1. Correspondances
La critique littéraire s’interroge depuis longtemps sur la place et le statut qu’il convient – ou conviendrait – de reconnaître à la correspondance d’un écrivain, ensemble d’écrits apparemment périphériques par rapport à l’opus central que représentent les œuvres déclarées comme telles. Si l’on en juge par le nombre des études consacrées à l’écriture épistolaire, et plus spécifiquement aux correspondances d’écrivains, il apparaît qu’un consensus est désormais établi, et que l’étude des « lettres d’écrivain(e)s » s’inscrit maintenant de plein droit dans le champ de la critique ou celui de la recherche universitaire.1
Les lettres, dont Goethe déclarait au sujet de la correspondance de Winckelmann qu’elles « font partie des monuments les plus importants qu’un individu puisse léguer à la postérité », ont naturellement valeur d’un testament, dans lequel les lecteurs, à l’origine extérieurs à l’échange épistolaire, peuvent découvrir différents volets.2 En effet, les lettres sont des documents biographiques directs, permettant parfois de retracer très exactement les menus détails matériels de certains moments de la vie de leur auteur. En outre, selon la continuité, la régularité, et surtout la profondeur des échanges épistolaires – en particulier quand il s’agit de correspondances entre écrivains –, ces écrits trouvent une place éminente au sein de l’ensemble de l’œuvre : tantôt paratexte ou hypotexte, et tantôt texte littéraire abouti, ces lettres ne sont plus considérées comme des textes simplement mineurs par rapport aux œuvres reconnues par la postérité. C’est sur ce point que nous rejoignons la position de Brigitte Diaz, attachée à préciser le statut de l’écriture épistolaire par rapport à l’écriture littéraire. Elle récuse d’abord le propos maximaliste de Derrida, selon lequel « la lettre n’est pas un genre, mais tous les genres, la littérature même » (Diaz 2002 : 245). Dans le dernier chapitre de son étude intitulée L’épistolaire ou la pensée nomade, elle propose ensuite une double conclusion. D’une part, elle affirme que l’écriture épistolaire est « nomade », car « polymorphe » et « rétive à s’enfermer dans le carcan d’un genre, fût-il même le ‘genre épistolaire’ » ; mais d’autre part, elle déclare qu’entre création littéraire et écriture épistolaire, il ne saurait être question d’ « inverser la perspective », car – selon elle – « l’œuvre à faire, ou se faisant, reste bien la ligne d’horizon de ces écrits migrateurs que sont les lettres » (Diaz 2002 : 246).
Ces premières remarques constituent le cadre théorique général dans lequel s’inscriront nos réflexions sur les lettres échangées entre Louise von François (1817-1893) et Conrad Ferdinand Meyer (1825-1898), deux écrivains quelque peu oubliés aujourd’hui, mais qui, dans la seconde moitié du XIXe siècle, étaient assez connus dans le monde littéraire, avant tout pour leurs romans et/ou leurs nouvelles historiques. Pour l’un comme pour l’autre, ces lettres constituent le seul véritable corpus épistolaire suivi, en matière de « correspondance entre écrivains ».
En effet, Louise von François, qui n’est devenue célèbre qu’assez tardivement – grâce à son roman Die letzte Reckenburgerin (1871) –, a été peu intégrée au monde littéraire de son époque, et ses autres échanges épistolaires sont souvent restés épisodiques ou ponctuels. À quelques lettres envoyées à des éditeurs ou directeurs de revue pour préciser certains aspects matériels ou financiers de la publication de nouvelles, s’ajoutent ainsi, en 1874 et 1877, deux lettres adressées au romancier Gustav Freytag.3
Une autre partie de la correspondance de Louise von François pourrait être abordée au titre des « gender studies », puisqu’il s’agit d’échanges avec d’autres femmes écrivains, même si, en l’occurrence, l’étude ne pourrait qu’être incomplète, le corpus étant en partie lacunaire. Ainsi en est-il des lettres que Louise von François et Fanny Tarnow (1779-1862) se sont écrites entre 1837 et 1862 : les lettres de Louise von François à son aînée, écrivaine féministe « modérée » et traductrice de George Sand, ont été perdues, alors que celles de Fanny Tarnow avaient au contraire été précieusement conservées par leur destinataire. Par ailleurs, la correspondance menée, à partir de 1880, avec la romancière autrichienne Marie von Ebner-Eschenbach (1830-1916), pourrait utilement illustrer la perspective adoptée par Marie-Claire Hoock-Demarle dans son ouvrage L’Europe des lettres – Réseaux épistolaires et construction de l’espace européen. En effet, les contacts épistolaires entre Louise von François et sa correspondante autrichienne les ont ensuite amenées à se rencontrer trois fois, à Bad Nauheim, en juin 1880, et à Bad Reichenhall en 1881, puis en 1884, contribuant ainsi concrètement à la « mise en réseau du continent européen » (Hoock-Demarle 2002 : 8).
