Ce n'est pas tous les jours qu'un ex-membre du Bureau politique du PCF s'exprime, sous forme autobiographique. Homme de grande culture l'auteur n'est pas une figure parmi les plus populaires du communisme français. Loin d'un exercice de style convenu, son livre balance entre le romanesque, par le style et le témoignage, par le contenu. Le lecteur sera souvent surpris. Ainsi, les premières pages du livre commencent par l'éloge et la description de l'église Saint Nicolas, à Blois, ville dont il est natif. De la même manière, plus d'un s'étonnera de constater une fois les pages refermées que l'ouvrage comporte plus de 250 notes de bas pages, la plupart étant d'ailleurs des renvois à des ouvrages, dont bon nombre relève d'une culture scientifique de haut niveau. La première partie, très vivante et colorée, évoque les premières années de sa vie, depuis sa naissance jusqu'à ses premiers pas dans le militantisme communiste, dans le cadre de sa vie régionale. La bataille pour l'acquisition d'un local pour le parti communiste est narrée avec forces détails qui en rendent le récit sympathique. Au milieu des années 60, l'homme du terroir endosse ses premières responsabilités qui le conduiront à la direction du PCF. Pendant plus de trente années, il assumera toutes les prises de positions de son Parti dont il sera un militant fidèle, parmi les fidèles, même s'il ose parfois un (tout) petit pas de côté, ainsi lors du discours qu'il prononce à la fête de l'Humanité en septembre 1968, discours condamnant l'invasion des troupes soviétiques de la Tchécoslovaquie. Il s'oppose à cette occasion à Jeannette Thorez-Vermersch, incarnation d'une ligne stalinienne orthodoxe. D'ailleurs, contrairement à de nombreux autres, il ne rompra jamais avec son parti. Sans expliciter clairement sa position, il prend cependant du recul à partir du début des années 2000, au nom d'une conception « transitoire » du statut de dirigeant (« Un statut de dirigeant ne peut-être que provisoire », p. 240 écrit-il ainsi au bout de 40 années entièrement dédiées à son parti). Dans les pages conclusives, il assume son rôle et ses fonctions : « Je suis communiste (…) Et le bilan fait, je n'ai aucun regret », p. 243). Piquet possède au moins ce mérite d'assumer avec style la continuité de son engagement, dans un livre qui se lit avec plaisir.
René Piquet, Le soleil s'attarde comme une récompense. Regards sur un engagement politique , Paris, Le temps des cerises, 2007, 258 p.
20 September 2012.
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Georges Ubbiali, « René Piquet, Le soleil s'attarde comme une récompense. Regards sur un engagement politique , Paris, Le temps des cerises, 2007, 258 p. », Dissidences [Online], Communisme français, 20 September 2012 and connection on 21 November 2024. URL : http://preo.u-bourgogne.fr/dissidences/index.php?id=478