié (51 %) et les trois-quarts (77 %) du financement total, puis vient le sponsoring entre 16 % et 40 %. La part des subventions ne dépasse jamais 3,7 % et celle des spectateurs (billetterie) 8,6 % du budget total. Cette structure de financement ressemble à celle des clubs de la Ligue 1 masculine. Les 10 autres équipes de D1F ont un modèle de financement différent. Les seules similarités avec les deux grandes SFCMFP sont la faible part des recettes au guichet dans le revenu total et des indemnités de transfert insignifiantes. Pour le reste, le contraste est marquant avec une part plus élevée (que dans les deux grandes SFCMFP) des subventions, bien que décroissante de 51 % en 2012-2013 à 33 % en 2017-2018 (et un rebond à 37 % en 2018-2019), une part significative du sponsoring croissant de 13 % à 36 % en 2017-2018, tandis que les revenus commerciaux, dont les droits TV, sont plus limités (de 10 à 17 %).
Comparées aux modèles de financement des sports d’équipe professionnels masculins15, en particulier au football européen16, la plupart des équipes de D1F sont typiques du modèle SSSL (Spectateurs-Subventions-Sponsors-Local), avec la particularité d’avoir très peu de revenus fournis par leurs supporters. De leur côté, les deux grandes SFCMFP appartenant à deux clubs professionnels du football masculin s’alignent sur le modèle MMMMG (Media-Magnats-Merchandising-Marchés-Global) quoiqu’avec deux spécificités : le terme « Magnats » renvoie ici soit à un homme d’affaires – tycoon – et un fonds d’investissement (OL), soit à un financeur à fonds perdu, le sugar daddy qu’est le Qatar Investment Fund (PSG). Ni l’un ni l’autre n’a fortement recours au financement par les marchés, notamment par la vente de joueuses quand c’est nécessaire.
Des financements et revenus encore limités
La faible part des revenus provenant des spectateurs est liée aux affluences limitées. Les subventions publiques ont diverses origines – municipalité, département, région ; elles sont complétées par des subventions de la FFF au titre de la redistribution solidaire des revenus entre les clubs de football, et par quelques dons privés. Les revenus du sponsoring sont devenus plus cruciaux ces dernières années, aujourd’hui identifiés comme deuxième source de financement. Chaque équipe attire des sponsors locaux – des PME locales – ou des succursales locales de firmes nationales ou multinationales. Arkema, le sponsor de la FFF en 2019-2020, a payé 1 million € par saison pour obtenir le droit de naming du championnat de D1F pour trois ans, devenant officiellement D1 Arkema. Moins cependant que le montant obtenu d’Allianz par la Frauen Bundesliga allemande (1,2 million € par saison), plus 100 000 € pour chaque équipe en tant que sponsor maillot. De son côté, la Division Primera espagnole a signé avec Iberdola pour 1,7 million € sur cinq ans, jusqu’en 2024/2025, tandis que le contrat de la English Women’s Football Association avec Barclays lui procure 9 millions £ (environ 10 millions d’euros) sur trois saisons.
Les droits TV ne sont pas la source de financement principale de la D1F qui ne se compare pas au Big Five du football masculin européen. En effet, la chaîne Canal+ a signé un contrat de 6 millions € avec la D1F pour les droits de retransmission pendant cinq saisons (1,2 million € par saison), mais cet argent n’est pas redistribué entre les équipes – comme en Ligue 1 et Ligue 2 masculines – pour l’heure. Des matches de D1F n’ont commencé à être retransmis qu’au cours de la saison 2011-2012 par les chaînes Eurosport et France 4, attirant sur cette dernière chaîne entre 300 000 et 600 000 téléspectateurs, avec une moyenne de 370 000 par match, soit 2,1 % de part d’audience, et 100 000 téléspectateurs sur Eurosport. À l’époque, les droits TV se montaient à 110 000 € pour une saison et 16 matches retransmis (12 par Eurosport et 4 par France 4). Les droits ont atteint 150 000 € pour 20 matches en 2012-2014, 200 000 € à partir de 2014-2018, puis 1,2 million € depuis 2018-2019. Dans le dernier contrat, Canal+ s’est engagé à retransmettre tous les matches de D1F ; deux matches par journée de championnat bénéficient d’une bonne exposition, le samedi à 14 heures (Foot+) et le dimanche à 14 h 45 (Canal+ Sport), en multiplex avec les autres matches de D1F.
