Stuart Hall, Identités et cultures. Politiques des Cultural Studies, Paris, Amsterdam, 2007, 327 p.

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Décolonisation, Immigration, Historiographie

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Les éditions Amsterdam poursuivent leur travail de publication d'ouvrages anglo-saxon autour des thématiques postcoloniales, après notamment l'ouvrage de Neil Lazarus ( Penser le postcolonial , 2006 –Cf. Dissidences.net). Identités et cultures paraît dans ce dispositif une pièce de premier ordre. Stuart Hall est l'un des pères des Cultural Studies , fondatrices en particulier des politiques de l'identité. Ce recueil d'articles précise le cheminement d'une pensée des Cultural Studies aux Postcolonial Studies, via des travaux sur les médias, l'idéologie, les représentations. La densité des articles lus en regard des productions françaises –singulièrement les derniers opus du collectif d'auteurs autour de Nicolas Bancel et Pascal Blanchard- montre les limites théoriques de ces dernières.

Stuart Hall fut l'un des fondateurs de la New Left Review , pionnier avec Richard Hoggart des travaux sur la culture populaire dès les années 60 (avant 68), dont il déconstruit ici dans une courte note le sens commun pour mieux établir sa portée politique ( La déconstruction du populaire, article de 1981) : la culture populaire n'est pas la tradition elle est un champ d'affrontement. Ces propos, marqués de la notion gramscienne d'hégémonie, débouchent sur une interrogation radicale des genres, de la tradition, rejoignant ici Eric Hobsbawm ( Inventing the tradition ). Plus longuement, d'autres articles reviennent sur la culture de masse, les medias, manifestant l'antériorité de ces recherches sur le champ français qui ne découvre -que tardivement- ce terrain d'investigation par le biais de l'histoire culturelle. En somme les deux premières parties de ce recueil ( Cultural Studies, Idéologies, hégémonie et medias ) manifestent le poids d'un regard anglo-saxon qui depuis une dizaine d'année travaille également le paysage historique français, anime débats et polémiques autour des mots valises des historiens que sont devenus les représentations, l'identité.

L'essentiel de l'ouvrage réside pourtant ailleurs tant ces propositions se sont vulgarisées dans le champ de la recherche. Ces deux premières parties permettent de saluer un pionnier en ces domaines, réparant ainsi une réception par trop confidentielle avant, contant une généalogie des Cultural Studies et de leur influence sur une histoire culturelle trop souvent présentée comme une invention française. Importent, dans les débats contemporains, les chapitres Identités et politiques des représentations, Multiculturalisme et moment postcolonial . Questionnant, en 1992, la culture populaire noire ( Qu'est-ce qu'être noir dans la culture populaire noire ? ), il souligne le poids de l'expérience historique dans la proclamation d'une identité noire incessamment négociée dans le regard de l'autre. Le propos trouve un écho dans les publications françaises actuelles (Myriam Cottias, La question noire. Histoire d'une construction coloniale, Paris, Bayard, 2007). In fine , les propositions de ces chapitres -souvent marquées par l'apport de la French Theory lorsqu'elles soulignent que toute question culturelle est une question politique-,mesurent les débats autour des Indigènes de la République . On pourrait ainsi discuter l'usage politique fait de ces propositions par ce collectif, comme questionner la généalogie intellectuelle qui le lie à ce laboratoire d'une gauche critique que fut la New Left Review…

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References

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Vincent Chambarlhac, « Stuart Hall, Identités et cultures. Politiques des Cultural Studies, Paris, Amsterdam, 2007, 327 p. », Dissidences [Online], Mars 2012, Nos archives du mois : anticolonialisme, 04 November 2011 and connection on 21 November 2024. URL : http://preo.u-bourgogne.fr/dissidences/index.php?id=717

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Vincent Chambarlhac

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