Les travaux à dimension scientifique portant sur le courant représenté à son apogée militante par l'OCI sont rares : celui de Karim Landais (orlandais@yahoo.fr) est le second après celui d'Emmanuel Brandely (voir notre numéro 9), si l'on met de côté les études de Karel Yon sur le langage "lambertiste" et de Guillaume Trêves sur les transfuges du PCI vers le PS dans les années 80 (voir notre numéro 6). On ne peut donc que se réjouir de cette évolution, qui espérons-le surpassera les divers écrits journalistiques produits sur le sujet, que l'auteur prend le temps en introduction de critiquer. Constatons tout d'abord que les sources pointées sont d'une grande richesse, avec douze entretiens d'anciens militants (l'auteur ayant refusé d'interroger des militants encore en activité, un parti pris discutable), tous reproduits en annexes, parmi lesquels Michel Lequenne (un choix discutable, dans la mesure où son témoignage sur le PCI d'après-guerre est parfois utilisé en appui de l'étude de l'OCI), Pierre Broué, Charles Berg et même Alexandre Hébert, ainsi qu'une grande diversité de publications. Notons toutefois qu'ayant été exclu du CERMTRI, Karim Landais n'a pu en mettre à profit toutes les ressources, ce que ne peut malheureusement pas compenser le fonds de la BDIC, malgré la présence des archives de Stéphane Just. Quant à la bibliographie, elle brasse des thèmes aussi variés que la science politique, l'histoire, la sociologie ou la psychologie, dans une démarche interdisciplinaire louable. L'ensemble fait tout de même une cinquantaine de pages, et Dissidences est abondamment cité. L'axe central de son travail est l'étude du fonctionnement organisationnel de l'OCI-PCI et à travers elle du phénomène bureaucratique et des relations de pouvoir, à l'aide de concepts variés, sociologique comme psychologiques, en se basant principalement sur les témoignages recueillis. Dans son exposé, Karim Landais s'intéresse d'abord à l'OCI-PCI comme organisation fidèle au modèle bolchévique, puis comme moyen d'épanouissement pour les individus qui y adhèrent. Ses développements sur le fonctionnement interne de l'OCI-PCI, organisation "pyramidale et cloisonnée", "entreprise politique" tournée avant tout vers l'efficacité et l'auto-reproduction du Parti, sont plus intéressants, avec les silences des statuts, l'application pratique du centralisme démocratique ou le rôle prédominant de certaines figures lié entre autre au narcissisme et à la pulsion d'emprise, et pas seulement celle de Pierre Lambert (même si on peut noter une certaine surestimation de la responsabilité du concept de centralisme démocratique dans l'explication). De même, ses débuts de réflexion sur les processus d'exclusion au sein de l'organisation, a priori plus nombreux et surtout plus médiatisés que pour LO ou la LCR, méritent d'être approfondis et développés, de même que son parallèle tracé avec le PCF. Un travail intéressant, auquel on pourrait appliquer le même qualificatif qu'à celui du politologue Robert Michel, celui de "science pessimiste".
Karim Landais, Un parti trotskiste. Eléments pour une socio-histoire des relations de pouvoir : introduction à une étude de l'OCI-PCI, Université de Bourgogne, mémoire de DEA en histoire, sous la direction de Serge Wolikow, 2004, 218 p.
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Jean-Guillaume Lanuque, « Karim Landais, Un parti trotskiste. Eléments pour une socio-histoire des relations de pouvoir : introduction à une étude de l'OCI-PCI, Université de Bourgogne, mémoire de DEA en histoire, sous la direction de Serge Wolikow, 2004, 218 p. », Dissidences [Online], 2 | 2011, . URL : http://preo.u-bourgogne.fr/dissidences/index.php?id=186