La D1F a attiré 462 000 téléspectateurs par journée de championnat en 2018-2019 ; l’affiche OL-PSG du 13 avril 2019 fit une audience de 301 000 téléspectateurs, et 128 000 pour Montpellier-OL (16 décembre). Mais l’audience de la D1F reste modeste comparée à la LCF dont la finale 2019 (OL-FC Barcelone) a drainé 2 millions de personnes devant leurs téléviseurs. La chaîne thématique beIN Sports a signé avec l’OL pour la retransmission de ses matches de LCF à partir des 1/16e de finale, mais n’est pas intéressée par ses matches de D1F. Seules deux équipes bénéficient vraiment d’une « manne télévisuelle », l’OL et le PSG, pas les 10 autres compétiteurs.
Contrairement à leurs homologues masculines, les équipes de D1F ne participent pas beaucoup aux transferts internationaux de joueuses. Ainsi, en 2018, la FIFA a supervisé 16 533 transferts internationaux de footballeurs pour un montant de 7,03 millions $ d’indemnités tandis que 696 joueuses ont été transférées à l’international pour 564 354 $17. De plus, 97 % des transferts de joueuses de football sont réalisés sans paiement d’indemnité et 90 % des joueuses attendent la fin de leur contrat pour signer avec un autre club. Les équipes de D1F ne sont pas habituées (sauf deux d’entre elles) à faire des transactions sur le marché international du talent sportif : d’où les faibles montants d’indemnités de transfert.
Un modèle économique déficitaire
En D1F, les coûts de transport et d’organisation des matches se situent entre 14 % et 20 % des dépenses totales (tableau 6) ; les autres dépenses non-salariales varient entre 15 % et 22 %. Les impôts représentent quant à eux une part peu significative. Sans surprise, la masse salariale chargée (salaires + cotisations sociales des employeurs) forme la proportion la plus importante des dépenses. Depuis 2009, les footballeuses bénéficient du statut de « joueuse fédérale » qui signifie semi-professionnelle ou professionnelle à temps partiel. Des équipes recrutent même quelques professionnelles, processus qui débuta après la fusion de l’OL avec la section féminine du FC Lyon en 2004. Les deux grandes équipes de D1F émargent ensemble à près de 7 millions € de masse salariale, hors cotisations sociales, en 2017-2018 et 9 millions € en 2018-2019.
Tableau 6 : La structure des dépenses en D1F, 2013-2019 en % du total.
Saison | 2012-2013 | 2013-2014 | 2014-2015 | 2015-2016 | 2016-2017 | 2017-2018 | 2018-2019 |
Masse salariale chargée* | 58,1 | 67,7 | 64,5 | 60,5 | 64,3 | 61,4 | 63,2 |
Coût de transport & d’organisation** | 20,5 | 15,5 | 18,2 | 15,5 | 16,5 | 15,4 | 14,4 |
Impôts | 1,6 | 1,0 | 0,8 | 1,2 | 1,6 | 1,2 | 1,0 |
Autres dépenses | 19,8 | 15,8 | 16,5 | 22,8 | 17,6 | 22,0 | 21,4 |
Dépenses totales (en milliers €) | 10,481 | 14,653 | 15,401 | 20,682 | 20,464 | 32,376 | 33,758 |
Masse salariale/Revenus | 66 % | 94 % | 94 % | 88 % | 106 % | 96 % | 95 % |
Cotisations sociales/Masse salariale | 40 % | 43 % | 33 % | 31 % | 34 % | 41 % | 28 % |
* Salaires + cotisations sociales. ** Organisation des matches + frais de déplacement.
Source : Calculé à partir de DNCG FFF.