En ce qui concerne la correspondance de Conrad Ferdinand Meyer, elle comporte deux registres principaux : l’un, privé, qui comprend les nombreuses lettres de l’écrivain à sa sœur et à sa femme, et l’autre, plus professionnel, qui contient ses écrits à des éditeurs, comme Julius Rodenberg, ou à des critiques, comme Friedrich Theodor Vischer.4
Ainsi, qu’il s’agisse de Louise von François ou de Conrad Ferdinand Meyer, leur correspondance réciproque est pour les lecteurs le seul corpus épistolaire à deux voix, qui s’inscrit en outre dans une période longue. En effet, entre 1881 et 1891, les deux écrivains ont échangé 143 lettres, à l’initiative de Conrad Ferdinand Meyer, celui-ci s’étant adressé le premier à Louise von François comme à un « destinataire idéal »5 – au nom de leur intérêt commun pour le genre du récit historique –. Cette correspondance se révèle donc d’une importance particulière, tout d’abord pour Conrad Ferdinand Meyer lui-même, lequel confie un jour à Louise von François avoir brûlé de nombreuses lettres, à l’exception de celles de son amie de Weißenfels, comme si celles-ci possédaient un « degré d’idéalité », attaché, selon les mots de Geneviève Haroche-Bouzinac, à « l’estime éprouvée pour le destinataire ».6 Le jour de Noël, en 1883, il lui écrit : « Tandis que je range mes lettres de 1883, en en brûlant les 4/5, je parcours les vôtres pour les conserver soigneusement, et je suis étonné de voir combien d’amitié, d’amour (et d’encre) vous m’avez consacré. »7 Pour la postérité également, il est heureux que ce corpus de lettres ait été « soigneusement conservé », en raison de son ampleur, et plus encore en raison de sa valeur exceptionnelle, par exemple en tant que document concernant les deux écrivains eux-mêmes. Du reste, dans son introduction, l’éditeur Anton Bettelheim a souligné l’importance de cette correspondance, la comparant à d’autres échanges épistolaires prestigieux, tels que celui qui s’était développé entre Gottfried Keller et Theodor Storm, ou encore, dans le domaine français, entre George Sand et Gustave Flaubert.8
Après avoir précisé successivement quelques données biographiques concernant Louise von François et Conrad Ferdinand Meyer, et évoqué quelques aspects du contexte littéraire dans lequel se situe l’œuvre littéraire de ces deux écrivains, nous ferons porter nos réflexions sur la teneur des liens épistolaires qui se sont tissés entre eux entre 1881 et 1891. Au fil de ce dialogue régulier, l’un et l’autre se sont découvert certaines affinités personnelles. Toutefois, nos réflexions porteront avant tout sur les regards croisés, et parfois divergents, que les deux correspondants ont portés sur l’histoire et sur la poétique du récit historique.
2. Louise von François et Conrad Ferdinand Meyer, deux auteurs épris d’histoire
Si l’on excepte quelques voyages ponctuels pour des cures thermales, des visites familiales (à Wiesbaden), ou certaines sorties culturelles (à Weimar et Bayreuth), on constate que la vie de Louise von François s’est déroulée à l’écart de la scène littéraire de l’époque, puisque la romancière a résidé la plupart du temps dans la petite ville de Weißenfels an der Saale. Cette femme, restée célibataire après avoir rompu elle-même ses fiançailles parce que son tuteur avait dilapidé sa dot, a vécu « seule au monde, retirée dans une mansarde »9 (Bettelheim 1905 : 2), après avoir débuté sa carrière littéraire assez tardivement, en grande partie pour des raisons financières.
