Éric Savarese, Algérie, la guerre des mémoires, Courty, Non lieu, 2007.

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Décolonisation

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Spécialiste d'histoire coloniale, Eric Savarese revient ici, à partir de l'Algérie, sur la guerre des mémoires qui sévit en France, dont les débats autour de la loi du 23 février 2005 constituent un pic -sinon l'acmé-. L'hypothèse centrale du livre, appuyée sur la thématique des cadres sociaux de la mémoire (Halbwachs), tient au statut nouveau de la colonisation dans les sciences sociales : de processus historique à expliquer, celle-ci devient une variable explicative (p 18). Pour l'auteur, c'est dans cette configuration du savoir en sciences sociales qu'il faut comprendre les débats publics, la guerre des mémoires, le tout dans l'horizon d'une crise sociale et politique. La discrimination coloniale dans le cadre républicain, notamment décrite par Pascal Blanchard et Nicolas Bancel ( La République coloniale ), est autant une pièce dans ce dispositif historiographique qu'une passerelle vers le débat public via l'argument de la fracture coloniale . On peut souscrire à une part de l'interprétation tout en notant que les usages de l'histoire ne sont pas seulement le fait des historiens, du politique, mais aussi des collectifs.

Pour Eric Savarese, la question algérienne agit comme révélateur de cette ré-interrogation de l'histoire coloniale. Appuyant sa démonstration sur l'étude de la minorité pied-noir, une minorité involontaire créée par le déracinement et la raison d'Etat, il montre que la politisation des enjeux mémoriels est ancienne. Cette politisation naît de la demande de réparation , elle se complique actuellement du glissement de la réparation à la reconnaissance . Là se trouve pour l'auteur le nœud gordien où l'Etat doit satisfaire les demandes de reconnaissance venant de citoyens égaux et différents . Un dernier chapitre revient alors sur la controverse de 2005. S'il cerne les enjeux du débat pour les historiens, on regrette que la démonstration n'aille pas plus loin pour explorer avec davantage de finesse le rôle compliqué joué par les associations de pieds-noirs dans la genèse de cette loi. S'appuyant sur Romain Bertrand, l'auteur ne va pas plus loin quant à la politisation et ses effets locaux et nationaux de ces enjeux (Cf. Roman Bertrand - Mémoires d'empire. La controverse autour du « fait colonial »- et Jean-Philippe Ould Aoudia, - La bataille de Marignane- également chroniqués sur Dissidences). La conclusion - du passé faisons table rase  ?-, sollicite Jean-Pierre Rioux pour un retour à l'histoire nationale comme lieu de socialisation, Guy Pervillé pour un pacte de vérité . Elle se comprend dans le pré carré des historiens, elle ne dit finalement rien de l'épaisseur sociale de ces guerres de mémoires, de ses effets sur les identités politiques et sociales.

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References

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Vincent Chambarlhac, « Éric Savarese, Algérie, la guerre des mémoires, Courty, Non lieu, 2007. », Dissidences [Online], Mars 2012, Nos archives du mois : anticolonialisme, 03 November 2011 and connection on 21 November 2024. URL : http://preo.u-bourgogne.fr/dissidences/index.php?id=719

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Vincent Chambarlhac

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