L’inflation salariale n’est pas assez maîtrisée pour rester une proportion « raisonnable » du revenu total. Dans les ligues du football professionnel masculin un ratio masse salariale/revenu supérieur à 60 %, mais inférieur à 70 %18 est considéré comme financièrement soutenable. En D1F, un ratio supérieur à 80 % (6 ans sur 7) présente un risque pour la stabilité financière de la ligue. Au-delà de 100 % (1 an sur 7), ce ratio signifie que les revenus des équipes sont insuffisants pour payer les salaires des joueuses, charges incluses. Une telle situation financière n’est pas tolérée dans le football masculin et déclenche des mesures restrictives à l’encontre de la gestion et des dépenses autorisées des clubs concernés depuis l’application en 2012 des règles du Fair Play Financier (FPF) de l’UEFA.
Tableau 7 : Le résultat d’exploitation en D1F, 2013-2019, en milliers d’euros.
Saison | 2012-2013 | 2013-2014 | 2014-2015 | 2015-2016 | 2016-2017 | 2017-2018 | 2018-2019 | 2018-2019/ 2012-2013 |
Revenus (A) | 9,257 | 10,541 | 10,605 | 14,242 | 12,133 | 18,864 | 22,514 | 143 % |
dont indemnités de transfert | 0 | 0 | 9 | 42 | 0 | 6 | 35 | |
Dépenses | 10,481 | 14,653 | 15,401 | 20,682 | 20,464 | 32,376 | 33,758 | 222 % |
dont indemnités de transfert | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | |
Résultat d’exploitation (B) | -1,224 | -4,113 | -4,797 | -6,439 | -8,331 | -13,512 | -11,244 | 819 % |
B/A | 13.2 % | 39.0 % | 45.2 % | 45.2 % | 68.7 % | 71.8 % | 49.9 % | |
Sans Lyon & Paris SG |
||||||||
Saison | 2012-2013* | 2013-2014 | 2014-2015 | 2015-2016 | 2016-2017 | 2017-2018 | 2018-2019 | 2017-18/ 2012-13 |
Revenus (A) | 3,428 | 3,368 | 3,504 | 4,710 | 4,114 | 4,688 | 5,906 | 72.3 % |
dont indemnités de transfert | 0 | 0 | 9 | 42 | 0 | 6 | 35 | |
Dépenses | 4,602 | 4,444 | 3,575 | 6,271 | 7,749 | 10,547 | 11,263 | 145 % |
dont indemnités de transfert | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | |
Résultat d’exploitation (B) | -1,175 | -1,077 | -72 | -1,561 | -3,635 | -5,858 | -5,357 | 356 % |
B/A | 34.3 % | 32.0 % | 2,1 % | 33.1 % | 88.4 % | 125.0 % | 90.7 % |
* Sans chiffres pour Paris SG = Lyon seulement.
Source : DNCG FFF.
En 2012-2013, 8 équipes étaient en déficit, 6 en 2013-2014, 7 en 2014-2015, 9 en 2015-2016 et 2016-2017, et 8 en 2017-2018 et 2018-2019. La D1F est en déficit tous les ans (tableau 7), de 11,2 millions d’euros en 2018-2019, réparti en 5,9 millions € pour les deux grandes SFCMFP et 5,3 millions € pour les 10 autres équipes. Pourtant, les revenus de la D1F ont plus que doublé (x 2,4) en sept ans alors que ses dépenses ont plus que triplé (x 3,2), le déficit étant multiplié par 9. Le ratio du déficit au revenu de 13 % en 2012-2013 a crû à 72 % en 2017-2018 (et même 125 % quand on ne tient pas compte des deux plus grandes SFCMFP), et a baissé à 50 % en 2018-2019. Insoutenable selon les règles du FPF, mais avec une importante nuance : le déficit des sections féminines (SFCMFP) des clubs professionnels – à présent majoritaires en D1F – est probablement couvert par les revenus du football professionnel masculin de ces clubs. Cependant, on ne dispose pas de l’information qui permettrait de valider cette assertion.