Elle s’est fait peu à peu connaître par la publication de brèves nouvelles dans différentes revues, s’essayant au genre du récit historique en particulier dans la nouvelle Der Posten der Frau (parue en 1857), composition dans laquelle les personnages fictifs croisent le roi de Prusse Frédéric II, et dialoguent même avec lui. Louise von François connaît ensuite son premier, et presque seul vrai succès avec la publication, en 1870-1871, de son roman Die letzte Reckenburgerin, écrit dès 1865, dont l’action se situe principalement à l’époque des « Guerres de libération » contre Napoléon. Avec son ouvrage Frau Erdmuthens Zwillingssöhne (paru en 1872), elle écrit un second roman historique, relié plus fortement encore à ce même contexte historique. En effet, dans cette œuvre, elle décrit comment naît et se développe la rivalité entre les deux frères jumeaux mentionnés dans le titre, puisque l’un s’engage aux côtés des troupes françaises, tandis que l’autre entre dans l’armée prussienne, pour participer aux « Guerres de libération ».
Ces deux romans historiques montrent la prédilection de Louise von François pour cette époque historique, qui avait été le cadre des expériences vécues par la génération de ses parents, expériences médiatisées ensuite à deux reprises au cours de la jeunesse de la future romancière. En effet, encore adolescente, celle-ci fait à son beau-père aveugle la lecture de récits issus de souvenirs des « Guerres de libération », avant de séjourner un peu plus tard chez son oncle paternel Karl von François, auteur de mémoires sur les événements militaires en Prusse et en Saxe entre 1808 et 1814.10 Forte de cette familiarité avec une époque qu’elle avait vécue par l’intermédiaire de ses ascendants, Louise von François a même rédigé, dans les années 1865, un volume destiné à l’enseignement, qui fut publié en 1874 sous le titre Geschichte der preußischen Befreiungskriege in den Jahren 1813-1815.
Son correspondant Conrad Ferdinand Meyer, fils d’un édile de la ville de Zurich, n’a évidemment pas connu les mêmes contraintes sociales et financières avant de commencer sa carrière littéraire dans les années 1860, notamment avec la publication de ballades. Son intérêt pour l’histoire a d’abord été favorisé par son activité en tant que secrétaire de la Société historique suisse (« Geschichtsforschende Gesellschaft der Schweiz »). Il pratique alors la lecture (et éventuellement la traduction partielle) d’ouvrages d’historiens français et allemands. Il étudie par exemple l’Histoire de la Conquête de l’Angleterre par les Normands, publiée en 1825 par Augustin Thierry, ainsi que les écrits de Michelet, de Taine ou de Guizot. Parmi les historiens allemands, il lit surtout Mommsen, Ranke, Gregorovius, et Burckhardt.
Sa première publication importante, en 1871, est une épopée historique en vers intitulée Huttens letzte Tage. À partir de cette date et jusqu’en 1891, il enchaîne une longue série de nouvelles historiques traitant de périodes diverses : on peut en particulier mentionner l’époque carolingienne (Die Richterin, 1885), la conquête de l’Angleterre par les Normands (Der Heilige, 1879), la Renaissance italienne (Die Versuchung des Pescara, 1887, et Angela Borgia, 1890), ou encore la Guerre de Trente Ans (Jürg Jenatsch, 1874, et Gustav Adolfs Page, 1882).11
Ces brefs aperçus biographiques concernant Louise von François et Conrad Ferdinand Meyer soulignent, chez l’un et l’autre, un goût commun pour l’histoire, pour les études historiques et pour le genre du récit historique. Il s’agit évidemment d’un intérêt lié à leur personnalité et à leurs ambitions littéraires respectives. Néanmoins, il convient de compléter cette première approche biographique par quelques éléments d’histoire littéraire, et de préciser le contexte intellectuel et poétologique dans lequel ces deux auteurs – en prélude à leur échange épistolaire – ont rédigé et publié leurs ouvrages.
3. La vogue du roman historique en Allemagne à partir de 1850
En Allemagne comme en Europe, le début du XIXe siècle avait été marqué par l’émergence de diverses formes d’historicisme, qui s’étaient manifestées par exemple par la formulation de théories nouvelles dans le domaine de la philosophie de l’histoire. Depuis la diffusion des écrits de Herder, et en particulier de son ouvrage publié entre 1784 et 1791 sous le titre Idées pour une philosophie de l’histoire de l’humanité (Ideen zur Philosophie der Geschichte der Menschheit), s’est installée la conviction que tout est historique et que tout obéit à la loi d’un développement analogue au développement de l’individu. Ces réflexions seront ensuite complétées par les théories proposées par Humboldt ou par les romantiques Schlegel et Novalis, avant que Hegel ne développe sa propre « philosophie de l’histoire », lors des cours qu’il a dispensés à la fin de sa vie à l’université de Berlin.
