Isabelle Saporta, journaliste, a mené pendant plusieurs années une étude sur les mouvements associatifs et altermondialistes. C'est ce qui l'a amené, exaspérée par ce milieu et par l'image positive dont il bénéficie, à rédiger ce qui ressemble plus à un pamphlet qu'à une analyse scientifique. Contrairement à ce que le titre pourrait faire penser, elle concentre ses critiques sur certaines associations, particulièrement Droits devant !! et ProChoix, plus légèrement l'Ardhi ou ATTAC. Selon elles, ces nouvelles structures sont avant tout des moyens pour leurs leaders de se mettre en valeur. Loin d'être des formes d'organisation plus harmonieuses que les partis politiques traditionnels, elles privilégient le mouvement et l'action, se fixent sur le présent et l'image médiatique, sans élaborer un véritable programme et des perspectives à long terme.
Leur efficacité est donc proche de zéro, dans la mesure où leur rôle se limiterait à mettre le doigt sur des problèmes qui sont ensuite repris, par des responsables politiques ou autres. En outre, derrière les apparences d'organisation souple, voire de démocratie directe, il y aurait en fait la volonté et le pouvoir décisionnaire d'une « meute » de leaders autoproclamés. Isabelle Saporta va jusqu'à se demander si cet univers associatif ne pourrait pas être qualifié de totalitaire, voire de sectaire, en s'appuyant entre autre sur l'exemple de la dépendance psychologique des sans-papiers accueillis au sein de Droits devant !!. Elle est ainsi amenée à préférer les formes plus classiques de militantisme au détriment de ces associations au discours prétendument naïf et simpliste.
Avec à l'appui de son argumentation des exemples limités, voire redondants (le cas de la lutte contre le CAPES de religion), son propos reste un peu court et unilatéral, respirant trop l'hostilité sans nuances pour être véritablement convaincant. C'est d'autant plus regrettable que certains de ses développements, comme sur les modes de fonctionnement au sein des organisations, auraient gagné à être approfondis, tant ils entretiennent de points communs avec le fonctionnement militant d'organisations trotskystes, par exemple (cercles concentriques successifs que l'on doit franchir, rites de pouvoir, procédures d'exclusion, etc…). Sa conclusion, sur le rôle bloquant de « l'altergauche », incluant de fait les Verts, la LCR, LO ou le PCF, totalement absents du livre, tombe donc totalement à côté de la plaque.