Les coefficients de corrélation calculés entre le classement final des clubs de D1F et leurs masses salariales sont toujours supérieurs à 0,5 et souvent aux alentours de 0,819. Les déficits des clubs ne sont pas corrélés avec la hauteur de leurs revenus (r = 0,002), ni avec la variation annuelle de leur masse salariale (r = 0,002), ni avec le ratio de la masse salariale au revenu (r = 0,155). Le coefficient de corrélation est plus élevé entre le déficit et la hauteur de la masse salariale (r = 0,340), mais pas significative. La masse salariale est corrélée (r = 0,554) avec les revenus commerciaux ; ce qui suggère qu’une relation, vérifiée économétriquement en Ligue 1, entre inflation salariale et droits TV20 vaut aussi en D1F. La plus forte corrélation (r = 0,865) est observée entre la masse salariale et les revenus du sponsoring, « comme si » les sponsors étaient appelés à contribuer pour renflouer le budget des équipes qui souffrent le plus des conséquences de l’inflation salariale. Une simple corrélation ne suffit pas pour l’affirmer, mais ouvre une piste de recherche.
Une D1F plus fragile économiquement, mais plus compétitive sportivement que la Ligue 1
La comparaison de la D1F avec la Ligue 1 amène à constater un paradoxe économique et sportif. Les performances sportives de la D1F au niveau européen contrastent avec la Ligue 1 masculine dont aucun club n’a remporté la Ligue des champions entre 2000 et 201921 et dont un club n’est apparu que 13 fois en quart de finale (et 10 fois en Ligue Europa). Ni l’OL, ni le PSG sont considéré comme le meilleur club du football professionnel masculin en Europe. Le contraste se prolonge avec l’équilibre compétitif. L’indice Noll-Scully de la Ligue 1 fluctue entre NS = 1,06 et 1,84 depuis la saison 2000-200122 alors que sa valeur la plus basse en D1F est 1,87 (en 2007-2008). La compétition est plus équilibrée en Ligue 1, donc moins propice à dégager des vainqueurs potentiels de la Ligue des champions. Le coefficient de corrélation de rang intersaison est très élevé en Ligue 1 en 2000-2001 et, depuis 2013, l’issue du championnat est prédictible en dynamique, en ce qui concerne le vainqueur (PSG) ; mais pas pour la suite du classement. La Ligue 1 est la plus équilibrée du Big Five et plus équilibrée que la D1F.
La taille économique de la Ligue 1, mesurée par ses revenus (1 902 millions € en 2018-2019), n’a rien à voir avec la D1F qui est 90 fois plus petite. La Ligue 1 attire en moyenne 23 000 spectateurs par match soit un marché 25 fois plus grand que la D1F, procurant 11 % des revenus de la Ligue 1. Cette dernière est représentative du modèle MMMMG et utilise les transferts de joueurs comme source de financement. Fluctuant entre 64 % et 75 % depuis 2000, le ratio de la masse salariale au revenu de la Ligue 1 est souvent plus élevé que la norme « raisonnable » de 70 % ; mais sa stabilité financière est incomparablement plus forte que celle de la D1F. Cela n’empêche pas la Ligue 1 d’être en déficit23 presque tous les ans depuis 1996-1997. Il en résulte un endettement ayant atteint 1 930 millions € en 2018-2019, représentant 101 % du revenu total de la Ligue 1. Les arriérés de paiement représentent 72 % de la dette totale.
Conclusion
Au niveau européen les résultats des clubs français sont très contrastés entre hommes et femmes. Si les équipes masculines ne font pas partie des meilleures formations, l’OL féminine trône au sommet de la hiérarchie continentale. Sans doute est-ce le produit de l’évolution du championnat de Division 1 féminine depuis sa création en 1974. Si ses équipes sont désormais localisées dans des villes de plus de 110 000 habitants et ont opté pour le professionnalisme, sa compétition est dominée par deux équipes l’OL et le PSG. Il en résulte de très fortes disparités de budget et de revenus qui, malgré tout, sont marqués par leur faiblesse, le déficit et, finalement, l’endettement. Ce constat entretient le débat sur la « contrainte budgétaire lâche » des ligues de sport professionnel24 dont la D1F fournit un exemple de plus. Toutefois, ses équipes ne risquent pas de faire faillite dans la mesure où les trous financiers sont bouchés par les autres sections sportives dans les SFCMFP. En revanche, les petits clubs tels Soyaux ou Fleury qui ne bénéficient pas de la protection des revenus générés par l’équipe masculine évoluant en Ligue 1, risquent à terme de disparaître de la D1F.