Cet historicisme, d’abord philosophique, s’est ensuite établi en Allemagne, et avant tout en Prusse, comme un mode de pensée en partie politique, conforté par le développement de la « science historique » (« Geschichtswissenschaft »), celle-ci étant éventuellement perçue comme le moyen d’asseoir la légitimité de la Prusse dans l’évolution générale des territoires allemands. C’est dans cette perspective que se constitue l’« École Prussienne » (« Preußische Schule »), à laquelle appartiennent par exemple Johann Gustav Droysen, Heinrich von Sybel et Heinrich von Treitschke, trois historiens qui, à partir des années 1840-1850, ont particulièrement influencé la réflexion générale au sujet de l’histoire, en matière d’historiographie et de philosophie de l’histoire.
Un intérêt croissant pour l’histoire, et plus généralement pour le passé, s’est ainsi développé dans de nombreux cercles de la société allemande. Les sociétés savantes locales rivalisent avec les milieux académiques, et publient de très nombreuses contributions à la gloire de leur territoire ou des « héros » qui en ont marqué l’histoire. C’est cet enthousiasme pour le passé, parfois érudit, ou parfois naïf – voire tendancieux –, que Nietzsche a fustigé en 1874 dans sa deuxième Considération inactuelle, intitulée De l’utilité et des inconvénients de l’histoire pour la vie (Vom Nutzen und Nachteil der Historie für das Leben). Aux yeux du philosophe, la « fièvre historienne »12 qui s’emparait alors d’une grande partie des Allemands était le symptôme d’une préférence maladive pour le passé, laquelle ne pouvait avoir pour autre conséquence qu’un étouffement de l’énergie vitale. Il s’agissait donc pour Nietzsche d’un « dommage », d’une « carence » (Nietzsche 1991 : 94), contraires à la « philosophie de la vie », au sens philosophique qu’il convient de prêter au terme allemand de « Lebensphilosophie ».
Au-delà de l’intérêt croissant pour les personnages et les événements de l’histoire locale ou nationale, cause de cette « fièvre historienne » dénoncée par Nietzsche, le développement de la « science historique » avait aussi suscité de nombreux débats théoriques concernant les différentes méthodes permettant d’appréhender l’histoire, et donc d’utiliser le matériau historique. Outre Leopold von Ranke, qui avait affirmé le devoir pour l’historien de traiter les faits du passé avec « objectivité », d’autres historiens avaient reconnu l’importance du champ de l’interprétation dans l’utilisation des sources historiques, admettant même parfois qu’une approche sensible et esthétique pouvait être également pertinente.
Indirectement, ces discussions entre historiens allaient ainsi ouvrir une voie à la théorie et à la pratique du récit historique. C’est en partie ce qui explique l’accueil très favorable réservé, en Allemagne comme en Europe, aux œuvres de Walter Scott, premier auteur européen spécifiquement reconnu pour ses romans historiques sur l’Écosse médiévale. Celui-ci devient pour beaucoup d’autres auteurs le modèle en matière de roman historique, genre littéraire dont la mode se répand rapidement en Europe dès le début du XIXe siècle. En Allemagne, l’éclosion du roman historique a lieu dès les années 1820, l’engouement – des auteurs et des lecteurs – produisant parfois de véritables pics éditoriaux. À titre d’exemple, pour la période 1850-1875, le critique Hartmut Eggert a recensé la parution d’environ 500 romans historiques en Allemagne.13
Dans une première phase, située entre 1820 et 1830, le modèle demeure Walter Scott. La supercherie littéraire utilisée par le romancier Willibald Alexis fournit un exemple éclairant de cette influence, puisqu’en 1824, celui-ci publie son premier roman historique Walladmor en le présentant comme la traduction d’un texte de Walter Scott.
Au cours de la phase suivante, qui commence vers le milieu du XIXe siècle et se termine dans les années 1880-1890, le genre du roman historique – à la faveur de l’engouement des lecteurs pour ce type d’œuvre – se développe sous diverses formes. Des universitaires comme Georg Ebers ou Felix Dahn inaugurent le genre du « roman professoral » (« Professorenroman »), cherchant à allier la liberté de la fiction à une solide érudition historique. Dans cet esprit, ils publient respectivement Eine Ägyptische Königstochter (en 1864) et Ein Kampf um Rom (en 1876). De nombreuses femmes s’attachent plutôt à de grandes figures de l’histoire, dont elles brossent, dans leurs romans, un portrait à la fois historique et romanesque : ainsi Fanny Lewald, qui publie en 1849 Prinz Louis Ferdinand, ou Luise Mühlbach, avec son ouvrage Friedrich der Große und sein Hof, de 1853-1854.
