Jorge Magasich, Allende, la UP y el Golpe, Santiago, 2013, Edición chilena del Monde diplomatique y Aún creemos en los sueños, 63 p.

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Révolution

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Ce petit livre, annonciateur d’un projet plus vaste, est écrit par un ancien militant du MIR, en exil après le coup d’Etat, aujourd’hui universitaire à Bruxelles (Docteur en Histoire, chargé de cours à l’Institut des Hautes Etudes des Communications Sociales).

Basé sur plusieurs articles publiés en 2012-13 dans Le Monde diplomatique mais aussi sur sa somme en 2 volumes consacrée à Los que dijeron « No », los Marinos antigolpistas de 1973 (« Ceux qui dirent « Non », les Marins adversaires du Coup d’Etat »), cet ouvrage nous éclaire déjà sur plusieurs aspects fondamentaux de cette expérience politique. Nous prendrons 3 exemples.

Dans son développement sur « La UP y las fuerzas armadas », il explique qu’avant la Deuxième Guerre mondiale le Chili se fournissait dans plusieurs pays : l’Allemagne pour l’infanterie, la France pour l’artillerie de montagne, l’Angleterre pour les bateaux, les Etats-Unis pour les tanks. Après 1945, avec la signature du Mutual Defense Assistance Pact, le Chili et de nombreux autres pays d’Amérique latine sont instruits à la lutte anti-guérilla aux Etats-Unis et au Panama. Une fois au pouvoir, Allende choisit de respecter scrupuleusement la légalité et la hiérarchie militaire, n’hésitant pas à « arrêter les avancées démocratiques à la porte des casernes », frustrant de ce fait les attentes de nombreux hommes de troupe et de quelques officiers : « Les militaires fidèles à la Constitution connurent le drame d’assister, de l’intérieur, à l’organisation du Coup d’Etat, sans pouvoir se faire écouter des autorités légitimes qu’ils tentaient de protéger ».

De même l’auteur fait une analyse très fine des résultats électoraux (p.11-15). On a souvent dit que l’expérience Allende était fragile, dès le début, parce que celui-ci n’avait obtenu que 36,6% des voix aux Présidentielles de septembre 1970, devant sa victoire à la division entre la droite et la Démocratie-Chrétienne. Mais, aux élections municipales d’avril 1971, une partie de l’électorat démocrate-chrétien rejoint la gauche, lui assurant la majorité absolue. Et par la suite, même si les tensions et les pénuries entraînent une érosion des résultats électoraux de la gauche, bien des électeurs démocrates-chrétiens récemment gagnés lui restent fidèles. D’ailleurs, deux partis issus de la D-C, le MAPU et la IC, font partie de l’Unité populaire.

Par ailleurs, l’Unité populaire s’est lancée dans une restructuration profonde des entreprises au Chili, nationalisant le cuivre (« la mesure économique la plus importante du XXe siècle », p.30). Non seulement les entreprises propriétaires, américaines surtout, ne seront pas indemnisées, mais il leur sera demandé des remboursements pour bénéfices excessifs. Enfin, sans sortir de la légalité – n’oublions pas que l’UP n’a pas la majorité au Parlement -, en utilisant le décret-Loi 520 de 1932, permettant l’expropriation des entreprises sous certaines conditions, Allende nationalise un certain nombre d’entreprises – souvent les salariés font pression pour cela. Il nomme un « interventor » (soit un nouveau directeur) chargé de maintenir l’entreprise en activité, voire de développer ses activités.

La richesse de ce petit livre – il étudie aussi la politique étrangère de l’UP sous le titre « un essai de politique internationale indépendante » - nous fait souhaiter que le projet d’un ouvrage plus important se concrétise.

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Référence électronique

Jean-Paul Salles, « Jorge Magasich, Allende, la UP y el Golpe, Santiago, 2013, Edición chilena del Monde diplomatique y Aún creemos en los sueños, 63 p. », Dissidences [En ligne], 6 | 2013, . URL : http://preo.u-bourgogne.fr/dissidences/index.php?id=353

Auteur

Jean-Paul Salles

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