Une dernière tendance regroupe de nombreux romans historiques, tous plus ou moins influencés par l’idéal national, tel qu’il s’est manifesté dans toute l’Europe au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle. Le roman historique prend alors souvent la forme du « roman patriotique », selon l’expression utilisée par Willibald Alexis, pour caractériser toute une série d’ouvrages consacrés à l’histoire du Brandebourg, puis de la Prusse, et publiés à la suite de son roman Cabanis (1832). Joseph Viktor von Scheffel, avec Der Trompeter von Säckingen (1854), allait ainsi célébrer l’histoire du Sud de l’Allemagne alémanique, tandis que Stifter glorifiait le passé de la Bohème avec Witiko (1865-1867). Plus tard, Gustav Freytag publiera son cycle de romans Die Ahnen (1873-1881), et Theodor Fontane, son ouvrage Vor dem Sturm (1878), tous les deux traitant divers épisodes de l’histoire prusso-allemande.
C’est évidemment dans ce cadre général que se situe la correspondance entre Louise von François et Conrad Ferdinand Meyer, d’autant plus que les deux écrivains ont trouvé – en grande partie dans cet échange de lettres – une occasion exceptionnelle d’élucider sur le plan théorique et pratique leur propre rapport à l’écriture de romans ou de nouvelles historiques. L’ouverture de cette correspondance en témoigne très clairement. En effet, au printemps 1881, pour accompagner l’envoi de sa nouvelle Jürg Jenatsch, Conrad Ferdinand Meyer adresse sa première lettre à Louise von François au nom de son admiration pour la personnalité de la romancière, et de sa « prédilection particulière pour les récits » qu’elle a écrits (Bettelheim 1905 : 1).14 Celle-ci, dans sa réponse du 1er mai 1881, situe résolument la discussion dans le champ du « roman historique », puisqu’elle avoue éprouver une certaine honte à lui confier qu’elle « ignore tout d’un écrivain suisse qui démontre depuis des années à [ses] compatriotes allemands ce que signifie écrire un roman historique. » (Bettelheim 1905 : 3).15
Ainsi, dans de nombreux passages de leurs lettres à venir – outre l’échange de nouvelles personnelles concernant leurs lectures, leurs voyages, leur famille respective, ou encore leur santé –, l’un et l’autre seront-ils amenés à aborder « ce que signifie écrire un roman historique ». Selon les expressions de Brigitte Diaz, leurs lettres deviennent alors cette « indispensable tribune où ‘causer littérature’ », et leur correspondance un « laboratoire critique », qui « participe à la genèse d’une esthétique, et indirectement à la genèse des œuvres » (Diaz 2002 : 236, 239).
4. Regards croisés sur le roman historique
Le premier échange épistolaire entre Louise von François et Conrad Ferdinand Meyer nous donne en quelque sorte le schéma général selon lequel vont se croiser leurs deux regards sur l’histoire et sur l’écriture de romans et nouvelles historiques. En 1881, après la publication de sa dernière nouvelle Der Katzenjunker en 1879, Louise von François a pratiquement mis fin à son activité littéraire, et elle ne rédigera plus que quelques pages fragmentaires de mémoires, publiés de façon posthume. C’est à ce moment que Conrad Ferdinand Meyer lui envoie son ouvrage Jürg Jenatsch, paru dès 1874, première œuvre qu’il souhaite soumettre à sa critique. Le rapport entre les deux épistoliers est établi d’emblée : la première démarche de l’écrivain apparaît « régie par un désir, plus ou moins explicitement formulé, de transmission unilatérale » (Diaz 2002 : 104). En effet, celui-ci demande à son aînée en littérature si elle veut bien être son mentor, et après ce premier envoi, il lui adressera effectivement plusieurs de ses ouvrages à venir, attendant d’elle une lecture critique, et parfois des conseils.
Louise von François se prêtera assez volontiers à ce jeu, en grande partie unilatéral, de « conseiller littéraire » (Diaz 2002 : 100), même si elle assortit ses remarques ou ses réserves de subtiles précautions oratoires, comme pour éviter de heurter son correspondant. On lit dans ses lettres de longs commentaires adressés à Conrad Ferdinand Meyer, par exemple au sujet des nouvelles suivantes : Der Mönch (Bettelheim 1905 : 66), Gustav Adolfs Page (Bettelheim 1905 : 128-130), Die Versuchung des Pescara (Bettelheim 1905 : 215-216) et Angela Borgia (Bettelheim 1905 : 265).
C’est à partir de ces passages à une voix, mais surtout à partir de remarques plus ponctuelles, mais formulées à deux voix, que nous pouvons comprendre comment s’est instauré le dialogue, tantôt harmonieux, tantôt plus dissonant, entre ces deux écrivains de romans et nouvelles historiques. La teneur de ce dialogue peut être ramenée à trois interrogations principales, partagées par l’un et l’autre, chacun apportant toutefois en écho une réponse personnelle, sans que soient nécessairement résolues les divergences qui les séparent.
La première interrogation porte sur les raisons de leur prédilection commune pour les sujets historiques. Louise von François donne une réponse assez univoque : elle revient sur les circonstances qui l’ont amenée à écrire, et, toujours fidèle à ce qu’elle a toujours affirmé à tous ses correspondants, elle invoque son manque d’imagination, l’histoire devenant alors pour elle un réservoir d’anecdotes, de personnages connus ou de situations romanesques. Dans une de ses premières lettres, datée du 17 mai 1881, elle s’explique longuement à ce sujet:
Je n’ai jamais écrit sous l’influence d’une pulsion intérieure, pas comme d’autres auteurs, bons ou mauvais, parce que je ne pouvais faire autrement. […] M’exposer en public m’était insupportable. […] Avec le roman ‘La dernière dame de Reckenburg’, écrit au début des années soixante – en combien de temps, je n’en sais plus rien, j’ai toujours travaillé lentement et laborieusement, mon application est mon seul mérite –, je suis allée pour la première fois au-delà du récit bref. (Bettelheim 1905 : 9)16
Elle continue par une phrase en forme d’aveu, teinté de vraie ou de fausse modestie, en confiant : « Dans tous mes récits, les sujets sont empruntés à la réalité, et quand je les ai inventés, ils sont mauvais. L’invention, c’est mon point le plus faible. » (Bettelheim 1905 :10)17
Pour Conrad Ferdinand Meyer, il importe plutôt de prendre ses distances vis-à-vis d’un présent ressenti comme étrange ou étranger, voire effrayant. Il s’en explique dans sa lettre du 19 mai 1887, où il écrit : « C’est étrange : sans vouloir me vanter, avec mon œil averti, je suis souvent tenté de représenter le présent, mais ensuite je recule d’un coup devant la tâche. Tout cela m’apparaît trop brut et trop proche. » (Bettelheim 1905 : 208)18 Cette distance, qui le préserve de « la brutale actualité de sujets contemporains » (Bettelheim 1905 : 12), lui permet aussi d’ironiser et de « traiter de façon plus artistique l’éternel humain » (Bettelheim 1905 : 12).19 Sa réserve vis-à-vis des sujets contemporains le sépare sur le plan théorique de l’école réaliste, dont Gottfried Keller est le représentant suisse le plus célèbre à l’époque. Sur ce point, Conrad Ferdinand Meyer trouvera en Louise von François une correspondante compréhensive, car elle est elle-même critique à l’égard d’un certain réalisme qu’elle trouve parfois outrancier et inesthétique. Elle se retranche derrière son âge avancé pour expliquer son incompréhension face à « la nouvelle tendance qui se répand dans l’écriture des nouvelles » (30 décembre 1884 / Bettelheim 1905 : 162),20 utilisant à propos de Keller le terme péjoratif de « Kellerei » (9 juillet 1887/ Bettelheim 1905 : 211). Elle oppose son correspondant à Keller en traitant celui-ci de « microscopiste », tandis qu’elle félicite celui-là d’être ce qu’elle appelle un « téléscopiste » (2 janvier 1882 / Bettelheim 1905 : 38).21 Il convient toutefois de souligner que Louise von François ne considère pas que la distance, voire le dépaysement, que procure l’exploration des périodes passées doivent aboutir à une forme de fuite hors du présent. Ses remarques assez nombreuses au sujet de Bismarck, par exemple, montrent clairement qu’elle entend bien rester présente dans « l’arène allemande », et elle affirme en son nom propre que « même la femme la plus modeste doit avoir le droit de prendre position dans l’époque qui est la sienne ».22
Un deuxième motif, régulièrement abordé dans les lettres qu’ont échangées Louise von François et Conrad Ferdinand Meyer, concerne le rapport que l’un et l’autre entretiennent vis-à-vis des sujets historiques qu’ils ont traités dans leurs récits. Pour la romancière, une période compte tout particulièrement, celle de l’époque napoléonienne (1806-1815). Cette période est politiquement marquée par la confrontation entre l’Empire français et les territoires allemands, mais aussi par certaines tensions entre les différents territoires, selon que ceux-ci résistaient ou non à la politique de conquête française. Ainsi, au moment des Guerres de libération, un grave différend naît entre la Prusse et la Saxe, après la fin de la neutralité prussienne. Louise von François connaît parfaitement tous les aspects de cette crise entre Prusse et Saxe, parce qu’ils sont temporellement proches, et surtout parce qu’ils ont affecté le passé de sa famille. Cette matière historique se retrouve donc en arrière-plan dans son roman Die letzte Reckenburgerin, tandis que, dans le roman Frau Erdmuthens Zwillingssöhne, cette trame familiale structure finalement la narration tout entière. Louise von François s’en explique dans sa lettre du 17 décembre 1885, dans un long passage où elle explique : « Mon histoire est tirée du petit panier de ma grand-mère ; le scénario est exactement celui du domaine de mon père […], et le conflit [entre les deux jumeaux devenus frères ennemis] aurait facilement pu se passer dans la famille de mon père. » (Bettelheim 1905 :180-181)23
Pour Conrad Ferdinand Meyer, au contraire, il ne saurait être question de s’attacher à des périodes récentes de l’histoire, dont il pourrait avoir eu connaissance par des expériences familiales ou personnelles. Balayant l’histoire depuis la période carolingienne jusqu’au XVIIe siècle, il se fonde sur des lectures scientifiques pour y puiser la matière qu’il traitera ensuite dans ses récits, récusant cependant toute forme d’érudition encyclopédique (à la façon de Flaubert écrivant Salammbô). En quelque sorte à l’instar d’Aristote, qui dans sa Poétique affirmait que la poésie, dépassant les seuls faits réels, est plus « philosophique » que l’histoire, parce qu’elle « dit plutôt le général », et non seulement le particulier,24 Conrad Ferdinand Meyer affirme ainsi qu’il « traite l’histoire avec une liberté souveraine, mais sans lui être infidèle ».25 Car, dans le passé, il cherche à retrouver « l’éternel humain » (Bettelheim 1905 : 12), comme pour établir des parallèles entre le passé et le présent. Selon les mots du poète latin Horace, l’histoire est conçue par Conrad Ferdinand Meyer comme « magistra vitae » : elle est un mode de connaissance du passé, mais elle est avant tout une leçon vivante sur l’être humain. En outre, il attribue à l’histoire et à la fréquentation des époques passées une dimension herméneutique personnelle, puisqu’il attend de cette connaissance de l’éternel humain la découverte, la connaissance, et peut-être même l’expression de lui-même. Longtemps auteur de poèmes et donc de textes de nature lyrique, censés exprimer au mieux la subjectivité de l’auteur, Conrad Ferdinand Meyer cultive le paradoxe en affirmant que c’est par le masque du récit historique qu’il atteint à l’expression la plus subtile de l’intimité de son être. Il est tout à fait explicite dans sa lettre du 8 avril 1882 à Louise von François, lorsqu’il écrit :
Mes poèmes, chère amie, je ne les « méprise » pas parce qu’ils sont « pleins de sentiments », mais parce qu’ils ne me paraissent pas assez vrais. On ne peut être vrai (cela vaut du moins pour moi) que sous le masque « al fresco » de l’écriture dramatique. Dans le Jenatsch et dans Le Saint (conçus tous les deux à l’origine pour le théâtre), il y a sous les déguisements les plus divers plus de moi, de mes vraies souffrances et passions, que dans ces poèmes […]. (Bettelheim 1905 : 49)26
Quelques années plus tard, dans une autre déclaration, adressée le 14 janvier 1888 – en français – au critique Félix Bovet, l’auteur est d’ailleurs revenu sur ce point essentiel quant à son rapport au récit historique. Il souligne alors le jeu de masques que lui permet le matériau historique, et il écrit : « Je me sers de la nouvelle historique purement et simplement pour y loger mes expériences et mes sentiments personnels, la préférant au Zeitroman, parce qu’elle me masque mieux et qu’elle distance davantage le lecteur. » (Polheim 1970 : 171)
Le troisième et dernier volet de cette discussion entre Louise von François et Conrad Ferdinand Meyer concerne leur lecture divergente de cet « éternel humain » que l’un et l’autre cherchent à appréhender au travers de leur lecture des époques passées. Louise von François conçoit la distance temporelle comme une aide à la lecture du présent, en se fondant sur une vision éthique universaliste et humaniste, qui lui fait par exemple détester la violence, même si elle doit pourtant reconnaître que ce phénomène est présent à toutes les époques.27 En revanche, son correspondant confesse bien volontiers son attrait pour des époques assez lointaines, non seulement pour ce qu’elles recèlent éventuellement d’exotisme, mais aussi parce qu’elles offrent le spectacle de périodes troublées aux « mœurs sauvages », et donc d’individus qu’il qualifie de « grandes figures », personnalités hors du commun oscillant entre l’humain, l’inhumain et/ou le surhumain.28 Conrad Ferdinand Meyer, en partie étranger à son époque et à ses contemporains, retrouve dans certaines figures problématiques du passé le reflet de ses propres interrogations concernant la nature humaine, qu’il perçoit comme complexe, « contradictoire », voire « imprévisible ».29 C’est donc sur un modèle anthropologique moderne – car il laisse émerger la possibilité du pathologique – que repose l’attirance de l’auteur suisse pour des figures historiques toujours livrées au tragique impitoyable de l’existence.
5. Un parrainage littéraire problématique
Entre l’aînée et son cadet, entre le mentor et son élève, a grandi au fil des lettres une affectueuse amitié, en grande partie nourrie par leur prédilection commune pour l’histoire et le récit historique. Pour l’écrivain suisse, ce dialogue épistolaire constitue en outre un véritable parrainage littéraire, comme en témoigne l’image de la « boussole » qu’il utilise dans sa lettre du 29 novembre 1883 à Louise von François.30 Leurs nombreuses lettres construisent tout un laboratoire de la poétique du roman historique, laboratoire qui s’humanise peu à peu pour devenir le lieu d’une estime réciproque, puis d’une amitié partagée, consacrée par les deux visites que Louise von François a rendues en Suisse à Conrad Ferdinand Meyer, en 1884 et 1889.
Toutefois, ces liens affectifs réciproques ne peuvent dissimuler que des divergences fondamentales dans leur rapport au réel les ont irréductiblement séparés l’un de l’autre. Louise von François, au nom d’un humanisme solidement ancré dans une tradition anthropologique classique (influencée par Goethe), cultive une attitude lucide mais confiante vis-à-vis de la réalité, passée ou présente. L’histoire a alors la fonction de confirmer par l’exemple que finalement l’existence humaine s’inscrit harmonieusement dans un monde complexe mais cohérent.
En revanche, Conrad Ferdinand Meyer, qui cherche dans l’histoire un masque et un refuge, exprime par ses héros historiques le malaise personnel qui l’habite et qui l’empêche de trouver dans le présent les fondements de sa propre existence. Les problèmes psychiques qui, dès sa jeunesse, avaient entraîné un premier séjour dans une maison de santé, reviendront à nouveau à la fin de sa vie, sous la forme d’une mélancolie de plus en plus paralysante, qui le rendra de plus en plus absent au présent.
Le parrainage littéraire que pouvait lui apporter Louise von François devait évidemment s’avérer insuffisant, malgré une sollicitude croissante concernant la santé de son ami suisse. Leurs affinités électives, nées de leur dialogue épistolaire concernant l’histoire et le roman historique, devaient ainsi s’interrompre en 1891, deux ans avant la mort de Louise von François, après la fuite définitive de Conrad Ferdinand Meyer hors du temps et du réel. En réalité, ce parrainage se présentait d’emblée comme problématique. En effet, au moment où débute la correspondance entre les deux écrivains, leur débat littéraire à propos du roman historique est anachronique, et même anachronique à deux niveaux : le genre lui-même est désormais un genre reconnu, et Louise von François a cessé de le pratiquer.
Le rapprochement souhaité et engagé par Conrad Ferdinand Meyer se clôt ainsi sur le constat d’une impossible proximité, ou plutôt d’une distance irréductible, caractéristique liée à ce que le critique Vincent Kaufmann nomme « l’équivoque épistolaire ». Toutefois, cette distance « grâce à laquelle le texte littéraire peut advenir » (Kaufmann 1990 : 8) ne pouvait qu’être finalement féconde, pour l’un comme pour l’autre. Car, si Conrad Ferdinand Meyer, dans son dialogue épistolaire, a trouvé une matrice pour ses œuvres en cours d’écriture, Louise von François, sollicitée par les questions de son correspondant, a tracé l’esquisse d’une autobiographie « diffractée » (Diaz 2002 : 172),31 « testament inachevé » (Diaz 2002 : 107)32 adressé – au-delà de son premier destinataire – à tous ses lecteurs.
Bibliographie
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